Quand on vit dans l'impression qu'il nous manque quelque chose, c'est qu'on est prisonnier de la croyance en l'absence. On est familier de certaines choses, de certains êtres, ou de certains scénarios de vie, et maintenant, s'ils ne sont pas là, il y a un sentiment de vide, un sentiment de solitude et d'inconfort. Cela veut dire que l'absence n'est pas complètement vécue. Elle est polluée par des mémoires.
Vous arrivez dans une pièce, quelqu'un a enlevé le tableau qu'il y avait sur le mur. Vous ne regardez pas le mur, vous regardez l'absence du tableau, qui est une mémoire. Vous allez rester un moment avec ce sentiment qu'il y a un manque, avant de pouvoir vous rendre compte que, finalement, il ne manque rien. Si vous retirez la mémoire de ce qui manque, du tableau, rien ne manque à cet instant.
Donc, le manque n'est qu'une idée, une idée construite par un jeu de projections mentales. La projection est la fonction du mental. Et on lui attribue une seconde fonction : la surimposition, la surimposition d'une mémoire, qui se surimpose à la perception immédiate. Projection et surimposition, c'est ainsi que le mental est décrit dans les enseignements anciens de l'Inde.
La surimposition, on peut s'en libérer en revenant constamment à la vision directe, à l'instantanéité du regard, à l'instantanéité de la vision, sans donner prise aux mémoires qui peuvent revenir. Même si elles reviennent, elles vont détourner l'attention, mais vous pouvez vous rendre compte que ce n'est qu'une mémoire. Laissez cela de côté, et réintégrez la vision directe qui, elle, n'est pas problématique. C'est comme cela qu'on se libère de la surimposition.
Et la projection, dès lors que vous avez reconnu qu'une projection n'est qu'une projection, qu'une image mentale n'est qu'une image mentale, et non la réalité, le mental tout entier perd son pouvoir, quand vous vous rendez compte qu'une pensée n'est jamais la réalité.
La pensée de moi-même n'est pas moi-même.
La pensée de l'autre n'est pas l'autre.
La pensée du monde n'est pas le monde.
La pensée de Dieu n'est pas Dieu non plus.
Vous prenez alors conscience des limites de la pensée.
Ce sont des constructions mentales, qui ont leur utilité sur un certain plan, mais il s'agit de ne pas prendre la statue du Bouddha pour le Bouddha.
~ Jean-Marc Mantel
Dialogues du 18 octobre 2025 (extrait d'une vidéo)
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