mardi 31 décembre 2024

Etre à l'écoute

 Qu'est-ce que vous décidez vraiment ?


Vous constatez vos émotions, vous constatez votre ressenti. Mais il n'y a pas la place pour une décision. Donc, il n'y a pas de fuite possible. On ne peut ni faire face, ni fuir. Parce que ça impliquerait une personnalité. La personnalité, c'est une vie romantique. Il n'y a pas de personnalité. Il y a une expression et votre expression et la mienne sont différentes. On peut appeler cela la personnalité mais c'est l'expression. Et ce qui s'exprime n'est pas quelque chose.
Vous ne pouvez pas décider de faire face à vos peurs, ça c'est imaginaire. Vous ne pouvez pas décider de ne plus être jaloux, vous ne pouvez pas décider de ne plus être angoissé. Qu'est-ce que vous pouvez vraiment décider ? La décision, c'est un imaginaire. Comme l'alcoolique qui décide tous les soirs de ne plus boire, ce genre de décision a peu de valeur...
La vraie vie est dans une écoute, elle n'est pas dans une décision. De cette écoute, j'ai des évidences. On peut s'arrêter de boire, mais ce n'est pas par décision, c'est par évidence. Quand vous changez de mari, c'est par évidence, ce n'est pas une décision. La décision va concrétiser l'évidence, mais la décision n'amène pas l'évidence.
(extrait d'une vidéo)
Ce n’est pas ce que vous écoutez qui vous rend tranquille : c’est d’écouter. La joie, c’est d’écouter. Ce qu’il y a de plus beau à écouter, c’est vous, votre peur, votre avidité, votre tristesse. Là se trouve la beauté. C’est mille fois plus profond que d’écouter quiconque.
~ Éric Baret

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lundi 30 décembre 2024

Un voyage avec Matthieu Ricard

 RENCONTRE - Ce samedi 28 décembre, Ushuaïa TV a proposé un numéro inédit du magazine Les voyageurs solidaires consacré à Matthieu Ricard. Devenu moine bouddhiste, interprète français du dalaï-lama, auteur et photographe à succès, il a fondé Karuna-Shechen, une ONG laïque et apolitique, pour lutter contre la pauvreté.

Entre une retraite en Dordogne et un voyage au Bhoutan, Matthieu Ricard nous reçoit chez son cousin à Paris pour parler de voyages et d’altruisme. Des amies passent, des collaborateurs s’affairent dans la pièce voisine autour d’un projet de film et d’un livre à paraître. Une ruche créative, baignée de joie et de bonne humeur.


Matthieu Ricard. - Grâce à ma famille, j’ai eu la chance d’être confronté à des gens passionnants qui venaient régulièrement à la maison : des prix Nobel, intellectuels, artistes, scientifiques, explorateurs… J’admirais leurs talents, mais je n’avais pas forcément envie de leur ressembler en tant qu’être humain. Et puis un jour, à 20 ans, j’ai vu Le Message des Tibétains, le documentaire d’Arnaud Desjardins. Il avait filmé des maîtres spirituels qui avaient fui l’invasion du Tibet. J’avais l’impression de voir vingt Socrate, vingt saint François d’Assise, vivant aujourd’hui. J’ai tout de suite décidé de partir en Inde, en 1967. Arnaud m’a alors conseillé d’aller rendre visite à l’un de ces maîtres qui l’avait particulièrement impressionné, Kangyur Rimpoché. Je suis donc parti pendant les vacances universitaires le voir à Darjeeling. C’était tellement extraordinaire ! Une montagne de sagesse, de bienveillance, de simplicité. J’ai pensé : je suis arrivé à destination, à l’endroit depuis lequel je peux faire le voyage de toute une vie. J’ai dû rentrer à Paris pour finir mes études, soutenir ma thèse de doctorat en génétique cellulaire. J’ai fait six allers-retours, et fin 1972, j’ai pris un aller simple, me suis installé dans un petit ermitage auprès de mon maître spirituel et me suis dit : la vraie recherche commence maintenant ! Comme disait le poète Henri Michaux, « si on va en Inde sans une quête spirituelle, on est juste la proie des moustiques ».

L’Inde est-il un pays fascinant mais qui peut faire peur ?

Il y a des personnes qui vous disent « moi je ne peux pas aller en Inde, c’est trop dur, il y a trop de misère ». Pourtant, quand on voyage dans les campagnes indiennes, c’est très beau et émouvant. S’émerveiller devant la beauté de la nature ou le regard d’un enfant, ça nous sort du cocon de l’individualisme exacerbé. Voyez la façon dont les villages sont solidaires, l’organisation de la vie communautaire ! Tout le monde aide à la moisson, à réparer un toit… Vous savez, j’ai beaucoup vécu dans les quartiers pauvres de Delhi. Les conducteurs de rickshaws qui viennent des campagnes n’ont pas les moyens de se loger, ils dorment sur leurs sièges dans la rue. Eh bien le soir, ils se réunissent en cercle, font un feu avec des vieux cartons, et chantent, s’amusent, rigolent… Il n’y a pas ce malaise que l’on voit dans les sociétés occidentales où la consommation d’anxiolytiques et le nombre de suicides des jeunes ne cesse d’augmenter.

Que voulez-vous dire ?

On peut penser que je suis naïf, mais ce comportement a été étudié, il s’appelle le paradoxe des pauvres heureux. Évidemment cela ne veut pas dire qu’il faut les laisser pauvres, ce serait inconvenant. Il faut bien entendu les aider à sortir de la pauvreté et leur apporter une assistance médicale, les éduquer s’ils le souhaitent… Mais ils vivent avec une certaine insouciance, sans être préoccupés par l’ambition, la soif de consommation, de statut social. Mettre tous nos atouts dans le développement matériel, ce n’est pas ce qui nous rend épanoui dans l’existence. Une fois que vous avez le minimum pour vivre raisonnablement, sans devoir être dans l’angoisse chaque fin de mois, doubler ou tripler vos revenus ne vous rend pas plus heureux. C’est le fameux paradoxe d’Easterlin, qui a bien été étudié. Un proverbe tibétain dit : « Savoir se contenter, c’est tenir un trésor dans le creux de sa main. » Quand vous avez cinq milliards à dépenser pour aller cinq minutes dans l’espace avec vos copains comme M. Jeff Bezos alors qu’avec cette somme vous pouvez mettre tous les enfants qui ne sont pas scolarisés à l’école, c’est indécent. Il faut absolument sortir de ses intérêts personnels immédiats pour contribuer au bien commun. Développer la voie du « care » à côté de celle de la raison. On ne peut plus dire aujourd’hui « I don’t care », pour la pauvreté au sein de la richesse, pour le sort des générations futures… ça ne passe plus !

