dimanche 24 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Prier c’est oser une confiance totale en plus grand que soi »


« Bâtir une spiritualité au carrefour des traditions n’est pas sans risques. Il faut se garder d’absolutiser un chemin sans se perdre dans la dispersion et le syncrétisme. 
Pour ma part, j’essaie de suivre le Christ, et sur ce chemin le bouddhisme m’aide à me délester du moi et de tout son attirail. Chaque jour, j’essaie de fréquenter les Évangiles et de nourrir une authentique vie de prière. 
À mes yeux, prier, c’est se déshabiller pour de bon, quitter un à un tous les rôles pour se tenir à l’écoute d’une transcendance et oser un abandon, une confiance totale en plus grand que soi. 
Ici les étiquettes, les représentations, les attentes volent en éclats et le moi peut s’éclipser. Il en faut, du courage, pour se laisser tomber au fond du fond, oser ne rien faire, ne rien dire, ne rien vouloir et laisser Dieu s’occuper de Dieu. 
Prier, c’est dire oui à tout ce qui arrive, vivre sans pourquoi. Alors nous quittent, presque malgré nous, les mécanismes de défense, les refus et cette soif de tout maîtriser.
C’est, dépouillé de tout, que l’on peut oser l’impensable : appeler Dieu, Père. 
Si ce chemin est difficile, aride parfois, car le moi résiste toujours, j’y trouve une joie immense, une liberté qui m’invite à me débarrasser des béquilles, pour avancer et aimer gratuitement. »

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".

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