jeudi 16 avril 2015

Le cancer, une excroissance pour croître intérieurement par Christian Rœsch (2)


LA VRAIE GUÉRISON: AIMER LE CRISEUX

D’un côté, maîtrise de la technique, de l’autre maîtrise de l’intériorité.
Mais quel était le but de l’épreuve du cancer pour ma vie?
J’ai mis du temps à le comprendre et encore je n’ai pas le sentiment d’avoir tout compris.
D’abord pourquoi ce cancer, dans cette localisation à la jonction œsophage-estomac?
Classiquement, on relie ce cancer à des problèmes alimentaires. Normal, Sauf que mon alimentation a toujours été de bonne qualité (mes parents tenaient un magasin de diététique comme on disait à l’époque). Je vis depuis longtemps à la campagne, dans un environnement sain. Je n’étais pas particulièrement « stressé », pratiquant régulièrement l’immobilité silencieuse depuis de nombreuses années.

Donc l’influence extérieure n’était pas la bonne piste.
J’avais observé que l'axe transversal dorso-thoracique au niveau du cardia était une zone de faiblesse liée à mon histoire la plus ancienne. Mais qu'en dire de plus?
Enfin, j’ai fini par comprendre que ce cancer était le résultat de mon comportement ordinaire.
Quand on me dit quelque chose de désagréable, quand on me fait quelque chose qui me contrarie, je le rumine. Les agacements restent en travers de la gorge. Les déplaisirs me rester l’estomac. Ceci provoque une acidité qui remonte. Jusqu’à ce que je ne puisse plus supporter. Alors la réaction à ces agacements sort violemment, en crise, pour évacuer. Forcément, en me fâchant durement contre l’entourage. Puis le calme revient et le processus recommence. À la longue, mon aigreur de la vie a entamé le tissu œsophagien.

Pour être transparent, cela fait 25 ans que je suis un chemin spirituel. Il m’a amené à voir ce fonctionnement ponctué par des crises. Il m’a conduit à aimer le « criseux », à transformer certaines situations au point que ma vie conjugale, professionnelle, amicale en a été radicalement modifiée. Mais dans le quotidien, pour nombre de petits agacements, le processus était toujours là. Si bien que cette zone de mon corps trop anormalement sollicitée depuis si longtemps a baissé les bras.
Comment pourrais-je en vouloir à ce cancer?
Comment pourrais-je accuser Dieu de me punir?
Non. Je suis seulement invité à aimer quand je suis agacé. Au lieu de ravaler ma souffrance, la plus petite, je peux en faire une occasion de miséricorde. pour moi, pour l’autre.
La vraie guérison est là.
Le dernier scanner (octobre 2014) ne montre plus de trace de cellules cancéreuses. Je sais que la guérison est liée à ma pratique. Si je continue dans ce sens, je suis à l’abri de récidive. Si je continue, l’amour grandit.

Je sais que cette santé, intimement liée à la joie de vivre, m’est donnée pour que la tâche qui m’a été confiée se développe. Rester en vie pour servir. Le désespoir du manque de sens de la vie qui me rongeait est devenu un besoin de dire que la vie a du sens. C’est le but de REFLETS.

Il y aura d’autres épreuves, pour que je progresse encore. Ne serait-ce que l’ultime qui nous concerne tous : la mort. Dernière occasion sur terre de grandir.

Témoignage de Christian Rœsch 
dans la Revue Reflets



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