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lundi 22 juillet 2024

Ne tirez pas sur le bonheur !

 Aujourd’hui, nous parlons d’un sujet qui fait du bien : le bonheur. Allez, commençons par une petite revue de littérature.


Friedrich Nietzsche “Le bonheur ? Un but mesquin d’homme faible…”

Charles Baudelaire, dans une lettre adressée à un certain Jules Janin : “Vous êtes heureux. Je vous plains, Monsieur, d’être si facilement heureux. Faut-il qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux ! Je vous plains, et j’estime ma mauvaise humeur plus distinguée que votre béatitude.”

Gustave Flaubert : “Bonheur : as-tu réfléchi combien cet horrible mot a fait couler de larmes ? Sans ce mot-là, on dormirait plus tranquille et l’on vivrait à l’aise”.

Arthur Rimbaud : “Le bonheur est un désastre”.

Michel Houellebecq : “N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas”

Eh ben… Voilà de quoi donner raison à Aristote, quand il écrit : “Contrairement à tous les autres biens que l’on recherche en vue d’autre chose, le bonheur est recherché pour lui-même : il est le souverain bien. C’est sur la nature et la définition de ce en quoi il consiste qu’il n’y a pas accord.”

Effectivement, il n’y a pas d’accord sur la nature et la définition, ni sur l’importance et le rôle du bonheur… Mais il y a quand même, me semble-t-il, deux certitudes.

La première certitude, c’est qu’a priori, dans l’absolu, tout le monde préfère le bonheur au malheur ; du moins quand il s’agit de l’éprouver et non d’en causer. Chaque humain s’éveille le matin en souhaitant passer une journée plutôt heureuse, et non en espérant une journée de galères et d’adversités.

La seconde certitude, c’est que chacun sait que la vie est difficile, et que le malheur, les galères et les adversités s’y inviteront, quoi que nous fassions.

Et la conséquence de ces deux certitudes, c’est que le bonheur n’est pas une option mais une nécessité. Il n’est pas un petit plus, un petit luxe, il n’est pas un écran ou un refuge qui nous permettrait d’éviter le malheur, mais il est le carburant de la vie, la source d’énergie qui nous permet de traverser les épreuves. Il n’est pas une naïveté mais une lucidité.

Si, comme le pense Jules Renard, « le bonheur c’est du malheur qui se repose », alors le bonheur c’est ce qui nous permet de mieux affronter les périodes de retour du malheur.

Quand on sait que le bonheur existe, quand on l’a déjà vécu, alors la traversée du malheur sera un peu moins hasardeuse et périlleuse, un peu moins désespérante. Et sera peut-être même féconde.

C’était en tout cas la conviction de Nietzsche : « Quiconque confie au papier ce dont il souffre devient un auteur mélancolique ; mais il devient un auteur sérieux lorsqu’il nous dit ce dont il a souffert, et pourquoi il se trouve à présent dans la joie. »

Ce n’est pas le malheur qui nous rend créatifs et lucides, c’est la traversée du malheur suivie par le retour du bonheur.

Voilà pourquoi la quête du bonheur est une affaire sérieuse : une affaire qui nous permet d’affronter l’adversité et d’en tirer, éventuellement, quelques enseignements…

Christophe André

Illustration : un kangourou au comble du bonheur (par Anu Garg).

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vendredi 2 février 2024

Tourments du monde

j’ai cessé
d’être indifférent
aux tourments de ce monde
seulement préoccupé
de ma sérénité
le poids de la peine
sous lequel cette terre ploie
sape une part de ma force
que seule une charge supérieure de compassion
peut me faire regagner
ce n’en est pas fini de l’innocence
mais c’en est fini de l’insouciance
je vieillis léger de moi-même
et lourd du malheur qui m’entoure
nul n’est une île
ma joie ne se satisfait plus d’elle-même
elle veille et ne se nourrit plus
que de ce qu’elle donne
je n’aurais pas cru
que ce fût si implacable

Gilles Farcet

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mercredi 9 mars 2022

Le grondement du tonnerre

 

" Voilà la difficulté de notre époque, les idéaux, les rêves, les beaux espoirs n'ont pas plus tôt fait leur apparition qu'ils sont déjà touchés par l'atroce réalité et totalement ravagés. C'est un vrai miracle que je n'aie pas abandonné tous mes espoirs, car ils semblent absurdes et irréalisables. Néanmoins, je les garde car je crois encore à la bonté innée des hommes. Il m'est absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion, je vois comment le monde se transforme lentement en un désert, j'entends plus fort, toujours plus fort, le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s'arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde."

