On devrait se dépouiller de tout, presque tout.
Se suffire d'une valise, d'un lit, d'un manteau, d'un dessin d'enfant sur le mur.
On devrait s'alléger chaque jour de tous nos poids accumulés : mauvaise mémoire, faux amis, bibelots inutiles, vestiges de vies éculées, d'espoirs anéantis encore si blessants...
On devrait revenir à l'essentiel, juste ça, rien que ça. Une table, quelques livres...
Faire toute la place à ce qui vient, à ceux qui arriveront, qui arrivent, afin qu'ils ne se sentent cernés d'aucune foule : vieux démons, anciens fantômes, trésors finalement hostiles entassés sur des étagères...
Foules si étrangères à ce présent qui s'invente.
Il faudrait se dépouiller de tout, ne garder au beau milieu de soi qu'une furieuse envie d'espace, de vrais désirs, de souvenirs à venir, de luminosité, de plumes et de bras ouverts.
Jacques Dor
Peinture Nicoletta Tomas
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