Quand avez-vous commencé à aider les autres ?

Tout est parti du voyage initial qui m’a mené à vivre en Inde, au Népal, au Bhoutan… et m’a permis de voir tout ce qui pouvait être fait pour aider. Mais je n’avais aucun moyen et vivais avec l’équivalent de cinquante euros par mois. Puis un éditeur m’a proposé de faire un livre d’entretiens avec mon père Jean-François Revel. Cet ouvrage, Le Moine et le Philosophe, a été un grand succès. Avec les droits d’auteur, je n’allais pas construire une piscine dans l’Himalaya ni rouler en Ferrari sur les chemins de pierre ! J’ai donc donné tout l’argent de ce livre, et des suivants, à des projets humanitaires et ai créé la fondation Karuna-Shechen consacrée à des programmes de lutte contre la pauvreté. Elle fêtera ses 25 ans l’an prochain. Aujourd’hui, Karuna-Shechen vient en aide à 500.000 personnes directement et 1 million indirectement chaque année. Nous avons commencé comme des Indiana Jones au Tibet, où nous avons construit vingt-cinq dispensaires et autant d’écoles, ainsi que dix-huit ponts. Bref, tout cela est parti d’un voyage de découverte qui s’est transformé en voyage altruiste.

Comment définissez-vous l’altruisme ?

L’altruisme est défini comme l’intention que vous avez maintenant, pas forcément tout le temps (on n’est pas altruiste à tout moment dans toutes les situations) d’accomplir le bien d’autrui ou de soulager sa souffrance. La finalité n’est pas de recevoir des louanges ou d’être fier de soi. Cette intention doit être purement altruiste, sans calcul. Vous n’allez pas aider une vieille dame pendant un an dans l’espoir d’avoir son héritage, par exemple. Le but est d’être au service d’autrui. Et généralement on se sent bien soi-même en faisant le bien des autres, car cela reflète notre nature profonde, mais il ne faut évidemment pas le faire dans ce but, même si, comme disait Coluche, « il n’y a pas de mal à se faire du bien ». Un milliardaire me disait un jour : je donne à des associations humanitaires car ça me fait du bien ! Ça, c’est le « warm glow » anglo-saxon, mais certainement pas l’altruisme véritable. J’ai écrit un livre, Plaidoyer pour l’altruisme, de 800 pages et je projette de faire L’altruisme en action, une version courte de 100 pages, pour évoquer tout ce qui peut être mis en pratique de manière pragmatique pour soulager les souffrances et apporter du bien-être à autrui. J’évoquerai également les développements récents comme le mouvement de l’altruisme efficace.

Avons-nous une prédisposition à l’altruisme ?

Si on se sent mieux quand on est altruiste cela indique qu’au fond, en tant qu’animal social, les humains sont profondément coopérateurs. Les recherches en psychologie comportementale, dans plusieurs universités, ont montré que les jeunes enfants de moins de 5 ans sont des coopérateurs inconditionnels et préfèrent les gens qui se comportent avec bienveillance avec d’autres personnes, contredisant ainsi ce qu’affirmaient Freud et Piaget. Nous avons donc une prédisposition plus forte à l’altruisme. Certes, on peut devenir un psychopathe, ou un dictateur sanguinaire, mais la plupart des huit milliards d’êtres humains, la majeure partie du temps, se comportent de manière décente les uns envers les autres. Ça ne se remarque pas car, quand tout va bien, on n’en parle pas. C’est ce que j’ai appelé la « banalité du bien. »



Comment être une bonne personne sans se faire marcher sur les pieds ?

En étant ferme, mais sans malveillance, sans s’emporter, sans escalade de la violence. Être altruiste ne signifie pas être un paillasson, ni vivre dans un monde de bisounours, mais avoir toujours à l’esprit l’accomplissement du bien d’autrui.

Est-ce que les voyages développent l’altruisme ?

Absolument. Le voyage peut développer l’altruisme et d’autres qualités humaines comme la résilience, la paix intérieure, la force de l’âme et beaucoup d’autres. Les qualités intérieures, c’est ce qui donne du sens à notre existence. Les cultiver, c’est l’affaire d’une vie, mais c’est la chose la plus belle que l’on puisse faire. Comme disait Aristote, « on devient vertueux en pratiquant la vertu ». Le voyage nous ouvre les yeux sur notre humanité commune.

En voyage, nous avons tous été confrontés un jour à la grande pauvreté, une misère abyssale… Comment se comporter humainement sans souffrir soi-même de la peine des autres ?

C’est le problème de la détresse empathique. L’empathie affective nous mène à souffrir de la souffrance de l’autre. C’est l’effet que les émotions de l’autre ont sur vous. Elle est importante car elle vous permet de comprendre la situation de l’autre. Mais elle épuise, et peut conduire au burn-out. En revanche, la compassion est entièrement tournée vers l’autre, c’est apporter une bienveillance inconditionnelle à la souffrance de l’autre. Un flot d’amour. Un baume. C’est le bon cœur, la chaleur humaine. La compassion est un antidote direct à la détresse empathique. Elle régénère nos forces. Quand un médecin intervient sur un champ de bataille, il ne se pose pas de question, il agit.

Pourquoi vos portraits photographiques montrent-ils toujours des êtres humains souriants ?

Je n’ai jamais pu faire de photos sur la déchéance humaine. C’est un choix que j’assume. À travers la photo, j’essaie de redonner confiance en la nature humaine.


source : Par Marie-Angélique Ozanne, pour Le Figaro Voyage

association de Matthieu Ricard : Karuna-shechen.org

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dimanche 29 décembre 2024

Intelligence non artificielle

 Paul Watson nous rappelle avec intelligence notre véritable position dans l'univers. 



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samedi 28 décembre 2024

Méditation et action

 Agir


On oppose souvent la méditation à l'action en caricaturant le méditant comme un égoïste qui préfère s’intéresser à son nombril plutôt qu’aux problèmes du monde. Ce n’est pas toujours faux. J’ai connu des personnes qui prétendaient méditer plusieurs heures par jour et qui semblaient totalement indifférentes aux autres et à la marche du monde. On est loin de l’esprit véritable de la méditation à cœur ouvert, qui consiste justement à nous rendre encore plus attentifs à la totalité de la vie et du réel. 

