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lundi 23 juin 2025

Le maillon faible

 


Cherchez le maillon le plus faible de la chaîne. C'est celui-là qui peut se rompre. Ne vous illusionnez pas avec vos forces, ayez l'honnêteté de vous mesurer à votre plus grande faiblesse et c'est cette plus grande faiblesse à laquelle vous devez mettre fin, même s il faut pour cela deux ans, cinq ans, dix ans.

Il est plus facile de fermer les yeux et d'essayer de ne pas la voir. Mais vous n'avez plus aucune chance de devenir libre un jour. Si la chaîne que vous représentez comporte quinze anneaux forts et un anneau faible, et si vous ne voyez que les quinze anneaux forts et ne voulez pas tenir compte de l'anneau faible, vous ne deviendrez jamais un sage jamais quels que soient vos efforts de « sadhana » ou de méditation. Et cette faiblesse, vous pouvez découvrir qu'elle s exprime en termes d infantilisme. Voilà le point sur lequel je suis encore un enfant. Et puis comprenez bien ce qu'est un enfant ; regardez les enfants de deux ans, trois ans, cinq ans.

Swâmiji m'a mis le nez sur le maillon le plus faible de ma chaîne. Et c'était un maillon sur lequel je m'illusionnais complètement parce que j'y voyais au contraire une certaine force. Il s'agissait de la relation avec le sexe féminin. À partir du moment où j avais dépassé la timidité, le complexe d'échec de mes vingt ans et une approche infantile de l'amour, j'avais peu à peu gagné une affirmation, une aisance, une audace en face du sexe féminin. Swâmiji m'a montré que c était uniquement de la faiblesse et de l'infantilisme, même si un certain prestige s'attache à l'homme qui a du succès auprès des femmes, ou la femme qui a du succès auprès des hommes.


Aucune chaîne n'est plus solide que le plus faible de ses anneaux, aucun homme n'est plus fort que sa plus grande faiblesse. Voilà la vérité.

Le commencement de la transformation en adulte, c'est le goût de la vérité, qui vient de vous-même, pas qui vous est imposé du dehors, le goût et l'amour de la vérité. Car l'enfant n aime pas la vérité ; l'enfant aime bien mieux, vous le savez tous, des rêves, des imaginations. Je suis Zorro, je suis le chef des Indiens, je pilote des avions... Swâmiji m avait donné l'exemple d un enfant qui prenait le stéthoscope de son père médecin et se promenait en affirmant : « Je vais soigner les malades pour gagner de l'argent. » Les enfants ne cherchent pas la vérité ; ils aiment faire semblant, ils aiment prétendre. Et un adulte qui n'a pas le goût personnel de la vérité, de la vérité coûte que coûte et à n'importe quel prix, est encore un adulte infantile. Le commencement du passage de l'enfant à l'adulte s'accomplit quand cette nécessité devient plus forte que prétendre, plus forte que se rassurer, plus forte que faire semblant, plus forte qu'être aimé - plus forte que tout le reste je veux la vérité. C est la promesse de l'adulte un jour.

Arnaud Desjardins - « Tu es cela » - À la recherche du soi IV

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mardi 10 décembre 2024

La construction d’un amour adulte de Christiane Singer


Qui prend aujourd’hui la peine de prévenir les jeunes couples que la traversée d’une relation d’amour est une affaire périlleuse ? L’illusion que la relation doit rester gratifiante distille un poison. Or, prendre conscience que bâtir un amour est une œuvre difficile ne constitue pas une raison de ne pas l’oser ! Tout au contraire ! Que serait une vie où l’on ne tenterait pas le plus haut, le plus ardu, sinon une esquive et un rendez-vous manqué ?Oui, « l’autre » est une aventure périlleuse. Il est là pour m’accoucher de mes démons et de mes ombres. 

Aussi court-il le risque de devenir l’écran de projection de tout mon mal-être. Il est par excellence cet « empêcheur de tourner en rond » qui m’arrache à ma ronronnante identité, à l’enfermement qui sans lui me guettait ; il va faire brèche en moi, c’est à dire me mettre en vie et en métamorphose. Le drame contemporain, c’est la fuite des couples devant toute irritation et toute crise. Dès que cesse l’agrément d’être ensemble, beaucoup prennent leurs jambes à leur cou, ignorant que le plus beau de l’aventure va tout juste commencer : la construction d’un amour adulte.

