Un grand merci à vous toutes et tous qui m'avez si gentiment souhaité bon anniversaire. Plutôt que de répondre par un court message personnel mais impersonnel, je réponds comme suit.
51. Ce chiffre me semble irréel, si je me réfère à ce que je ressens immédiatement en plongeant en moi. Toutes mes envies et élans, mes moteurs, mes espoirs, sont intacts. Mes défauts aussi, d'ailleurs: mon impatience reste légendaire, par exemple, malgré plus de trente ans de pratique, et j'ai définitivement abandonné l'idée que cela change à l'avenir. Et je ne parle ici bien sûr que d'un seul de mes innombrables défauts, et l'un des plus avouables, bien entendu.
Alors qu'est-ce qui change, avec la pratique ?
C'est assez simple, au fond : l'espace intérieur grandit, et cela a plusieurs conséquences.
Tout d'abord, nos qualités et nos défauts, ou nos principales caractéristiques caractérielles, selon que l'on veut colorer ces attributs ou pas, se trouvent diluées dans cet espace qui grandit.
Elles ne disparaissent pas, et sont réactivables en cas de trigger involontaire (le plus souvent) ou de besoin (plus rarement) mais même activées, elles ne nous définissent plus complètement. Et pour tout dire, de moins en moins.
Par ailleurs, cet espace donne de la marge, souvent, pour voir se lever les réactions mécaniques quand elles ne sont pas trop violentes ou rapides. Cela nous laisse plus de choix intérieur et permet régulièrement d'agir plus que de réagir.
Bien entendu, cela n'est jamais parfait, et il y aura toujours des circonstances susceptibles de nous déstabiliser, dans certains domaines. Mais ces domaines se font plus rares et ils deviennent donc plus significatifs.
Autrement dit, peu à peu, nous approchons de nos blessures les plus fondatrices, sans être distraits par la périphérie. Cela nous permet de mieux les voir, de les sonder, et de choisir d'y plonger à corps perdu, si j'ose dire. Oui ça fait fichtrement mal et ça fait peur aussi. Mais qu'est-ce que ça en vaut la peine !
Parce que juste dessous, juste au milieu, dans l'interstice, il y a l'amour. Brut. Vainqueur. Glorieux. Insouciant. Rayonnant. Brûlant. Orgasmique et sans objet. Une douche d'amour sans raison. Qui se fout du corps, des rides et des cheveux blancs. Et qui nous ramène à l'origine de ce qui nous anime, depuis toujours.
Bouger, vouloir, rêver, transformer, partager, encore, encore et encore. Créer. Pour rien. L'immortalité, innocente, et dont le temps est compté, est là.
Je vous souhaite à toutes et tous ce putain de mouvement perpétuel !
Fabrice
Photo : pratique du Tai Ji Quan, juin 2022, Ming Shan, ©Yuliya Fedotova
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