C’est pourquoi la méditation ne peut que déboucher sur l'action. 

En développant une attention aimante, on est de plus en plus présent à soi-même, aux autres et au monde, et on désire de plus en plus prendre soin de soi, des autres et du monde. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Gandhi, et c’est justement ce que favorise la pratique de la méditation : en me transformant moi-même, je participe à la transformation du monde. En apprenant à m’accepter comme je suis et à m’aimer, j’apprends à accepter les autres et à mieux les aimer. En portant une attention aimante à ce qui est, je me sens concerné par la totalité du réel, et rien de ce monde ne m’est étranger. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux », disait Socrate. En rentrant au plus profond de soi, dans le silence de son être, on s’ouvre paradoxalement à la totalité de ce qui est. Et lorsqu’on médite à cœur ouvert, nous sentons grandir en nous un amour universel et inconditionnel qui nous incite à nous engager pour servir le monde et diminuer la souffrance des êtres sensibles. Mes nombreux engagements associatifs, notamment en faveur de l’éducation des enfants et des animaux, qui prennent plus de la moitié de mon temps, s’inscrivent dans le prolongement direct du travail que je mène sur moi depuis longtemps, notamment par l’exercice de la méditation à cœur ouvert.

Et la méditation nous incite non seulement à agir, mais elle nous aide aussi à agir de manière juste. Comme le rappelle encore une fois fort à propos Krishnamurti : « La méditation est cette faculté d’appréhension totale de la globalité de la vie : de là naît l’action juste. » Parce qu’elle développe une vision claire et juste, au-delà de notre saisie égotique, la méditation nous aide à agir de manière juste, appropriée, féconde. C’est la raison pour laquelle, si l’on veut vraiment changer le monde et le rendre plus juste, elle devrait être enseignée aux enfants dès le plus jeune âge.

Plusieurs grands esprits l’ont compris depuis longtemps. William James, un des pères de la psychologie, définissait l’entraînement à l’attention comme l’éducation par excellence, et l’écrivain Arthur Koestler écrivait : « Il ne faut pas craindre d’avoir pour objectif d’enseigner la méditation dans les lycées, non pas pour faire des illuminés, mais pour retrouver notre moitié perdue. »

Extrait de "Méditer à cœur ouvert" de Frédéric Lenoir

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vendredi 27 décembre 2024

Méditation et contemplation

Contempler le réel


J'ai mis en exergue de ce livre cette parole de Khrishnamurti qui résume pour moi l'essentiel : "Voilà donc ce qu'est la méditation - elle ne consiste pas à s’asseoir en tailleur, ou à rester en équilibre sur la tête, ou que sais-je encore, mais à ressentir le caractère holistique et l’unité absolue de la vie. Mais cela ne peut advenir qu’en présence de l’amour et de la compassion. "

Méditer à cœur ouvert permet en effet de regarder autrement tout ce qui nous entoure. Lorsque nous regardons une pierre, une fleur, un arbre, un papillon, une fourmi, un être humain, nous les regardons avec une attention aimante. Les poètes sont de grands méditants, car ils savent justement regarder les choses les plus ordinaires avec un regard neuf, émerveillé, attentif au petit détail qui nous échappe. Chaque texte de Christian Bobin, pour prendre un poète contemporain que j’aime particulièrement, est le fruit d’une méditation profonde et aimante sur un petit rien. Ses mots me bouleversent, car ils me font regarder ces petits riens - un pissenlit, le sourire fatigué d’une vieille femme, un nuage, une balançoire - avec acuité et tendresse. On pourrait dire la même chose de certaines peintures, notamment les natures mortes, qui nous font regarder autrement les choses les plus banales de notre quotidien. Lorsqu’il est regardé avec attention et amour, le réel n’est plus simplement regardé, il est contemplé. 

Méditer à cœur ouvert, c’est regarder le monde avec le regard du peintre ou du poète. C’est peut-être le regarder aussi avec le regard du mystique, qui voit Dieu en toutes choses. Le théologien orthodoxe Jean-Yves Leloup raconte ainsi son initiation à la méditation hésychaste : « Il y a une trentaine d’années, au mont Athos, le père Séraphin m’a invité à apprendre à méditer, tout d’abord “comme une montagne”, c’est-à-dire avec le monde minéral, puis “comme un coquelicot’’ avec le monde végétal, puis “comme un oiseau” avec le règne animal, ensuite “comme Abraham” avec le cœur, et enfin, étape ultime, “comme Jésus”... Dieu est en toute chose. Il est lourd dans la pierre, il fleurit dans l’arbre au printemps, il chante dans l’oiseau, il prend conscience de lui-même dans l’homme, il jouit de lui-même dans le sage... »

Extrait de "Méditer à coeur ouvert" de Frédéric Lenoir

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jeudi 26 décembre 2024

Sérénité

 


Frédéric Lenoir nous invite à méditer 
dans son livre "Méditer à cœur ouvert".

En voici une occasion avec le thème de la sérénité :
Cliquer ici (8 min.)

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mardi 24 décembre 2024

Poésie et Veillée


 Pour fêter la nuit de Noël, voici deux extraits de l'un des plus admirables livres de poèmes que je connaisse : Le fil de givre d' Isabelle Lévesque, avec les peintures de Marie Alloy, aux éditions Al Manar.

Heureuses fêtes à chacune et à chacun de vous !

Sabine

"Ce ne serait pas l'ombre si tu savais retenir le nécessaire, le vagabond, ce qui loin demeure, en avant de nos pas dans un terrible cri.
[...]
Signe vif, le serment silencieux ne craint
ni l'oubli, ni la nuit."
"Promettre suffit.
Promettre lie au poème gardien de la route silencieuse. Nous nommons, nous devenons l'ombre, elle avance - nous hésitons.
Lumière, éclat de nos mots rares : aimer invente le pronom cousu au point de lune."

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Nature et prière


 Gilles Farcet : « Depuis ma petite enfance, j’ai été happée par la recherche de l’Absolu et cela involontairement », écrivez-vous (Un itinéraire, page 10). Qu’est-ce qu’être « happée par la recherche de l’absolu » ?

