"Souvenez-vous que la paix des profondeurs est déjà la nature véritable de notre esprit ou de notre conscience. Et nous pouvons tenter, par une acceptation totale, de nous désengager des limitations du moment et de revenir à cette réalité qui est déjà là en nous ou plutôt que nous sommes déjà."
(Arnaud Desjardins, extrait d'une lettre à Yvon Ginchereau)
Les éditions Accarias L’Originel nous ont habitués à des textes et des témoignages de sagesse d’une richesse remarquable. Ce livre-ci, d'Yvon Ginchereau- "Dialogue avec un sage – Arnaud Desjardins m’a dit…", paru cette année aux éditions de Jean-Louis Accarias et préfacé par Eric Edelmann, qui dirige l’ashram québécois de Mangalam - ne fait pas exception à la règle. C’est d’autant plus le cas qu’il est lié à l’un des rares maîtres occidentaux reconnus, qui plus est un être qui prodiguait l’enseignement reçu de son maître indien, Swâmi Prajnanpad, avec une immense générosité, pour de nombreux apprentis disciples, en France comme au Québec.
Tous ceux qui ont connu Arnaud Desjardins de son vivant – jusqu’au 10 août 2011 – reconnaîtront sans peine, dans cet ouvrage, les grands principes de son enseignement. Mieux encore, à la lecture des extraits de l’abondante correspondance qui s’est nouée entre l’auteur, Yvon Ginchereau, et le maître, ils réentendront sa voix, qui véhiculait avec tant de pédagogie, de force et d’amour ce qui lui avait été transmis et dont il avait fait la substance même de son existence.
Ecrit avec une grande clarté et une précision d’orfèvre, ce livre s’adresse à tous, ceux qui ont connu le maître, ceux qui sont arrivés à l’ashram d’Hauteville ou de Mangalam après sa mort comme ceux qui seraient simplement curieux, aujourd’hui, de découvrir une voie particulièrement adaptée à notre contexte occidental. Il est émaillé de nombreuses lettres d’Arnaud Desjardins contenant des conseils à la fois précis et développés, mais aussi de citations d’autres auteurs, propres à éclairer l’ensemble.
J’ai été particulièrement touchée par la lecture de ce témoignage, qui commence très naturellement par poser le cadre familial où l’auteur a grandi, au travers de difficultés suffisamment fortes pour qu’Yves Ginchereau qualifie son propre « départ » dans l’existence de « peu prometteur », dans la première partie. Par cette plongée dans une enfance et une adolescence douloureuses, nombre de nos souffrances pourront ici se reconnaître, même si chacune d’entre elles prend nécessairement une forme différente. Voilà qui permet de se redire que la qualité d’un cheminement n’est nullement entravée par des conditions initiales malheureuses, a priori peu favorables à l’ouverture spirituelle.
Dès la deuxième section du livre, intitulée « Le début d’un chemin », l’auteur nous fait entrer dans l’accompagnement exceptionnel dont il a bénéficié, après une toute première rencontre assez improbable, en ce qu’elle ne respectait pas le protocole habituel d’entrée dans un centre tenu par Arnaud Desjardins. Yvon Ginchereau ne cache rien de ses conditionnements, préjugés ou résistances, et c’est ce qui nous le rend si proche. En même temps, nous saisissons mieux à quel point il est nécessaire, si l’on veut progresser sur la voie, de s’engager pleinement, avec sérieux et détermination, avec une pleine confiance également, auprès du maître choisi.
La troisième partie nous ouvre les « nouveaux horizons » que le disciple a découverts dans cette proximité avec le maître, laquelle ne s’est jamais démentie (y compris après sa mort, de cœur à cœur). Son expérience spirituelle nous est alors livrée dans son intensité, son éblouissement même, sans pour autant occulter les difficultés persistantes ressenties à ces occasions – celles qu’Yvon Ginchereau décrit comme une « négativité » issue de son histoire, ou encore la confrontation à certaines formes de malveillance, y compris parmi les apprentis disciples.
La quatrième section évoque la phase d’assimilation profonde de cet enseignement, au travers notamment de ce que l’auteur appelle le fait de « Servir la grande réalité », dans ce monde : en l’occurrence, il s’agit d’un engagement social particulier dans le domaine de la santé.
La toute dernière partie, « Une voie pour les temps modernes », plus brève, me paraît précieuse entre toutes : elle propose d’abord un condensé des phrases essentielles du maître, extraites des lettres dont nous avons pu découvrir le contenu au fil de notre lecture ; puis elle expose une méthode en trois points : 1. L’audition, 2. La réflexion, 3. La contemplation, qui s’achève par un magnifique texte de Lao Tseu, à lire et à relire pour une imprégnation profonde. J’avoue qu’à ce stade, j’aurais aimé un développement plus long, tant cette méthode me paraît utile.
L’ensemble est précédé d’un avant-propos et d’une introduction de l’auteur, puis suivi d’une postface, d’une bibliographie très complète et d’un glossaire des mots sanskrits utilisés dans l’ouvrage, avant de s’achever par des remerciements.
Une fois n’est pas coutume : je ne terminerai pas cette recension par un florilège de citations, tant il me paraît important d’entrer entièrement, de tout son être, dans cet ouvrage si vivant et si complet. Vous l’aurez compris : je vous recommande chaudement la lecture de ce livre !
"Ne doutez pas de vous, ne doutez pas de vous ! Pour se sentir stable et solide, le secret est simple : il faut s'appuyer sur ce qui est et sur ce que nous sommes à chaque instant. Ne soyez nullement découragé." (Extrait d'une lettre d'Arnaud Desjardins à Yvon Ginchereau)
Sabine Dewulf
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