(Le journal d'Anne Frank adaptation théâtrale réalisée par Eric-Emmanuel Schmitt)

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dimanche 31 octobre 2021

Ne pas agir ou comment faire nous-mêmes notre melheur


Il arrive fréquemment que nous sentions devoir faire quelque chose, qu’une décision doit être prise, que nous devons agir, et pourtant nous ne le faisons pas.
Nous évoquons alors de multiples raisons, nous rationalisons, nous remettons à demain, parce que finalement, « ce n’est pas si grave que ça ». La situation est médiocre, mais « ça pourrait être pire ».
Cette stratégie marche bien un temps, en effet, tant que trop de choses ne se surajoutent pas au problème de base. Néanmoins, il finit toujours par arriver un moment où c’est le corps qui commence à parler.
Au début, oh, pas grand-chose, justement. Une insomnie ici, quelques maux de tête, de l’impatience inhabituelle, un colon irritable qui le devient de plus en plus.
La vie commence à actionner une sonnette relativement douce, mais il s’agit quand même d’une alarme.
Avec un peu de chance, nous écoutons le message, mais c’est plutôt rare à ce stade, parce que finalement, cela reste fonctionnel et épisodique. Pourtant, au-dedans de nous, nous savons, déjà.

Alors le temps passe, la situation ne s’améliore pas, s’enkyste, se trouble ou s’empire. Si nous ne bougeons toujours pas, la vie actionne une sonnette un peu plus forte : grosse grippe qui nous cloue au lit une semaine, petite hernie discale qui commence à nous empêcher de garder les activités qui nous font plaisir, état dépressif ou anxiodépressif mais qui ne nécessite pas encore de traitement véritable. Et ces insomnies, toujours plus fréquentes, et ces labilités émotionnelles, et ce sentiment de dévalorisation.
Encore une fois : le choix. On n’écoute pas, ça va aller, ça arrive à tout le monde, c’est une mauvaise passe.
Et puis, encore quelques mois, années et cette fois, la vie tape sec : burn-out qui nous cloue six mois en arrêt et va laisser des séquelles et un gros trou dans le CV, hernie discale qui nécessite une opération, accident grave, AVC ou infarctus, état dépressif majeur nécessitant un suivi et une prise en charge médicamenteuse, et au final, dégradation des relations en général, divorce, grosse crise, perte d’emploi. A ce stade, nous sommes les jouets de la vie et nous n’avons plus de choix. La vie a finalement choisi pour nous.
Quel est l’intérêt de l’introspection, de l’honnêteté, du discernement et de l’humilité dans un tel processus ? Il est simple.
Plus nous écoutons tôt les signes que nous envoie la vie quand nous sommes mal orientés, plus notre liberté est grande. Plus nous écoutons tard, et moins nous avons le choix de la suite.
Par exemple : nous savons que notre job ne nous satisfait plus. Si nous lisons les premiers signes, il est très simple de garder le poste tout en en cherchant un autre, nous ne sommes pas dans une urgence vitale. Nous pouvons postuler, avons le choix de refuser un emploi s’il ne nous plaît pas, et finalement de trouver notre nouvelle orientation avec les meilleures chances de succès. Nous avons été stratégiquement efficaces, avons eu de la marge de liberté et nous nous sommes respectés au passage.

Maintenant, imaginons la même chose sans écouter notre voix intérieure ni les signes subtils du départ : nous sursoyons à tout et après de multiples alarmes, la vie nous arrête : gros burn-out, état dépressif majeur, un an d’arrêt de travail. Immense trou dans le CV qui empêche de trouver un travail, car nous sommes encore fragiles et les employeurs le sentent. Chômage, qui nous oblige à prendre le premier travail venu payé moins bien que le précédent et encore moins intéressant.
La différence ? Notre marge de liberté a fondu comme peau de chagrin.
Qu’est-ce qui nous a manqué entre la première et la deuxième solution : bien souvent du courage, tout simplement. Et la capacité à faire des deuils.
Malheureusement, quand nous ne les faisons pas consciemment, ils nous sont imposés de manière souvent bien plus dure que si nous avions osé traverser la rivière. Oui, ça fait peur. Mais derrière l’eau : la clairière, le bois, le renouveau. Et non, pas de court-circuit possible et pas de garantie avant d'avoir osé. Il faut traverser l'Eau, la métamorphose, l'accouchement, le baptême. Ca fait mal, oui, mais quelle renaissance derrière!
Alors courage !
Fabrice

 le tigre est un symbole de courage et de décision dans le taoïsme. Il est associé au métal, qui discerne et tranche.
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jeudi 24 décembre 2020

La quête du bonheur sous le signe de Noël


En ce temps de Noël, nous allons continuer sur le thème du bonheur. Je me demandais, la semaine dernière, pourquoi certaines personnes se rendent littéralement malheureuses. C’est le cas d’une partie d’entre nous. Il y a, d’un côté, le « vrai » malheur, et il y a, d’un autre côté, le cinéma que nous nous faisons. Il y a, en particulier, les contraintes de l’idéal, c’est-à-dire les définitions que nous nous donnons de notre propre bonheur, définitions qui nous enferment : je serai heureux quand j’aurai atteint tel but, quand je serai reconnu dans tel domaine, quand mes enfants auront réussi leurs études comme je l’attendais, quand je serai entendu dans mes pensées profondes sur l’avenir du monde, quand j’aurai la place que je cherche à gagner en mon existence.

Tout cela n’est en rien choquant, et confère des buts à la vie. En même temps, il nous arrive de mettre la barre trop haut et de souffrir des objectifs que nous ne sommes pas en capacité d’atteindre. Les contraintes de l’idéal pèsent sur nous. Nous « devons » réussir nos vies et nous donner des objectifs, extrêmement moraux, extrêmement contraignants qui orientent nos trajectoires d’existence. Notre époque se veut libérée, mais n’est pas exempte de ces contraintes de perfection ou de moralisme. Cela ne fonctionne pas toujours. Ce que nous cherchons ne marche pas forcément, quand bien même nous sommes des gens très bien, et quel que soit notre niveau de responsabilité, philosophes, journalistes, universitaires, professeurs, gouvernants, managers, responsables de tous ordres, et tout simplement responsables de nous-même et de notre petite famille et de son cercle de proches, et de quelques-uns du côté de notre monde professionnel. Rien ne marche quand on attend trop, ou bien quand on attend en mettant seulement les autres, et pas d'abord soi-même, au travail.

Le bonheur, la plénitude se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.

On attend, on attend que les autres fassent, que la société mette en place ce qui est bien, que nos familiers nous gratifient ou nous reconnaissent. Mais la réalité n’est pas ainsi. Elle ne gratifie pas nécessairement, ou pas tout de suite. Il faut savoir attendre… Le signe de Noël est simple comme la vie nue. Le bonheur, la plénitude ne se réalisent pas selon ce que nous attendons, en tout cas dans la dimension grandiose de ce que nous attendons. Ils se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.

Il ne faut plus attendre quelque chose de précis qui nous satisfasse, il faut (simplement) vivre en attendant. Quelque chose se passe dans l’angle mort de nos désirs précis, dans l’inconnu de ce qui ne marche pas, comme dans la mangeoire d’une étable, dans l’arrière-monde de ce qui est souhaité. Il ne s’agit pas de savoir, de comprendre, ou de planifier… Les idéaux faciles ne sont plus de ce monde, en cette période de Covid, en cette époque de défaillance de l’espoir. Et pourquoi pas…

Il faut laisser la place à autre chose, qui ne soit pas du registre d’une attente pour soi, d’un idéal enfermant, mais simplement d’une déchirure, d’une ouverture sur un ailleurs qui nous libérerait des idéaux trop personnels ou trop faciles. Les idéaux sont désirables, souhaitables, mais qui peut les vivre complétement dans leurs extrêmes, en un imaginaire de totale plénitude ? L’incertitude et le doute sont des moments où peut s’ouvrir le temps que nous croyons posséder, vers autre chose que nous n’avons jamais su anticiper… Quelque chose comme le bonheur.

Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste
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mercredi 15 août 2018

L'évolution de l'idée du bonheur avec Frédéric Lenoir (1)

À travers ses 50 livres à succès, le philosophe Frédéric Lenoir essaye de répondre à la question fondamentale : qu'est-ce qui nous rend heureux ? Son dernier ouvrage, le Miracle Spinoza (Fayard, 2017), où il raconte l'itinéraire de ce « grand penseur de la joie », n'y coupe pas. Pour La Vie, le docteur de l'École des hautes études en sciences sociales livre, avec son art de la pédagogie, quelques clés inspirées des grands philosophes.

Le bonheur est-il une addition de moments ?
C'est un état de satisfaction de l'existence. Pour comprendre ce concept, les philosophes grecs, comme Platon, Épicure ou Aristote, l'ont comparé avec un autre état, le plaisir. Celui-ci est la satisfaction donnée rapidement à un besoin ou un désir. J'ai envie de voir un ami et j'ai du plaisir lorsque j'y parviens. Je souhaite voir un film, je le vois et j'en retire du plaisir. Mais le plaisir possède des inconvénients. D'une part, il ne dure pas : dès que j'ai bu, j'ai à nouveau soif. Il dépend aussi de causes extérieures. Il faut toujours renouveler les événements qui nous procurent du plaisir, et nous savons mal le modérer. Nous avons tendance à rechercher toujours plus de plaisir. Et cela peut procurer du malheur à long terme. A contrario, le concept de bonheur n'est pas une émotion passagère, mais un état d'être global et durable. On est bien dans sa vie, dans son corps et dans sa tête. Le bonheur est un état, le plaisir est un moment.

Est-ce l'opposé du malheur ?
Beaucoup de philosophes contemporains, comme Luc Ferry, préfèrent cette approche. Pour avoir une meilleure compréhension de l'état du bonheur, qui reste une ambition assez forte, on se tourne vers l'état dans lequel on n'est pas malheureux. Cette vision me fait penser à la phrase de Jacques Prévert : « J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il a fait en partant. »

Être heureux est-il le fruit de la chance ou procède-t-il d'une démarche rationnelle ? 

Les deux. Si vous êtes issu d'une famille où les parents vous aiment, vous avez plus de chances d'être heureux que dans une famille maltraitante. Même chose si votre penchant naturel est plus tourné vers l'optimisme que si vous êtes doté d'un tempérament colérique ou anxieux. Et puis il y a des moments dans la vie qui conditionnent le fait d'être heureux ou non. Des études états-uniennes démontrent que le bonheur est déterminé pour moitié par notre capital génétique et les événements extérieurs et, pour l'autre moitié, par nos choix et le travail que nous avons fait sur nous.

Chercher une satisfaction globale et durable est universel.

à suivre
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lundi 1 août 2016

Interview de Gilles Farcet


Comment en arrive-t-on à écrire sur un thème aussi riche et complexe que le bonheur ? Au fait, écrire sur le bonheur, entre nous, est-ce que ça rend heureux ?

J’ai passé toute ma vie à réfléchir et expérimenter autour de cette question, non pas tant du « bonheur » – notion assez approximative que je m’attache à dénoncer au début de mon petit traité – mais du fait d’ « être heureux ». 
Tout le monde cherche à être heureux, moi aussi, il se trouve que j’ai très tôt eu la conviction qu’être heureux autrement que de-ci de-là ne relevait pas seulement des hasards de l’existence mais d’une pratique, d’un apprentissage pourrait-on dire. 
Quand la proposition m’a été faite, j’ai ressenti comme naturel de chercher à partager un peu de ce que j’avais le sentiment d’avoir intégré à ce sujet. Ce n’est pas d’écrire sur le bonheur qui me rend heureux. Écrire (sur le fait d’être heureux ou sur autre chose) me donne souvent du plaisir, parfois une forme de jubilation – comme faire la cuisine, jouer de la musique, ouvrir un bon vin… Mais si je me suis permis d’écrire sur « le choix d’être heureux », c’est parce que, fondamentalement, je me sens plein de gratitude et émerveillé (ce qui ne veut évidemment pas dire que mon existence soit en tous points exempte de vicissitudes, d’épreuves, passées, présentes ou à venir). Je ne me serais pas permis d’écrire sur ce thème si je me sentais fondamentalement malheureux.


Les livres de développement personnel ont aujourd’hui le vent en poupe en librairie : est-ce de bon augure pour le savoir-être, selon vous ?

