Phytospiritualité vous souhaite une bonne rentrée et espère continuer à vous offrir des nourritures entre ciel et terre qui vous plaisent...
Voici cinq mois, nous débarquions en famille à Séoul où nous allons séjourner quelque temps et approfondir notre vie spirituelle. Si on m’avait dit qu’un jour je vivrais en Corée du Sud, jamais je ne l’aurais cru. Pour l’heure, le voyage m’apprend à me rendre totalement disponible à ce qui arrive, et surtout à commencer par moins juger. J’étais fort peu enthousiaste à goûter le jus de cactus que l’on trouve ici, et aujourd’hui, il est devenu l’une de mes boissons préférées. Justement, le cactus ! Il a des piquants qui peuvent blesser et meurtrir, pourtant si on le casse et qu’on en extrait le liquide, il peut désaltérer l’égaré perdu en plein milieu du désert.
Chaque instant est comme une valise, on ne sait pas ce qu’il recèle.
Parfois sous les apparences désagréables, déplaisantes, peuvent se cacher des trésors inouïs. Le délicieux jus de cactus m’invite à moins condamner une situation promptement. Maître Eckhart m’aide aussi sur ce chemin. Il m’apprend que le chrétien devrait considérer chaque événement, chaque circonstance comme le meilleur, le plus beau, l’expression de la volonté divine. Difficile de nourrir une telle espérance ! Pourtant, je suis sûr que cette foi déplacerait des montagnes de mal-être.
Très concrètement, le métro est en retard, je médite, il n’y a pas de moments plus favorables pour pratiquer.
Le plat que l’on me sert n’est pas à mon goût, je me dis que c’est une excellente occasion pour revoir mes habitudes, m’ouvrir à la nouveauté. Récemment, au judo, je me suis tordu la cheville avec comme résultat deux ou trois semaines d’immobilité. La conversion intérieure induite par le mystique dominicain m’a aidé : « Pourquoi considérer cet événement comme un obstacle ? » « Comment en profiter réellement ? » Aucun pessimisme, nulle résignation dans l’intime conviction que tout ce qui nous arrive est le meilleur pour nous. J’ai le pied foulé, je cours à l’hôpital, allais-je dire ! Il s’agit de tout sauf de rester inactif et de justifier l’inacceptable, mais de croire que dans l’aventure humaine rien n’est totalement mauvais. Loin du fatalisme, je comprends cette foi comme la démission d’une volonté de tout maîtriser. Dieu a, je le crois, choisi ce voyage pour moi avec sa destination, ses rebondissements et ses mésaventures libératrices.
Le pèlerin est libre, plus ou moins, de se laisser conduire pour véritablement accueillir, apprécier peut-être chaque étape, chaque incident qui fait partie du périple. Quand j’entends les enfants dire «je n’ai pas envie », je suis à chaque fois convié à repérer tous mes «je n’ai pas envie » pour avancer plus légèrement et sans bagages sur le chemin. Souvent, je m’aperçois que ce n’est pas la difficulté qui me fait souffrir mais surtout mon incapacité à la laisser passer. Vraiment, depuis que Maître Eckhart est passé par là, l’existence a une couleur différente. Loin de l’optimisme béat, lorsque l’esprit veut condamner l’instant, j’essaie de m’incliner humblement dans un «je ne sais pas ». Au fond, nous avons sans doute les yeux bouchés en envisageant tout sous l’angle de nos envies. Et l’exercice spirituel consiste à tout simplement prendre conscience à quel point nous projetons nos pensées sur la réalité. Et si, dès maintenant, l’ascèse me demandait de tout laisser ouvert ? Contre toute attente, l’épreuve que je traverse me rapproche de la joie, peut-être. Et devant une valise qui m’est livrée à l’improviste, pourquoi ne pas prendre le risque de paisiblement la défaire ?
source : La Vie
Voici cinq mois, nous débarquions en famille à Séoul où nous allons séjourner quelque temps et approfondir notre vie spirituelle. Si on m’avait dit qu’un jour je vivrais en Corée du Sud, jamais je ne l’aurais cru. Pour l’heure, le voyage m’apprend à me rendre totalement disponible à ce qui arrive, et surtout à commencer par moins juger. J’étais fort peu enthousiaste à goûter le jus de cactus que l’on trouve ici, et aujourd’hui, il est devenu l’une de mes boissons préférées. Justement, le cactus ! Il a des piquants qui peuvent blesser et meurtrir, pourtant si on le casse et qu’on en extrait le liquide, il peut désaltérer l’égaré perdu en plein milieu du désert.
Chaque instant est comme une valise, on ne sait pas ce qu’il recèle.
Parfois sous les apparences désagréables, déplaisantes, peuvent se cacher des trésors inouïs. Le délicieux jus de cactus m’invite à moins condamner une situation promptement. Maître Eckhart m’aide aussi sur ce chemin. Il m’apprend que le chrétien devrait considérer chaque événement, chaque circonstance comme le meilleur, le plus beau, l’expression de la volonté divine. Difficile de nourrir une telle espérance ! Pourtant, je suis sûr que cette foi déplacerait des montagnes de mal-être.
Très concrètement, le métro est en retard, je médite, il n’y a pas de moments plus favorables pour pratiquer.
Le plat que l’on me sert n’est pas à mon goût, je me dis que c’est une excellente occasion pour revoir mes habitudes, m’ouvrir à la nouveauté. Récemment, au judo, je me suis tordu la cheville avec comme résultat deux ou trois semaines d’immobilité. La conversion intérieure induite par le mystique dominicain m’a aidé : « Pourquoi considérer cet événement comme un obstacle ? » « Comment en profiter réellement ? » Aucun pessimisme, nulle résignation dans l’intime conviction que tout ce qui nous arrive est le meilleur pour nous. J’ai le pied foulé, je cours à l’hôpital, allais-je dire ! Il s’agit de tout sauf de rester inactif et de justifier l’inacceptable, mais de croire que dans l’aventure humaine rien n’est totalement mauvais. Loin du fatalisme, je comprends cette foi comme la démission d’une volonté de tout maîtriser. Dieu a, je le crois, choisi ce voyage pour moi avec sa destination, ses rebondissements et ses mésaventures libératrices.
Le pèlerin est libre, plus ou moins, de se laisser conduire pour véritablement accueillir, apprécier peut-être chaque étape, chaque incident qui fait partie du périple. Quand j’entends les enfants dire «je n’ai pas envie », je suis à chaque fois convié à repérer tous mes «je n’ai pas envie » pour avancer plus légèrement et sans bagages sur le chemin. Souvent, je m’aperçois que ce n’est pas la difficulté qui me fait souffrir mais surtout mon incapacité à la laisser passer. Vraiment, depuis que Maître Eckhart est passé par là, l’existence a une couleur différente. Loin de l’optimisme béat, lorsque l’esprit veut condamner l’instant, j’essaie de m’incliner humblement dans un «je ne sais pas ». Au fond, nous avons sans doute les yeux bouchés en envisageant tout sous l’angle de nos envies. Et l’exercice spirituel consiste à tout simplement prendre conscience à quel point nous projetons nos pensées sur la réalité. Et si, dès maintenant, l’ascèse me demandait de tout laisser ouvert ? Contre toute attente, l’épreuve que je traverse me rapproche de la joie, peut-être. Et devant une valise qui m’est livrée à l’improviste, pourquoi ne pas prendre le risque de paisiblement la défaire ?
source : La Vie
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