mardi 29 mai 2018

Entrer en saveur avec François Malespine


Un extrait du livre de François Malespine pour goûter l'instant


...
« Est-ce que “je” et “moi” sont la même chose ? »

« Est-ce que vivre implique obligatoirement “moi ?” »

« Quel goût avait Je avant que moi ne se soit formé ? »

« Quelle est la saveur de la vie à partir de “Je” » ?

« Quel est le sens de la vie à partir de moi ? »

« Quel est le sens de la vie à partir de Je ? »

Ici je parle bien de saveurs.

Entrer en conscience, c’est entrer en saveurs.

Entrer en saveurs, c'est connaître au lieu de juger ou croire comprendre à partir de l'intellect. Cette chute en cet abîme correspond à la phrase d’Amma :

« Tomber de la tête dans le cœur »

C'est goûter et par ce goût connaître dans un premier temps la saveur « moi » à travers ses ressentis, ses perceptions, ses j aime, j aime pas, mais aussi goûter cette saveur à travers les actes qui en découlent, qu'ils soient bons, bien, mauvais ou mal. Cette saveur « moi » nous montre que seule l’origine de l'acte le qualifie. Soit il est la manifestation du moi, soit il est la manifestation de l’Origine/vacuité « Je Suis ».
Ici, je ne parle pas d'actes exceptionnels. Se moucher peut prendre son origine en « moi » ou en « Soi ». À nous d’être présent pour le voir et surtout pour en découvrir la saveur.

Si ces saveurs sont difficiles à regarder en face, puis à vivre au plus profond du cœur, c’est qu’on ne peut les voir sans se voir. C’était tellement confortable d’être à travers nos actes, soit du côté blanc, soit du côté noir ! Et voilà que cette référence qui est aussi le socle de nos jugements sur autrui, s'effondre. Nous faisons la dure expérience qu’entrer en connaissance, naître avec, implique qu’il y ait mort afin qu’il puisse y avoir naissance. Jésus appelle ces instants : « la mort du vieil homme ». Vouloir voir le Soi, Dieu, est la preuve que l’Origine nous appelle, mais le chemin d’accès, lui, consiste à voir comment « moi » le recouvre, même quand il prétend le chercher.

Alors notre ancienne croyance à partir de laquelle tel comportement nous rapproche de Dieu tandis que tel autre nous en éloigne, laisse la place à une présence qui détecte à chaque instant où « moi » trouve sa gloire. Il est alors vu que « moi » peut se nourrir d’actes répréhensibles autant que de comportements vertueux. Cela entraîne un changement radical dans la perception que nous avons de nous-même et par conséquence de l’autre.

Le « péché » n’est plus d’ordre moral. Comme en son sens originel, il nous apparaît comme « ce qui nous fait manquer la cible ». Il est vu qu’une seule chose nous fait manquer la cible : « moi », quels que soient les habits dont il se pare.

Un nouveau champ de perception s’ouvre car nous ne cherchons plus à changer un comportement pour un autre mais à connaître à l’instant même, avant même qu’il ne s’actualise en acte, d’où ce comportement survient. Cela ne signifie pas que cesse l’effort d’un comportement plus altruiste. Simplement tout comportement est vu en sa source...

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