mardi 3 juillet 2012

Que j’ai commencé tard à vous aimer ! de Saint Augustin



« Que j’ai commencé tard à vous aimer, ô beauté si ancienne et si nouvelle !
Que j’ai commencé tard à vous aimer ! Vous étiez au-dedans de moi ; mais, hélas ! 
J’étais moi-même au-dehors de moi-même. 
C’était en l’en-dehors que je vous cherchais. 
Je courais avec ardeur après ces beautés périssables
qui ne sont que les ouvrages et les ombres de la vôtre, 
cependant que je faisais périr misérablement toute la beauté de mon âme,
et que je la rendais par mes désordres toute monstrueuse et toute difforme. 
Vous étiez avec moi, mais je n’étais pas avec vous. 
Car ces beautés qui ne seraient point du tout si elles n’étaient en vous, m’éloignaient de vous. Vous m’avez appelé : vous avez crié, et vous avez ouvert les oreilles de mon cœur
en rompant et en brisant tout ce qui me rendait sourd à votre voix. 
Vous avez frappé mon âme de vos éclairs : vous avez lancé vos rayons sur elle, 
et vous avez chassé toutes les ténèbres qui la rendaient aveugle 
au milieu de votre lumière même. 
Vous m’avez fait sentir l’odeur incomparable de vos parfums, 
et j’ai commencé à ne respirer que vous,
et à soupirer après vous ; 
j’ai goûté la douceur de votre grâce,
et me suis trouvé dans
une faim et dans une soif
de ces délices célestes.
Vous m’avez touché,
et je suis devenu tout brûlant d’ardeur
pour la jouissance de
votre éternelle félicité. »


Confessions (Folio)


Évêque africain, père et docteur de l’Église (354-430), saint Augustin, se convertit à l’âge de 28 ans sous l’influence de sa mère et de saint Ambroise de Milan. Il mena une action inlassable pour défendre la doctrine de l’Église face aux hérésies. Son œuvre est fondamentale, dont les fameuses Confessions, qui comptent parmi les plus beaux chants d’amour d’une âme à son Créateur.



7 commentaires:

FRANKIE PAIN a dit…

comme il est bon de cliquer chez vous
c'est une brasée d'herbes célestes
merci du soin que vous nous portez par vos choix

Acouphene a dit…

Cela me touche, Frankie... J'aime les hautes herbes...

Anonyme a dit…

Magnifique ! de forte chance grâce a cette extrait que je le procure le livre. Merci. florian

Anonyme a dit…

.... de forte chance grâce a cet extrait que je me procure ce livre.

Luc a dit…

Quelle trouvaille! Ce pourrait être une upanishad non dualiste : la rencontre d'un très haut niveau philosophique avec un très haut niveau poétique.

Luc a dit…

En fait, dans wikisource il y a une traduction de 1854:
Je vous ai aimée tard, beauté si ancienne, beauté si nouvelle, je vous ai aimée tard. Mais quoi ! vous étiez au dedans, moi au dehors de moi-même; et c’est au dehors que je vous cherchais ; et je poursuivais de ma
laideur la beauté de vos créatures. Vous étiez avec moi, et je n’étais pas avec vous ; retenu loin de vous par tout ce qui, sans vous, ne serait que néant. Vous m’appelez, et voilà que votre cri force la surdité de mon oreille ; votre splendeur rayonne, elle chasse mon aveuglement ; votre parfum, je le respire, et voilà que je soupire pour vous ; je vous ai goûté, et me voilà dévoré de faim et de soif ; vous m’avez touché, et je brûle du désir de votre paix.

Acouphene a dit…

Merci Luc !