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vendredi 16 juin 2023

Mastiquer c'est la santé

Mastiquer rend intelligent


Tout aliment de qualité est porteur de vie, de plaisir. Notre estomac n’est pas une poubelle, mais un sanctuaire : entre l’œsophage et l’anus, nous avons cent millions de neurones aussi intelligents que ceux de la tête et producteurs de vingt neuromessagers, les mêmes que ceux du cerveau.*

Chez les Chinois, le ventre est notre premier cerveau, le second est dans la tête. Il y a beaucoup de vrai dans leur perception du corps. Comparez l’image d’un cerveau et celle d’un intestin : il y a de fortes ressemblances. Toutes les parois de notre tube digestif, de haut en bas, sont pourvues de neurones. Les chercheurs le savaient bien depuis deux cents ans ou plus, mais il était irrecevable d’accepter que nous puissions avoir des trucs intelligents au-dessous de la ceinture !

Les aliments qui régalent nos papilles régalent aussi notre cerveau. Les laboratoires s’en sont aperçus depuis longtemps puisque certains médicaments censés faire du bien au cerveau soignent l’estomac et vice versa. Notre estomac et notre intestin ont droit à autant d’égards et de respect que notre cerveau. Soyez conscient que tout ce qui entre par votre bouche va entrer en contact direct avec vos neurones, les toucher tout de suite ; ces mêmes neurones que ceux qui commandent votre tête. Voilà pourquoi les plaisirs liés aux aliments, mais aussi les troubles, sont si rapides. Lorsque vous consommez du chocolat, la théobromine agit comme calmant sur vos neurones. Une coupe de champagne à jeun perturbe immédiatement vos neurones, qui vous envoient alors des commandes erronées et vous font marcher de travers. En effet, il est physiologiquement impossible que l’alcool passe à une telle vitesse à travers le sang jusqu’au cerveau. Ce sont bien les neurones de l’estomac qui agissent sur notre comportement. Ce qui nous explique pourquoi boire de l’huile ou manger des cacahuètes, avant de boire un verre d’alcool à jeun, en retarde les effets.

C’est aussi grâce aux plaisirs de la bouche que nous pouvons fabriquer non seulement des endorphines (excellentes pour supporter les moments difficiles de la vie), mais aussi des images visuelles, sonores, olfactives, gustatives et même tactiles, capables de réapparaître pour notre plus grand bonheur. Tout le monde connaît l’histoire de la fameuse madeleine de Marcel Proust !

Une mastication lente renforce l’empreinte des mets dans notre imaginaire, organisant ainsi une réserve de souvenirs prêts à ressurgir à tout moment — d’où l’intérêt de préparer des mets appétissants, sur une jolie table, de les partager avec des personnes aimées. Voilà pourquoi il vaut mieux manger parfois mal avec volupté que bien tristement ! ...


... Écraser grossièrement, laisser la salive imprégner, masser les glandes salivaires, écraser encore, insaliver...

La petite quantité d’aliments est dans votre bouche. Vous l’écrasez trois ou quatre fois, puis vous laissez la salive descendre et humecter complètement les aliments. Si la salive ne vient pas en abondance, vous pouvez vous faire un auto-massage des glandes salivaires dans le creux des os, à la hauteur du bas du lobe de l’oreille, sous la jonction des deux maxillaires. Faites un essai en dehors des repas : la salive doit s’écouler très rapidement. Lorsque les aliments sont bien humectés, vous les broyez encore quelques fois. Si vous êtes en train de manger du pain, des céréales, des pâtes, vous devez sentir que ces aliments se liquéfient complètement et deviennent plus sucrés. Vous pouvez alors les avaler.

Tout cela peut vous paraître fastidieux, mais vous prendrez vite l’habitude. Ne faites surtout pas descendre ce qui est dans votre bouche à l’aide d’eau ou d’une quelconque boisson. Cette méthode qui consiste à laisser la salive faire son travail de dégradation des amidons, est beaucoup plus agréable que de devoir écraser les aliments cinquante fois. Il vous faudra peut-être beaucoup de temps avant d'être capable de mastiquer correctement tous votre repas. Ne vous découragez pas. Depuis votre naissance peut-être, vous avez toujours avalé. Accordez-vous une bonne année avant d'y arriver.

* “Notre ventre est un cerveau”, dossier de la revue Ça m'intéresse, août 2001.
Extrait de "Mastiquer, c'est la santé" de France Guillain (Ed. Jouvence)
 

vendredi 9 juin 2023

Goûter la saveur de chaque instant

 Mes chers amis,


Lors de la méditation dans notre jardin à Saint Maxire, nous avons essayé de goûter la saveur de chaque instant. 

