JÉSUS A DIT : « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades » et, entre autres titres, le Bouddha a été appelé le « Grand Médecin ». Nous pouvons donc laisser de côté, du moins pour l’instant, les termes prestigieux d’Éveil, de Libération, d’Illumination et prendre appui sur le mot guérison.
La guérison et la santé physiques sont le champ d’action des médecins et des chirurgiens : diagnostic et thérapeutique. Même profanes, nous savons tous de quoi il s’agit : la toux persistante, l’arythmie cardiaque, les rhumatismes douloureux, sont les symptômes que nous cherchons à faire disparaître. Quand tous les symptômes pathologiques se sont dissipés, la santé fondamentale se révèle.
La santé psychique relève des psychiatres, des psychologues et des psychothérapeutes. Un vocabulaire professionnel précis définit et décrit les différentes pathologies. La guérison est envisagée soit par la chimie (les anxiolytiques, les antidépresseurs), soit par une intervention au niveau du psychisme lui-même : psychothérapie ne signifie pas guérison du psychisme mais par le psychisme, le premier exemple et le plus représentatif étant la psychanalyse freudienne.
Mais qu’en est-il de la guérison spirituelle et de la parfaite santé spirituelle ? Deux formules ont rencontré un certain succès : « la psychothérapie guérit l’ego, l’ascèse guérit de l’ego » ou « la psychothérapie guérit le mental, l’ascèse guérit du mental ». En vérité, tout ce qui n’est pas la paix intime, immuable, la joie non dépendante et l’amour qui n’a pas de contraire est pathologique du point de vue de la santé spirituelle. Depuis quatre millénaires, les descriptions traditionnelles du saint ou du sage sont, à cet égard, unanimes. Le christianisme promet la « paix qui dépasse toute compréhension » et la « joie parfaite ». Les termes shanti (paix) et ananda (joie) saturent la littérature sanscrite. Chacun, chacune peut donc se demander honnêtement et réalistement où il (elle) en est à cet égard – quels que soient ses «expériences spirituelles» et ses éclairs de «supra-conscience».
Arnaud Desjardins, La paix toujours présente
------------------