mercredi 13 février 2019

HARA (fin)


Étant dans la pleine attention au souffle qui, de lui-même, va et vient, je suis dans l’attention au tout corps vivant dans son unité (Leib ; IchLeib) qui est le domaine du calme, du grand calme."

Je crois que c’est une des grandes erreurs de l’homme occidental lorsqu’il s’engage sur ce qu’on appelle en Orient et en Extrême-Orient une voie, un chemin de transformation : projeter et espérer la transformation légitimement souhaitée dans le futur. Il s’agit de reconnaître, dans l’immédiat, ce qui se présente à travers le senti et le ressenti sans nécessiter d’intervention intermédiaire. Et lorsqu’on reconnaît ces qualités d’être, le calme intérieur, la paix intérieure, qui ne sont pas dues au fait qu’on serait bouddhiste, chrétien ou athée, mais au simple fait que nous sommes tous des être humains, on a une bonne raison pour reprendre, le lendemain, l’exercice qui permet et favorise l’éveil à notre nature essentielle. 
Aujourd’hui, avec Graf Dürckheim, je peux dire que ce qui m’intéresse dans le zen est ce que cette tradition recèle d’universellement humain. 

Jacques Castermane a été élève et disciple de Graf Dürckheim de 1967 à sa mort en 1988. 
Il a fondé et enseigne au Centre Dürckheim, dans la Drôme.www.centre-dürckheim.com


"Lorsque l’ego est mis entre parenthèse, notre rapport au monde et à nous-même ne s’appuie plus sur un point de vue dualiste."

 Par notre égo la voie est barrée
 Nous voyons l’homme tendu entre deux pôles : son essence et son moi mondain. D’un côté se dresse son moi conditionné par l’espace et le temps, préoccupé de son bonheur et de sa sérénité. Face à cela s’érige l’essence, modalité par la-quelle une vie plus grande est présente en nous et nous cherche. Par notre moi, la voie vers cette essence est barrée. D’où l’exigence de lâcher prise des contre-actions qui s’opposent à cette essence vivante et l’entravent ; lâcher prise, à commencer par le corps (Leib). Le mouvement originel est toujours le lâcher-prise dans les épaules, se glisser en son bassin, se laisser devenir un avec le sol. Lâcher prise, des pieds à la tête, et parcourir ainsi le corps entier. Chaque fois que nous découvrons une tension restante, qui signifie une protection contre le monde, il importe de tout reprendre à zéro : se détendre et s’ouvrir, en coïncidence avec le don qu’est la respiration. 

Karlfried Graf Dürckheim

source : Regard bouddhiste (septembre 2018)

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