1) Prendre conscience de l’influence du passé : les fantômes
Le mot fantôme (ou Gui 鬼, en chinois) est un mot intéressant. On peut bien sûr le voir au premier degré, comme nous l’envisagions en tant qu’enfants, avec le drap blanc et les deux trous pour les yeux.
En prenant du recul, cependant, on peut définir un « fantôme » comme une trace du passé toujours vivante, et surtout agissante, aujourd’hui, au cœur de notre vie.
Si l’on accepte cette définition, alors nous pouvons voir des fantômes en de nombreux endroits de nos vies.
Combien d’injonctions internalisées, du type : « tu n’y arriveras jamais » ou au contraire « notre famille est supérieure aux autres, tu dois te comporter comme tel». Combien de comportements hérités, inculqués, imités, qui vont aujourd’hui à l’encontre de nos aspirations ou qui nous limitent dans nos possibilités d’expression?
Quand nous ne sommes pas capables d’en prendre conscience, les fantômes se manifestent dans nos comportements, et plus particulièrement dans ceux qui sont répétitifs et un peu ou beaucoup, autodestructeurs.
Plus le fantôme est installé profondément, plus ces schémas sont trans-sectoriels, c’est-à-dire qu’ils se retrouvent à l’identique dans plusieurs secteurs de nos vies : professionnel, amoureux, familial, social, etc.
2) Apprendre à les localiser dans notre corps ou nos actions
Le point de départ, si l’on souhaite retrouver notre liberté et notre créativité, est de pouvoir localiser précisément où se logent ces « fantômes ».
S’agit-il-de comportements qui nous sabotent ? Si oui, dans quel domaine de notre vie sont-ils les plus présents et actifs? Lors d’une telle recherche, l’avis de nos proches ou de personnes externes est important, et cela implique que nous fassions preuve d’humilité, pour écouter sans être immédiatement réactifs. Ici, l’écoute et la non-action sont essentielles.
Ou se cachent-t-ils dans nos corps et nos cœurs ? Quelles sont les parties de moi que je ne ressens pas, ou alors, celles qui crient en permanence ? Ou se situent les douleurs ? Comment se manifestent les symptômes ? Nous évoquent-t-ils des choses anciennes, familiales ? Quelqu’un de notre famille a-t-il déjà présenté des comportements ou symptômes similaires ?
Devenons les Sherlock Holmes de nos fantômes. Cela dédramatise la situation, et nous met dans une position active et non plus de victime.
3) Entendre leur message et prendre un engagement
On peut envisager les choses comme ça : un fantôme est un résidu vivant du passé, qui n'est pas situé au bon endroit, ne trouve pas le chemin vers sa nouvelle maison et doit donc être guidé. Ou alors il ne veut pas nous quitter tant qu’un certain message n’a pas été non seulement délivré mais entendu.
Il convient dès lors de bien vouloir « tendre l’oreille », qui dans la vision chinoise est liée au rein, à l’eau (deuil et renouveau) et au transgénérationnel.
En utilisant un certain nombre « d’outils habiles », nous pouvons apprendre à décrypter le message de nos fantômes. Par exemple, dans ma lignée, la « méditation des 5 fantômes » est faite pour ça. Nous pouvons travailler à deux, pratiquer certains talismans travaillant sur ombre et lumière (talismans du soleil et de la lune) ou utiliser l’attention flottante proche de la psychanalyse lors de nos sessions de Qi Gong, en y mettant une intention légère.
L’important ce n’est pas la rose, mais la prose de nos fantômes.
Si nous ne l’entendons pas, nous les mettons en échec et ils n’ont pas de raison de nous laisser seuls. Pour comprendre qu'ils ont été entendus, ils ont aussi besoin de sentir que nous avons pris un engagement, que la lettre ne restera pas morte, mais qu’elle vivra et que nous maintiendrons sa flamme vivante.
On s’engage aussi vis-à-vis de nos fantômes.
A suivre...
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Fabrice Jordan
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