jeudi 24 février 2022
mercredi 23 février 2022
Deux voix..
Deux voix appellent en nous, celle qui demande Dieu, le Soi, l'Absolu, le silence, la sérénité, et celle qui réclame la satisfaction de ses besoins et désirs, et me soulagement de ses peurs. Il faut savoir distinguer ces deux voix en soi et les concilier.
Arnaud Desjardins
Source : Clés 2012
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mardi 22 février 2022
Le langage du corps
Pas un geste ! Notre façon de nous asseoir, de nous tenir
debout ou de marcher dans la rue en dit long sur notre état d'esprit. Imaginez
que votre corps soit suspendu dans le temps comme une sculpture, quel message
vous enverrait-il ! Chacune de nos attitudes expression raconte l'histoire de
notre personnalité et de notre état. Chaque posture que nous adoptons est un
hymne à nos émotions.
La pseudo science qui étudie le langage du corps nous
enseigne que le corps ne ment pas. Mais cela ne veut pas dire que nous ne
pouvons pas cacher les sensations physiques désagréables que nous ressentons.
Par exemple si on souffre d'une migraine, on peut assister à une réunion sans
grimacer de douleur à chaque fois que quelqu'un parle. Mais si on se sent
nerveux, si on s'ennuie ou si on est émotionnellement mal à l'aise, des
attitudes caractéristique de notre tension (comme tapotait nerveusement sur la
table, se ronger les ongles ou jouer avec ses cheveux) commencent à envoyer des
messages que notre tact et notre diplomatie nous empêchent de formuler
ouvertement.
Chaque attitude adoptée à un sens précis. Tapoter sur la
table est un moyen de se retenir d'agir ouvertement, ce qui permet par exemple,
de ne pas quitter une pièce lorsqu'on s'ennuie. On se ronge les ongles pour
détourner ses instincts destructeurs. Lorsque l'on se sent puni ou quand on a
besoin de réconfort, on peut jouer avec ses cheveux : c'est un
comportement typique de l'enfance, qui est une période caractérisée par un
niveau de responsabilité minimal.
Il faut donc écouter les messages que notre corps envoie
pour supprimer nos manies et en perdre l'habitude. La première étape pour se
libérer de ses habitudes n'est pas, comme le prétend la croyance populaire,
d'appliquer de la moutarde sur les doigts pour éviter de se ronger les ongles,
mais de prendre conscience des circonstances qui déclenche notre malaise. Nous
devons apprendre à devenir notre propre spectateur. Dès que l'on commence à rechercher la protection de notre « couverture
sécurisante », c'est que l'on est en face d'une des nombreuses situations
à l'origine de notre anxiété.
S'ouvre alors la voie de la connaissance de soi,
c'est-à-dire le processus qui permet de découvrir, une à une, les origines enfouies
de nos tensions.
On peut, par exemple, après une rencontre qui nous a laissés
mal à l'aise, visionner une vidéo imaginaire en nous mettant à la place d'une
des personnes présentes (ce sont la plupart du temps les autres qui sont à
l'origine de nos tensions). Quelle image de nous aurait eu ce témoin ? Nos premières
suppositions sont souvent les bonnes,
même si nous hésitons à en reconnaître la validité.
Identifier la cause réelle de nos tensions apporte une
explication logique au problème. On peut donc ensuite essayer d'en déraciner
l'origine et d'en évacuer les symptômes. A cours terme, des techniques comme le
relâchement musculaire, le massage et le yoga, peuvent s'avérer utiles pour
atteindre une sérénité physique qui nous aidera à affronter les prochaines
période d'anxiété. Une fois le corps détendu, nous sommes mieux équipé pour
partir à la découverte de notre propre intériorité qui nous apportera le calme
durable.
Mike George
Extrait de « La Relaxation »
dimanche 20 février 2022
Connexion spirituelle
Je n'ai plus de connexion internet depuis la tempête de vendredi. Mais, il y a une connexion qui subsiste même dans l'obscurité...
vendredi 18 février 2022
Pourquoi pratiquer zazen ?
Pourquoi pratiquer zazen ?
Pour une seule raison, une raison qui n'est pas
raisonnable : l'éveil de l'homme à sa vraie
nature d'être humain.
Le maître zen Shohaku
Okumura nous invite à laisser se révéler notre être-nu (1) Graf Dürckheim parle de notre être essentiel.
