La Citation du lundi
Il y a 5 heures


A présent, je reçois la mise en garde biblique comme un hymne à une authentique liberté intérieure, celle qui ne s'accroche à rien, qui ne fait pas de ses représentations une prison étriquée pour ce qui est. Un exercice spirituel m'appelle dès lors à me demander quelles sont les idoles de mon existence. Ce ne sont certes pas les vedettes, ni les stars, mais bien plus précisément une image de soi, mon veau d'or. En parlant de veau, je me souviens du sermon 16b de Maître Eckhart qui enjoint de ne pas considérer Dieu comme une vache à lait dont on jouit de la production sans l'aimer gratuitement. 

Le facteur déclencheur de mon livre, c'est mon fils. En le voyant grandir, je sens de plus en plus le poids de notre responsabilité : quel héritage, quelle planète allons-nous transmettre à nos enfants ? J'ai voulu raconter mon histoire comme une série d'événements qui réveillent l'âme, une succession de résiliences vécues grâce à des rencontres déterminantes. Chacun doit avoir sa quête, la mienne n'est pas "le" modèle à suivre, mais mon livre peut donner un élan au lecteur pour sa propre recherche, une sorte de permis de vie.
Fabrice Midal : "Au travers de notre histoire, à l’écoute des témoins spirituels et de poètes, dans un débat avec l’histoire de la philosophie, je tente de retrouver un chemin qui nous permette de retrouver une authentique dignité. Cela ne peut pas se faire sans un immense travail, sans un effort profond. Il nous faut ainsi mieux discerner l’obscurité de notre monde, sa barbarie, car c’est à ce prix que la lumière peut être retrouvée. Nous avons tous à faire ce travail au plus vif de notre existence. J’aime beaucoup la phrase de Rilke : « Les dragons ne sont peut-être que des princesses qui attendent d’être reconnues. » Si nous refusons les dragons, nous ne connaîtrons jamais les princesses. Voir les dragons qui nous menacent, voilà qui demande un esprit de finesse inouï !"
Peut-on trouver une forme de sérénité dans un monde qui souffre et où tant d’êtres humains sont sacrifiés ? Comment vivre pieds et poings liés à la dictature de la rentabilité, qui tient pour rien ce qui ne se comptabilise pas, ce qui ne se gère pas ? Nous avons certes le choix. Nous pouvons nous lancer à corps perdu dans la bataille, et faire alors de la sérénité un à-côté de la vie, un loisir. Jouir de l’instant présent et accumuler les profits, être zen pour être plus efficace… Ou alors nous pouvons ouvrir les portes et les fenêtres de la maison et de notre propre esprit.