« Faire usage de la douceur, c’est s’armer du pouvoir de désarmer la violence. La plupart de mes idées, je les ai faites passer en douce. Mes combats, je les ai menés en douce. La violence, malgré ses dégâts, m’est toujours apparue faible. Elle est impulsive et désordonnée. Elle porte un défaut qui la condamne d’emblée : elle manque de conviction. De fait elle ne peut jamais gagner bien longtemps.
La douceur, elle, réfléchit comme un organisme végétal autonome qui croît, même sans lumière. Elle est une forme supérieure d’intelligence. Elle suppose d’abord d’être complice avec soi-même : je me suis aperçue que bien souvent, une personne violente est une personne qui souffre. Une personne douce est quelqu’un qui a déjà fait la paix avec ses cataclysmes intérieurs.
Il faut nuancer pour ne pas confondre : la douceur n’est pas la mièvrerie. Les deux ne se ressemblent ni dans la forme ni dans le fond. Quand j’évoque la douceur, je parle de l’art ingénieux de savoir glisser sur les conversations, sur les conflits et sur les malheurs. Il ne s’agit pas de dénier la vérité mais d’encaisser le réel et de le fondre dans tout ce qu’on porte de poétique en soi — un mélange de tact, de subtilité et de conscience des choses — afin d’apprecier les événements avec recul et répondre de la manière la plus efficace.
À quoi tout cela sert-il ? À conserver ce qui rend digne tout humain : rester soi quoi qu’il arrive. L’authenticité est une grâce qu’on ne peut ni feindre ni acheter. Sans cette boussole nous prenons le risque d’égarer l’essentiel : la beauté de nos âmes. La violence n’étant rien d’autre, finalement, qu’un miroir déformant.
La douceur, elle, est une terre sauvage et paisible. Elle exige de la souplesse mentale et de l’ouverture d’esprit ; un travail d’équilibriste que la violence ne maîtrise pas.
La violence l’ignore mais elle est si raide, aride et arc-boutée, qu’elle est condamnée à ne jamais grandir, contrairement à la douceur qui elle seule donne naissance à l’espoir, cet acte militant unique qui ouvre tous les champs des possibles. »
Ines Leonarduzzi
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1 commentaire:
Merci de ce beau rappel..
Francine C.
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