Qu'est ce que c'est -ça- que vous appelez notre être
essentiel ? Lorsque je lui pose cette question, le Vieux Sage de la Forêt Noire
me dit "Vous ne pouvez pas poser
cette question, parce que ce que je désigne comme étant notre être essentiel
n'est pas un - ça -, n'est pas quelque chose qui pourrait être défini et classé
dans les catégories de la raison. Mais, paradoxalement, chaque personne, au
cours de son existence, peut faire l'expérience de sa vraie nature,
l'expérience de sa propre essence".
C'est quoi cette expérience ?
"C'est
l'expérience d'une qualité qui se présente à travers la sensation".
Il s'agit de l'expérience révélatrice ou de la
révélation expérimentale d'un ensemble de valeurs de l'être parmi lesquelles
celle qui semble manquer le plus à l'homme contemporain : le calme intérieur. C'est peut-être la
nostalgie de cette manière d'être au monde qui fait que le mot méditation fait aujourd'hui sauter
l'audimat ?
Méditation bouddhiste, méditation chrétienne,
méditation laïque, méditation Vipassana, méditation Taoïste ... laquelle
choisir? À chacun de décider. Mais il
est sans doute important de savoir que la pratique appelée zazen n'a rien à voir
avec ces multiples propositions qui ne font qu'opposer les tenants de l'une aux
partisans de l'autre.
Zazen est la pratique méditative
SANS objet, SANS but. Lorsque je demande Graf Dürckheim s'il peut me donner une
bonne raison pour pratiquer zazen chaque jour, il répond : "Pourquoi pratiquer zazen chaque jour ? Pour
une seule raison ... parce que c'est l'heure".
Bien qu'elle ne soit pas encourageante cette réponse
est capitale. D'autant plus que aujourd'hui, les animateurs d'une méditation
dite moderne (?) proposent à leurs adeptes une liste qui rassemble cent (100) bienfaits alléchants.
Sans ou cent ! Malgré la
prononciation à l'identique il ne faudrait pas confondre la préposition qui
marque l'absence
avec l'adjectif numéral qui présume le beaucoup.
"Dès que l'on commence à promettre à ceux qui font un exercice la santé
ou le succès dans la vie, cela n'a plus rien à faire avec l'exercice appelé
zazen" (K.G. Dürckheim).
Au début de son séjour au Japon (1937-1947) Graf
Dürckheim pratiquait régulièrement zazen à côté d'un moine zen d'un certain
âge.
- Puis-je vous demander en
quoi consiste votre exercice après plus de quarante années de pratique ? Réponse du vieil homme : - C'est difficile ... j'essaie d'arriver à ce
point où je sens que le souffle va et vient de lui-même et ... lorsque j'y
arrive, c'est vraiment étonnant ... tout en moi se calme! Réponse qui
témoigne que pratiquer sans but n'est pas sans effets.
Ce moine, me disait Graf Dürckheim, pratiquait
fidèlement l'exercice proposé par le Bouddha historique il y a plus de vingt-cinq siècles ; exercice qui en Pali (2) est désigné par
l'expression : AñaPañaSati
AñaPaña ? Ce n'est pas quelque chose : la respiration. C'est cette action vitale qui
n'est pas quelque chose. Ce n'est pas un exercice respiratoire inventé par
l'homme; c'est pour le maître zen Hirano Roshi la signature de la Vie. La Vie qui n'est pas quelque chose
mais le PASSAGE de JeInspire à JeExpire (en un mot parce qu'il n'y a ni
distance ni écart de temps entre le sujet et le verbe).
Sati ? Il est peut être important de
commencer par dire ce que ce n'est pas. Sati n'est ni la conscience DE quelque
chose, ni la concentration sur un objet, ni la méditation au sens d'une
pratique mentale qui s'appuie sur la pensée, ni l'engagement de ce qu'on
appelle l'esprit lorsque ce processus est opposé à ce qu'on appelle le corps.
Sati indique une attitude d'accueil,
l'action de contempler (c'est-à-dire
de voir, d'entendre, de sentir, d'être en contact avec ce qui est vu, entendu,
senti, contacté ... sans examen de ce
qui est vu, entendu, senti, contacté).
Sati, c'est l'approche sensorielle du
réel. Une approche pré-mentale du réel à travers la conscience SANS de. C'est
la conscience qui est à l'origine, au commencement de notre existence.
Le Zen vous intéresse ? Dans ce cas vous devez savoir
que vous allez être confronté à une équation radicale ; dans la langue
japonaise : sanzen = zazen!
