vendredi 11 avril 2025
jeudi 10 avril 2025
Bouée invisible
mercredi 9 avril 2025
Vide en soi
Le besoin de distractions est proportionnel au vide que l'on porte en soi-même, car c'est bien celui-ci qui sécrète celui-là. Il n'y a point de distraction nécessaire là où il n'y a point de vide. La seule distraction nécessaire, la seule distraction noble, l'immense et unique distraction, c'est d'être là où l'on est, si ce là-où-on-est se trouve être, par bonheur, là-où-l'on-aime-être, définitivement.
PAYSAN DE DIEU, Frère François Cassingéna-Trévedy
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mardi 8 avril 2025
Indications sur le chemin
lundi 7 avril 2025
Univers d'enfant
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dimanche 6 avril 2025
Vivre au rythme de la création
Vivre au rythme de la création apporte trois fruits, à commencer par la liberté. Dans la nature, le portable n’est pas un légume qui pousse. Alors, quand je suis sur le terrain, c’est-à-dire au minimum la moitié de la journée : pas de téléphone, pour éviter les distractions permanentes, souvent déconnectées du réel (films, vidéos, etc.). Je m’accorde des moments de contemplation pour vivre l’instant présent, en prenant contact avec la réalité qui m’entoure. Dans un environnement citadin, moi qui suis très curieux, j’avais toujours envie de répondre aux sollicitations proposées. M’arrimer au concret, m’appuyer sur mes cinq sens, me rend plus libre et m’évite de chercher ailleurs des sensations inutiles.
Deuxième fruit : la connaissance de soi. Jamais, avant mon expérience à Terre de Promesse, je n’aurais imaginé être capable de creuser plus de 500 m de tranchées à la tractopelle pour apporter une eau vitale à nos plantations ! Ce n’est pas un petit engin et, comme j’ai passé des années de ma vie derrière un écran, ça me paraissait une montagne. Vivre au contact de la création met au jour des capacités insoupçonnées. Certains de nos salariés, en situation d’embonpoint, ne pensaient pas non plus pouvoir ramasser, cueillir, s’occuper des poules. En utilisant des techniques adaptées à la morphologie - se baisser en pliant les genoux, etc. - ils se sont trouvé de formidables possibilités.
Troisième fruit : l’amour de soi et des autres. En se redécouvrant, on apprend à s’aimer pour ce que l’on est réellement. Quand on tente de s’aimer selon des critères du monde - possession de vêtements de marque, de voiture, etc. – ça ne dure pas. Mon expérience actuelle me permet de me libérer du carcan des regards extérieurs et d’être ce que je suis. Et quand je m’aime pour les bonnes raisons, j’aime mieux les autres.
Florent de Lambert
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Les étapes de sa vie :
1985 Naissance à Briançon (Hautes-Alpes).
29 mars 1997 Mort de sa sœur dans un accident.
2011 Mariage avec France.
2018 Départ pour deux ans de mission au Cameroun.
Depuis juillet 2021 Directeur de Terre de promesse. Avec l’équipe et la maison d’accueil Chézelles, il propose des mini-séjours « 3 jours au rythme de la création », accessibles à tous ceux qui ont besoin de mettre leur quotidien sur « pause ».
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source : La Vie
samedi 5 avril 2025
Quand faire devient être
Kyoto, 1941. Un ami japonais avait organisé pour moi une rencontre avec le Maître Hayashi, l'abbé du célèbre monastère zen Myoshinji. Or le Japon pratique la belle coutume du cadeau.
L'invité apporte un cadeau au maître de maison lorsqu'il lui rend visite pour la première fois et repart lui aussi avec un cadeau. Le cadeau le plus prisé est celui qu'on a fait soi-même. Quand l'heure était venue de se quitter Hayashi Rôshi me dit : "Je voudrais vous offrir quelque chose. Une peinture."
Deux moines plus jeunes lui apportèrent le matériel dont les pinceaux et l'encre de Chine. Mais l'encre, solide, n'était pas prête à l'emploi. Il fallait frotter longuement le bâtonnet au creux d'une pierre évidée où un peu d'eau avait été versée, pour le transformer en encre liquide.
