La parabole révèle la parole encore secrète au cœur de la graine. Et la parole se tient là, tout entière, roulée sous cette enveloppe, comme l'arbre à venir jusqu'en ses plus fines ramures. La parabole ne donne que ce que l'on peut entendre et recevoir aujourd'hui, seulement ce que l'on peut deviner de ce qui se prépare dans la semence, pas plus grosse qu'une étoile dans la démesure des ciels nocturnes. La parabole ne fait que s'ajuster à nous qui entendons, comme en miroir elle épouse le voile de nos oreilles, la poussière de nos yeux, nous qui regardons et ne savons pas voir celui qui parle, celui qui agit au cœur du grain esseulé, qu'un vent étranger dépose sur l'hiver de nos terres.
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Le temps sera long d'une rive à l'autre, interminable le chemin sans tracé d'un temps à un autre temps. Et cette barque, qu'on ne quitte pas, comme un fil rouge qui disparaît, puis qu'on retrouve plus loin sur une grève inconnue. Et ces soirs qui descendent, vastes comme le monde, la nuit qui tombe sur la mer et remonte de la terre comme des pensées qui parlent un peu plus bas et parviennent jusqu'à nous, chargées de tous les silences traversés, jusqu'à ces lueurs à ma fenêtre, où je puis le reconnaître, debout dans la lumière de la Résurrection, tenant le fil jamais lâché, pour me le remettre aujourd'hui et ajouter à la chaîne des âges la longueur de mon regard.
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C'est sur les airs qu'il marche à présent, enveloppé du scintillement de nos espaces, dans un aujourd'hui qui retentit de sa voix, et j'aime en suivre la courbe, aux premières heures, lorsque la clarté monte du fond de la nuit, jusqu'aux horizons rougeoyants, comme une phrase bien pleine, bien ronde, qui se déroule, parvenue au bout de son souffle. Il nous a laissé ce livre pour que de chacun de nos jours nous ajoutions une page chargée de sens, et à l'autre bout je m'endors en sentant derrière moi le poids de sa présence, comme si le temps lui-même, qui passe, jour après jour, instant après instant, comme si le temps lui-même était habité, traversé du vent de son passage, son haleine, le frôlement de sa parole vivante, sensible, qui pour moi, ce soir, devient le monde entier.