lundi 30 juin 2025

Oui à Zazen


Revue Acropolis : Le premier mot sur le chemin, c’est un OUI. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Jacques Castermane :

« OUI à ce qui est !». On retrouve cette invite chez Dürckheim, chez Arnaud Desjardins comme chez son maître Swami Prajnanpad. Pourquoi ? C’est une question de bon sens. Vous pensez peut-être que c’est du fatalisme. Pas du tout. Au réveil vous ouvrez les volets et la première chose que voyez : Il pleut ! Réaction à la fois mentale et affective : » Quel dommage, je me réjouissais de faire une promenade sous un ciel ensoleillé ». Étant en chemin ou non, une autre attitude s’impose. Il pleut.

OUI à ce qui est pour la simple et bonne raison que cela est. Ce Oui n’est pas du fatalisme. Confronté au réel vous pouvez maintenir votre désir de vous promener et, comme vous êtes astucieux, vous le ferez, enveloppé dans un imperméable et muni d’un parapluie.

J’ai mal aux dents, vraiment mal. OUI à ce qui est. Pourquoi ? parce que cela est. À quoi bon laisser paraître que tout va bien ?

André Comte-Sponville, qui est souvent venu au Centre pour proposer des leçons de philosophie disait : « Je préfère une vraie tristesse à une fausse joie ».

Étant en chemin, il n’est pas question de se mentir, de faire semblant, mais d’affronter la vérité et de l’assumer. C’est l’occasion de découvrir que quoi que ce soit qui est apparaisse, disparaît plus tôt ou plus tard.

Revue A. : Que voulez-vous dire par « quoi que ce soit qui apparaisse, ce qui apparaît va disparaître » ?


J.C. : Quand on dit OUI à ce qui apparaît, en même temps on dit OUI au fait que cela pourrait disparaître. Quel beau temps. OUI. Ce faisant je suis prêt à dire OUI au mauvais temps. En disant OUI à ce qui est, nous ne sommes plus dans un combat contre le NON. Il s’agit d’associer le oui et le non … les deux, ensemble. Ce que je vis comme étant agréable et ce que je vis comme étant désagréable ; ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Les deux ensembles. Ce paradoxe est un fondement de la tradition qu’est le zen.

Je pratique l’exercice appelé zazen. En ce moment J’inspire… OUI. Pourquoi ? Parce que j’inspire. Et voilà qu’en ce moment j’expire… OUI. Pourquoi ? Parce que j’expire. Jusqu’à ce jour où, acceptant de ne plus opposer les contraires, je fais l’expérience que je respire et que Moi (qui peut faire mille et une choses) je n’y suis pour RIEN. Découverte de cette part de moi-même qu’est l’INFAISABLE. Expérience que tout au long de mon existence, je suis soumis à cette action vitale paradoxale qui transcende tout ce que le moi peut faire. Mais qui y prête attention ?

Quelqu’un m’a dit : « Respirer ! Vous en faites une histoire. C’est banal, tous les humains respirent ». Je lui ai répondu : « Si vous trouvez cela banal, arrêtez de respirer. Vous n’allez quand même pas vivre dans la banalité tout le reste de votre vie ! ».

Revue A. : Vous avez parlé de l’ordre. Un jour, je crois, Dürckheim vous a dit, probablement suite à l’une de vos questions, ou à une situation ou à une expérience : « Nous ne pratiquons pas zazen pour nous mettre à l’abri des bombes, nous pratiquons zazen pour voir et pour montrer que là où nous sommes, le monde peut encore être en ordre ».

J.C. : L’ordre. Il s’agit de l’ordre des choses que les Chinois désignent par le sinogramme Tao et les Japonais par le kanji Do. Cette phrase : « Nous ne pratiquons pas zazen pour nous mettre à l’abri des bombes, nous pratiquons zazen pour voir et pour montrer que là où nous sommes, le monde peut encore être en ordre », Dürckheim l’a prononcé en 1972. C’était pendant la guerre du Vietnam. Dans tous les journaux en Allemagne, comme dans la plupart des pays du monde, une photo avait été publiée : celle de cette petite fille brûlée au napalm qui courait nue sur la route. C’était l’une des photos les plus émouvantes qu’on pouvait avoir sous les yeux. Rütte, ce petit village de la Forêt Noire, n’était pas un refuge dans lequel on aurait pu se croire à l’écart de ce qui se passe dans le monde. Nous avions tous vu cette photo.

Graf Dürckheim introduisait toujours la pratique de zazen avec quelques mots. Et c’est cette fois-là, lorsque nous commencions la pratique de l’assise en silence il nous a dit : « Nous ne pratiquons pas zazen pour nous mettre à l’abri des bombes. Nous pratiquons zazen pour faire l’expérience et témoigner que là où nous sommes, le monde peut encore être en ordre ».

D’une certaine manière, ces mots légitimaient l’exercice que nous allions faire, sans avoir l’impression de fuir les drames de l’existence auxquels chacun plus tôt ou plus tard peut être confronté.