Avec placidité et une grande prodigalité de gestes, comme s'il disposait d'un temps infini —et un maître a toujours infiniment de temps intérieur— l'abbé commença à frotter lui-même son encre. Sa main ne cessait d'aller et venir, jusqu'à ce que l'eau fût enfin devenue d'un noir liquide.
Je m'étonnai que le maître fît lui-même ce travail et demandai pourquoi on ne le déchargeait pas de cette tâche. Sa réponse en dit long : "Par le paisible mouvement de va-et-vient de la main, on devient soi-même tout à fait calme. Tout devient silence. Il faut un cœur (ce que nous appelons un esprit) impassible et silencieux pour que ce qui s'épanouit en lui puisse être parfait".
Assis sur les talons, le front serein, les épaules relâchées, le buste droit et détendu, animé de ce tonus vivant qui caractérise une personne entraînée à l'assise basée sur le centre de gravité du corps, d'un geste inimitable, à la fois calme et fluide, le maître saisit le pinceau.
On aurait dit que le maître se libérait totalement en lui-même, afin que l'image qu'il voyait au-dedans de lui puisse sortir librement sans que rien ne l'entrave, ni la crainte d'un éventuel échec, ni la volonté impérieuse de réussir. C'est ainsi que l'image de la déesse Kannon apparut.
Enfin arriva le moment pour lequel je raconte cette anecdote : la peinture de l' «auréole» autour de la tête de Kannon, la peinture du cercle parfait !
Nous tous qui étions témoins retînmes notre souffle. Il faut savoir que sur une feuille aussi fine, la moindre interruption du geste, le moindre arrêt du pinceau provoque une tache qui gâche tout. Sans marquer de pause, le maître plongea le pinceau dans l'encre, l'essuya un peu, se mit calmement en position de départ et, comme si c'était la chose la plus simple au monde, traça sur le papier le cercle parfait, rayonnant de pureté, autour de la tête de Kannon.
Ce fut un moment inoubliable. Il y eut un merveilleux silence dans la pièce. Même le cercle achevé reflétait sous nos yeux le silence émanant du maître. Lorsque maître Hayashi me remit la feuille, je le remerciai avec cette question : Comment fait-on pour devenir un maître ?"
Il me répondit d'un sourire malicieux : "Simplement, laisser sortir le maître qui est en soi. Oui —Simplement, laisser sortir—"si seulement cela pouvait être aussi simple...
Pour parvenir à ce niveau de simplicité, le chemin est long. Cela veut dire que sur le chemin de la transformation l'homme doit apprendre à laisser sortir ce qui est en lui. Qu'il s'agisse de la pratique d'une respiration conforme à la vie ou d'exercices pour la réalisation d'une action ou d'un travail techniquement difficile, l'important au bout du compte est toujours que le résultat ne soit pas le fruit d'un effort du moi mais d'une acceptation de l'être profond dont la manifestation est alors un acte de maître.1
K. Graf Dürckheim
Cette histoire pourrait intéresser chaque pratiquant et principalement chaque enseignant de disciplines aussi différentes que le Yoga, le Taï-Chi Chuan ou une discipline artistique, artisanale ou martiale qui a ses racines dans le monde du Zen.
La technique est le Chemin. Quelle que soit la technique elle doit avoir pour sens d’atteindre l’harmonie et la paix intérieure. Chaque action, chaque geste peut capturer l’essence même du moment présent. Ce chemin que chacun se doit de tracer (parce qu'il ne s'agit pas d'un chemin à suivre) est la raison d'être du Centre Dürckheim.
Un exercice comme la marche lente (Kin-Hin) peut devenir un exercice reliant la personne qui s'exerce à sa propre essence intérieure qui est la source du calme intérieur, de la paix intérieure et cela dans notre monde tel qu'il est, sans attendre qu'il change.
Jacques Castermane
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1 K.G. Dürckheim — Merveilleux chat et autres récits zen – éd. Le Courrier du Livre (p.12)
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vendredi 4 avril 2025
Souffrance et envie
jeudi 3 avril 2025
Pardonner ?
Q : Est-il possible de pardonner complètement ?
