Dans cette soumission aux émotions, il n'existe aucun « je » réel, il n'y a pas d'agissant. Le vocabulaire que nous utilisons ici distingue agir et réagir. « Don't mistake reaction for action », « Ne prenez pas des réactions pour des actions. » Effectivement, à ce niveau-là – et ce niveau-là est le vôtre aujourd'hui – tout le mal vient de ce que « vous » n'êtes pas là et tant que « vous » n'apparaîtrez pas à l'intérieur de ce chaos, le chemin ne pourra jamais commencer : vous ne pourrez être ni un disciple, ni quoi que ce soit, si ce n'est une marionnette comme disait Swâmiji, une machine comme disait Gurdjieff. « Because you are not there », « parce que vous n'êtes pas là », voilà d'où vient tout le mal, toujours absent, jamais présent. A un moment c'est l'ambitieux qui règne, un moment le vaniteux, un moment le meurtrier, un moment l'idéaliste, un moment l'obsédé sexuel, mais « vous », jamais – ou si rarement.
Déjà, à un
niveau immédiatement compréhensible, vous pouvez sentir que le pronom « je » –
« je » ou « je suis » – est capital. Essayez de développer la conscience de soi, peut-être pas
la conscience du
Soi, mais la conscience de soi. Essayez de ressentir « moi » – pas le
désespéré, pas l'optimiste,
pas l'obsédé sexuel, pas le mystique, pas l'idéaliste – moi, qui commence, commence à
apparaître... Et en
même temps, entendez sans vous troubler cette contradiction apparente : « La libération viendra le jour
où “ vous ” ne serez plus là. » La libération viendra le jour où l'ego aura disparu.
Arnaud Desjardins - La Voie et ses pièges
-------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire