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dimanche 19 mai 2024

« Seule la contemplation est révolutionnaire »

 Écologie, technique, ère de la « propagande » : Jacques Ellul avait-il anticipé les travers de notre époque ?

Tour d’horizon des principaux thèmes sur lesquels le monde actuel semble, hélas ! donner raison à la pensée d’Ellul.

Par Sixtine Chartier



Et si Jacques Ellul avait (presque) tout prévu ? C’est un journaliste du Canard enchaîné, Jean-Luc Porquet, qui l’affirme, dans un livre paru en 2003 au Cherche Midi. Lister les prévisions d’Ellul est une entreprise risquée, car la relecture a posteriori est propice aux biais de confirmation. Sans aller jusqu’à en faire un prophète – statut revendiqué pour nombre d’autres penseurs du passé –, ses grandes thématiques éclairent des logiques encore à l’œuvre dans notre société.

La critique de la technique

Clé de voûte de son œuvre, l’analyse du phénomène de la technique est sans doute le plus grand apport d’Ellul à la compréhension du monde d’aujourd’hui. Son premier livre, paru en 1954, mais rédigé entre 1948 et 1950, la Technique ou l’Enjeu du siècle, annonce la couleur. « Pour Ellul, ce ne sont pas les idéologies qui vont primer mais la technique, décrypte Frédéric Rognon, spécialiste du penseur, professeur de philosophie à la faculté de théologie protestante de Strasbourg. C’était inaudible à l’époque, mais aujourd’hui personne ne peut le nier. »

À l’aube des Trente Glorieuses, période d’accélération de la modernisation, Ellul révèle en effet la place centrale des techniques dans les sociétés modernes. Il n’est pas le seul, comme le souligne l’historien François Jarrige dans La modernité dure longtemps (Éditions de la Sorbonne, 2020), citant d’autres penseurs et écrivains comme Bernanos (la France contre les robots, 1947) ou le sociologue Georges Friedmann. « Ellul conteste la thèse de la neutralité de la technique, explique Frédéric Rognon. Il montre qu’elle est ambivalente. Tout progrès produit à la fois et de façon indissociable des effets positifs en termes de rapidité, d’efficacité, de confort… et en même temps des effets catastrophiques, comme des destructions des libertés et de la qualité de vie. »

Face aux innovations, Ellul nous invite donc à peser le pour et le contre avant de s’y engager. À l’heure des prouesses de l’intelligence artificielle ou des manipulations génétiques du vivant, cette invitation est plus que jamais d’actualité.

Un précurseur de l’écologie


Cette critique du « système technicien » dans lequel le monde semble aujourd’hui enferré mène tout droit à la pensée écologique. Ellul est souvent considéré comme un des précurseurs de l’écologie. « C’est à lui que l’on doit la formule : “On ne peut pas concevoir un développement infini dans un monde fini”, indique Frédéric Rognon. Son premier texte écologique date de 1935. À cette époque, il critique le modèle américain du productivisme et de la standardisation qui s’installe en Europe, tout en constatant que le régime soviétique emprunte le même chemin. Alors que le monde intellectuel français s’enflammait pour l’un ou l’autre de ces modèles, il estime que le problème réside plus profondément dans l’accélération du progrès technique. Il en appelle déjà à la sobriété. »

La pensée englobante d’Ellul prédit un chaos généralisé au niveau planétaire du fait de la conjonction des crises environnementales, financières, internationales et sanitaires. Lucidité factice de la pensée du pire ? L’actualité semble malheureusement encore une fois donner raison à Ellul.

L’ère de la « propagande »

Ce sont peut-être les travaux de Jacques Ellul qui sont les plus prémonitoires. Il adopte une définition large en désignant « une propagande horizontale, qui ne vient pas forcément d’un pouvoir politique autoritaire, mais se transmet les uns par les autres », explique Frédéric Rognon.