Éric Baret : Quand on accepte profondément la vie, il n'y a rien à pardonner, parce que vous
regardez les événements se produire selon leur propre loi. Il n'y a pas d'événements indépendants dans le cosmos, pas d'auteur d'actions, pas de responsabilité ; donc personne à pardonner, parce qu'il n'y a personne. Penser être une entité indépendante est une mémoire, tout ce qui se passe est lié à tout. Tout ce qui arrive à votre corps fait partie des lois cosmiques, il n'y a rien de différent.L'idée de pardonner ou de blâmer quelqu'un vous laissera complètement. Ce qui vous a paru difficile, inacceptable, vous apparaîtra tôt ou tard comme la chance de votre vie, le moment le plus important. Ce qui vous a fait grandir le plus — les choses qui vous ont fait comprendre l'identification et les limites — ont été les drames de votre vie. Dans la mesure où vous les laissez vivre complètement, ils se dirigent vers la liberté, vers la joie.
Contrairement aux séances de méditation intentionnelles, qui ne sont souvent qu'une évasion, quand quelque chose de dramatique vous arrive et que vous laissez vibrer le choc à l'intérieur de vous, c'est comme si c'était un cadeau. Il faut le laisser vivre. Parfois, c'est vrai, on n'a pas la maturité pour le faire, mais à un moment donné, vous pouvez vous réjouir et aimer ces cadeaux que vous avez reçus et laisser vivre toutes les mémoires qui constituent votre corps. Parce que la situation que l'on veut pardonner ou non s'est coincée quelque part dans le corps.
Asseyez-vous ou allongez-vous et aimez cette partie du corps qui a été négligée, reportée, évitée pendant si longtemps.
Laissez la tension s'exprimer sans condamner ni juger.
Restez devant les faits. Ces parties ont beaucoup à dire.
Un grand cri de joie se libérera du corps :
Vous regarderez la situation pour découvrir que la cause présumée de la tragédie n'a jamais été la cause. La cause n'a jamais existé.
~ Éric Baret
(via la page Yoga tantrique cachemirien)
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mercredi 2 avril 2025
Les marches présentes du passé...
mardi 1 avril 2025
Corps et esprit avec Michel Odoul
lundi 31 mars 2025
Disciple
Demander « qu’est-ce qu’un bon disciple ?» c’est comme demander « qu’est-ce que bien aimer ? » On a toute la vie pour apprendre à aimer et surtout à « bien aimer » !
dimanche 30 mars 2025
« Heureux ceux qui n’ont pas vu »
Dans ce texte, notre chroniqueur explore la tension entre l’invisibilité de Dieu et la responsabilité humaine, soulignant l’importance de la foi authentique. Il appelle à un silence méditatif, source de révélation.
Dans Exode, l’Éternel dit à Moïse : « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (33, 20). Dans cet espace de retrait voulu par Dieu, se déploie toute la liberté de l’homme, dans une tension entre l’audible et l’invisible, le lisible et l’inintelligible. La Parole est là, toujours à interpréter, Dieu se fait entendre dans cette recherche qui ne peut jamais atteindre à la contemplation, il demeure le Tout-Autre, que je ne peux pas voir, mais dans lequel je peux mettre ma confiance, vers lequel je peux diriger mon pas : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! », redit le Christ à Thomas, en Jean (20, 29).
Présence-absence
Il y a dans ce « ne pas voir » une force inouïe, qui dit bien que la foi est tout le contraire de l’idolâtrie, que ni le Père ni le Fils ne demandent une fixation dans l’image adulée, mais un mouvement vers l’autre, vers le visage frère, dans un geste de redistribution incessant. Si Dieu n’est pas visible, la misère du semblable, du prochain, de soi-même, elle, l’est, à chaque instant. Ce retrait de Dieu – cette sorte de pudeur nécessaire – instaure la responsabilité de l’homme.
Contre les illusions et les vertiges ascensionnels, Dieu renouvelle à l’infini le sens des relations humaines, il donne une valeur inédite au plan horizontal où se déploie notre action dans et sur le monde. Et il institue l’irréductible dignité de la pensée créatrice. Puisqu’il n’est pas possible de voir Dieu et de vivre, l’homme est invité à interroger, à chercher sans relâche, à se défier des protestations trop bruyantes. Et à célébrer tout ce que féconde cette présence-absence de ce Dieu qui veut l’homme libre de venir ou non à lui. Cette liberté de croire ou de ne pas croire est essentielle.
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• TOMMY ZHANG/UNSPLASH |
Bien sûr, on comprend que, dans sa ferveur et son enthousiasme, le croyant se laisse emporter, enjambe allègrement ce qui le sépare de ce Dieu qui a fait de son invisibilité la condition même de notre liberté. Dans l’impatience ou le pressentiment de la rencontre, le chant déborde, le dire outrepasse ses possibilités, le témoignage se laisse prendre au piège des preuves. Il y a des protestations de foi qui ne se rendent pas compte qu’elles composent un dieu de substitution, clair comme de l’eau de roche, assimilable en dix leçons, programmatique, vidangé de son mystère. Un feu qui aurait déjà les couleurs de la cendre.
Savoir se taire
La voie, oui, est étroite. Dieu ne veut pas qu’on l’ânonne mais qu’on le pense, qu’on ne croie surtout pas l’avoir trouvé, situé, cerné, dévoilé. Mais qu’on intègre à notre pensée, comme un mot qui resterait toujours sur le bout de la langue, cette lumière qui lui échappe, qui n’est pas un objet mais un aimant qui donne sens et énergie à nos gestes, nos paroles, nos choix, comme des égards inépuisables pour ce que la vie a de saint.
Dans ses Poèmes de la lumière, le poète roumain Lucian Blaga formule ce commandement auquel il se plie : « Je ne piétine pas la corolle de merveille du monde / Et je n’assassine point / De mon raisonnement les mystères que je croise / Sur ma route / Dans les fleurs, dans les yeux, sur les lèvres ou sur les tombes. » Comme le disait Platon dans le Théétète, la pensée est « une conversation que l’âme poursuit avec elle-même sur ce qui est éventuellement l’objet de son examen ». Or il n’y a pas de bonne conversation sans participation du silence. Il faut savoir se taire, ne pas aller trop loin, ménager une place, dans ce que l’on dit, à ce qui ne peut être qu’effleuré.
Le silence, voilà ce qu’en dit Lucian Blaga, encore : « Il y a un tel silence alentour qu’on croirait entendre / Frapper à la fenêtre les rayons de la lune. » Notre monde sait-il encore faire silence, accepter de ne pas voir, d’écouter frapper à la fenêtre les rayons de cette lumière divine qui n’est pas du monde sans laquelle le monde cesserait d’être humain ?
Emmanuel Godo. Poète et essayiste, professeur de littérature en classes préparatoires, il a notamment publié les Passeurs de l’absolu (Artège), la Bible de ma mère (Corlevour), les Égarées de Noël (Gallimard), Maurice Barrès, le grand inconnu (Tallandier), Ton âme est un chemin (Artège).
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samedi 29 mars 2025
Problème réel ?
vendredi 28 mars 2025
Vérité peu intéressante ?
jeudi 27 mars 2025
A la recherche du Soi
Au mois de mai chez Almora (merci à José Le Roy) - republication des 2 premiers tomes.
"Le désir a pour but sa propre satisfaction. Au moment où le désir vient d’être satisfait, il y a pendant quelques instants un état sans désir et, dans cet état sans désir, peut se manifester cette béatitude inhérente à la conscience de soi ou au sentiment de soi techniquement appelé ananda. Cet ananda n’est pas une émotion. C’est un sentiment, une paix, une joie, une plénitude qui est l’expression de l’être, qui est lié au fait d’être, au « Je Suis », à la conscience d’être, qui ne dépend pas de l’avoir, qui n’est pas affecté par ce que l’on a ou ce qu’on n’a pas. En vérité, le bonheur que l’on cherche dans l’avoir n’est jamais autre chose que la libération momentanée de la joie intrinsèque à l’être dont les désirs et les peurs vous exilent sans cesse."
Adhyatma yoga - À la recherche du soi 1
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mercredi 26 mars 2025
Créer
Créer, c'est se livrer peu à peu à ce qui advient.
mardi 25 mars 2025
Guerre et bruits de guerre ?
lundi 24 mars 2025
dimanche 23 mars 2025
Le filtre du mental
Le concept du mental est central dans les enseignements traditionnels de l’Inde. Arnaud reprend ce thème d’une très belle façon dans son livre "En relisant les Évangiles", où il interprète la parabole ce la Samaritaine.