Ce que dit Graf Dürckheim, concerne le collectif humain et la singularité qu’est chacun (les deux, ensemble). Face à huit milliards d’êtres humains, il serait prétentieux d’imaginer ou d’espérer que, parce que je pratique zazen chaque matin, je vais pouvoir changer le monde. En même temps, grâce à la pratique régulière de zazen chacun, personnellement, peut faire l’expérience d’un ordre qui n’est pas le contraire du désordre ; désordre, l’expérience d’un calme qui n’est pas le contraire de l’agitation. Identifié au moi existentiel, nous vivons à la surface de nous-mêmes, comme on l’observe lorsqu’on est face à l’océan où des petites vagues alternent avec de grandes vagues. Par contre, sous la surface des vagues, le plongeur fait l’expérience d’un calme qui n’est pas le contraire de l’agitation.

Zazen ? Une plongée au fond de soi-même là où se révèle le vrai Soi.

Revue A. : Que change la pratique du Zazen pour celui qui la pratique ?

J.C. : J’ai le souvenir d’un chirurgien qui venait au centre régulièrement. Il disait commencer sa journée par une demi-heure de zazen. Un jour je lui ai demandé : « Vous venez régulièrement au Centre depuis plusieurs années, avez-vous l’impression que la pratique quotidienne de zazen change quelque chose dans votre vie professionnelle ? ».

Sa réponse : « C’est considérable. Avant de venir au Centre, avant de connaître la pratique de zazen, lorsque je commençais la journée à la clinique, je faisais le tour des patients opérés les jours précédents. J’ouvrais la porte de la chambre et en restant sur le seuil je m’adressais à la personne alitée : « Alors Madame Untel, vous allez bien, vous avez bien dormi ? Je vous souhaite une bonne journée” ».

Un jour, il s’est dit : « Je ne peux plus faire cela. Ce n’est pas digne ! ». Et Il ajoute : « Depuis que je viens au Centre, j’entre dans la chambre du patient, je m’assieds sur le bord du lit, je prends la main de cet homme, de cette femme, de cet enfant dans la mienne, et nous parlons tranquillement en ayant, comme vous nous le rappelez — infiniment de temps pendant trois minutes —. J’ai vraiment réalisé l’importance de ce que vous appelez une rencontre de personne à personne, une rencontre d’être à être. »

Quand j’ai raconté cette anecdote à Arnaud Desjardins, il m’a dit : « Jacques, ne cherche plus pourquoi tu as la responsabilité du Centre Dürckheim, maintenant tu en connais la raison ».

Ce que vit ce médecin dans le cadre de sa profession concerne de la même manière le maître d’école qui fait face à une vingtaine d’enfants ou le directeur d’une entreprise face à ses employés.

En quoi consiste le changement ? Un moine bénédictin qui avait passé une dizaine d’années au Japon me disait : « Chaque homme est né spirituel. Ce qu’on appelle un chemin spirituel a pour but de devenir un être humain ».

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dimanche 29 juin 2025

20 vérités

 Aujourd'hui, c'est dimanche, mon jour de repos, idéal pour chercher avec toi vingt vérités.


1. De squelette en squelette, avançons, poussant une perle naissante.

2. Je suis une fin qui se demande où elle naît, un but en quête de chemins, et une réponse qui attend ta voix.

3. Ce que le poète ignore, les soleils non plus.

4. Enfouissons nos têtes dans la terre jusqu'à perdre nos frontières.

5. Même si je ne parviens jamais à réaliser ce qui n'est pas, ma récompense est de le désirer.

6. Indifférentes à l'effondrement, les roses exhalent leur parfum.

7. Qui me connaît ? Est-ce que je me connais ?  Un rossignol chante.

8. Sous les nuages ​​immobiles, le vent emporte la ville.

9. Ils partent en quête. Ils viennent en quête. Ils vivent dans leurs pas, étant le chemin.

10. Je transforme ce que je ne peux avoir en guide. Je fais des portes avec mes blessures.

11. Éliminant les détails inutiles, le tourbillon me transporte vers mon centre. Plaisir d'un océan sans rivages.

12. Dans le courant sans fin, comment puis-je posséder un morceau de terre ?

13. Un corps sans présence apprécie les caresses du vent.

14. Un fil secret tisse un collier de mes îles, écoutant le chant d'une déesse aveugle.

15. Tracer un chemin droit dans le chaos, le parcourir tel un oiseau ivre, entrer dans ton temple tel un crapaud en feu.

16. Un voleur sacré a effacé mes reflets. Plaisir de ne plus jamais savoir qui je suis.

17. Goût doux-amer d'un horizon infini. Nostalgie persistante de la fleur future. S'obstiner à continuer d'exister.

18. Nous inventons une tragédie. Vagues d'une mer inexistante.

19. L'attente ne doit jamais finir. Dieu aime ce qui n'arrive jamais.

20. Celui qui me lit existe, je n'existe pas.

Formes infinies d'un seul silence.

Nous embrassons votre âme,

Pascale et Alejandro Jodorowski

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samedi 28 juin 2025

Raisonance

 


Face au voile d’inconnaissance, il faut donc renoncer à raisonner. Alors, que faire ?

Simple : il faut cesser de raisonner et commencer à résonner. Entrer en résonance avec le Réel comme le font, entre elles, les cordes d’une guitare pour former un accord harmonieux.