Christiane Singer

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dimanche 7 avril 2024

Quand nos enfants ne sont plus des enfants

Quand nos enfants ne sont plus des enfants, peut-on encore leur donner des conseils ?

 


Quand nos « chers petits » deviennent adultes, comme il est difficile de les considérer comme tels et de trouver la position juste. Nous nous croyons tellement indispensables. Si en théorie nous sommes d’accord pour respecter leur liberté, acceptons-nous vraiment de ne plus avoir notre mot à dire, ? Couper le cordon, oui, mais… il nous faut encore veiller sur eux. Jusqu’à quel âge sommes-nous responsables d’eux ? À partir de quand pouvons-nous les « lâcher » ?

Qu’ils fassent leurs propres armes, nous en sommes fiers. Qu’ils prouvent ce dont ils sont capables, formidable ! Mais qu’ils ne s’éloignent pas trop des projets que nous avions conçus pour eux avec tant d’amour et de pertinence ! Au fond, qui les connaît mieux que nous ? Qui sait ce qui est bon pour eux ? Ils manquent si souvent de discernement !

Pris dans une tempête émotionnelle 

S’ils nous présentent un amoureux, une amoureuse si peu apte, à nos yeux perspicaces, à les rendre heureux, s’ils quittent leurs études, ou leur travail, pour lesquels, c’est certain, ils étaient faits, quand ils prennent une orientation sexuelle qui nous surprend, s’ils divorcent alors qu’on ne comprend pas pourquoi, notre premier réflexe, c’est la peur, le désarroi. Nous sommes inquiets pour eux. Que faire ? Que dire ?

Une tempête nous submerge. Nous sommes pris entre le risque de les perdre si nous nous opposons frontalement, et celui de les voir s’engouffrer dans une impasse désastreuse, si nous ne réagissons pas. Mais sommes-nous vraiment aptes à juger ? Avons-nous encore une quelconque autorité ?

Reconnaître son enfant dans sa différence

Pour trouver la bonne distance émotionnelle, il est déjà important de ne pas considérer que leurs choix signent notre échec de parents. « Qu’ai-je raté ? » : la culpabilité ne résout rien. Ensuite, il s’agit de nous décentrer de notre propre vision, voire de nos propres convictions, faire un pas de côté, vers notre fille, notre fils devenus femme, homme. Efforçons-nous de les regarder, non plus à travers nos yeux de parents, mais de les découvrir comme des personnes à part entière, avec leurs ressources propres. Essayons de comprendre leur choix, avant de le juger, le condamner. Quel sens a-t-il pour eux ? Tentons d’en discuter avec eux, en leur demandant non pas de se justifier mais d’expliquer.


En reconnaissant notre enfant dans sa différence, nous l’affirmons dans sa singularité. C’est de cela que les jeunes adultes ont besoin. « Reconnaître autrui, c’est croire en lui », déclarait Levinas. Accepter les « trahisons » de nos enfants s’avère plus facile si nous avons, nous aussi, en son temps, osé mettre en œuvre les déloyautés nécessaires vis-à-vis de notre famille d’origine. Cette attitude, exigeante, certes, permet néanmoins à chacun de grandir et d’entretenir un lien ouvert et respectueux.

Une leçon d'humilité et un gain de liberté

Mais tout de même, lorsque, le plus objectivement possible, leur option les met en danger, nous ne pouvons nous taire. Avec tact, dans une discussion d’adulte à adulte, amicale plutôt que filiale, nous pouvons essayer de leur exprimer nos inquiétudes. Il ne s’agit pas de leur dire qu’ils ont tort, ni de les convaincre de changer, encore moins de leur donner des conseils mais les amener à avoir un autre point de vue, à réfléchir aux conséquences de leur choix. La décision leur appartient. Nous ne pouvons pas les protéger malgré eux.

Ne plus pouvoir faire pour eux ce qu’on pense devoir faire, renoncer à ce que notre expérience personnelle leur serve nous place face à une impuissance douloureuse. Arrive un temps où nous ne sommes plus les parents que nous aimerions être. Cette leçon d’humilité ouvre sur une appréciable liberté.

Nicole Prieur

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jeudi 25 mai 2023

Etre aux niveaux...

Cette vidéo aborde des niveaux évolutifs de l'adulte et de leurs effets et conséquences sur nos relations. Et en particulier dans le couple.


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vendredi 28 janvier 2022

« Dissociez l'adulte et l’enfant » (Swami Prajnanpad)



Commentaire d'Arnaud :
Même si vous progressez sur le chemin et qu'en tant qu'adultes vous devenez plus lucides, plus mûrs, plus intelligents, l'enfant, lui, subsiste tel quel. Il n'évolue pas, il ne mûrit pas, il demeure.
Simplement, il jouera un rôle de moins en moins important dans vos existences. Mais même en ayant beaucoup progressé, il y aura encore des moments où un enfant de deux ans qui, lui, n'a pas du tout changé affleurera à la surface.
Votre progrès, c'est la manière dont vous allez vous situer par rapport à cet enfant. Pour lui, certaines situations seront toujours insupportables, en ce sens que s'il est marqué par un abandon, tout signe actuel d'abandon touchera toujours une plaie à vif. Le symptôme d'aujourd'hui va être interprété émotionnellement et mentalement par l'enfant. C'est l'appréciation par un cerveau et un cœur puérils d'une situation présente, c'est-à-dire une vision – erronée, certes, mais qui s'impose – de la réalité à laquelle l'enfant donne inévitablement un contenu menaçant, déchirant, intolérable.
Ne tentez pas cette acrobatie qui consisterait à ce que l'enfant en vous accepte ce qu'en aucun cas il n'acceptera, ce qu'il ne pourra jamais accepter, cet enfant dont la définition est de ne pouvoir que refuser.

C
herchez en tant qu'adultes à vous dissocier de l'enfant. Considérez qu'il y a en vous deux lieux psychologiques, deux manières de vous situer, l'une qui est l'enfant, avec ses émotions douloureuses, l'autre qui est l'adulte, lequel est détendu, à l'aise, en paix. Ces deux mondes sont complètement différents mais il est possible de passer de l'un à l'autre.
La question n'est donc pas de faire grandir l'enfant mais de dissocier l'adulte de l'enfant. Ou, autre manière d'exprimer la même idée : on ne guérit pas les empreintes passées, on en émerge.
« Dissociate adult and child », disait Swâmiji. « Dissociez l’adulte et l’enfant. »
Lorsque Swâmiji a dit ceci, j’ai commencé par tiquer, comme je le faisais souvent : « Ah ! encore une dualité, s’il y a l’enfant et l’adulte, ça fait deux... » Non. Ça ne fait pas deux. Parce qu’aujourd’hui, ce qui est vraiment réel, c’est l’adulte qui voit les choses telles qu’elles sont et que l’enfant, lui, appartient au passé : vous n’avez plus trois ans, vous n’avez plus deux ans et demi. Si vous pouvez dissocier en vous l’adulte et l’enfant, vous pourrez être vraiment dans le monde réel, ici et maintenant, et pas dans le monde recouvert par les projections de l’enfant.
Swâmiji disait aussi : « L’ego, c’est le passé qui recouvre le présent. » L’ego, c’est l’enfant en vous qui vient recouvrir le présent. Vous pouvez voir en vous l’enfant qui est toujours là, pour l’éduquer avec amour. Mais tant que l’enfant sera là, vous ne serez ni un adulte ni un sage.
(Les formules de Swami Prajnanpad)
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A se rappeler et à pratiquer le plus souvent possible !

vendredi 14 août 2020

Devenir adulte


Aussi, devenir véritablement adulte, c’est être de plus en plus conscient que, dans leur complexité, tous les êtres humains sont atteints de la même maladie. C’est pourquoi un sage ne ressent que compréhension et compassion pour tous, quels que soient les actes commis, aussi graves soient-ils. Il n’est plus prisonnier de la vision bourreau-victime, il ne voit partout que des victimes d’un même mal. Sa vision est de ce fait beaucoup plus profonde : il perçoit chacun comme unique manifestation de Dieu - si nous employons un terme dualiste - ou comme unique expression de l’Absolu ou de la nature de Bouddha. 

Pour ne pas demeurer les marionnettes de ces dynamismes, mieux vaut d’emblée être conscient qu’ils sont potentiellement présents en soi-même et que, comme tout le monde, nous faisons preuve de plus ou moins d’égocentrisme et d’une certaine dose d’indifférence face à la souffrance d’autrui. Nous commencerons alors à entendre les messages que la vie, dans sa générosité, ne cesse de nous renvoyer sous bien des visages différents : ceux de nos enfants, de notre compagnon, de nos amis et, par-dessus tout, les scénarios répétitifs de notre propre existence. 

Un jour, alors que nous étions trois ou quatre à partager un thé à notre appartement avec Arnaud, l’un d’entre nous évoqua l’attitude, selon lui inadmissible, d’un élève de notre communauté. En faisant part de son indignation, et non sans humour, l’un de nous lança à Arnaud sur le ton de la supplication et comme en trépignant d’impatience : « Mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire ? » Arnaud rétorqua : « La question n’est pas : pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout entendre ? » 

Quelques secondes d’un silence méditatif s’imposèrent sous le coup de cette réponse aussi prompte qu’imparable et qui s’adressait clairement à chacun de nous. Nous étions tous plus ou moins identifiés à cette impatience d’en découdre avec ceux qui nous excèdent. À la façon de « l’arroseur arrosé », cette inversion totale de perspective dont Arnaud avait la spécialité avait retourné la question à cent quatre-vingts degrés : vers nous-mêmes. Qu’étions-nous vraiment en mesure d’entendre à notre propre sujet alors que nous exigions que les autres entendent leurs quatre vérités ?


Sophie Edelmann 
 "Dites-leur de viser haut !" 
 Ed. Le relié

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dimanche 12 mai 2019

Enfant et Adulte par Arnaud Desjardins


«Même si vous progressez sur le chemin et qu'en tant qu'adultes vous devenez plus lucides, plus mûrs, plus intelligents, l'enfant, lui, subsiste tel quel. Il n'évolue pas, il ne mûrit pas, il demeure. Simplement, il jouera un rôle de moins en moins important dans vos existences. Mais même en ayant beaucoup progressé, il y aura encore des moments où un enfant de deux ans qui, lui, n'a pas du tout changé affleurera à la surface. Votre progrès, c'est la manière dont vous allez vous situer par rapport à cet enfant. Pour lui, certaines situations seront toujours insupportables, en ce sens que s'il est marqué par un abandon, tout signe actuel d'abandon touchera toujours une plaie à vif. Le symptôme d'aujourd'hui va être interprété émotionnellement et mentalement par l'enfant. C'est l'appréciation par un cerveau et un cœur puérils d'une situation présente, c'est-à-dire une vision – erronée, certes, mais qui s'impose – de la réalité à laquelle l'enfant donne inévitablement un contenu menaçant, déchirant, intolérable.

Ne tentez pas cette acrobatie qui consisterait à ce que l'enfant en vous accepte ce qu'en aucun cas il n'acceptera, ce qu'il ne pourra jamais accepter, cet enfant dont la définition est de ne pouvoir que refuser. Cherchez en tant qu'adultes à vous dissocier de l'enfant. Considérez qu'il y a en vous deux lieux psychologiques, deux manières de vous situer, l'une qui est l'enfant, avec ses émotions douloureuses, l'autre qui est l'adulte, lequel est détendu,, à l'aise, en paix. Ces deux mondes sont complètement différents mais il est possible de passer de l'un à l'autre.

La question n'est donc pas de faire grandir l'enfant mais de dissocier l'adulte de l'enfant. Ou, autre manière d'exprimer la même idée : on ne guérit pas les empreintes passées, on en émerge.» 

