samedi 31 octobre 2020
L'axe de la balançoire
vendredi 30 octobre 2020
La Métao du jour
jeudi 29 octobre 2020
"LA PEUR" par Khalil Gibran
mercredi 28 octobre 2020
Aspirateur réversible ?
Du bon usage des crises de Christiane Singer :
Virus et écologie
mardi 27 octobre 2020
Energie vitale
lundi 26 octobre 2020
Au gré du courant des mots...
Voici quelques extraits d'un livre que je viens de lire :
"On embrasse, on acclimate, on déraisonne, on raccommode, on s'accommode, on marchande, on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l'on peut, et on finit par croire que l'on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s'écoule d'un point à un autre, de la naissance à la mort. Ce n'est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s'éloigner du cœur qu'est l'enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n'y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d’une réalité évanouie, car seules ces ombres nous guident sur cette terre."
"L'œil hésite devant l’harmonie, parcourt, s’en va, revient, ne s'attache pas durablement, voyage à l’infini. L’œil n’hésite jamais face à la rupture, l’évidence d’un contraste, aussitôt attiré qu’il se détache de ce qui l’a précisément attiré, comme repu. L’attraction primaire n’est que vulgarité. Trop de rouge sur les lèvres, sur les joues, trop de fard autour des yeux ; ces vêtements qui parlent à la place des corps, ces démarches qui s’appuient sur d’éphémères désirs. la beauté est une humaine conception. Seule la grâce peut traduire le divin. La beauté peut s’expliquer, pas la grâce. La beauté parade sur la terre ferme, la grâce flotte dans l'air, invisible. La grâce est un sacrement, la beauté, le simple couronnement d’un règne passager."
"Le vent se leva, donnant un volume supplémentaire à la forêt, comme un oiseau gonfle son plumage pour impressionner l’ennemi, signifiant que quoi que les hommes entreprennent contre elle, que quelque infime bataille gagnée n'en feraient jamais un vainqueur. La vallée contenait à elle seule le passé, le présent et l’avenir, s’était fabriqué un temps unique, pas une éternité à hauteur d’homme."A faire soi-même
Réaliser ses produits vaisselle pour respecter l'environnement :
dimanche 25 octobre 2020
Le visage éternel
Lors d'une de mes promenades dans les rues de Paris, je suis tombée sur un jeune garçon de 5 ou 6 ans qui contemplait pensivement la façade de l'immeuble devant lui, attendant patiemment que sa mère termine une conversation à quelques pas de là. J'aime toujours regarder ce que regardent les enfants, car ils voient ce que nous ne savons plus voir et qui pourtant saute aux yeux. En l'occurrence, il y avait au rez-de-chaussée de l'immeuble, une large et grande fenêtre à barreaux qui réfléchissait dans le miroir de sa vitre teintée le bleu du ciel, le blanc des nuages et le feuillage d'automne d'un arbre.
Les anges portent-ils des masques ?
« Que regardes-tu ainsi ? », lui ai-je demandé. Il a levé les yeux vers moi, et il m'a répondu en riant : « Tu ne vois pas ! Ils ont mis le ciel en prison ! » Oui, ce n'était pas un mirage, et j'avais bien devant moi la prison du ciel. Pourquoi mettons-nous des barreaux à nos fenêtres ? Pour que personne ne rentre chez nous ! Pourquoi mettons-nous des vitres teintées ? Pour que personne ne voie à l'intérieur ! Et bien souvent, nous oublions qu'il suffit de quelques barreaux et d'une vitre teintée pour arrêter le ciel et fermer notre porte à Celui qui frappe patiemment pour entrer chez nous et y faire sa demeure. Or voilà que le vent souffle, faisant défiler les nuages et tomber les feuilles dans le miroir.Heureux d'avoir quelqu'un à qui parler, ce jeune garçon m'a demandé si je pensais que les anges autour de nous portaient des masques eux aussi. Je lui ai répondu que je ne savais pas, mais que je pensais que les anges pouvaient perdre, en ce moment, leurs plumes, comme les arbres, leurs feuilles. Que se retrouvant nus, ils auraient besoin cet hiver de la chaleur de nos coeurs, et que, dépourvus d'ailes, ils emprunteraient nos bicyclettes, au printemps, pour aller chercher des plumes toutes neuves. « Es-tu prêt à prêter ton vélo à un ange ? », ai-je demandé à cet enfant, conquis par mon histoire. Du haut de son âge encore déraisonnable, il m'a dit que oui, si c'était pour qu'il change de plumes et en retrouve d'autres ! Il m'a alors confié que sa mère lui avait expliqué que les masques que les adultes portent dans la rue sont comme les masques de beauté qu'elle étale parfois sur sa peau le soir. Ce sont des masques qui vont permettre aux personnes de se faire beaux et belles. Des masques qui vont soigner leur peau, et réparer quelque chose en eux pour que leurs sourires reviennent au printemps.