Derrière ce mot “résonance”, le physicien perçoit une mise en concordance de deux modes vibratoires, et c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une mise en phase des vibrations d’une conscience “locale” avec les vibrations du “Grand Tout” dont elle émane.

Cette mise en phase porte un nom : intuition.

Quitte à faire hurler les rationalistes, l’intuition existe bel et bien, et elle est aussi un chemin de connaissance.

Je sais que je sais, et je ne sais ni pourquoi ni comment je sais, mais je sais ! Voilà décrite toute l’intuition. Elle reste largement mystérieuse. Mais ô combien opérante. Parmi toutes les grandes décisions qui émaillent une vie d’homme, combien relèvent de la raison ? Est-ce la raison qui a choisi l’être aimé, la passion d’un métier, le chemin des études, l’accueil d’un enfant, le sens d’une vocation ? Poser la question, c’est y répondre.

Rappelons encore cette belle parole d’Albert Einstein, que l’on peut difficilement accuser d’être un doux rêveur ou un esprit irrationnel, magique ou superstitieux :

“Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don.” La Mystique, elle, ne l’a jamais oublié, ce don sacré. Dont acte !

L’intuitivité est le cœur de notre cerveau droit comme la rationalité est le cœur de notre cerveau gauche. Ce dernier est inopérant dans le champ spirituel et mystique. Reste donc le premier, que la Mystique fera se cultiver, s’activer, se développer jusqu’à des niveaux de conscience-résonance insoupçonnés.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de comprendre au plus profond de nous que ce que nous appelons “conscience” n’est en fait que l’expression de cette résonance mystérieuse entre nous et l’univers : prendre conscience, c’est entrer en résonance. L’une est aussi mystérieuse que l’autre.

La démarche mystique est donc bien une démarche fondée sur l’intuition et la résonance aux sens les plus profonds et les plus secrets de ces deux mots.

Marc Halévy, Le sens du Divin, p. 72

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vendredi 27 juin 2025

Incarné...

 20 ans... 20 ans de mariage aujourd’hui.

Bisous Corine. Merci d’être là, de ne m’avoir jamais lâché la main.

Merci à Victorine, Céleste, Augustin.

Merci à toutes et à tous. 

L’amour inconditionnel serait un truc bateau, carrément tarte à la crème, s’il n’était pas réellement incarné au quotidien, s’il ne sauvait pas des existences, d’instant en instant, s’il ne réparait pas des vivants, s’il ne redonnait pas confiance en la vie.

Peace and Love à toutes et à tous, dans ce monde qui en a tellement besoin.

Alexandre Jollien

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Tenter le soleil

 



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jeudi 26 juin 2025

Recevoir

Le mot Kabbale signifie "recevoir".

Toutefois, il existe quatre manières de saisir une même chose : mystique, métaphysique, allégorique et littérale. Tels sont les quatre mondes et leurs clefs. 

Afin de pratiquer l'ouverture des portes de l'esprit, voici un exercice d'initiation qui a le mérite de replacer les choses dans un contexte plus personnel.

-> Asseyez-vous confortablement dans un endroit tranquille, la colonne vertébrale bien droite.

Cela est Malkouth.

-> Mettez vos mains sur vos genoux et fermez les yeux.

Cela est Hod.

-> Prenez conscience de votre pouls et de votre respiration.

Cela est Netzah.

-> Coupez-vous de l'environnement extérieur, des sensations et des images intérieures, et concentrez-vous sur cette part en vous qui observe les phénomènes.

Cela est Tepheret.

Tel est le "petit visage" de l'Homme naturel.

Au-dessus, sur votre Arbre de Vie, réside le "grand visage" de l'Homme surnaturel.

Lorsque vous êtes calme et détendu, l'âme tournée vers l'esprit, vous pouvez devenir un avec vous-même.

Alors vous êtes véritablement prêt à "recevoir". 

Pratiquez cet exercice au moins une fois par jour.

Source : L'Arbre de vie sekon la Cabale. -z'ev Ben Shimon Halevi

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mercredi 25 juin 2025

Début de guérison

Nous faisons partie des autres. Plus vous êtes détendu, mieux vous pouvez soigner autrui... 



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mardi 24 juin 2025

Service

 

les semaines de service
se suivent
et se ressemblent
même si chacune
a nulle autre pareille
il n’y a personne pour servir
une forme affûtée quoique faillible
oeil lampe du corps rivé sur
les tours et détours
de l’humain qui n’en peut mais
oreille tendue au diapason
de la fréquence première
l’idée même de servir frise l’imposture
sitôt que se fait jour
la croyance qu’il serait possible
que quiconque aide qui que ce soit
personne ne peut aider personne
mais l’amour peut circuler
et faire son œuvre inimaginable

Gilles Farcet

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lundi 23 juin 2025

Le maillon faible

 


Cherchez le maillon le plus faible de la chaîne. C'est celui-là qui peut se rompre. Ne vous illusionnez pas avec vos forces, ayez l'honnêteté de vous mesurer à votre plus grande faiblesse et c'est cette plus grande faiblesse à laquelle vous devez mettre fin, même s il faut pour cela deux ans, cinq ans, dix ans.

