Le rat qui ne s'ennuie pas
"Prenez un rat, mettez-le dans une cage. Donnez-lui deux bouteilles : la première remplie d’eau, la deuxième d’eau mélangée à de l’héroïne ou de la cocaïne. Le rat choisit quasiment toujours de boire l’eau droguée. Presque toujours, il se tue rapidement.
Dans les années 70, le Pr Alexander s’interroge. Nous mettons le rat dans une cage vide. Il n’a rien à faire à part prendre ces drogues. Essayons quelque chose de différent.
Le Pr Alexander construit alors une cage, appelée « Rat Park », qui est l’équivalent du paradis pour les rats. Ils ont du fromage, des boules de couleur, des tunnels. Ils ont plein d’amis et de rapports sexuels…. et les deux bouteilles d’eau, l’eau normale et l’eau droguée.
Ce qui est fascinant : à « Rat Park », les rats n’aiment pas l’eau droguée. Ils ne la consomment presque jamais. Aucun d’entre eux ne la consomme de façon compulsive. Aucun ne fait d’overdose. On passe de presque 100% d’overdoses lorsqu’ils sont isolés à 0% d’overdose lorsqu’ils ont une vie heureuse et sociale.
Et si la dépendance avait à voir avec la cage ?
Et si la dépendance était une adaptation à un environnement ?
Peut-être ne devrions-nous pas l’appeler dépendance mais attachement? Les êtres humains ont le besoin naturel et inné de se lier. Lorsque nous sommes heureux et en bonne santé, nous nous lions et nous connectons avec autrui mais si nous ne pouvons pas faire ça, parce que nous avons été traumatisé, isolé ou écrasé par la vie, nous allons nous lier avec quelque chose qui nous procurera du bien-être.
Dans les phénomènes d’addictions, nous parlons tout le temps du rétablissement individuel, mais nous devrions parler de la guérison sociale. Nous avons créé une société où nombre d'entre nous sont drogués.
Nous avons créé une société hyper individualiste et hyper consumériste. Pour beaucoup, la vie ressemble bien plus à la cage isolée qu’à « Rat Park ». Nous sommes conditionnés dès l’enfance à focaliser nos espoirs sur l’ambition d’acheter et de consommer.
Nous devrions nous focaliser sur le lien social. L'opposé de l'addiction n'est pas la sobriété mais le lien social."
J'ajouterais à cette conclusion sociétale que l'ennui et/ou la solitude peut conduire certains individus aux addictions. Cela dépendant de l’environnement et l’éducation.
Catherine Willems
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Le texte trouvé ci-dessus m'est apparu comme sympathique mais je ne suis pas sur qu'il corresponde à la réalité scientifique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rat_Park
3 commentaires:
Je ne connais pas cette expérience, mais je connais les travaux de Henri LABORIT et le film "Mon oncle d'Amérique. Sans relation, sans "inter-porosité", tout stress se retourne contre soi-même, l’agressivité est "détournée". Evidemment, si on crée une situation où l'inter-porosité est possible avec beaucoup de jeu (au sens de jeu entre des engrenages) et où "ça" tourne sans se bloquer par des serrages trop rigoureux, le stress diminue fortement, comme dit ici. Les jeux menés en ce moment dans notre pays, où les contradictions inévitables, les antagonismes naturels et les concurrences nécessaires ne sont pas considérés comme en même temps complémentaires mènent au blocage. Ce sont ces jeux idiots où tout est compétition, où il y a un gagnant et des milliers de perdants. Il serait si aisé de jouer entre partenaires, sans enjeu, ou avec des enjeux de gagnant-gagnant où chacun gagne plus qu'il ne perd.
Encore faut-il faire le pas de considérer l'autre comme un autre, à la fois "alter-ego" et totalement singulier... Vaste programme, dans lequel l'humain que je suis balbutie toujours...
Désolé si j'ai été un peu long. Et encore MERCI.
Non pas trop long car j'ai tout lu !
Coopération et prise en compte de la différence... la base !
Il m'a fallu tant d'année pour commencer à vraiment intégrer cette phrase : l'autre est un autre !
Très intéressant...
Pour ce que j'en sais, la prise de drogue , ou d'alcool, naît d'un besoin de "fusion" qui n'est pas satisfait.
Fusion avec l'autre, fusion avec la vie, fusion avec le divin...
Quand ce désir est fort chez quelqu'un et qu'il n'y a pas moyen de le combler, la drogue offre un "ersatz"...
Ersatz mortel...parfois...souvent.
Il faut donc croire que ce "désir" est plus fort que la vie elle-même...Qu'il transcende même le désir de "rester en vie"...
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