Marie-Madeleine Davy : Dans ma petite enfance, la nature m’a ouvert les yeux. J’ai toujours habité Paris, mais je passais deux mois par an à la campagne, chez ma grand-mère, dans une maison dont je devais par la suite hériter. Il y avait là un très grand jardin, et l’Absolu, me semble-t-il, m’a été communiqué par la nature. J’éprouvais le sentiment de pouvoir parler avec les arbres, les fleurs, l’herbe, et je jouissais d’une grande familiarité avec les animaux (papillons, libellules, moustiques même). Les oiseaux venaient près de moi, et mon meilleur gourou a été un corbeau, que je nommais Elie. Un jour, ce corbeau est venu se poser sur ma tête. Et il me semblait converser avec lui. C’était un ami ; un ami intime, profond. Le matin, lorsque j’étais paresseuse, il venait taper au carreau afin que je lui donne quelques graines. Oui, mon plus grand gourou, ce fut lui…

Gilles Farcet : Vous arrive-t-il de prier ?

Marie-Madeleine Davy : Oui. Mais pas avec des prières toutes faites. Je n’en ai pas l’usage. J’invoque, j’appelle. Je peux crier au secours, ou encore remercier. Voyez-vous, la vie est une prière si elle est ordonnée dans le face à face. La plupart du temps, nous ne sommes pas sincères, nous biaisons et n’obtenons donc pas de réponse. Mais aucun appel authentique ne résonne dans le désert. La prière, pour moi, consiste à sourire à ce qui est venu, à ce qui vient, ce qui viendra. Elle est avant tout acceptation profonde. L’épreuve débouche sur une aurore.

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lundi 23 décembre 2024

Le plus beau cadeau : la vie.

 


Aujourd'hui, mon dimanche de repos, je te le dédierai. Je vais essayer de t'offrir 12 petits cadeaux de Noël.

1. Courage poète ! Les oiseaux volent sans crainte de s'écraser dans le ciel.

2. Quand tu obtiendras le silence intérieur, tu entendras les pleurs du monde.

3. L'eau contient le vase

4. Tout ce que tu nommes devient ton miroir

5. Ce que nous montrons est ce que nous sommes. Sous notre masque, il n'y a rien.

6. Tu me définis juste donc il me manque ou pour ce qui me reste.

7. Pour l'ange le fond de la mer. Pour l'huître, le sommet du ciel.

8. N'y arrive pas, Je t'en supplie ! Mon plaisir c'est de t'attendre

9. Un jour nous comprendrons que nos parents, ce sont nos frères.

10. Mes années se raccourcissent. Mes jours s'allongent.

11. Le miroir reflète pareil une pièce d'or ou une pierre.

12. Soudain il apparait un motif de larmes de joie

… 

Le plus beau cadeau : la vie.

Je t'embrasse

Alexandro Jodorowski

Etant donné que la traduction n'est pas toujours parfaite, voici le texte en espagnol

Hoy, mi domingo de descanso, lo dedicaré a ti. Intentaré darte doce regalitos de Navidad.
1. ¡Ánimo poeta!
Los pájaros vuelan sin temor de estrellarse contra el cielo.
2. Cuando logres el silencio interior, escucharás el llanto del mundo.
3. El agua
contiene
al vaso
4. Todo aquello que nombras
se convierte en tu espejo
5. Lo que mostramos
es lo que somos.
Bajo nuestra máscara
no hay nada.
6. Tan sólo me defines
por lo que me falta
o por lo que me sobra.
7. Para el ángel
el fondo del mar.
Para la ostra
la cima del cielo.
8. ¡No llegues,
te lo ruego!
Mi placer
es esperarte
9. Un día comprenderemos
que nuestros padres
son nuestros hermanos.
10. Mis años
se acortan.
Mis días
se alargan.
11. El espejo refleja igual
una moneda de oro
o una piedra.
12. De pronto
al parecer son motivo
lágrimas de alegría
El mejor regalo: la vida.
Un abrazo,
Alejandro
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dimanche 22 décembre 2024

Le mental par Swami Prajnanpad

 Qu’est-ce que le mental ? Le mental est ce qui vous éloigne de la Réalité, de l’objet. Quand vous vous abandonnez au mental, vous vivez dans l’erreur et donc dans la peine. Le mental ne vous mène jamais à l’objet. Il vous en éloigne toujours. Aussi, il vous faut annihiler le mental si vous voulez vivre dans la réalité. C’est-à-dire, vous devez entièrement vous orienter vers le Ici et Maintenant. Être libre du mental, c’est vivre dans la Vérité.

Comment peut-on dire que le mental cache la Réalité? C’est parce qu’il prend la place de la Réalité.

Le mental n’est rien d’autre qu’une illusion qui vous éloigne de vous-même. A tout moment demandez-vous : «Qu’est-ce que je veux ici et maintenant?» «Qui suis-je dans cette situation ? » Ce que vous voulez être, vous l’êtes déjà. Le désir c’est ce qui vous pousse à agir. Le forgeron veut forger. Le mental forge à la perfection. Mais la plupart des gens ne savent pas ce qu’ils veulent. Ils gaspillent leur énergie et n’obtiennent pas ce qu’ils prétendent vouloir. Vous n’êtes pas le corps ni le mental seulement. Vous pouvez accorder une certaine attention au corps mais pas toute votre attention. Le corps et le mental sont vos deux instruments. Si l’un des serviteurs domine le maître, quel spectacle désolant !


Le mental crée son propre monde d’irréalité. Chacun crée son propre monde et donc le monde de chaque homme est différent. Et ce monde change pour le même homme d’un jour à l’autre, même si l’homme ne change pas d’endroit. Comme chacun crée son propre monde ; cela ne vaut donc pas la peine de se disputer avec autrui. On doit accepter, s’ajuster, s’adapter à ce qui est, c’est-à-dire, au monde qu’autrui a créé pour lui-même.

Sortez de votre coquille. Soyez à l’aise, naturel. Le monde dans lequel vous vivez et celui avec lequel vous entrez en contact sont également « vôtres ». Ayez le sentiment que toutes les choses sont à vous et acceptez-les. Dites oui à tout. Ne refusez rien et encore moins quelque chose qui se trouve en vous-même.


Le mental a tendance à fuir la réalité. Nous voyons une rivière et nous disons qu’elle fait des zigzags. Mais qu’est-ce qu’une rivière ? Simplement de l’eau. Prenez de l’eau dans vos mains et voyez si elle fait des zigzags. Non. C’est le lit de la rivière qui fait des zigzags. Cependant le mental dit que la rivière fait des zigzags. Le mental prend toujours l’apparence pour la réalité.