Il est plus facile de fermer les yeux et d'essayer de ne pas la voir. Mais vous n'avez plus aucune chance de devenir libre un jour. Si la chaîne que vous représentez comporte quinze anneaux forts et un anneau faible, et si vous ne voyez que les quinze anneaux forts et ne voulez pas tenir compte de l'anneau faible, vous ne deviendrez jamais un sage jamais quels que soient vos efforts de « sadhana » ou de méditation. Et cette faiblesse, vous pouvez découvrir qu'elle s exprime en termes d infantilisme. Voilà le point sur lequel je suis encore un enfant. Et puis comprenez bien ce qu'est un enfant ; regardez les enfants de deux ans, trois ans, cinq ans.

Swâmiji m'a mis le nez sur le maillon le plus faible de ma chaîne. Et c'était un maillon sur lequel je m'illusionnais complètement parce que j'y voyais au contraire une certaine force. Il s'agissait de la relation avec le sexe féminin. À partir du moment où j avais dépassé la timidité, le complexe d'échec de mes vingt ans et une approche infantile de l'amour, j'avais peu à peu gagné une affirmation, une aisance, une audace en face du sexe féminin. Swâmiji m'a montré que c était uniquement de la faiblesse et de l'infantilisme, même si un certain prestige s'attache à l'homme qui a du succès auprès des femmes, ou la femme qui a du succès auprès des hommes.


Aucune chaîne n'est plus solide que le plus faible de ses anneaux, aucun homme n'est plus fort que sa plus grande faiblesse. Voilà la vérité.

Le commencement de la transformation en adulte, c'est le goût de la vérité, qui vient de vous-même, pas qui vous est imposé du dehors, le goût et l'amour de la vérité. Car l'enfant n aime pas la vérité ; l'enfant aime bien mieux, vous le savez tous, des rêves, des imaginations. Je suis Zorro, je suis le chef des Indiens, je pilote des avions... Swâmiji m avait donné l'exemple d un enfant qui prenait le stéthoscope de son père médecin et se promenait en affirmant : « Je vais soigner les malades pour gagner de l'argent. » Les enfants ne cherchent pas la vérité ; ils aiment faire semblant, ils aiment prétendre. Et un adulte qui n'a pas le goût personnel de la vérité, de la vérité coûte que coûte et à n'importe quel prix, est encore un adulte infantile. Le commencement du passage de l'enfant à l'adulte s'accomplit quand cette nécessité devient plus forte que prétendre, plus forte que se rassurer, plus forte que faire semblant, plus forte qu'être aimé - plus forte que tout le reste je veux la vérité. C est la promesse de l'adulte un jour.

Arnaud Desjardins - « Tu es cela » - À la recherche du soi IV

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dimanche 22 juin 2025

Plein Feu

 

☯️ Sais tu que nous sommes déjà en été selon la mtc ?

Eh oui, en médecine chinoise, nous considérons le mouvement énergétique avant le mouvement météorologique.
🌞 L'été, c'est la flamboyance qui nous traverse… depuis le 5 mai - son debut officiel 🔥
En médecine chinoise, l’été est la saison du Feu.
Sa couleur est le rouge
Sa direction le sud
Son goût amer
Son organe associé le cœur et le maître cœur
Son entrailles l'intention grêle et le Triple Réchauffeur.
Il débute le 5 mai et se termine le 22 juillet (car l'automne énergétique débute le 8 août après l'intersaison de terre)
L'été, c’est la période la plus Yang de l’année : expansive, chaude, lumineuse, vibrante.
Tout pousse, tout s’ouvre, tout s’exprime. Et nous aussi, on se laisse traverser par cette pulsation. Avec plus ou moins d’aisance…
Le Feu, c’est le cœur et son royaume celui de la joie, du sang qui circule, des émotions en paix, de la parole claire et de l’esprit tranquille.
❤️ Le cœur, c’est l’Empereur. Il gouverne le sang, la conscience, l’intelligence émotionnelle. Il abrite le Shen, notre esprit.
Quand le cœur est serein, ça se voit : regard lumineux, teint vivant, parole juste.
Et quand il est perturbé ? Insomnie, palpitations, agitation mentale, voire confusion ou absence de joie...
L’intestin grêle, lui, fait le tri. Ce qui est bon pour nous, et ce qui doit être éliminé. Il trie les nutriments comme il trie l’information. Il participe au discernement. Oui, même ton ventre a son mot à dire sur ce qui est “juste pour toi”.
L'élément feu en médecine chinoise, c'est le seule à avoir 2 organes et 2 entrailles associés dont nous, en occident, ne connaissons ni l'existence ni la fonction énergétique:
💞 Le Maître cœur, ou Péricarde, protège l’Empereur. Il filtre, il tamponne, il encaisse les chocs émotionnels pour éviter que le cœur ne s’effondre sous le poids du monde.
🔥💦 Le Triple réchauffeur, lui, circule. Il relie, il distribue, il harmonise les trois étages du corps. C’est un chef d’orchestre de l’énergie, de la chaleur, des liquides. Même sans structure anatomique, il fait son job en silence. (Et encore, on pourrait le relier à l'interstitium, organe découvert en 2017!)
Et au milieu de tout ça ? Ton été intérieur.
Alors je te poserai cette question :
Comment est ton feu en ce moment ?
Trop fort, il consume.
Trop faible, il n’anime plus.
Juste bien ? Il éclaire, il chauffe, il réjouit.