Nous avons commencé par  goûter avec nos papilles gustatives de la moutarde, du chocolat puis de l'eau. Cela nous a mis dans le concret et vous pouvez préparer les ingrédients si vous voulez faire la méditation.

Nous avons ensuite essayé de goûter chaque instant. Chaque instant a sa propre saveur, une saveur insaisissable, toujours changeante, unique, jamais semblable à un autre instant.

Ce n'est bien sûr pas sucré, salé ou amer, quoique ne dit-on pas que l'amour est comme du miel et que la colère est un peu amère...

Le fait de goûter l'instant est un moyen d'être présent à ce qui est là, d'y être vraiment attentif, de réaliser que chaque événement nous fait quelque chose et c'est ce que l'événement nous fait qui lui donne sa saveur. Un événement semblable pouvant avoir une saveur très différente suivant l'état émotionnel, l'état mental, dans lequel nous sommes.

Il y a bien sûr des saveurs que nous préférons à d'autres.

Pouvons-nous goûter la saveur de l'instant du plaisir gustatif, du plaisir sexuel, de la possession, de la fin du plaisir, de la perte, de la souffrance, du compliment, du blâme, du jugement, de l'amour et du désamour

Tous ces instant ont un goût et une saveur particulière, osons les visiter, les explorer avant d'y réagir.

Je vous souhaite à tous une belle journée pleine de saveurs que je vous invite à découvrir, ainsi vous apprendrez peut-être à mieux les apprécier.

Philippe Fabri

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mardi 29 mai 2018

Entrer en saveur avec François Malespine


Un extrait du livre de François Malespine pour goûter l'instant


...
« Est-ce que “je” et “moi” sont la même chose ? »

« Est-ce que vivre implique obligatoirement “moi ?” »

« Quel goût avait Je avant que moi ne se soit formé ? »

« Quelle est la saveur de la vie à partir de “Je” » ?

« Quel est le sens de la vie à partir de moi ? »

« Quel est le sens de la vie à partir de Je ? »

Ici je parle bien de saveurs.

Entrer en conscience, c’est entrer en saveurs.

Entrer en saveurs, c'est connaître au lieu de juger ou croire comprendre à partir de l'intellect. Cette chute en cet abîme correspond à la phrase d’Amma :

« Tomber de la tête dans le cœur »

C'est goûter et par ce goût connaître dans un premier temps la saveur « moi » à travers ses ressentis, ses perceptions, ses j aime, j aime pas, mais aussi goûter cette saveur à travers les actes qui en découlent, qu'ils soient bons, bien, mauvais ou mal. Cette saveur « moi » nous montre que seule l’origine de l'acte le qualifie. Soit il est la manifestation du moi, soit il est la manifestation de l’Origine/vacuité « Je Suis ».
Ici, je ne parle pas d'actes exceptionnels. Se moucher peut prendre son origine en « moi » ou en « Soi ». À nous d’être présent pour le voir et surtout pour en découvrir la saveur.

Si ces saveurs sont difficiles à regarder en face, puis à vivre au plus profond du cœur, c’est qu’on ne peut les voir sans se voir. C’était tellement confortable d’être à travers nos actes, soit du côté blanc, soit du côté noir ! Et voilà que cette référence qui est aussi le socle de nos jugements sur autrui, s'effondre. Nous faisons la dure expérience qu’entrer en connaissance, naître avec, implique qu’il y ait mort afin qu’il puisse y avoir naissance. Jésus appelle ces instants : « la mort du vieil homme ». Vouloir voir le Soi, Dieu, est la preuve que l’Origine nous appelle, mais le chemin d’accès, lui, consiste à voir comment « moi » le recouvre, même quand il prétend le chercher.

Alors notre ancienne croyance à partir de laquelle tel comportement nous rapproche de Dieu tandis que tel autre nous en éloigne, laisse la place à une présence qui détecte à chaque instant où « moi » trouve sa gloire. Il est alors vu que « moi » peut se nourrir d’actes répréhensibles autant que de comportements vertueux. Cela entraîne un changement radical dans la perception que nous avons de nous-même et par conséquence de l’autre.

Le « péché » n’est plus d’ordre moral. Comme en son sens originel, il nous apparaît comme « ce qui nous fait manquer la cible ». Il est vu qu’une seule chose nous fait manquer la cible : « moi », quels que soient les habits dont il se pare.

Un nouveau champ de perception s’ouvre car nous ne cherchons plus à changer un comportement pour un autre mais à connaître à l’instant même, avant même qu’il ne s’actualise en acte, d’où ce comportement survient. Cela ne signifie pas que cesse l’effort d’un comportement plus altruiste. Simplement tout comportement est vu en sa source...

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