Comment distinguer l’apparence de la Réalité? Nous disons qu’un homme est de Madras, qu’un autre est du Bengale. Mais leur essence à tous deux c’est d’être des hommes. Le mental ne voit pas cette réalité sous-jacente, cette unité sous-jacente. L’apparence l’en éloigne. Il voit des vêtements différents et leur donne des noms différents. Comment pouvons-nous savoir que nous voyons l’apparence ou la réalité? Si nous éprouvons un sentiment d’unité, c’est que nous voyons la réalité. Si nous avons l’impression d’être séparé de ce qui nous entoure c’est que nous voyons l’apparence.

La différence est uniquement dans l’apparence. Eventuellement, ces deux hommes sont pareils et il n’y a pas d’antagonisme. Quand nous les séparons l’un de l’autre, immédiatement un conflit surgit. L’émotion apparaît. L’apparition de l’émotion est le test de l’intrusion du mental. Aussi évitez l’émotion, voyez l’unité, non la séparation.

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samedi 21 décembre 2024

Etre dans le bain

 exercice de style: drôle, comique, satirique, ironique, sarcastique, léger. 


La Non-Dualité : Parce qu’On Est Tous Dans le Même Bain

Alors, la non-dualité, c’est quoi ? C’est un peu comme si l’univers te disait : « Surprise, mon pote ! Tout ce que tu pensais séparé, c’est en fait une seule et même chose. » Toi, moi, la chaise, le chat, le wifi qui lag – tout ça, c’est qu’un gros mélange. Pas de frontières, pas de limites, juste une immense soupe cosmique où tout flotte ensemble. Appétissant, non ?

En Inde, ils appellent ça Brahman. Le concept, c’est que tout est une grande conscience universelle. Mais toi, tu crois que t’es spécial avec ton petit « moi » bien distinct. Eh bien non ! Tout ça, c’est un effet spécial de māyā, une sorte de Netflix spirituel où tu regardes un film tellement immersif que t’oublies que c’est pas la vraie vie.

Les bouddhistes, eux, disent que tout est vide. Non, pas vide comme ton frigo à la fin du mois, mais vide d’existence propre. En gros, rien n’a de substance toute seule, tout est interconnecté. C’est un peu comme quand tu fais tomber ton téléphone : ce n’est pas juste la gravité, c’est une conspiration universelle pour te rappeler d’acheter une coque.

Et Plotin, le philosophe néoplatonicien, te dira que tout vient de l’Un. Pas « un » genre « toi tout seul », hein. « Un » genre le Grand Tout. Tu vois une forêt ? Eh bien, c’est pas une forêt, c’est un arbre multiplié à l’infini par un logiciel divin. Magique, non ?

Le truc avec la non-dualité, c’est qu’elle te met face à une vérité simple mais difficile à avaler : la séparation, c’est dans ta tête. Pas de « moi contre le monde », parce que t’es le monde. Et le monde, c’est toi. Alors la prochaine fois que tu râles contre la météo, rappelle-toi que techniquement, t’es aussi les nuages. Voilà, ça calme, hein ?

Bref, la non-dualité, c’est pas juste un délire de yogis perchés ou de philosophes en sandales. C’est une invitation à arrêter de te prendre trop au sérieux. T’es une vague dans l’océan, mon ami. Alors, surf ou plonge, mais surtout, profite du bain.

Pierre Vaillancourt

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vendredi 20 décembre 2024

Silence avant tout

" Écouter le silence "....

bien sûr on entend rien....


ou on entend toujours les sons résiduels....

le silence est le fond sur lequel apparaissent ces sons...

mais en écoutant le silence, ces sons passent au second plan,

et cet espace de fond silencieux, passe au premier plan....

et cette mise en évidence de ce fond, ramène à l'écoutant...

________ à l'être ici et sa conscience.....

Rien de plus, rien de moins.

_______________ Silence.... 😇 

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_______________ Douce écoute.... ❤ 😘

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Charles Coutarel

jeudi 19 décembre 2024

Dire oui à son "non"

Mes chers amis,


La méditation, en soi, ne demande aucun support de méditation. L'invitation est simplement d'être présent à l'esprit qui repose en lui-même sans rien en faire. Mais manifestement cela n'est pas simple. 

Pour la grande majorité d'entre nous, nous avons besoin d'un support et le support le plus simple, le plus accessible est de poser son attention sur les sensations de la respiration. La respiration est toujours présente, en tout cas tant que nous sommes vivants. Nous ne pouvons prendre conscience de la respiration que maintenant dans l'instant présent. La respiration se fait sans aucun effort, elle se fait à l'insu de notre plein gré. La respiration est toujours nouvelle, vous n'avez encore jamais fait la respiration qui va venir.

Une fois que vous avez ancré votre attention sur le support de la respiration, l'invitation est d'être attentif aux pensées qui surviennent. Remarquez que les pensées surviennent quand vous n'êtes plus attentif au support de la respiration. Nous ne sommes capable que d'une chose à la fois.

Remarquez que les pensées surviennent sans que vous ne fassiez rien. Vous ne savez pas qui les a provoquées. Regardez la pensée surgir, regardez la être, et regardez la partir

Quand vous croyez saisir une pensée, fixer une pensée, en fait vous ne saisissez rien, vous ne faites qu'observer qu'une autre pensée apparaît, une pensée en relation avec la précédente qui elle est déjà partie.

C'est ce lien entre les pensées qui nous fait croire que nous sommes "partis" dans nos pensées.

Parmi nos pensées, peut parfois surgir une pensée de refus, un "non".

Je vous invite à être présent à ces "non", car c'est à partir d'eux que la haine et la colère pourraient se développer. Voir le "non" et lui dire oui, c'est créer les conditions pour éviter que la colère ne se développe.

Comme la colère n'est pas plus profitable à vous qu'aux autres, cela pourrait être intéressant.

Bonne méditation à vous tous.

Avec ma profonde amitié.

Philippe Fabri

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mercredi 18 décembre 2024

Blessures d'enfance : quand l’amour répare

 Les blessures d’enfance rejaillissent naturellement dans la vie de couple. Elles peuvent assombrir la relation, mais aussi ouvrir un chemin de guérison. À condition d’en prendre conscience et de vouloir les dépasser à deux.