------------ Nina Voit

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vendredi 20 juin 2025

Le mystère qui nous fait exister


" Simplement, je cultive la confiance. Confiance dans le mystère qui nous fait exister. Confiance dans la vie. Confiance dans la mort.
La vie fut une belle surprise, la mort sera une belle surprise. De quel ordre ? Aucune idée ! Croire ne revient pas à savoir. Croire consiste plutôt à habiter l’ignorance avec confiance."
(Journal d'un amour perdu - Eric-Emmanuel Schmitt)

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jeudi 19 juin 2025

Prendre du temps pour prendre du temps...


 " Quand nous nous arrêtons pour respirer, nous ne perdons pas de temps. La civilisation capitaliste occidentale dit que le temps c'est de l'argent et que nous devons utiliser notre temps pour gagner de l'argent. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous arrêter pour respirer, de nous promener ou de nous émerveiller devant le soleil couchant. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps. Mais le temps est plus précieux que l'argent. Le temps, c'est la vie. Revenir à notre respiration et prendre conscience que nous avons un corps merveilleux, voilà la vie ".

("L'art de vivre", Thich Nhat Hanh)

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mercredi 18 juin 2025

Présence naissante (18 juin)

 


Dans cette soumission aux émotions, il n'existe aucun « je » réel, il n'y a pas d'agissant. Le voca­bulaire que nous utilisons ici distingue agir et réagir. « Don't mistake reaction for action », « Ne prenez pas des réactions pour des actions. » Effectivement, à ce niveau-là – et ce niveau-là est le vôtre aujourd'hui – tout le mal vient de ce que « vous » n'êtes pas là et tant que « vous » n'apparaî­trez pas à l'intérieur de ce chaos, le chemin ne pourra jamais commencer : vous ne pourrez être ni un disciple, ni quoi que ce soit, si ce n'est une marionnette comme disait Swâmiji, une machine comme disait Gurdjieff. « Because you are not there », « parce que vous n'êtes pas là », voilà d'où vient tout le mal, toujours absent, jamais présent. A un moment c'est l'ambitieux qui règne, un mo­ment le vaniteux, un moment le meurtrier, un moment l'idéaliste, un moment l'obsédé sexuel, mais « vous », jamais – ou si rarement.

Déjà, à un niveau immédiatement compréhensible, vous pouvez sentir que le pronom « je » – « je » ou « je suis » – est capital. Essayez de développer la conscience de soi, peut-être pas la cons­cience du Soi, mais la conscience de soi. Essayez de ressentir « moi » – pas le désespéré, pas l'op­timiste, pas l'obsédé sexuel, pas le mystique, pas l'idéaliste – moi, qui commence, commence à ap­paraître... Et en même temps, entendez sans vous troubler cette contradiction apparente : « La libé­ration viendra le jour où “ vous ” ne serez plus là. » La libération viendra le jour où l'ego aura dis­paru.

Arnaud Desjardins - La Voie et ses pièges

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Croisement du temps

 


La plupart des grandes traditions spirituelles font de l’instant présent une clé de la vie spirituelle.

Chaque instant est certes une fenêtre étroite, mais qui peut devenir un croisement du temps et de l’éternité, de l’horizontal et du vertical. Et qu’est-ce que l’éternité ? peut-on se demander.

C’est la splendeur d’un moment de grâce, l’intensité d’un instant, la qualité d’un acte, la plénitude d’un état.

Jean Proulx, En quête de sens, p. 248-249

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mardi 17 juin 2025

Souffrance, que nous veux-tu ?

Certainement à cause de l’âge, je suis entouré de personnes ayant des problèmes de santé. Et je ne suis pas exclu. Mais que de manières différentes de vivre avec ces dysfonctionnements ! Que de façons variées d’aborder la douleur !

Il y a ceux qui ont mal par peur d’avoir mal. L’idée de la souffrance leur est insupportable. Souvent ils n’ont pas eu précédemment de gros soucis avec leur corps si bien qu’ils craignent que ce soit terrible. C’est la douleur avant la douleur. Elle rend difficilement gérable l’arrivée effective des soins.

Il y a ceux qui interprètent au pire les premiers signes. Ils imaginent un affreux cancer là où il n’y a que broutilles.

Et ceux qui pour une blessure plus sérieuse ressentent des douleurs insurmontables. Ils ont du mal à se contrôler et hurlent sans retenue. Au pire ils accusent le personnel médical de les persécuter.

Il y a les taiseux qui accusent le coup mais se rongent de l’intérieur.

Il y a ceux qui acceptent ce qui leur arrive. Alors la part psychique se réduit considérablement. Les souffrances sont constituées d’une part objective : la douleur provoquée par le dysfonctionnement corporel, et la part psychique – la plus importante – nous rajoutons. Celle-ci est liée à notre histoire et détermine notre comportement. Ceux qui acceptent ce qui leur arrive diminuent considérablement le processus psychique.

Un cran au-dessus, certains considèrent que ce qui arrive est une épreuve pour grandir intérieurement, c’est-à-dire progresser en conscience, en amour. Alors la douleur physique, objective, devient supportable. Ils ne visent pas la guérison du corps mais le gain pour leur âme. Ainsi ils supportent avec le sourire les soins médicaux et chirurgicaux sans se plaindre.

