mercredi 28 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (2)


Qui vous faisait l'enseignement de la cabale ?

Emmanuel Levyne, un rabbin, un homme très ouvert même en ce qui concerne le christianisme puisque, avant de mourir, il m'a écrit ceci : « Quand on va au fond de la cabale, on ne peut pas ne pas rencontrer le Christ ».
Donc je vivais en stéréophonie ces deux sources, christianisme et judaïsme, et cela a été le commencement de cette grande aventure de mes écrits, de mon enseignement et surtout de mon devenir parce que, à mon avis, on ne peut pas écrire ou enseigner quelque chose qu'on ne vit pas.

Ensuite, d'autres événements ont été déterminants ?

Les épreuves de la vie, mais je les ai vécues avec conscience : ces événements étaient un enseignement qui me renvoyaient à moi-même et qui devaient me conduire à plus grand. On est tous pris par les épreuves de la vie ; soit on entre dedans et elles sont un objet d'évolution, soit on se fait manger.

Quand avez-vous commencé à enseigner ?

J'ai d'abord exercé pendant quinze ans le métier d’anesthésiste. Je dois beaucoup à cette étape-là parce que j'étais face à la souffrance, ça m'a fait beaucoup réfléchir. J'endormais les gens, maintenant j'essaie de les réveiller.
En fait, tout a commencé le jour où mon professeur d'hébreu a mis devant nos yeux l'arbre des Sephiroth. Je ne me souviens plus de ce qu'il a dit. Tout ce que je sais, c’est que j'allais faire mon marché à Paris et tout à coup, sur le trottoir de ma rue, j'ai vu l'arbre des Sephiroth se plaquer sur les christs de nos basiliques romanes et de nos chapelles orthodoxes. Je me suis dit : « Mais c'est le corps de l'Homme ! »

J’ai alors étudié puis commencé d’enseigner. J’ai enseigné tout simplement parce que j’étais psychothérapeute. J’essayais d’aider les personnes qui venaient vers moi en leur apportant quelques bribes de ce que je découvrais. Elles étaient fascinées et l’une d’elle m’a demandé d’écrire. « Ce que vous dites, il faut que vous l’écriviez », m'a-t-elle dit. Elle a eu raison. Je me suis mise à écrire, et j'ai mis beaucoup de temps avant de trouver un éditeur parce que personne ne me connaissait, et c'était très peu compris. À partir de ce moment-là, j'assumais les psychothérapies et en même temps j'enseignais. Puis ces deux domaines ont pris une telle dimension qu'il a fallu que je choisisse. Au début des années 1980, j'ai arrêté les psychothérapies pour me consacrer à l'écriture et à l'enseignement.

Depuis que vous l'avez dit, voir le corps humain sur l'arbre des Sephiroth, paraît une évidence,

À ce moment-là, ce n'était pas du tout une évidence. L’origine de ce dessin remonte à Moïse, qui sur la montagne, a eu l'expérience du Seigneur. Le Seigneur dit alors au frère et à la sœur de Moïse : « À vous deux je parle par énigmes, par songes, mais à mon serviteur Moïse, je parle de bouche à bouche et lui, il voit ma forme. » Par de multiples dessins Moïse a essayé d'exprimer son expérience mais aucun n’en rend compte vraiment. Lorsque mon professeur nous a montré celui-là, qui est le plus elliptique, il me parut éblouissant à moi qui ai étudié le corps dans mes études d’infirmière. Ça a été fulgurant. J'ai été saisie et il a fallu que je dise et que j'écrive tout ça. Je croyais que ce serait mon seul livre, en fait il est fondateur. Il a été traduit en six langues et va paraître en anglais en novembre 2015 aux États-Unis. C'est une grande aventure.


Toutes ces traditions apportent en profondeur une invitation commune

Après, j'ai voulu écrire ce que je voyais dans le livre de la Genèse. C'est une autre aventure, parallèle, très imbriquée avec celle-là, différente mais en remettant en question l’anthropologie classique. Je posais alors des questions alors à mon professeur de théologie pour être vérifiée. C’était un homme tout à fait exceptionnel. J'ai eu la grâce de le veiller toute la nuit avant sa mort et il m'a dit : « Annick, l'anthropologie chrétienne n'est pas née ». Ça résonnait avec les livres de Nicolas Berdiaev qui explique que l'anthropologie patristique est très insuffisante. Et ce fut comme s’il me donnait le coup d'envoi. J'étais en train de découvrir une nouvelle anthropologie grâce à cet arbre des Sephiroth et grâce à ma lecture du livre de la Genèse, livre compris jusqu’ici comme une description extérieure et historique du début de la création, alors qu'il s'agit de celle de l'Homme intérieur et actuel. Pendant longtemps j’ai refusé de prendre ma plume, me trouvant prétentieuse de faire une nouvelle traduction de la Genèse. Ce sont des accidents qui m’ont fait comprendre qu'il fallait que j'écrive. Alors je me suis mise à écrire le livre qui s'appelle Alliance de feu : c'est l'Alliance entre Dieu et l'Homme, une alliance d'amour ! J’ai écrit par la suite plusieurs ouvrages parce qu'il y a des détails que j'ai voulu expliciter.

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