Pour le professeur à Sciences Po Paris David Colon, auteur de Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain (Belin, 2019), les analyses d’Ellul sont d’une actualité frappante. Il cite son livre de 1962 (Propagandes) : « En réalité, la multiplicité des informations n’éclaire nullement le lecteur et l’auditeur, mais le noie. Il ne peut ni les retenir dans sa mémoire, ni les coordonner en système, ni les expliquer : s’il ne veut pas risquer de devenir fou, il est obligé d’en retirer une image globale. Et cette image sera d’autant plus simpliste que le nombre de faits qu’on aura fourni aura été plus grand. » Une phrase qui semble écrite pour notre époque, à l’heure des réseaux sociaux.

---------------source : La Vie


vendredi 26 avril 2024

Respiration au carré


Voici une petite technique de respiration qui peut être efficace

 (extrait de l'émission dédiée au sommeil) :

 Prenez soin de vous ! Votre sommeil en forme olympique (France 5)


dormez bien !

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samedi 10 février 2024

Les techniques classiques de méditation


Pour rappel, on vous partage quand même les techniques bien connues de la méditation classique. En effet, de temps en temps, en complément des activités actives ci-dessus, rien ne vous empêche de tenter de faire une séance de méditation plus traditionnelle.

Pour rappel, la technique la plus couramment utilisée est celle de la respiration. Tout d’abord, il faut prendre conscience de sa respiration. Ensuite, vous pouvez utiliser la respiration thoracique, ventrale et abdominale, progressive ou encore la cohérence cardiaque. Avant même de bien se nourrir ou de bien dormir, il est essentiel de bien respirer.

Connaissez-vous la règle des trois ? Un homme peut vivre 3 minutes sans respirer, 3 jours sans boire et 3 semaines sans manger, ce qui montre bien l’importance de la respiration. Elle nous accompagne 24h sur 24h et on néglige souvent son importance vitale tant elle nous parait naturelle. Pourtant, la plupart des personnes respirent mal. Mieux respirer vous aidera à relâcher les tensions et déstresser.

Ensuite, il existe la méditation par le corps qui consiste à prendre conscience de ce dernier, à explorer et vous concentrer sur les différentes parties de votre anatomie. La méditation sonore est aussi une pratique traditionnelle avec l’utilisation d’instruments spécifiques comme les bols tibétains. La visualisation peut aussi vous aider à entrer en état méditatif tout comme la gratitude. Enfin, vous pouvez méditer par la parole. Soit par la formulation d’affirmations engageantes et positives, soit par la répétition d’un mantra. Il s’agit d’un mot, d’une phrase ou d’un son spécifique, tel que « Om ».

On espère que vous trouverez votre bonheur dans toutes ces propositions ! Et vous, comment arrivez-vous à pratiquer la méditation ?



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vendredi 6 août 2021

jeudi 15 juillet 2021

Zazen et la recherche scientifique ? (2)

 

A la question : « Les expériences dont vous parlez ne sont-elles pas “que subjectives” ? » Graf Dürckheim attire notre attention sur la différence entre une expérimentation faite dans un laboratoire dans le domaine des sciences et l’expérience phénoménale que nous vivons en tant que sujet.

Le vieux sage de la Forêt Noire répond à notre question par une anecdote : « J’ai souvenir, lorsque j’étais à l’université (avant même d’imaginer qu’un jour je vivrais au Japon) d’une leçon au cours de laquelle le maître de conférences affirme d’un ton professoral que la note DO est 256 oscillations par seconde. Je me suis permis de répliquer que l’usage du verbe être me semble abusif. On ne peut pas affirmer une telle équivalence. Ces 256 vibrations par seconde ne représentent que la réalité physique de la note émise. Mais l’homme perçoit des sons et pas des ondes »

L’érudit du Zen, le professeur Daisetz Teitaro Suzuki, insiste sur le fait que : « L’étude scientifique de la méditation est absurde ! L’homme du zen se meut dans une direction totalement opposée à celle de l’homme des sciences. Pourquoi ? Parce que le zen aborde le réel d’une manière pré-rationnelle et donc anti-scientifique ».

Parlant de son séjour au Japon, Graf Dürckheim me disait que « Au début de mon séjour en Extrême-Orient j’étais, comment dire, désorienté ! C’est paradoxal, n’est-ce pas. J’étais sincèrement décontenancé, parce que ce qu’on appelle les chemins de la sagesse proposés en Orient et en

Extrême-Orient sont absolument étrangers à notre approche philosophique, psychanalytique et scientifique. Nous devons nous demander comment des données quantitatives peuvent exprimer ce
qui concerne en propre la personne qui baigne dans l’expérience qualitative ? »

Question : à quoi bon se souvenir de ces expériences qui appartiennent au passé ?