Cela m’évoque les martyrs religieux qui n’appréhendent pas les tortures, voire les réclament. Ils me rappellent que la mort est la condition, le passage pour la vie éternelle dans l’amour divin, infini. Notre corps est un magnifique outil qui nous est prêté un temps pour nous accomplir en servant la vie.

L’ange des Dialogues avec l’ange1 de Gitta Mallasz, le dit nettement :

Le cadavre reste toujours mort.

Le vivant reste toujours vivant,

Mais ils sont reliés entre naissance et mort.

Ce que vous appelez Vie,

C’est la tâche active.

Active – la mort la sert,

passive – la mort est son maître.

Christian Rœsch


 1. Dialogues avec l’ange, entretien 43 (jour de Pâques), éd. Aubier-Flammarion

lundi 16 juin 2025

Descente corporelle

 
La descente dans le corps, se fait d’abord les yeux fermés. La descente du centre d’attention qu’est la tour de contrôle, vers quelque chose de plus vaste encore que cette centrale nucléaire qu’est le cœur.

Habiter le corps, descendre dans le corps, toujours plus, encore…  Et s’émerveiller à chaque seconde de sédimentation des pensées laissant apparaître la conscience. Découvrir l’existence, insoupçonnée, d’une autre manière d’être.

Découvrir que ces mots ont leurs limites, découvrir qu’il est possible de vivre davantage l’énergie que la matière.

Ta conscience se promène, entre ton livre, tes soucis, ta maladie, ton passé, ton futur. Il est possible de l’emmener dans le corps, et de l’amener à des strates qui appellent  à être traversées, et explorées organiquement.

Découvrir qu’il est possible d’habiter le monde, la réalité, depuis un état de conscience fondamental — au-delà des formes, des concepts, des idées —  qui te place dans ce non-endroit où la matière prend forme. 

C’est là ta maison avant que tu ne deviennes toi.

Tu pourras y découvrir un volcan. 

Ne le contient pas. 

Tu pourras y découvrir un arbre. 

Ne tire pas dessus pour le faire pousser.

Tu pourras y découvrir une rivière. 

Ne la pousse pas. 

Tu pourras y découvrir un lac.

Ne tente pas de l’aplatir avec ta main.

Stephan Schillinger

Illustration : Caitlin Connoly

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dimanche 15 juin 2025

À tous ceux qui nous veulent du bien

Face à toutes les injonctions paradoxales ou contradictoires du quotidien, il y a parfois de quoi perdre son latin. Cette chronique salutaire nous invite à renouer avec le bon sens et à nous faire confiance. Par Nicole Prieur

 Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller vérifier si l’enfer était effectivement pavé de bonnes intentions, mais ici sur terre – qui par certains aspects nous donne un aperçu de ce que pourrait être l’enfer – nous sommes gâtés ! Les conseilleurs de tout bord foisonnent. Tant de personnes, que nous ne connaissons pas, à qui nous n’avons rien demandé, nous veulent du bien et souhaitent notre bonheur.

Chaque expert autodésigné, chaque influenceur nous délivre sa recette miracle pour « rester zen » dans un monde en furie, nous accompagne dans notre développement personnel en nous guidant tellement bien que nous n’aurons plus à nous prendre la tête, c’est-à-dire à penser. À les croire, rien n’est plus simple… Chacun y va de sa recommandation, les promesses pullulent sur les réseaux sociaux, levez le bras, buvez ceci, mangez cela, votre vie en sera transformée ; vos angoisses les plus ancrées, vos freins les plus inconscients s’effaceront dans un claquement de doigts. On se demande pourquoi la santé mentale de nos contemporains est si mal en point.

Savons-nous encore penser ?

Dans la même veine, les modes éducatives se succèdent en s’opposant, évidemment. Après avoir dû, pour ne pas être considéré comme des parents indignes, appliquer les règles de l’éducation positive, plus ou moins bien transmises et comprises, voilà qu’on accuse les mères et les pères d’être trop laxistes. Dorénavant il faut punir, appliquer le time out… Combien de femmes et d’hommes ai-je reçus en consultation, culpabilisés, perdus : « On fait comme on nous dit de faire et ça ne marche pas ! »

Mais où est donc passé le bon sens, c’est-à-dire la réflexion qui permet d’analyser, de questionner ? À l’affût de la bonne méthode, savons-nous encore penser ? Nous voulons des réponses immédiates, des solutions magiques, réductrices, pour en finir rapidement avec ce qui nous trouble. Et nous nous enfonçons encore davantage. À force de tout simplifier à outrance, de croire qu’il suffit de peu pour exclure le négatif, nous ne nous donnons pas les moyens d’agir. Albert Camus nous le rappelle : « Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. »

L’autorité, ce n’est pas être autoritaire

La lumière, les perspectives n’adviennent que si on ose sortir d’une conception dualiste, des oppositions stériles, sur le mode « ou-ou ». Avoir le courage d’aborder la complexité humaine, c’est se donner les moyens d’accéder à nos ressources, nos capacités de résilience là où l’espoir semblait perdu. Penser les contraires dans leur complémentarité, c’est agir avec la souplesse nécessaire au respect du réel.