L'autre : un visage, un rivage
Moi qui ne sais plus regarder les gens dans les yeux, ne voyant que leurs masques, voilà que ces paroles de mère et d'enfant me sauvaient du naufrage. Quelle joie de pouvoir envisager différemment ces barreaux de tissu où nous emprisonnons le ciel et nos sourires ! Comme si seules les mères connaissaient pleinement ce mystère du face-à-face, du cœur-à-cœur, du « joue-à-joue » que sont les visages. Comme si seules les mères pouvaient entendre le désir du jeune enfant en nous de dévisager. Comme si seules les mères pouvaient nous apprendre à voir en l'autre ce qu'il est : un visage, un rivage.Charlotte Jousseaume
samedi 24 octobre 2020
Perdre...
Christian Bobin:
vendredi 23 octobre 2020
En communion avec vous...
Les Lettres d’Arnaud Desjardins à ses élèves est le premier ouvrage posthume de l’auteur, mort en 2011. Ces correspondances suivies permettent d'entrer dans l'intimité de la relation maître à disciple et de voir comment l’élève est guidé pas à pas au travers des situations existentielles qu’il rencontre dans son quotidien. Arnaud ne répond pas seulement à l’élève dont il a le courrier sous les yeux, c’est à chacun de nous qu'il parle directement, de cœur à cœur.
Ce livre apporte des réponses concrètes aux questions que toute personne se pose face aux difficultés qu'elle rencontre dans sa vie, que ce soit dans les domaines professionnel, affectif ou familial. Toutes les circonstances qui jalonnent une existence humaine, avec ses joies et ses épreuves, y sont ainsi abordées, en étant chaque fois resituées dans une perspective spirituelle.
C’est un ouvrage tout public mais le lectorat d’Arnaud Desjardins sera particulièrement intéressé par ce livre posthume qui permet de découvrir cet auteur sous un jour nouveau.
« Pour Arnaud, la découverte de la conscience infinie et éternelle, c’est la réalisation de la communion, de l’unité. Découvrir le Soi, Dieu en nous, c’est être en communion avec tout ce avec quoi nous entrons en relation, c’est être “ un ”avec tout ce dont nous prenons conscience. »
« Puissent ces lettres, intemporelles et universelles, nourrir notre démarche, éclairer notre quotidien et nous rappeler que la réponse ultime se découvre dans l’intime de notre être. »
François,
Tout ce que vous avez écrit est juste, parfaitement juste. Ne vous faites pas à l’avance d’idée trop précise sur ce qui vous attend en progressant vers le grand but. Mais vous avez compris comment faire un pas, puis un pas, puis un pas.
Voir = ici, maintenant, ce qui est -> la paix inconditionnelle.
Discriminer entre voir et penser.
C’est en moi (dans la conscience) que tout se passe : « namarupa »,
les noms et les formes (sensations, émotions, pensées).
Je suis en communion avec vous.
Arnaud
mercredi 21 octobre 2020
Recevoir...