La circonstance existentielle appartient au passé. Mais la qualité éprouvée au cours de cette circonstance révèle une réalité que je suis tout au long de mon existence La question qui surgit de ces souvenirs est : quoi faire pour devenir celle, celui, que l’expérience a révélé ?

Réponse : un exercice !

« Le chemin est la technique ; la technique est le chemin ».

Quel exercice ? Par exemple zazen. Mais ce peut être le Yoga, le Taichi-Chuan, l’art du thé (Chado), l’art du tir à l’arc (Kyudo), la calligraphie, etc.

La technique ! À condition de comprendre que le calme intérieur, la sérénité, la confiance, la joie d’être ne sont pas le fruit de la technique mais l’expression et le témoignage d’une personne transformée par la technique.

Question : La technique (zazen, Aïkido, Kyudo, Chado) est indissociable de la personne qui l’enseigne ?

La réponse à cette question nécessite l’usage du mot ... Maître !

Le maître est celui, celle, qui partage sa connaissance.

Enseigner zazen, c’est partager sa connaissance.

Un professeur, un coach, a suivi une formation qui l’autorise à proposer un savoir ou un savoir-faire.

L’enseignement du maître est en lien avec son expérience intérieure, son vécu corporel, la connaissance acquise pendant des années de pratique personnelle.

En ce sens, il est juste de parler du maître de musique, du maître de danse, du maître de calligraphie et, comme au Japon, du maître Zen, du maître de tir à l’arc.

Le maître commence sa journée en reprenant tout à zéro : la gamme, l’exercice de la barre.

Au Centre Dürckheim, les participants reprennent chaque jour l’exercice des « quatre attitudes dignes ». Il s’agit de notre manière d’être en tant que corps-vivant dans tous les moments de notre vie quotidienne lorsqu’on est assis (za), lorsqu’on est debout (Jû), en marchant (gyô) et lorsqu’on est allongé (ga).

« Pour apprendre à pratiquer zazen, il est important de rencontrer un Maître authentique. Le Maître est là pour nous dire qu’il ne faut pas séparer le corps et l’esprit et nous instruire sur l’esprit calme et harmonieux et le comportement correct à adopter dans tous les moments de notre vie quotidienne désigné par l’expression des quatre attitudes dignes. » (Hirano Katsufumi Rôshi au Centre Dürckheim – sesshin 2019)

Voici ce que dit K.G. Dürckheim de l’exercice appelé zazen :

« Lors de mon séjour en Extrême-Orient un japonais me demanda un jour quand je pratiquais cet exercice ? « Une heure le matin et une heure le soir » fut ma réponse.

« Alors, vous n’avez encore rien compris » dit-il. « Si vous ne vous exercez pas la journée entière, vous n’arriverez à rien. »

Cela signifie que l’attitude, la manière d’être recherchée dans l’exercice, doit régir toute action dans notre vie de tous les jours ».

 Jacques Castermane

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samedi 10 octobre 2020

« Lorsqu’on pratique zazen, le corps prend la forme du calme ! »

 
Cette indication, qui terminait la lettre n° 86, semble poser question à différents lecteurs de la lettre D’Instant en Instant.
Si nous entendons le mot « corps » comme étant la somme des éléments matériels, organiques, qui le composent, cette indication n’a aucun sens. Elle dérange même sérieusement ce qu’on appelle l’entendement, c’est-à-dire la faculté intellectuelle de comprendre, de concevoir, de saisir ce qui est intelligible en se désintéressant de cette approche universelle du réel qu’est la sensation. L’entendement, processus mental, est le moyen de la connaissance raisonnée par opposition à la connaissance intuitive, sensitive.
L’indication, donnée par le maître zen Hirano Roshi n’a de sens que dans la mesure où nous entendons le mot « corps » comme étant l’ensemble des gestes et des attitudes à travers lesquels l’être humain prend forme, se présente, devient ce qu’il est ou se manque. Il s’agit donc de ce que Graf Dürckheim appelle : le corps que l’homme EST, le corps-vivant (Leib, dans la langue allemande) à ne pas confondre avec le corps que l’homme A, le corps objectivé dans les laboratoires d’anatomie ou de physiologie (Körper, dans la langue allemande).
Notre vie intérieure est chevillée au corps-vivant. Le corps-vivant (Leib) prend la forme de notre vécu intérieur.
Ainsi, par exemple, la personne qui manque de confiance exprime ce vécu intérieur en étant crispée dans les épaules.
Il ne s’agit pas ici de ce qu’on envisage comme étant une relation de cause à effet, ce qui sous-entendrait qu’il y a une dualité entre ce qu’on appelle le corps et ce qu’on appelle notre vie intérieure. Le maître zen nous dit que lorsqu’on pratique un exercice : « la cause est l’effet ET l’effet est la cause ».



Conséquence ? Toute personne qui est en quête de sens et qui, afin de répondre à ce désir, s’engage dans la pratique d’un exercice oriental comme le Yoga, le Taï-Chi-Chuan, Zazen, l’Aïkido, et autres disciplines artisanales, artistiques ou martiales, sera nécessairement confrontée à une approche du « corps » qui n’est pas habituelle en Occident.
Voici la réponse que m’a donné le maître de tir à l’arc Satoshi Sagino(1) lorsque je lui ai demandé ce qui différencie la quête de sens engagée par l’homme occidental (lequel prend appui sur la philosophie, un credo, la psychanalyse ou la science) et l’homme oriental qui s’engage sur des voies telles que le Yoga, le Taï-Chi-Chuan, Zazen, l’Aïkido, et autres disciplines artisanales, artistiques ou martiales ?



« La différence ? C'est, comme le répétait sans cesse mon maître Kenran Umeji Roshi (maître de Graf Dürckheim pendant son séjour au Japon de 1937 – 1947) c’est la confiance dans la pratique d’un exercice. Le chemin est la technique ; la technique est le chemin. Dans le tir à l'arc, comme dans la pratique du zazen, lorsqu'il y a liberté intérieure, non-désir, confiance, bonheur, présence à l'instant, cela se voit ! Dans le tir à l'arc, cela se voit à la façon de tirer de l'élève. Dans l'exercice même il y a une réalisation immédiate.
Pour être ouvert aux autres il ne s'agit pas de penser ouverture ou d'avoir un sentiment d'ouverture. Il s'agit de s'ouvrir concrètement, de s'ouvrir en profondeur, de s'ouvrir toujours plus profondément. L'exercice de l'ouverture est plus important qu'une doctrine de l'ouverture. (…)

Dire " Occupez-vous uniquement de la technique et un jour vous aurez une amélioration sur le plan intérieur " ne sert à rien. Si on sépare ce qu'on appelle l'homme et la technique on crée une opposition, et plus tard on ne peut plus réunir ce qu'on a opposé. Cette loi de l'unité entre l'homme et la technique est vraie pour tous les arts. (…)
L'intériorité a son expression dans la forme extérieure du tir que nous réalisons à l'instant. C'est pourquoi la technique est le chemin, c'est-à-dire une voie d'intériorisation. Le maître du tir à l'arc ne fait pas de discours sur l'intériorité. Il ne sert à rien de parler de l'intériorité. Il faut suivre la Voie avec patience. En s'exerçant régulièrement et modérément chacun peut arriver. Il faut de la détermination. C'est plus que de la volonté. La volonté a ses racines dans la pensée, la détermination engage la totalité de soi-même, aussi le corps ».
« Lorsqu’on pratique zazen, le corps qu’on EST prend la forme du calme ! »
Si ce constat expérientiel vous interpelle et si vous sentez le besoin de le vérifier … c’est simple : Pratiquez zazen.
En vous rappelant ce que dit Hirano Roshi : « il y a mille et une façons de méditer mais il n’y a qu’une manière de pratiquer zazen !


Jacques Castermane

(1) La Sagesse exercée - Jacques Castermane – éd. Le Relié (pages 102 à 113).

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