Ce qui signifie que "Chercher à comprendre profondément le Zen n'est rien d'autre que
pratiquer zazen" (Dogen).
Exigence d'autant plus difficile que, lorsque l'homme
occidental approche les pratiques, les usages, les préceptes, les directives,
les exercices propres aux traditions de l'Orient ou de l'Extrême-Orient, il se
demande aussitôt comment il va pouvoir les intégrer dans le cadre de ses
convictions, de ses certitudes, de ses croyances, de ses habitudes ; en un mot
dans son entendement?
Souvent j'entends dire : "Je suis intéressé par la Leibtherapie, mais comment vais-je
intégrer cette thérapie dans ma manière d'aborder l'anatomie, la physiologie
telle que l'envisage la médecine expérimentale?"
"Je suis
intéressé par zazen, mais comment vais-je intégrer cet exercice dans ma
psychanalyse ?"
"Zazen
m'intéresse, mais comment vais-je intégrer cette pratique méditative à ma foi
?"
"Je veux
bien pratiquer zazen, mais pouvez-vous me prouver par des mesures
quantitatives, scientifiques, que ce qui est dit de cet exercice n'est pas que
subjectif ?"
Ma réponse ? "Osez pratiquer zazen !". Jusqu'au
jour où vous ferez l'expérience que lorsqu'on pratique zazen le corps, le corps
vivant dans sa globalité et son unité (Leib) prend la forme du calme...
Jacques
Castermane
(1) Lettre d'Instant en Instant N° 96 - Octobre 2021
(2) le pali fut choisi par le Bouddha pour diffuser son enseignement.
Un moment de la vie...
"De l'être au vivre" de François Jullien
Il vient un temps dans son travail - un moment de la vie peut-être? - où il convient de commencer de nouer entre eux les divers fils ; ou, disons, de faire le tour de son chantier. Comme le jardinier fait le tour de son jardin, y considère ce qui pousse, ce qui a pris et ce qui n'a pas pris, dans quel état sont ses plants, quel terrain il faudra retravailler, là où il convient d'arracher et de repiquer, et, finalement, quelle tournure d'ensemble tout cela prend.
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jeudi 17 février 2022
Un homme ou une femme averti.e en vaut deux.
Fabrice Jordan :
"Qu'est-ce que cela signifie? Simplement que si nous disposons de plus d'information sur une situation donnée, nous pouvons prendre de meilleures décisions, plus éclairées.
C'est exactement ce que le Yi Jing nous apporte : une vision holographique 3D de la situation qui nous questionne. En nous permettant de la voir sous différents angles, il nous aide à prendre de meilleures décisions, qui dépendent toujours, bien évidemment, de notre libre-arbitre.
Dans cette nouvelle vidéo, je vous présente les différentes modalités du Yi Jing et ses différentes versions, dont la version dite "taoïste", qui utilise temporalité et éléments pour décrypter l'hexagramme. "
mercredi 16 février 2022
Presque
Hier matin, j'ai assisté à l'enterrement d'une collègue avec qui j'ai pu partager de beaux moments au travail.
J'ai touché le cercueil.
Hier soir, j'ai vu ce film où il est question également de cercueil mais où l'on ouvre notre boîte corporelle pour faire sortir la vie. On accueille alors ce qui est là, sans jugement. J'ai pu ressentir que ce sont notamment nos souffrances qui font notre identification. Du corbillard au corps billard qui se laisse toucher par les chocs sans que cela l'empêche d'avancer.
Pouvoir lâcher nos nuages permet d'entrevoir un ciel presque totalement bleu où l'on peut se relier à plus vaste que soi.
mardi 15 février 2022
Ronds d'eau
Tous ces petits mots qui font des ronds dans l’eau de notre cerveau
Toutes ces pensées volages qui errent et grossissent les nuages
La vie se nourrit elle-même de tout ce qu’elle engendre
Et sous une autre forme, un autre état, va nous le rendre
Tout laisse des traces, rien ne s’efface
Il conviendrait de bien se laver les mains, mais aussi la bouche et le cœur
Pour que tout ce qui émane de nous devienne fleur
Poisson d’or ou coquillage
Mot d’amour ou parole sage....