Dans la relation parentale, par exemple, il faudra un jour interdire, un autre « négocier », voire « céder », selon les circonstances, en tenant compte de multiples facteurs que seuls les parents sont capables de discerner. Redonnons aux mères et aux pères leur juste place : ce sont eux les véritables experts ! Ils le seront d’autant mieux s’ils gardent leur liberté, agissent avec discernement.

L’autorité, ce n’est pas être autoritaire, elle ne s’affirme pas avec ou tel ou tel geste, mais il s’agit bien plus d’une attitude. Auctoritas vient du verbe augeo, qui signifie « faire naître, augmenter, produire à l’existence ». Il s’agit de faire advenir notre enfant à ce qu’il y a de meilleur en lui et cela s’invente à chaque instant. Éduquer, n’est-ce pas avant tout préserver l’espoir d’un monde plus juste… qui reste à créer.

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samedi 14 juin 2025

Conscience guérisseuse.

 Si toutefois nous guérissons, c’est davantage à la manière d’un arbre, qui conservera les coups de hache et les marques du temps – la question, ici, est celle de la survie et de la croissance. Un arbre qui survit à un accident majeur de parcours et développe un tronc fort et robuste, mais de travers, peut-il être considéré comme guéri ?

Guérir en effaçant les souvenirs et les traces des traumatismes et blessures, ou guérir en continuant à évoluer en se rapprochant progressivement du bonheur — ou de l’éveil — sont deux perceptions radicalement différentes de la guérison.

Si nous prenons un ruisseau comme métaphore, nos blessures sont autant de pierres qui viennent en altérer, en dévier, le cours. L’intelligence de la vie évoquée pourrait alors être représentée par la force de gravitation, qui fait que le ruisseau coulera toujours vers le bas.

Guérir, selon moi, pour moi, et me concernant, a consisté à faire confiance à l’intelligence de la vie qui coulait en moi. Comme le ruisseau qui trouvera toujours son chemin vers la mer, d’une façon ou d’une autre.

J’entends guérison comme la résolution d’une entrave au bonheur ou à l’éveil, selon ce que nous poursuivons, chacun. Parfois, comme pour un ruisseau jonché de pierres qui viennent dévier son parcours, il convient de ne rien faire d’autre que de faire « confiance au processus de la vie ». C’est-à-dire de se fier à l’ordre naturel des choses.

Je constate qu’il est difficile – voire inacceptable – de concevoir cela, pour une personne qui souffre, mais il ne s’agit pas de ne rien faire, encore moins de se résigner. Il s’agit justement plutôt que de remuer ciel et terre, et d’établir des défenses, remparts, boucliers, carapaces et épines, de se connecter à l’intelligence du vivant. Je crois que la Conscience guérit tout ce qu’elle touche. Qu’aucun comportement destructeur ou malveillant ne résiste longtemps à la lumière de la conscience. 

🙏 Stephan Schillinger 

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vendredi 13 juin 2025

Intimité

 Et si le cœur du couple battait ailleurs que là où on le cherche habituellement ?


Dans les débuts d’une relation, tout semble simple : la passion fait vibrer, l’engagement rassure, et l’intimité semble couler de source. Mais avec le temps, les priorités changent, les rythmes s’installent, et souvent, sans qu’on le voie venir, quelque chose s’éloigne. On parle de routine, de fatigue, de manque de désir… mais si le vrai manque était ailleurs ?
Dans ma propre exploration — et dans tant de confidences reçues — j’ai remarqué un fil rouge : ce n’est pas tant l’amour qui meurt, mais l’espace pour le vivre pleinement. Et cet espace, c’est l’intimité.
C’est là que le modèle du triangle de l’amour de Robert Sternberg nous offre un éclairage précieux. Il nous rappelle que l’amour durable repose sur trois piliers : la passion, l’engagement… et l’intimité. Or, c’est souvent cette dernière qui se fragilise en premier, sans bruit. Comme une pièce manquante qu’on oublie de chercher, croyant que le reste suffira.
Selon le psychologue Robert Sternberg, l’amour se compose de trois dimensions fondamentales : l’intimité, la passion et l’engagement. Comme les trois côtés d’un triangle, elles forment ensemble la base d’une relation amoureuse épanouissante. Mais souvent, ce qui flanche en premier, c’est l’intimité. Et c’est là que bien des relations perdent leur souffle.
La passion, c’est l’étincelle. C’est l’attirance physique, l’élan du désir, cette énergie brute qui nous électrise. Elle a le pouvoir d’allumer le feu… mais pas de le maintenir. La passion est vitale, mais instable. Elle va et vient, comme la marée.
L’engagement, lui, c’est la décision consciente de rester. C’est le « oui » qu’on se donne, le choix de bâtir ensemble, même quand c’est difficile. C’est une structure solide… mais elle peut devenir rigide si elle n’est pas nourrie.
Et puis, il y a l’intimité. Ce lien profond qui naît dans la confiance, la transparence, la vulnérabilité. C’est la qualité de présence qui fait qu’on se sent vu, entendu, accepté dans notre vérité. C’est là que tout commence… et que tout peut s’effondrer.
Pourquoi ? Parce que l’intimité demande plus que du temps ou de la cohabitation. Elle demande du courage émotionnel. Celui de se dire : « Voici ce que je ressens maintenant. Voici ce qui est vivant en moi. »
Mais trop souvent, on évite. On se protège. On s’anesthésie. Et petit à petit, le lien s’amincit. La passion peut encore briller un moment. L’engagement peut tenir la structure. Mais sans intimité, la relation devient une coquille vide.
C’est là le défi du couple — ou de toute relation profonde : oser continuer à se rencontrer dans l’espace nu de l’intimité. Ne pas présumer qu’on se connaît. Continuer à s’étonner l’un de l’autre. À s’écouter comme si c’était la première fois.
Car c’est dans cette qualité de présence que l’amour cesse d’être une idée, un passé ou un projet, et devient un acte vivant, ici et maintenant.
Claude Legendre