...Quatre types de liens hérités de l’enfance


Comment identifier ses blessures ? « Certaines sont révélées par un comportement inadapté ; une réaction automatique, comme si le disque était rayé ; des échecs professionnels ou relationnels répétés », répond la psychologue, qui a publié les Blessures d’enfance, les connaître, s’en remettre (Mame, 2023). « L’impression d’un manque de liberté ou que, dans une situation particulière, on ne se reconnaît pas, on ne s’aime pas. » Agnès connaît ce malaise diffus lorsque, à chaque fois qu’elle passe des vacances dans sa famille, elle ressent une forte tension s’installer en elle (voir témoignage ci-dessous). Autre indicateur : les réflexions bienveillantes mais répétées du conjoint ou de l’entourage. « S’il nous fait toujours la même remarque, c’est un signal », poursuit l’experte.

La théorie de l’attachement identifie quatre types de liens hérités de la petite enfance, comme le détaille la psychologue Gwénaëlle Persiaux dans Guérir des blessures d’attachement (Eyrolles, 2021) : « sécure » ; « anxieux », marqué par la peur de l’abandon ; « évitant », avec la crainte de l’intimité ; « désorganisé » à cause d’une éducation imprévisible et incohérente. Ces tendances, qui colorent sans qu’on s’en rende compte toutes les relations affectives, ressurgissent particulièrement en amour.

« Souvent, l’autre appuie inconsciemment sur ce qui nous a marqué petit, relève Nathalie Loevenbruck, conseillère conjugale et familiale du cabinet Mots croisés. L’intensité relationnelle que l’on vit dans le couple rappelle les besoins affectifs que nous avions enfants et qui n’ont pas été toujours suffisamment satisfaits. Les conjoints attendent souvent du lien conjugal comme une réparation : amour inconditionnel, attention privilégiée ou bonne distance, qui ont pu manquer. Ainsi, notre choix amoureux va inconsciemment résonner avec notre vécu relationnel d’enfance. » 

Prendre conscience de son histoire


Avec du recul, Véronique en témoigne, elle qui a épousé un homme très autoritaire. « Au début de notre mariage, je n’osais pas lui dire ce que je pensais, par peur du conflit, se souvient cette enseignante. En fait, je revivais exactement la même situation qu’avec ma mère ! Face au chômage et à la dépression de mon mari, je me suis fait violence pour lui dire mon ressenti. Le fait que je change nous a permis de vivre une relation plus ajustée. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de lui faire part de mes craintes, par exemple. » Et que l’on soit attiré par son semblable ou par son contraire, la difficulté ne tardera pas à émerger, comme le souligne Bénédicte Sillon : « Quand une personne me dit qu’elle a épousé une femme ou un homme très différents de sa mère – l’opposé même – ou de son père, cela me fait sourire, parce que les opposés, c’est souvent la même problématique… »

Un accompagnement thérapeutique peut permettre de prendre conscience de son histoire. « Ainsi, on projette moins sur l’autre ce qui nous appartient », abonde Nathalie Loevenbruck. Dans le cas de Louise, pas de quoi se livrer à 10 ans de divan, mais son attitude mutique a pu déstabiliser son mari. « Au début, quand elle se fermait, je pensais bien faire en la laissant tranquille, explique ce commercial quinquagénaire. J’ai mis plus de 10 ans à comprendre qu’il s’agissait en fait d’un appel à l’aide… muet. » Il s’emploie désormais à l’aider à s’exprimer, quand il la sent bloquée. « Parle-moi ! », lui intime-t-il alors en la serrant dans ses bras, jusqu’à ce qu’elle réussisse à vider son sac. « Sa tendresse inconditionnelle, son absence de jugement et son humour m’ont beaucoup aidée à sortir de ma coquille », accorde son épouse.

« Si nous sommes blessés en relation, c’est en relation que nous pouvons guérir, approuve la conseillère. La relation conjugale est celle qui nous met le plus au travail ! Elle nous invite, notamment par les conflits que provoque la réactivation des blessures, à cheminer. » Et de citer l’exemple de Stéphanie qui, enfant, s’était sentie étouffée par des parents surprotecteurs. Devenue une adulte casse-cou, rebelle, elle tombe amoureuse de Raphaël. Elle se sent sécurisée par le côté prévoyant qu’il a développé car lui, à l’inverse, s’est souvent senti en danger lorsqu’il était petit. Ses parents le surveillaient peu, il se blessait, se perdait fréquemment. Mais cette femme aventureuse finira par mal supporter les limites que semble lui imposer son conjoint et lui, séduit au départ par la soif d’exploration de sa chérie, en ressentira de l’insécurité. « La situation peut devenir invivable. Mais si chacun prend conscience de ce qui se joue, elle sera occasion de guérison », garantit Nathalie Loevenbruck.

« Apprendre à explorer le monde de l’autre »

Pour y parvenir, elle propose notamment l’approche relationnelle Imago. L’idée ? « Apprendre à explorer le monde de l’autre, si différent, si étrange… Comprendre que telle réaction trop vive exprime un besoin non satisfait dans l’enfance. » Concrètement, la méthode invite à des dialogues. « Chacun à son tour “traverse le pont qui le relie à l’autre” en reformulant ce qu’il dit, en exprimant sa compréhension, son empathie, détaille-t-elle. Des demandes réalistes pourront être faites et librement consenties. »

Ainsi, Raphaël et Stéphanie vont comprendre, ensemble, que lui a mis son côté aventurier « au congélateur » pour se protéger. Elle veillera à lui proposer une excursion où le danger est mesuré, qu’il pourra suivre sans peur. Il « décongèlera » ainsi l’audace bloquée en lui. Elle-même fera le chemin inverse en posant une limite à son goût du risque excessif et grandira en prudence, par amour. Cette approche thérapeutique permet de se révéler l’un à l’autre, jusque dans sa vulnérabilité. « On entre dans une relation plus consciente, conclut Nathalie Loevenbruck. En rejoignant l’autre, on apporte un baume sur sa blessure car se sentir compris aide à sortir d’une logique de victime et on se renforce soi-même. »

Mère de trois enfants, Louise en témoigne : « On fait partie des équipes Notre-Dame, et chaque mois, on se prend un moment en tête-à-tête pour se redire notre amour, aborder les difficultés rencontrées – tout ce que j’aime !, ironise-t-elle. Mais au fil des ans, cet exercice m’a appris à verbaliser mes besoins, à présenter mes failles, à ouvrir davantage mon cœur. » Si les blessures font mal, elles peuvent ouvrir un chemin d’espérance, par la force d’un amour qui sécurise et répare. 