"Savez vous pourquoi le contentement imprègne mon ressenti ? Pas parce que je vis des états d'"éveil" extraordinaires. Mais Parce que ce que je reçois chaque jour, d'un bout à l'autre d'une journée ordinaire, je le reçois vraiment, pleinement. La lumière du jour, le paysage, l'énergie d'une rue, marcher, goûter un vin, boire un café, m'allonger pour quelques minutes de repos, entendre une voix amie, écouter de la musique, lire, m'asseoir à table, m'endormir … Me sentir vivant …
Tout cela je le reçois, sans que le mental n'interfère, ne m'empêche de pleinement le goûter. C'est pourquoi j'éprouve le contentement de quelqu'un qui se sent nourri. Je rencontre tant de personnes à qui la vie donne mais qui ne reçoivent pas et par conséquent se sentent insatisfaites."
Gilles Farcet
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mardi 20 octobre 2020
Pour ne pas oublier le sens !
la bande son est extraite de l'émission de France Inter "Grand bien vous fasse" dont le thème était "La société du sans-contact…"
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Méditation et douleur
lundi 19 octobre 2020
Pour le mystère du vivant... avec Nicole (2)
1er juin 2020
O.K. donc pour le suicide.
Mais comment? Car ce suicide doit servir de sonnette d'alarme pour signaler cet isolement total des personnes âgées avec repas en chambre et aux conséquences qui s'ensuivent.
Je mets un cadre à ma décision :
1) Quelques jours avant de mettre en œuvre concrètement ce suicide :
J'écris une lettre expliquant '' Les dégâts causés par la déshumanisation de cet isolement sans aucun contact avec l'extérieur , que subissent actuellement les personnes âgées des maisons de retraite, des Résidences seniors et bien sûr des Ehpad.
Je photocopie ce courrier. Je l'envoie en recommandé avec accusés de réception :
- Aux associations s'occupant de soins palliatifs... et autres.
- À la presse régionale,
- À la presse médicale, politique, aux directeurs des Ehpad...ayant pignon sur rue et au ministre de la santé etc... Cela va de soi !
- Lieu du suicide....je choisis la mer, un magnifique coin accessible dans les calanques...( tant qu'à faire !...)
- Comment y aller? Facile, je commande un taxi pour un soi-disant rendez-vous à l'hôpital, avec une ordonnance en bonne et dû forme, à la bonne date bien sûr !...Arrivée à l'endroit que choisi, je règle la course en prétextant qu' un ami m'a proposé de m'accompagner à l'hôpital et qu'il vient me rejoindre là
2) Je suis heureuse car apaisée par cette décision. Cette information à tout azimuts peut avoir un impact positif en éclairant ce qui se passe actuellement dans ce domaine.....un début de réflexion... c'est mon souhait. Bien sur, cette décision tournicote en moi, elle n'est pas anodine....
Peu à peu je réalise que ce suicide n'est pas un acte de lâcheté et que, bien au contraire, il correspond à ce qui m'est vital :
agir selon ma conscience, selon mon cœur,
vital pour moi et pour ceux qui m'entourent…
quelques jours passent...et, à mon étonnement, une maturation intérieure prend forme, s'incarne, s'exprime :
C'est l'heure du repas à midi...J'avance de quelques pas devant ma table et à ma surprise, m'exclame d'une voix de stentor: " JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM!...."
Et je m'assois devant mon assiette sans y toucher bien sûr....stupeur générale…
À la fin de mon repas virtuel, je regagne mon studio. La responsable du repas m'apporte alors un plateau en chambre, je le refuse...lui redis comment je ressens ce que nous sommes en train de vivre, comment cela est géré sans tenir compte de nos besoins d'êtres humains, comment cela nous transforme intérieurement peu à peu en clones irresponsables, chosifiés....elle prend acte.
Sans doute, après ma décision prise en public, y a t-il eut réunion avec la direction ; cette personne est revenue me voir pour me dire que ma décision de faire la grève de la faim avait été entendue et que certains aspects pris en compte en compte (..? ..) bien sûr, dans le domaine du possible mais en tenant compte de ce que ce confinement impliquait pour nous, les '' super-confinés''.
