En décembre 2008 j'ai eu la chance d'assister à Paris à un séminaire de deux jours de Stephen Jourdain. C'était le dernier séminaire qu'il donnait car il s'est éteint 2 mois plus tard. Une étrange rencontre. Un homme parfaitement clair, un homme provocateur, un homme sans concession, mais un homme torturé par son histoire humaine. Comme la réalité est indicible, il en parlait poétiquement. Il m'a apporté une liberté, la liberté d'être ce que je suis. Aucune apparence n'est à cultiver. Nous pouvons être dans la crudité de notre humanité ou dans sa pudeur, quelque part, cela n'a aucune importance, pourvu que nous préservions la pureté de notre enfant intérieur.
Je vous souhaite à tous une belle journée, en compagnie de cet enfant intérieur qui ne nous quitte jamais, mais que nous ignorons souvent.
Philippe
"Comment préserver l’âme d’un enfant ?
Un grand dessein, mais une utopie : l'âme puérile se corrompt toute seule. Selon les apparences, le grand corrupteur, c’est « l’extérieur » : la société, l’école, les parents. En fait, quasiment dès le berceau, nous nous corrompons nous-mêmes. Il ne s’agit donc pas, ici, de préserver mais de sauver ; de mettre cet enfant que nous chérissons plus que tout, en position de se sauver lui-même.
Nous sommes tous des âmes malades – du moins, le virus de la cécité interne, de la pauvreté interne, la mort intérieure, est lové dès la naissance dans les abysses, hélas inconscients, de l’intimité de nous-mêmes. Au tournant, pourtant scintillant de la vie de l’adolescence, nous allons, toujours dans la nuit de l’inconscience, activer le virus. Et, spirituellement parlant, nous entrerons dans le coma.
Je le répète : la société a bon dos, les parents aussi… Ces instances extérieures n’arrangent rien, c’est vrai ! Mais elles ne font qu’attiser une malédiction qui est déjà sur nous. La malédiction est sur nos subjectivités, et chacun de nous en est l’inventeur et l’ouvrier zélé.
Quel est le salaud qui met de la suie sur le monocle de l’âme ? Qui m’enténèbre et me salit au point que j’oublie que je suis un esprit, que je suis une sensibilité – plus grave encore, simplement que je suis ? Oui, qui est le dispensateur de toute cette crasse interne, QUI S’ACHARNE AINSI SUR MOI ? Moi. Moi personnellement.
Sûrement, je veux dire quelque chose ou quelqu’un en moi ? Non, je veux bien dire moi ; je veux dire exactement moi.
Donc, voilà l’incroyable vérité : c’est nous-mêmes et pas un autre à l’extérieur de nous, et pas un autre à l’intérieur de nous, qui nous massacrons – j’ai failli dire bousillons – d’instant en instant, sans jamais nous lasser, et sans que notre moi intérieur habituel en ait la moindre conscience."
Stephen Jourdain - extrait de "Voyage au centre de soi"
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