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jeudi 12 juin 2025

Ressentir l'amour dans son corps


L'autre jour, je lisais une étude à propos de l’amour. On demandait à huit cents personnes dans quelles zones du corps elles ressentaient différents types d’amour (sexuel ou romantique; pour les amis ou les animaux, etc.). Premier résultat, pas surprenant : ça se passe surtout dans la poitrine et la tête. Autre résultat, plus intéressant : certaines formes d’amour s’éprouvent surtout dans la tête (pour les inconnus ou son pays) et d’autres dans la poitrine, voire le corps entier (amour pour la vie ou amour passionnel). L’amour est une émotion, il est donc logique que le corps soit impliqué; et plus il est fort, plus il met le feu au corps.

Voilà confirmés les travaux de psychologie positive, montrant la continuité biologique et psychologique entre toutes les formes d’amour : sympathie, affection, bienveillance, amitié, amour romantique ou parental... Dans tous les cas, c’est une même famille émotionnelle, et une affaire de résonance et d’ocytocine. Ce qui n’enlève rien à la beauté et à la magie de ces expressions de l’amour. Ni à leurs bienfaits.

Des exercices de la méditation de pleine conscience nous apprennent à cultiver en nous toutes formes d’amour bienveillant (loving kindness), qu’il s’agisse de compassion, de gratitude, de bonté altruiste ou d’autres encore. La démarche est simple : une fois passée la première étape de stabilisation de l’attention et de pleine conscience ouverte, on laisse venir en soi, par imagerie mentale, en activant ses expériences et ses souvenirs, l’émotion travaillée. On prend alors le temps d’observer ses manifestations dans notre corps, souvent sous forme d’une chaleur douce dans la poitrine et d’un ressenti global d’apaisement.

Même si vous n’avez jamais appris à méditer, c’est à votre portée. Lors d’un moment de calme, asseyez-vous, dos bien droit, pieds à plat, yeux fermés. Et prenez simplement conscience de tout l’amour présent en ce moment dans votre vie, qu’elle qu’en soit la forme (donné ou reçu) et l’intensité : affection pour les proches; liens d’amitié et de sympathie dans votre quotidien ; tendresse avec les animaux ; gratitude pour vos parents, vos enseignants; amour de la vie... Prenez le temps de savourer, de respirer, de laisser ce sentiment prendre toute sa place en vous, s’installer dans votre corps, et pas seulement exister dans vos pensées et votre tête. Ce type de prise de conscience, pourvu qu’on le pratique souvent, nous est immensément bénéfique. Il nous rend encore plus à même d’aimer et de dire que l’on aime. Et il nous ouvre les yeux sur cette source de bonheur et d’énergie que sont les liens affectifs. Comme l’énergie solaire, elle est inépuisable et partout accessible. D’accord, il fait parfois gris dans nos vies, mais même à ces moments, il y a toujours un peu de la lumière de l’amour qui peut nous réchauffer : à nous de la trouver, de l’accueillir et de la savourer. •

Christophe André (dans psychologies magazine mars 2025)

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mercredi 11 juin 2025

Être en lien


Je suis un jour entré dans un lien
où chaque parole de l'un
était recueillie sans faute par l'autre.
Il en allait de même pour chaque silence.
Ce n'était pas cette fusion
que connaissent les amants à leurs débuts
et qui est un état irréel et destructeur.
Il y avait dans l'amplitude de ce lien
quelque chose de musical et nous y étions
tout à la fois ensemble et séparés
comme les deux ailes diaphanes d'une libellule.
Pour avoir connu cette plénitude,
je sais que l'amour n'a rien à voir
avec la sentimentalité qui traîne dans les chansons
et qu'il n'est pas non plus
du côté de la sexualité dont le monde
fait sa marchandise première,
celle qui permet de vendre les autres.
L'amour est le miracle d'être un jour
entendu jusque dans nos silences,
et d'entendre en retour avec la même délicatesse :
la vie à l'état pur, aussi fine que l'air
qui soutient les ailes des libellules
et se réjouit de leur danse.


Ressusciter, Christian Bobin, éd. Gallimard, 2001
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mardi 10 juin 2025

Consolation

 

Je pleure parce qu'on ne
peut pas sauver les gens.
On ne peut que les aimer.
On ne peut pas les transformer,
on ne peut que les consoler.
Anaïs Nin



"Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, nous les voyons telles que nous sommes."

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