Par Agnès de Gelis

Source : La Vie

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mardi 17 décembre 2024

Paix sans contraire


JÉSUS A DIT : « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades » et, entre autres titres, le Bouddha a été appelé le « Grand Médecin ». Nous pouvons donc laisser de côté, du moins pour l’instant, les termes prestigieux d’Éveil, de Libération, d’Illumination et prendre appui sur le mot guérison.
La guérison et la santé physiques sont le champ d’action des médecins et des chirurgiens : diagnostic et thérapeutique. Même profanes, nous savons tous de quoi il s’agit : la toux persistante, l’arythmie cardiaque, les rhumatismes douloureux, sont les symptômes que nous cherchons à faire disparaître. Quand tous les symptômes pathologiques se sont dissipés, la santé fondamentale se révèle.
La santé psychique relève des psychiatres, des psychologues et des psychothérapeutes. Un vocabulaire professionnel précis définit et décrit les différentes pathologies. La guérison est envisagée soit par la chimie (les anxiolytiques, les antidépresseurs), soit par une intervention au niveau du psychisme lui-même : psychothérapie ne signifie pas guérison du psychisme mais par le psychisme, le premier exemple et le plus représentatif étant la psychanalyse freudienne.
Mais qu’en est-il de la guérison spirituelle et de la parfaite santé spirituelle ? Deux formules ont rencontré un certain succès : « la psychothérapie guérit l’ego, l’ascèse guérit de l’ego » ou « la psychothérapie guérit le mental, l’ascèse guérit du mental ». En vérité, tout ce qui n’est pas la paix intime, immuable, la joie non dépendante et l’amour qui n’a pas de contraire est pathologique du point de vue de la santé spirituelle. Depuis quatre millénaires, les descriptions traditionnelles du saint ou du sage sont, à cet égard, unanimes. Le christianisme promet la « paix qui dépasse toute compréhension » et la « joie parfaite ». Les termes shanti (paix) et ananda (joie) saturent la littérature sanscrite. Chacun, chacune peut donc se demander honnêtement et réalistement où il (elle) en est à cet égard – quels que soient ses «expériences spirituelles» et ses éclairs de «supra-conscience».
Arnaud Desjardins, La paix toujours présente
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lundi 16 décembre 2024

Éliminer les faux problèmes

Nous avons tous des problèmes, chroniques ou ponctuels, et pour peu qu’on ne les règle pas ou qu’on ne puisse pas les régler, ils peuvent ruiner notre bonne humeur. De fait, ce ne sont pas les problèmes en soi qui polluent notre moral, mais le souci qu’on s’en fait. D’où l’intérêt de distinguer comme les stoïciens ce qui dépend de soi et ce qui n’en dépend pas (voir chapitre 1).

Bien sûr, c’est embêtant d’avoir du travail ou des factures en retard, des doutes sur son couple, un patron et un banquier pas très patients ou un conjoint assez absent. Mais ce qui mine vraiment, ce sont les soucis. On culpabilise parce qu’on ne peut rien y faire dans l’immédiat (il n’y a pas de solution miracle) ou qu’on ne sait pas quoi faire, par exemple décider si on veut ou non faire une croix sur une relation.

Nos problèmes réels sont d’autant plus pesants qu’ils se doublent presque toujours d’un faux problème : on s’autopersuade qu’on peut les résoudre, et on le laisse croire aux autres, alors qu’on ne le peut pas.

Reconnaissons que certains de nos problèmes ne sont pas réglables dans l’immédiat, ou même dans l’absolu : on n’en a pas les moyens, le temps, on ne sait pas vraiment ce qu’on veut. En annonçant clairement la couleur : « pour le moment, je ne peux pas », on allège la pression. On ne règle peut-être pas le problème réel, le travail et les factures en retard ou le couple qui bat de l’aile, mais au moins, on évacue la partie « faux problème ». Et en y gagnant plus de tranquillité d’esprit, on est plus à même de trouver des solutions.

"Allez bien dans un monde qui va mal" de Gilles Azzopardi

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dimanche 15 décembre 2024

Etre habité


 Se taire.

Faire silence pendant des heures. Non pour se taire mais pour qu’il y ait à nouveau une rencontre de mots, un apaisement du langage, la présence d’au moins quelqu’un en l’absence de tous. 

Il n’y a souvent que peu à dire. Car même si l’on connaît la maison, on ne sait pas où est allé l’habitant.



Nous sommes en attente de ce qu’on croyait voir venir. Mais non, il arrive autre chose et il faut tout refaire. 
De soi à soi. Jusqu’au moment où, là, il y aura quelqu’un.

Extraits de "L'homme qui penche" de Thierry Metz (éditions Unes)

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samedi 14 décembre 2024

Méditation et visualisation


 Comme il est difficile pour un méditant débutant de rester en pleine présence, il est utile de focaliser mon attention sur mon souffle pour apprendre à la fixer, à ne pas fuir dans les pensées. Puis, progressivement, je pourrai passer de l’attention focalisée à la présence ouverte, quitte à revenir de temps en temps à ma respiration si mes pensées vagabondent.

Lorsque je commence à méditer, je peux avoir le sentiment d’être assailli par un flot ininterrompu de pensées. Cet état est celui dans lequel nous sommes habituellement sans en avoir conscience, mais comme la méditation nous rend attentifs à ce qui se passe dans notre esprit, nous devenons alors conscients du flux incessant de nos pensées. Il est vain de vouloir les arrêter. Méditer consiste à les observer et à les laisser passer sans s’y attacher, sans les analyser, sans les suivre. Un peu comme lorsque je regarde défiler un paysage dans un train : je vois une vache ou un clocher, mais je ne vais pas m'interroger sur cette vache et ce clocher : les images se succèdent et je ne fais que les observer sans m’y attarder.

J’aime d’ailleurs particulièrement méditer en fixant mon attention sur quelque chose qui bouge : la flamme d’une chandelle, la mer, les nuages, le paysage qui défile à travers la fenêtre d’un train, le va-et-vient de ma respiration, une fleur agitée par le vent. Cet objet en mouvement m’aide à laisser passer les pensées et à maintenir mon attention mieux que n’importe quel objet immobile, et l’attention focalisée devient très vite présence ouverte, ouverture totale à ce qui est, sans fixation de l’esprit sur une sensation ou une idée particulière.

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On peut aussi imaginer un événement futur et porter toute son attention dessus. Par exemple, nous visualiser en pleine santé si nous sommes malades, réussir un examen, retrouver l’harmonie dans une relation abîmée, etc. Cette méditation sur un événement futur peut présenter un effet apaisant dans le présent et aussi avoir un impact positif sur notre vie, lorsqu’on sait à quel point nos pensées sont puissantes.