Je suis soulagée....je ne craignais pas l'acte du suicide mais cela représentait de la fatigue pour moi, trop d'énergie à déployer alors que je sais qu'actuellement, je n'en ai pas beaucoup à ma disposition… Tandis que la grève de la faim non! C'est une voie royale qui convient à mes possibilités réduites…
Je suis heureuse car apaisée par cette décision. Cette information à tous azimuts peut avoir un impact positif en éclairant ce qui se passe actuellement dans ce domaine.....un début de réflexion...c'est mon souhait.
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dimanche 18 octobre 2020
Pour le mystère du vivant... avec Nicole (1)
Je pleure
ou plutôt ''cela '' pleure en moi
Qu'est-ce que '' cela '' ?
m'appartient-il ? est-ce moi ?
Est-ce que je le connais ?
Non, je ne le connais pas
''cela '' est un inconnu pour moi...
Avec lui, j’apprends la compassion,
Je décrypte ce qu'il vit,
expérimente ce qui lui arrive.
''cela '' pleure dans mon corps
car la chair de ''cela '' refuse ce confinement,
elle hurle NON... !
Elle est la fleur qui se dessèche au soleil,
et meurt parce que la vie
ne l'irrigue plus...
Elle en est déconnectée...
déconnectée de son statut d'être vivant.
Mon corps, mon âme, mon esprit
ont eux aussi
perdu leur repères spatiaux.
Ils mélangent le réel à l'irréel.
Je me suis même surprise l'autre soir
en train de manger le potage avec la fourchette...
Intriguée, je veux comprendre pourquoi
tout se déglingue en moi.
22 mai 2020
Je cherche sur l'ordinateur :
'' Quels sont les dégâts causés chez un être humain
soumis à un isolement drastique, que cela soit en milieu carcéral
ou dans une Résidence seniors : Atteintes cérébrales *
(vérifiées avec un électroencéphalogramme ),
atteintes corporelles, désordre psychique ! ́ ́
À ma surprise, je retrouve sur la toile, les mêmes symptômes
que ceux que je suis en train de vivre...
Le syndrome que ce soit pour certaines personnes âgées
ou pour le prisonnier au cachot est identique,
Quelle joie de me savoir revenue parmi les humains.
Non je ne perds pas les pédales, je ne suis pas une mauviette...
Car je suis quand même encore un peu vexée par ces réactions
qui ne me ressemblent pas trop.
Je ne suis pas du style à baisser les bras mais à agir.
Agir, comment ?
Le premier plan qui se présente en moi, c'est le suicide.
Pourquoi le suicide?
Parce que je m'aperçois que quelques-uns d'entre nous, les super-confinés, commençons à
perdre notre boussole intérieure. Moi aussi, je sombre petit à petit dans un total non-sens, je
découvre la contrée étrange de la déshumanisation.
Le logiciel de mon corps devient un inconnu pour moi.
Je dois rompre ce cycle infernal, agir...
il y a urgence, grande urgence.
...
*
samedi 17 octobre 2020
Etoile intérieure
vendredi 16 octobre 2020
mercredi 14 octobre 2020
Illusion corporelle
Processus de l'inséparable
Le mental ne peut être utilisé pour transcender le mental. L'œil ne peut se voir lui-même ; le goût ne peut se goûter lui-même. Les objets manifestés ne peuvent être manifestés sans l'Absolu, sans le non-manifesté. La limite de la conceptualisation possible — l'analyse du mental — est l'Absolu, l'infinitude du non-connu. L'Absolu non-manifesté, sujet seul et unique, s'objective et perçoit l'univers, se manifestant à l'intérieur de lui-même (mais en apparence à l'extérieur) afin de devenir un objet perceptible. Pour que l'Absolu se manifeste objectivement en tant qu'univers manifesté, le concept de l'espace-temps entre en action car les objets, pour être connaissables, doivent être déployés dans l'espace, avec un certain volume, et étirés dans la durée ou le temps — sinon, ils ne pourraient pas être perçus. Ainsi, j'ai désormais le tableau tout entier : l'être doué de perception n'est qu'un infime élément au sein du processus de mise en miroir apparente du non-manifesté dans l'univers manifesté.
