Je viens de terminer la lecture de La Parole Retrouvée, un voyage avec Lee Lozowick, le dernier livre de Véronique Desjardins
Je cite ici la présentation qui en est faite en 4ème de couverture avant de donner mes impressions de lecture :
« Deux maîtres spirituels, deux écoles, deux sanghas Tout semble les séparer : leur éducation, leur style, leur cheminement, leurs méthodes : l’un est adepte d’une voie de dévotion , l’autre est disciple d’une voie non dualiste. Et pourtant, du jour où ils se rencontrent, naît entre eux et leurs élèves une profonde amitié. L’auteur relate ici le rôle qu’il joua dans son propre parcours durant le long séjour qu’elle fit auprès de lui en Arizona et en Californie. Et, au delà de son histoire personnelle, comment les deux écoles se sont fécondées l’une l’autre »
On devinera toutes mes raisons d’avoir hâte de lire ce livre. Attente récompensée car j’en ai reçu une nourriture de grande qualité.
Avant tout, j'y ai vraiment senti et retrouvé Lee tel que je l'ai connu et c'est à mes yeux la plus grande réussite du livre.
A partir de son témoignage personnel , à maints égards intime, Véronique parvient à évoquer et je dirais même invoquer Lee dans sa dimension de serviteur de l'essentiel, avec toutes ses facettes hors norme. Si bien que, tout en lisant un témoignage de Véronique Desjardins au plus près de son vécu intérieur, j'ai avant tout eu l'impression de lire un livre consacré d'abord à Lee Lozowick.
C'est une alchimie dont la formule n'était a priori pas évidente mais que à mon sens Véronique a maitrisée. Du coup, tout en étant invité à partager des aspects du parcours sur la voie d'une femme avec ses questionnements, déchirements, difficultés, qui plus est d'une femme dans la position bien particulière de disciple et épouse d'un maître, le lecteur rencontre cet autre maître Lee, le voit pour ainsi dire en action...
Le plus beau compliment que j'ai à faire sur ce livre est que, d'un bout à l'autre de sa lecture, j'ai eu le sentiment de me trouver en présence de Lee. Je l'ai senti là, ai retrouvé des impressions subtiles familières, me suis trouvé connecté à sa longueur d'onde.
C'est donc à mon sens un beau, fidèle et sensible portrait de maître, à travers le prisme d’une femme profondément investie sur la voie.
Il me semble que tous les principaux aspects de Lee tel que nous l'avons connu et ses "moyens habiles" sont évoqués : notamment sa manière de faire travailler celles et ceux qui se mettaient dans son orbite sur les dimensions primales : sommeil, nourriture, habitudes, confort, de les pousser dans leurs retranchements sur quantité de petits attachements.
Les différents exemples que Véronique donne de "leçons" reçues sur le vif en sa présence sont représentatifs de sa manière de transmettre, de créer autour de lui et en groupe des conditions propices à voir et à se voir...
Elle rend aussi très bien la dimension avant tout énergétique de sa transmission. Les repas, concerts de rock, périples épiques, sont évoqués avec justesse et acuité. Elle donne aussi à sentir ce que pouvait être une « chamber », ces espaces sacrés qui parfois se créaient, en général dans des contextes intimes en présence de Lee et en la présence conjuguée d'Arnaud et Lee.
Oui, ce même Lee qui dans ses conférences publiques, au mépris de son image et de sa réputation, s’acharnait à faire fuir les touristes spirituels à grand renforts de provocations et d’outrages frisant l’ absurde , ce même Lee, donc , se muait souvent en un réceptacle et véhicule de présences subtiles , instrument d’une compassion palpable mais dépouillée de tout romantisme.
Les passages consacrés au « bazar sacré « , soit l’exposition et la vente par Lee d’objets d’art sacré de diverses origines sont également fort pertinents. Ils restituent bien ce que beaucoup d'entre nous ont vécu et donnent un éclairage certainement précieux pour celles et ceux qui seraient gênés et perplexes vis à vis de cette facette de son "travail".
Un autre aspect important de ce livre est évidemment ce qu'il transmet de la relation si rare et étonnante entre Lee et Arnaud, deux êtres humains comme Véronique le souligne tellement différents , et pourtant devenus si proches dès leur première rencontre ... Et ce qui, à partir de cette relation, a trait au cousinage spirituel des deux écoles, là aussi une occurrence si on y réfléchit très rare.
De manière vivante, à partir de ses souvenirs, l’auteur cerne au delà des anecdotes et cas particuliers la dimension de ce cousinage, en pose en quelques paragraphes les enjeux, la richesse et aussi les possibles pièges (le mélange des influences, la fascination)
La survenue de Lee et de son école dans la vie des élèves d'Arnaud a apporté non pas un élément manquant mais une dimension dont pourtant nous avions besoin ( et vice versa). Véronique souligne bien aussi la manière exceptionnelle dont Lee s'est mis au service d'Arnaud et de sa transmission sans pour autant cesser un instant d'être lui même avec son style si inhabituel et déconcertant pour beaucoup.
Et bien sûr, il y a un peu en filigrane mais naturellement très présente, une évocation d'Arnaud, de sa perspective. Là aussi, en lisant ce livre, je l'ai senti vivant.
C'est un témoignage important sur une rencontre relevant d'une magie, complètement improbable et défiant les lois linéaires.
Enfin, les passages autour de la fin de vie de Lee , sa manière de se situer vis à vis de la maladie, reflètent à mon sens parfaitement l'enseignement inoubliable transmis dans ce contexte.
L'évocation de ce qu'il faisait passer sur "les temps qui viennent " et les technologies ont aussi leur juste place.
Gratitude donc pour ce livre que je classe parmi les témoignages de disciples précieux et intemporels. Je le relirai comme je relis certains livres évoquant M Gurdjieff ou d’autres maîtres.
Gilles Farcet
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