Swami Prajnanpad

« Dissociate adult and child », disait Swâmiji. « Dissociez l’adulte et l’enfant. » Lorsque Swâmiji a dit ceci, j’ai commencé par tiquer, comme je le faisais souvent : « Ah ! encore une dualité, s’il y a l’enfant et l’adulte, ça fait deux... » Non. Ça ne fait pas deux. Parce qu’aujourd’hui, ce qui est vraiment réel, c’est l’adulte qui voit les choses telles qu’elles sont et que l’enfant, lui, appartient au passé : vous n’avez plus trois ans, vous n’avez plus deux ans et demi. Si vous pouvez dissocier en vous l’adulte et l’enfant, vous pourrez être vraiment dans le monde réel, ici et maintenant, et pas dans le monde recouvert par les projections de l’enfant.

Swâmiji disait aussi : « L’ego, c’est le passé qui recouvre le présent. » L’ego, c’est l’enfant en vous qui vient recouvrir le présent. Vous pouvez voir en vous l’enfant qui est toujours là, pour l’éduquer avec amour. Mais tant que l’enfant sera là, vous ne serez ni un adulte ni un sage.

«Les formules de Swâmi Prajnânpad», commentées par Arnaud Desjardins (Ed. La table ronde) 

Swami Ramdas
En écho avec la formule de Swamiji «Dissociez l'adulte et l'enfant», voici un exemple illustré...

Hypothèse : «Je me sens mal à l'aise.»

1er cas de figure, l'enfant : j'exporte immédiatement l'origine de ce ressenti dans ce qui m'apparait en tant que «le monde extérieur.» Par exemple, je me sens mal à l'aise parce que Norbert (prénom générique) a dit ceci, ou a fait cela, ou encore semble avoir des pensées à mon égard avec lesquelles je ne suis pas du tout d'accord. Donc, du fait qu'elle est projetée, la source véritable du malaise n'est pas vue, ce qui fait que je me sens mal à l'aise d'être mal à l'aise - une boucle mentale est créée, générant de l'émotion et de la souffrance, se soldant souvent par une action inappropriée. Histoire sans fin...

2ème cas de figure, l'adulte : je vois qu'en moi, dans une situation donnée, un vieux conditionnement vient d'être réactivé. Je vais donc me centrer sur le ressenti sans lui coller d'étiquette : je suis un avec la sensation de malaise, je ne génère pas de malaise secondaire, et par cette acceptation inconditionnelle - pas forcément facile, ne nous y trompons pas - le malaise initial va se résorber, va être consumé par le feu de la Présence. Fin de l'histoire...

Cas intermédiaire : ça commence comme le premier cas; cependant, alors que la projection sur le monde vient de s'opérer, elle est vue avant de s'être pleinement déployée et nous retombons alors dans le deuxième cas : «un avec» le fait de projeter, résorption de la projection, «un avec» le ressenti non labellisé, résorption du ressenti.


L'enfant se sépare et refuse. 
 L'adulte se relie et accepte.

 «Si vous voulez devenir vraiment adultes, 
sachez reconnaître l’enfant en vous et l’aimer de tout votre coeur.» 
(AD)

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(article de Michel Tardieu)

dimanche 1 mai 2016

L'enfant en nous... avec Arnaud Desjardins et Alexander Milov


"En fait, c'est l'enfant en vous, l'enfant qui fonctionne comme un enfant et qui subsiste en vous, qui ressent les émotions, même dans des situations typiques de l'adulte. Un enfant n'a pas de contrôle fiscal, un enfant n'a pas lui-même d'enfant à éduquer mais ce sont des émotions d'enfant qui se manifestent en face de ces événements. Naturellement, ce thème de l'infantilisme des adultes se retrouve dans une grande part de la psychologie contemporaine mais peut-être pas avec la même clarté incisive que celle que j'ai trouvée auprès de Swâmiji. (swami Prajnanpad)




Le mécanisme habituel de l'émotion est une division, une dualité. Deux au lieu de un. Divisés entre une moitié de vous qui constate ce qui est et l'autre moitié qui refuse que ce qui est soit. Je reprends une fois encore le cri du cœur le plus exemplaire à cet égard : « Ah, c'est pas vrai! » qui signifie très exactement : « C'est vrai et j'essaie de nier que c'est vrai. » Dire « Je refuse que ce qui est soit parce que cela me fait mal » est une mauvaise manière de s'exprimer. Nous croyons que nous refusons parce que cela nous fait mal. En fait, c'est le contraire : nous refusons que ce qui est soit, en conséquence de quoi nous souffrons.