Cette identité — cet un indivisible — est la clé de la compréhension, ou plus exactement de l'aperception de notre vraie nature, car si cette unité foncière entre le manifesté et le non-manifesté était perdue de vue, nous serions à jamais embourbés dans le marécage de l'objectivation et des concepts. Une fois qu'il est compris que l'Absolu non-manifesté est tout ce que nous sommes, et que le monde manifesté est ce que nous semblons être en tant qu'objets séparés, il sera aussi compris qu'aucune entité ne peut entrer en jeu dans ce que nous sommes et, par conséquent, le concept d'une entité ayant besoin d'être «libérée» sera vu comme un non-sens ; et la «libération», si tant est qu'elle existe, sera vue comme la libération du concept même de l'attachement et de la libération.
"Nisargadatta Maharaj ou Les orients de l’être"
mardi 13 octobre 2020
Quelques rappels du maître...
lundi 12 octobre 2020
Nous et les autres
Chaque individu est un enfant de l'univers et il chemine selon un plan établi. En respectant et en honorant notre propre part divine, nous en ferons autant avec autrui. Lorsque nous sommes confrontés à des personnes cyniques, rebelles, en colère, c'est qu'elles ont un malaise psychologique non résolu, en ayant un comportement doux et compatissant envers l'agressivité de l'autre, nous lui insufflons un peu de douceur. Comprendre la déchirure intérieure dont la personne est victime nous aide à faire preuve de plus de compassion, de pardon.
dimanche 11 octobre 2020
Solitude bienfaisante
« Personne ne nous apprend à être seul. Au contraire, toute éducation, qu’elle soit dispensée par la famille ou à l’école, vise à ne jamais laisser l’enfant dans le silence, face à lui-même: on l’oblige à jouer avec ses camarades, à faire partie d’une équipe sportive, bref à « communiquer » et à s’intégrer, ces deux poncifs tyranniques de la société contemporaine. Plus tard, il voyagera en groupe ou au moins avec quelqu’un. Très vite aussi, s’il ne choisit pas de s’incruster chez ses parents, il se mettra en ménage ou bien se mariera puisqu’on lui a appris que l’homme ne doit pas rester seul. Dépossédé de lui-même, l’être humain devient nécessairement dépendant des autres. On appellera cela l’esprit de famille, la camaraderie, le sens de la communauté. De fait, ce sont tous ces dispositifs sociaux qui empêchent l’individu de demeurer seul, qui l’empêchent d’être autonome et de penser par lui-même. Ainsi, dans le monde moderne contemporain, l’être humain ne vit jamais avec soi. Tout est programmé pour égayer ou briser ses rares moments de silence et de solitude. (et cela est encore plus évident avec l’envahissement exponentiel des réseaux sociaux).
samedi 10 octobre 2020
« Lorsqu’on pratique zazen, le corps prend la forme du calme ! »
Si nous entendons le mot « corps » comme étant la somme des éléments matériels, organiques, qui le composent, cette indication n’a aucun sens. Elle dérange même sérieusement ce qu’on appelle l’entendement, c’est-à-dire la faculté intellectuelle de comprendre, de concevoir, de saisir ce qui est intelligible en se désintéressant de cette approche universelle du réel qu’est la sensation. L’entendement, processus mental, est le moyen de la connaissance raisonnée par opposition à la connaissance intuitive, sensitive.
L’indication, donnée par le maître zen Hirano Roshi n’a de sens que dans la mesure où nous entendons le mot « corps » comme étant l’ensemble des gestes et des attitudes à travers lesquels l’être humain prend forme, se présente, devient ce qu’il est ou se manque. Il s’agit donc de ce que Graf Dürckheim appelle : le corps que l’homme EST, le corps-vivant (Leib, dans la langue allemande) à ne pas confondre avec le corps que l’homme A, le corps objectivé dans les laboratoires d’anatomie ou de physiologie (Körper, dans la langue allemande).
Notre vie intérieure est chevillée au corps-vivant. Le corps-vivant (Leib) prend la forme de notre vécu intérieur.
Ainsi, par exemple, la personne qui manque de confiance exprime ce vécu intérieur en étant crispée dans les épaules.
Il ne s’agit pas ici de ce qu’on envisage comme étant une relation de cause à effet, ce qui sous-entendrait qu’il y a une dualité entre ce qu’on appelle le corps et ce qu’on appelle notre vie intérieure. Le maître zen nous dit que lorsqu’on pratique un exercice : « la cause est l’effet ET l’effet est la cause ».
Conséquence ? Toute personne qui est en quête de sens et qui, afin de répondre à ce désir, s’engage dans la pratique d’un exercice oriental comme le Yoga, le Taï-Chi-Chuan, Zazen, l’Aïkido, et autres disciplines artisanales, artistiques ou martiales, sera nécessairement confrontée à une approche du « corps » qui n’est pas habituelle en Occident.
Voici la réponse que m’a donné le maître de tir à l’arc Satoshi Sagino(1) lorsque je lui ai demandé ce qui différencie la quête de sens engagée par l’homme occidental (lequel prend appui sur la philosophie, un credo, la psychanalyse ou la science) et l’homme oriental qui s’engage sur des voies telles que le Yoga, le Taï-Chi-Chuan, Zazen, l’Aïkido, et autres disciplines artisanales, artistiques ou martiales ?
« La différence ? C'est, comme le répétait sans cesse mon maître Kenran Umeji Roshi (maître de Graf Dürckheim pendant son séjour au Japon de 1937 – 1947) c’est la confiance dans la pratique d’un exercice. Le chemin est la technique ; la technique est le chemin. Dans le tir à l'arc, comme dans la pratique du zazen, lorsqu'il y a liberté intérieure, non-désir, confiance, bonheur, présence à l'instant, cela se voit ! Dans le tir à l'arc, cela se voit à la façon de tirer de l'élève. Dans l'exercice même il y a une réalisation immédiate.
Pour être ouvert aux autres il ne s'agit pas de penser ouverture ou d'avoir un sentiment d'ouverture. Il s'agit de s'ouvrir concrètement, de s'ouvrir en profondeur, de s'ouvrir toujours plus profondément. L'exercice de l'ouverture est plus important qu'une doctrine de l'ouverture. (…)
Dire " Occupez-vous uniquement de la technique et un jour vous aurez une amélioration sur le plan intérieur " ne sert à rien. Si on sépare ce qu'on appelle l'homme et la technique on crée une opposition, et plus tard on ne peut plus réunir ce qu'on a opposé. Cette loi de l'unité entre l'homme et la technique est vraie pour tous les arts. (…)
L'intériorité a son expression dans la forme extérieure du tir que nous réalisons à l'instant. C'est pourquoi la technique est le chemin, c'est-à-dire une voie d'intériorisation. Le maître du tir à l'arc ne fait pas de discours sur l'intériorité. Il ne sert à rien de parler de l'intériorité. Il faut suivre la Voie avec patience. En s'exerçant régulièrement et modérément chacun peut arriver. Il faut de la détermination. C'est plus que de la volonté. La volonté a ses racines dans la pensée, la détermination engage la totalité de soi-même, aussi le corps ».
« Lorsqu’on pratique zazen, le corps qu’on EST prend la forme du calme ! »
Si ce constat expérientiel vous interpelle et si vous sentez le besoin de le vérifier … c’est simple : Pratiquez zazen.
En vous rappelant ce que dit Hirano Roshi : « il y a mille et une façons de méditer mais il n’y a qu’une manière de pratiquer zazen !
Jacques Castermane
(1) La Sagesse exercée - Jacques Castermane – éd. Le Relié (pages 102 à 113).