Quand le Christ ajoute : « Tu as eu cinq maris, et l’homme que tu as maintenant n’est pas ton mari », ce passage doit-il être compris littéralement ou bien revêt-il un autre sens ? Etant donné la brièveté des Evangiles, il est impossible qu’il y ait un chiffre, une précision qui ne nous concerne pas, nous, aujourd’hui, qui ne nous parle pas de nous, dans nos erreurs, nos tâtonnements, notre espérance.
Dans son Commentaire de l’Evangile, Lanza Del Vasto donne une explication de ce passage. Les cinq maris désignent nos cinq sens et le sixième qui n’est pas son mari correspond à ce que les hindous appellent le sixième sens, c’est-à-dire le mental (manas). Le mental n’est pas la vérité de nous-mêmes ; il s’est forgé peu à peu par les influences diverses que nous avons reçues et par l’éducation (qui, si j’ose m’exprimer ainsi, pensent à notre place et même ressentent à notre place) ; il est constitué de tout ce qui n’est pas vraiment personnel et juste en nous. Beaucoup de nos pensées ne sont faites que de citations prises ici ou là, beaucoup de nos émotions ne sont que des imitations dues aux influences culturelles.
[...] Qui n’est pas touché par cet entretien magnifique au bord du puits de Jacob : « Je te donnerai à boire d’une eau qui fera que tu n’auras plus jamais soif » ? Mais, il y a plus encore, qui nous donne à réfléchir. L'âme, la réalité profonde en nous, notre être essentiel est "marié", uni, confondu avec les cinq sens et nous interdit la vision de la réalité ultime ; et nous vivons avec ce sixième sens, le mental qui regroupe l’ensemble de nos conceptions et de nos opinions et se surajoute aux cinq sens pour nous exiler encore plus du réel.
Quant à l’état de conscience ordinaire, que l’on nomme « état de veille », il correspondrait à peu près à une identification complète entre le sujet et ce qui est perçu, sans aucune introspection sur la part des conditionnements psychologiques qui sont à l'œuvre Le processus est automatique et inconscient. C’est la position par défaut en l’absence d’un regard introspectif et d’une pratique de la vigilance.
Dans cet état de veille ordinaire, l’individu est gouverné par de fausses lois, des visions erronées. Il projette, sur autrui ou sur le monde, un imaginaire (attentes, fantaisies, interprétations, etc.) qu: ne correspond pas à la réalité objective des phénomènes. En pensée, nous retranchons de la réalité ce qui ne nous convient pas pour ajouter des éléments imaginaires, créant finalement une illusion qui nous convient mieux que ce qui est. D’où un sentiment global d’insatisfaction, de manque et de souffrance. Tous ces mécanisme: d’adaptation plus ou moins efficaces relèvent du domaine de la psychologie et de la psychanalyse et ils ont été abondamment étudiés.
Homo sapiens, sans introspection ni compassion, demeure un primate plus ou moins agressif et destructeur, même s’il possède une carte de crédit et un portable. La démonstration n’est plus à faire*.
Quant à la démarche du chercheur spirituel, elle implique d’être à l’affût de ce mental qui vient tout colorer et qui voile la vision pure des phénomènes. Avec de la vigilance et un regard introspectif capable de percevoir ces conditionnements, de prendre du recul vis-à-vis d’eux et de les considérer avec bienveillance, il devient possible ce stabiliser le mental et de tourner son regard vers la source de .a Conscience. Ainsi peut se développer la position intérieure du Témoin, la part la plus proche de la pure Conscience, de l’Êtreté.
... Une partie essentielle du travail de l’aspirant spirituel, une fois qu’il a pris conscience de l’omniprésence du mental dans sa vie, consiste à nettoyer et à rectifier cette lentille déformante, afin de voir ce qui est avec un minimum de distorsion et, éventuellement, ce se situer comme Témoin libre du mental. C’est le but de tous les chemins de la sagesse.
Le mental crée des conflits, la Paix les dissout.
* Desjardins, Arnaud, En relisant les Évangiles, Paris, La Table Ronde, 1990, p. 84-85.