Elisabeth Kuhn
peinture: Gustave Caillebote 1848-1894 / Yerres, effet de pluie 1875
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lundi 14 février 2022
Nos improbables pensées
Une pratique quotidienne : voir la "demande d'impossibilité" de nos pensées. (Autre expression de refuser le réel.)
dimanche 13 février 2022
« De peau à peau, passe un courant »
Je tends la main ; elle se recule, met ses mains dans les poches de son manteau, me regarde d’un air d’incompréhension et de reproche. Oui, je sais, j’ai oublié, j’ai transgressé les préceptes sanitaires. Qui suis-je donc ? Un inconscient ? Un oublieux des gestes barrières ? Un révolté contre les diktats sanitaires ? Non, je ne voulais que lui serrer amicalement la main. Et son retrait, pour justifié qu’il fût, me fait mal à moi, qui suis un tactile.
J’aime toucher, connaître par l’intermédiaire de mes mains, de ma peau. J’aime caresser les écorces, les cailloux, le sable, la terre. Et j’aime la caresse du vent, parfois sa violence. J’aime me laisser envelopper par l’océan. Bien sûr, j’aime le toucher humain, et également le toucher médical, ces mains expertes qui cherchent, tâtent, palpent, pour comprendre et soigner le corps.
Séparé de la source
Le premier de nos sens à s’éveiller, c’est celui du toucher. Immergés dans le liquide amniotique, nous ne faisions qu’un avec le grand corps maternel. Avec délice. Nous n’étions que contact. Mais la croissance, inéluctable, faisait son œuvre, et la vie (la grande Vie ?) se chargeait de préparer l’interruption de ce temps de bonheur : une énergie s’éveillait lentement en nous, devenant de plus en plus puissante.
Un jour, accompagnée par celle de nos mères, elle nous a projetés dehors avec violence. Si tout s’est bien passé, nous avons été accueillis par des mains délicates, lavés, séchés, et déposés sur le sein maternel. Or, malgré ces contacts vivifiants, nous faisions alors l’expérience fondatrice d’être autres.
Malgré notre désir viscéral, nous étions par moments séparés de la source ; et à d’autres blottis en elle, nourris, soignés, et rassurés par ces voix quasi divines que nous avions pressenties avant le grand passage. Sortant ainsi de la fusion originelle, nous faisions notre apprentissage d’êtres humains, entrant lentement dans la responsabilité.
Le paradoxe du toucher
Ainsi, avec nos mères, avons-nous appris que nous sommes faits pour vivre à la fois séparés et reliés. Notre peau est devenue simultanément la limite que nous ne pouvons franchir, et le lieu du contact intime. Novalis, auteur de pensées si profondes, écrit : « Toucher, c’est à la fois se séparer et nouer des liens. »
Comment apprendre à vivre humainement ces deux pôles contradictoires ? Disons rapidement que si je mise tout sur le séparé, je deviendrai un éternel solitaire ; et si c’est sur le relié, je ne pourrai apprendre l’autonomie. Tel est donc un des nombreux et puissants paradoxes qui sous-tendent toute vie humaine et spirituelle ; notre temps, trop facilement clivant, a du mal à les mettre en œuvre.
C’est là notamment que nous blesse le virus : la restriction considérable de nos contacts humains, source de souffrance pour beaucoup. Et risque de repli individualiste, joint à l’influence obsédante des écrans et des réseaux sociaux.
La juste distance du Christ
Car, de peau à peau, passe un courant. Ce peut être pour le pire, dans la violence ou l’intrusion (le rapport Sauvé nous l’a bien montré). Mais aussi pour le meilleur. Réconfort d’une main posée sur le bras, d’une caresse sur le visage, d’un massage respectueux, de la tendresse entre deux conjoints.
Et me vient à la mémoire la multitude des contacts corporels du Christ avec ceux qui souffraient. Il savait à merveille trouver la juste distance avec les uns et les autres. Il est écrit qu’une force émanait de lui et les guérissait. Telle cette femme qui souffrait d’hémorragie et en fut guérie pour avoir touché son manteau (Luc 8, 44-46). Il invite l’apôtre Thomas à toucher ses plaies (Jean 20, 27). Mais inversement il s’écarte de Marie de Magdala : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (Jean 20, 17). Toute une vie pour apprendre le grand art du toucher !
Benoît Billot est bénédictin, moine dans la ville au prieuré d’Étiolles, dans l’Essonne. Adepte du zazen, il a fondé la Maison de Tobie. Il a notamment publié Lumières dans l’ordinaire des jours et l’Énergie féconde des sacrements (Médiaspaul).
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