Deux parachutistes de haut niveau ont récemment réussi une première mondiale : entrer dans un avion en vol alors que leur parachute était encore fermé. Ils m’ont dit avoir longtemps échoué jusqu’à ce qu’ils fassent chaque jour, assis les yeux fermés, des exercices de visualisation dans lesquels ils se voyaient réussir à pénétrer dans l’avion par la petite porte latérale. Et ça a parfaitement marché ! On imagine difficilement la puissance des pensées et la force de l’esprit sur le corps.

J’ai aussi été très frappé de ce qui est arrivé à mon père lorsque, âgé de quatre-vingt-quatre ans, il a été hospitalisé d’urgence pour un problème cardiaque. Le diagnostic est tombé : l’aorte fissurée allait rompre d’un moment à l’autre. Vu son âge et ses problèmes cardiaques récurrents, aucune intervention chirurgicale n’était possible. Les médecins lui ont donné tout au plus un ou deux jours d’espérance de vie avant d’être terrassé par une hémorragie interne foudroyante. Mon père, serein, était entouré de ses enfants, dont ma sœur aînée, Bénédicte, qui est hypnothérapeute. Connaissant la puissante capacité de concentration de notre père, elle lui a appris à visualiser son aorte en train de cicatriser. N’ayant plus rien à perdre, il a passé des heures à le faire. Toujours en vie une semaine plus tard, il a fait l’étonnement des médecins qui ont refait des examens de l’aorte : ils ont constaté alors avec stupéfaction qu’elle était en cours de cicatrisation ! Mon père a continué pendant quelques semaines ses visualisations quotidiennes et a vécu presque sept années de plus, sans doute parmi les plus heureuses de son existence. (Précisons toutefois que si l’hypnose ou la méditation peuvent favoriser une guérison, il ne suffit évidemment pas de méditer sur ses métastases pour guérir d’un cancer.)

Lorsque je suis confronté à une situation stressante, il m’arrive de méditer en visualisant soit un lieu où je me sens parfaitement en paix, soit d’imaginer une résolution positive de la situation. Très rapidement, en étant attentif à mon souffle pendant ces exercices de visualisation, je sens une paix intérieure revenir.


Extrait de "Méditer à coeur ouvert" de Frédéric Lenoir

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vendredi 13 décembre 2024

Pointe de flamme

 JULES SUPERVIELLE – Poète et écrivain français -1884 - 1960


POINTE DE FLAMME
Tout le long de sa vie
Il avait aimé à lire
Avec une bougie
Et souvent il passait
La main dessus la flamme
Pour se persuader
Qu'il vivait,
Qu'il vivait.
Depuis le jour de sa mort
Il tient à côté de lui
Une bougie allumée
Mais garde les mains cachées.
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(Extrait de Le miroir des morts in Gravitations, Gallimard, 1966)
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chandelle, tableau de Andrew Hemingway (peintre américain né en 1955)

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jeudi 12 décembre 2024

Prendre conscience...


 Phrases extraites de "La stratégie du Oui" de Denise Desjardins

Consoler l'enfant perdu que nous avons été, ce n'est pas le dorloter, nourrir son obstination, en revivre obsessionnellement les souffrances.

Donner à l'enfant toute permission de s'exprimer, certes pour qu'il puisse grandir, évoluer. Nous portons cet enfant en nous, mais nous ne le sommes plus.

Travail de désidentification à faire ;

Réflexion sur le plan de la compréhension de nos comportements, jamais sur celui des "excuses". Evitons cette erreur puérile.

Nous sommes programmés par notre mémoire, comme un ordinateur doté de "mémoires" différentes selon les questions que l'on souhaite lui poser.

Prendre conscience de ce que nous sommes, de ce qui nous régente de loin : le passé. Ce passé, avec ses impressions restées toutes puissantes, invisibles, qui nous manœuvrent à notre insu comme une marionnette dont il tire les ficelles.

Principe incontournable : ce qui vient, vient pour partir : états de conscience provisoires, pensées instables, émotions changeantes ; notre psychisme entier est transitoire.

Comment pourrait-on être en paix avec autrui si on ne l'est avec soi-même.

Nous avons perdu le souvenir de notre implacable sensibilité d'enfant. Toute les sensations s'enregistrent chez lui comme une plaque ultra-sensible où s'amplifient le moindre son, le plus léger choc.

Un geste agressif, et il se sent tué. Il désire tuer à son tour immédiatement. L'enfant ne croit qu'à l'agréable et à sa permanence. Au moindre désagrément, il est perdu ; s'il subit un violent traumatisme, pas de nuances, le ressentiment sera long à passer.

Du ressentiment à la compréhension jusqu'à la réconciliation.

Qu'est-ce que comprendre l'autre sinon voir sa souffrance, son irresponsabilité, essayer de se mettre à sa place.

La mémoire : alors que chaque sensation, chaque perception est unique et qu’il n'y a pas de continuité, la mémoire s'immisce et nous incite à juger, comparer, en ramenant sans cesse des impressions anciennes. Elle établit des ponts, relie l'impression actuelle à celle du passé et ce lien donne l'illusion de la continuité. Quelque chose semble persister, devient insensiblement un "je" qui se développe et convaincu de sa propre permanence, se gonfle d'importance. C'est à travers la mémoire que se vomissent les émotions douloureuses du passé sur celles du présent, elle qui les dramatise et les fait dérailler. 

La mémoire est neutre, c'est un instrument, que l’on emploie à sa guise.

Pourquoi ? Le "pourquoi" : je questionne lucidement, et je quitte le plan du mental pour celui de la buddhi ; l'intelligence discriminative.

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mercredi 11 décembre 2024

Méditation en silence

 


Mais la forme la plus juste de la méditation serait – j’utilise le conditionnel parce qu’elle ne vous est peut-être pas accessible tout de suite – de rechercher simplement l’immobilité et le silence intérieurs. Une approche qui se retrouve à peu près dans toutes les traditions consiste non pas à décider de ne plus avoir, au moins pendant une heure, de distractions et d’associations d’idées mais au contraire à les accepter et à voir ce jeu des pensées, puisque vous ne pouvez, en fait, les éviter. Il va donc falloir composer avec elles. Par exemple, ne vous y trompez pas, l’immobilité du zazen recouvre pendant longtemps des tempêtes intérieures. Des paroles du genre : « Ne pensez à rien, faites le vide en vous! » sont absurdes parce qu’elles demandent l’impossible.

Arnaud Desjardins - Approches de la méditation

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