*Lire à ce sujet : Harari, Yuval Noah, Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, Paris, Albin Michel, 2015.
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samedi 22 mars 2025
Etre un avec l’autre
vendredi 21 mars 2025
Ecoute sans attente
Q : J'ai beaucoup de difficulté à rester assis les jambes croisées, j'ai des tensions et douleurs.
Éric Baret : Vous devez découvrir votre corps. Le but n'est pas de détendre mais de découvrir combien il y a de tensions. Donc ça n'a pas d'importance si des tensions apparaissent. Au contraire, vous allez découvrir l'étendue des tensions. Ne soyez pas obsessionnel sur la position assise, c'est une position qui est difficile pour beaucoup de gens. Alors vous voudrez explorer le corps sous tous ses angles, si cette approche vous intéresse. Il y a des mouvements qu'on fait allongé sur le dos, d'autres allongé sur le ventre, d'autres sur le côté, d'autres debout. Donc, vous allez trouver des positions qui ne sont pas trop inconfortables et allez-y à partir de là.
Ne pas travailler dans la répétition mais dans la découverte. Le but n'est pas de faire une pose, mais de découvrir ce qui empêche. Et quand vous sentez la tension, vous ne la détendez pas : vous la sentez. Cela est très important.
Et quand vous revenez du mouvement, sentez la détente et le lâcher prise de la tension. Donc, ce n'est pas vous qui détendez : vous constatez la détente quand vous revenez de la posture. C'est important parce que cette attitude va se transposer ensuite dans votre vie affective. Mais cela demande une forme de créativité.
Le yoga n'est pas répétitif, c'est chaque fois nouveau. Il faut comprendre que votre corps contient l'ensemble de votre problématique. Donc, on va découvrir intimement toutes ses limitations. Pas pour les lever, mais pour les laisser vivre. Quand vous laissez vivre une tension, progressivement elle ne va plus être nécessaire comme tension.
C'est vrai que pratiquement parlé, il est difficile d'enseigner un art à distance. Normalement, c'est par le contact direct avec quelqu'un qui comprend cette approche que vous pouvez découvrir créativement le processus, mais s'il n'y a personne autour de vous, vous devez être créatif, vous devez faire comme le premier yogi qui a appris de nulle part : il a découvert. Donc, il faut avoir la même disponibilité.
Alors ne soyez pas gêné par les tensions constantes au début. Soyez de plus en plus intime avec ces tensions ; vous allez découvrir de plus en plus votre fonctionnement. Les tensions dans les hanches, les tensions dans les cuisses, les tensions dans les épaules... Plus vous allez vous ouvrir à cette exploration, et plus vous verrez simultanément quand la peur, la jalousie, ou la réaction vont apparaître en vous ; vous allez avoir l'écoute de laisser vivre ces émotions, sans chercher à les contrôler, sans chercher à les éliminer. Et c'est à ce moment-là qu'il y a une forme de clarification qui se fait.
Donc, ça se fait tout seul. Ça demande juste une écoute sans attente. Le yoga est vraiment un art, vous devez le pratiquer sans la moindre attente. C'est là que vous découvrirez ce qui est essentiel. Pas ce qui est essentiel dans le yoga, mais dans l'écoute sans attente.
~ Éric Baret
(extrait d'une vidéo)
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jeudi 20 mars 2025
Journée internationale du bonheur
"Un bonheur pour soi tout seul ? Serait-il possible en négligeant celui des autres ou pire en essayant de le construire sur leur malheur ? Un « bonheur » élaboré dans le royaume de l’égoïsme ne peut être que factice, éphémère et fragile comme un château bâti sur un lac gelé, prêt à sombrer dès les premiers dégels. Parmi les méthodes maladroites, aveugles ou même outrancières que l’on met en œuvre pour construire le bonheur, l’une des plus stériles est donc l’égocentrisme. « Quand le bonheur égoïste est le seul but de la vie, la vie est bientôt sans but », écrivait Romain Rolland. Même si l’on affiche toutes les apparences du bonheur, on ne peut être véritablement heureux en se désintéressant du bonheur d’autrui." -
Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur, Editions du Nil, 2003.
📷 : Élèves à une école construite en bamboo au Népal. Un projet soutenu par Karuna-Shechen
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