Mais ce n'est pas seulement refuser que ce qui est soit, c'est tenter de nier que ce qui est est. Ce mécanisme n'est peut-être pas évident tout de suite et doit être bien vu, sinon vous ne sortirez pas de votre condition actuelle. Il faut comprendre comment marche la serrure de la prison pour en ouvrir la porte."

Arnaud Desjardins
La Voie et ses pièges


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jeudi 24 mars 2016

La peur qui entre dans un coeur d'adulte...Christian Bobin



Toutes les peurs viennent de l'enfance, pour la châtier, pour l'empêcher d'aller son cours. Tous les enfants connaissent la peur d'une connaissance intime, personnelle - mais pendant longtemps elle ne les atteint pas dans leur enfance. Ils la contournent, ils la frôlent et même ils jouent avec. 

Tu as peur des insectes et des uniformes, des mauvaises notes et des chiens, tu as peur des revenants. La peur est comme une avancée du monde adulte dans ton enfance. Elle a sa place, elle a ses heures, elle a ses lieux. Mais elle ne t'arrête pas. Tu tombes, tu as peur de tomber ce qui fait que tu tombes, et puis tu te relèves, tu tombes et la seconde d’après tu éclates de rire. 

La joie est encore plus forte. Le goût de vivre pour vivre [...] La peur n'est plus comme hier dans le monde, dans les dorures d'une légende ou dans les recoins d'une rue. Elle est maintenant dans l'esprit des adultes. dans le sang de leur sang, dans le cœur de leur cœur. 

Elle les mène de part en part, elle est enfin venue à bout de l'enfance infatigable. Elle fait les mariages tristes - par peur de la solitude. Elle fait les travaux de force - par peur de la pauvreté. Elle fait les vies absentes - par peur de la mort. Quand elle descend sur l'enfance, la peur s'évapore aussitôt. Quand elle descend sur les adultes, elle reste, elle s'entasse. On dirait de la neige, une neige qui ne tomberait pas sur le monde mais sur l'esprit.

 La peur qui entre dans un cœur d'adulte rejoint la peur qui y était déjà. Elle s'effondre en elle-même, elle s'ajoute à elle-même comme de la neige grise. Alors tu ne bouges plus. Alors tu t'interdis de bouger sous la neige sale, tu ne sors plus de chez toi, de ton mariage, de ton travail, de tes soucis. En resserrant ta vie tu cherches à diminuer le champ de la peur, à ralentir l'avalanche grise. 

 - Christian Bobin 
 (source : Ma quête du soi et du non Moi...)





mercredi 17 septembre 2014

A l'écoute avec Guy Gilbert

Écoutez les jeunes à pleins tubes, même s'ils emploient parfois des mots malhabiles.

Il s'agit d'entendre leurs questions, même si vous ne savez pas répondre à tout. Nous devons leur dire que leur réussite s'accomplira lorsqu'ils feront ré
ussir les autres : "Ta vie compte, mais, sans les autres, elle est bancale." Certains ont tout. D'autres moins.

Nous, les adultes, avons le devoir impérieux de les interpeller, de les mettre sur la route, de leur Indiquer des points de repère. Ils ont besoin d'entendre de notre part des paroles fortes, sans concession, les appelant au plus haut. Alors, cette fameuse "ére du vide" peut devenir l'ère, créatrice, du don aux autres.
C'est là la seule façon d'en faire demain des adultes debout et libres. 

Guy Gilbert 
Extrait de "Nos fragilités : comment les accepter et les surmonter"
(Philippe Rey, 2013)

Son association (Bergerie de Faucon)