Oui et non. C’est sans doute heureux que de plus en plus de gens s’intéressent à la méditation, cherchent un sens, une qualité, commencent à raisonner en dehors de la bulle scientiste et matérialiste. En même temps, le « développement personnel » n’a rien à voir avec la voie spirituelle au sens profond du terme. 
Sur ce point, je dois admettre que ma conviction peut paraître élitiste et restrictive, mais c’est la mienne : la voie spirituelle, la maturation intérieure, celle dont parlent les Évangiles, les Upanishads, les soutras du Bouddha, la poésie de Rûmî, cette voie ne peut pas et ne pourra jamais concerner le grand nombre. Pourquoi ? Parce qu’elle implique une remise en cause radicale – jusqu’à la racine – un bouleversement, une forme de mort et de renaissance, toutes mutations qui n’adviennent que si l’on s’acquitte d’un « prix » que bien peu sont prêts à payer et dont très peu ont ne serait-ce qu’idée. 
De ce point de vue-là, tout ce qui a « le vent en poupe » est un peu à la dimension spirituelle ce qu’est le Canada dry à l’alcool (en tout cas selon la fameuse pub). Cela peut être bon, bienfaisant, utile… Et c’est autre chose. Évidemment, la plupart confondent le « produit dérivé » avec la source. Le savoir-être , pour reprendre votre expression, ne sera jamais le fruit de techniques isolées, si pointues et performantes soient-elles. Il s’agit de tout autre chose.

Et maintenant, après le bonheur, de quoi voudriez-vous nous parler ?

Je viens de terminer un deuxième « petit traité » – j’aime utiliser cette expression pour désigner les livres numériques écrits pour UPPR – dont le sujet est : « guérir l’ego ou guérir de l’ego ». J’essaie d’y clarifier pas mal de confusions et approximations autour de cette notion d’ « ego » ; et de donner des pistes quant à la relation à entretenir avec le dit « ego ». Je n’ai pas le sentiment de changer de sujet, car être heureux suppose une relation consciente et apaisée avec un ego remis à sa juste place. 

Lire l'interview en entier


jeudi 25 octobre 2012

La vie t'appelle avec Boris Cyrulnik (2)



L’évocation intime d’une enfance fracassée par la guerre exalte la volonté de surmonter le malheur et de répondre à l’appel de la vie...



Deuxième et dernière partie avec Boris Cyrulnik 
(le grand entretien, 29 min.)


Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon.

samedi 8 septembre 2012

Tout allait bien...

Tout allait bien, j’avais rencontré l’homme de ma vie, ensemble, on avait eu un petit garçon et une petite fille, j’avais un travail intéressant et rémunérateur. J’étais heureuse jusqu’à cet été où j’ai découvert que ma fille ne marchait pas normalement. De médecin en neurologue, j’ai appris le jour de ses 2 ans qu’elle avait une maladie génétique grave qui touchait le système nerveux et lui laissait quelques mois à vivre. Tout à coup, mon bonheur est tombé à plat, avec tous mes projets d’avenir. Mais le bonheur, on l’a en soi. La vie était toujours là, et on a promis à Thaïs qu’elle serait heureuse, que si nous ne pouvions ajouter des jours à sa vie, nous allions ajouter de la vie à ses jours.

J’étais persuadée de passer entre les gouttes des épreuves, et qu’être heureux, c’était être épargné par la vie. Or, j’ai découvert avec Thaïs le vrai sens de la vie et ce qu’était vraiment l’amour. J’ai appris à aimer la vie avec cette petite fille, en m’appuyant sur nos forces et nos fragilités.

Nous avons eu des moments d’abattement, de fatigue et de pleurs, mais le bonheur s’est construit dans notre famille, on a appris à être heureux tous ensemble. Notre fille ne pouvait plus voir ni entendre, mais elle pouvait aimer.

Aujourd’hui, je peux affirmer que ma fille, avec toutes ses infirmités, a été heureuse, car elle était aimée pour ce qu’elle était et comme elle était. Le bonheur ne dépend pas de nos humeurs, mais il est intimement inscrit en nous.

Aujourd’hui, je n’ai plus peur de la vie, je sais qu’on peut être heureux en toutes circonstances. Le véritable ennemi du bonheur, ce ne sont pas les épreuves, mais c’est la peur.

Anne-Dauphine Julliand
(source : La Vie)