L'évangile de Saint-Matthieu, ce dimanche 21 septembre, était particulièrement riche d'enseignements : le maître de la vigne récompense autant les ouvriers de la dernière heure que ceux qui ont travaillé dur toute la journée ! J'y vois plusieurs liens avec l'enseignement que propose Arnaud Desjardins, dans la lignée des grandes traditions spirituelles...
D'abord, le thème des fruits de l'action. Certes, Swami Prajnanpad s'élevait contre la traduction de la célèbre phrase de la Bhagavad Gîta : il affirmait que nous ne pouvons agir que dans l'attente des fruits de cette action. Mais il disait aussi que c'était à nous d'accepter le fait que notre action ne porterait peut-être pas les fruits escomptés... Ici, il s'agit donc pour chacun de s'adonner pleinement à son oeuvre, instant après instant, sans compter les heures passées à agir. Ainsi, nous serons moins obnubilés par les fruits de l'action et nous vivrons une forme de plénitude devant l'oeuvre accomplie...
Ensuite, le thème de la comparaison : c'est seulement parce que nous nous comparons les uns aux autres sur des bases faussées que nous pouvons trouver que les dons de la Vie sont injustes. En réalité, la Vie (Dieu) ne donne-t-elle pas autant à chacun d'entre nous ? Les dons de la Vie ne se situent-ils pas sur un plan qui dépasse toute mesure ? Mais nous préférons délimiter, mesurer, compter, jalouser... Alors que le simple accueil de ce qui vient nous permettrait de déborder de gratitude...
D'ailleurs, toute idée de hiérarchie entre les êtres est ici bousculée et dépassée : "les premiers seront derniers", "les derniers seront premiers". L'interdépendance des choses et des êtres est telle que tout classement, toute course à la victoire est vaine. Chacun pratique à son rythme, selon les possibilités que lui offre sa compréhension du moment, et contribue de la sorte pleinement au royaume des cieux.
Dans le même esprit : bien que chaque disciple, faisant ce qu'il peut, accède plus ou moins vite au royaume de l'instant présent, il est néanmoins accueilli par la Vie avec la même générosité que les autres. Quel que soit le moment : qu'il soit jeune ou vieux, au matin, au midi ou au soir de sa vie... Le royaume est promis à chaque ouvrier, à chaque instant. Nous voyons le maître sortir de son domaine, inlassablement, pour inviter chacun d'entre nous à le suivre. Il n'oublie personne, même pas ceux qui se croyaient à jamais privés de la possibilité d'oeuvrer dans le sens de la Vie. Plutôt que de nous culpabiliser si nous trouvons que notre pratique est défaillante, nous avons là de quoi poursuivre notre chemin dans l'Espérance la plus haute !
10 commentaires:
oui ! les rapprochements sont nombreux ...
la seule différence est dans la représentation : moi- distance- Dieu ...
et tout ce qu'on y met ( l'enfant intérieur qui projète toutes ses blessures non reconnues : peur d'être trahi(e), jujé(e), rejeté(e), abandonné(e) ,oublié(e) )...
alors que la Vie n'est pas une personne et qu'elle ne veut ...que la VIE !!!
Merci Sabine , beaucoup d"espérance et de précision aussi dans ce texte , et ans ce que tu en retires.. Bonne journée; sylvie
C'est bien la période des vendanges, non? Merci.
J'ai beaucoup aimé ce commentaire. Merci.
Un grand merci encore Sabine.
Les chemins de Dieu ne sont pas les nôtres, ses pensées et ses voies non plus, et c'est encore dans l'évangile de ce dimanche que nous pouvons "travailler" et prendre position sur nos réactions et nos choix de vie !
Osons, sous la conduite de l'Esprit, osons visiter les replis et les confins de nos âmes afin de reconnaître les sentiments qui nous animent, qui nous traversent, qui nous déstabilisent (jalousie, orgueil, pouvoir, désir, vengeance...), mais sans pour autant nous juger de quoi que ce soit, dans l'acceptation de ce qui est et dans la tendresse que nous nous devons !!
Simplement pour comprendre, pour avancer et pour essayer de dialoguer avec notre Dieu intérieur et faire nos premiers pas, solides, sur ce chemin de conversion, qui lui seul nous libérera de l'envie et du désir, qui nous rendra libres...
Peut être nous faudra t-il passer par des Pâques, par des lâcher-prise, la mort au vieil homme, mais pourquoi se priver de ce cadeau de vie qui nous est offert pour nous donner la Vie justement.
C'est une fête à la table de Dieu à laquelle nous sommes tous conviés, une fête à la joie du partage, mais rien ne peut se faire sans compréhension et sans effort...
Trés beau évangile de St Matthieu ; je me suis plue à écouter une merveilleuse homélie, dite avec le coeur, sans support et sans papier (clin d'oeil à Yannick), je vous la partage, c'est magnifique et profond.
http://www.lejourduseigneur.com/homelies/temps_ordinaire/25_dimanche/a/homelie_de_la_messe_a_huriel
Trés bonne semaine et merci encore Sabine de ces moments forts, riches et puissants, proposés ici aussi. Avec toi !
Je t'embrasse.
www.lejourduseigneur.com/homelies/
temps_ordinaire/25_dimanche/a/homelie_de_la_messe_a_
huriel
très touchée Sabine par ce texte qui sonne si juste !
beau texte Sabine!
petit coucou par ici, merci Acouphène pour tes visites et commentaires après ces quelques semaines de retraite photographique, que je vous invite à visiter:
http://www.ipernity.com/home/63711
à bientôt, amitiés
Un grand merci à tous !
J'aime la formule de Martine : "notre Dieu intérieur"...
Le mot "Dieu" ne me gêne nullement car il est à mes yeux porteur d'infini et d'indéfinissable. Un peu comme le "grand Je ne sais pas" de Daniel.
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