" NON IDENTIFICATION A LA DOULEUR PHYSIQUE ... FAUT VOIR" ...
(extrait de mon carnet) - 4 novembre 2022
Quand un(e) élève me parle maladie chronique, douleurs continuelles, etc, je rabats mon caquet et prends garde à bien préciser que je ne suis pas à leur place et, mis à part une rage de dents violente et un peu prolongée (48 h) - ajout de mars 2023 : et une brusque lésion du ménisque survenue en décembre dernier et qui m'a handicapé quelque temps - je n’ai pas jusqu’à ce jour l’expérience du corps souffrant de manière aigüe et sans perspective d’un arrêt de la douleur.
Dire quoi que ce soit en situation de transmission qui ne participe pas peu ou prou de ma propre expérience me met mal à l’aise, c’est pourquoi je suis réticent à m’étendre sur le sujet de la douleur physique. D’autant que j’ai recueilli pas mal de témoignages de proches de tel ou tel grand témoin de la vie spirituelle selon lesquels, à la fin, dans l’inconfort physique de l’agonie ou de la maladie grave, cela n’aurait pas été si évident que cela pour les témoins en question, lesquels avaient pourtant parlé et écrit de manière affirmative et convaincante à propos de la « non identification ».
Ce propos n’est pas, dans mon esprit, une mise en doute de la possibilité et de la nécessité de la non identification. Juste une considération comme quoi la non identification au corps physique lorsque celui ci se trouve en vive détresse n’est peut être pas si accessible, même à des êtres humains d’une profonde maturité. « Faut voir », comme dirait Gainsbourg …
Et surtout, c’est une bonne idée de ne pas trop facilement se supposer « non identifié », surtout tant qu’on est bien portant. C’est si vite fait, même pour les plus aguerris, de « pécher » par excès de présomption, ne serait ce qu’à force d’être vu et reconnu, y compris à juste titre, pour une personne avancée, un « instructeur » …
«Je ne suis pas aussi loin que je croyais », aurait dit sur son lit de mort un enseignant que j’ai relativement bien connu et pour lequel j’avais et ai toujours grande estime. Alors, oui, il y a la photo du Maharshi par Cartier Bresson, un Ramana rayonnant dans un corps physique de cancéreux en phase terminale … Oui, il y a le récit de Madame de Salzmann selon lequel Gurdjieff, quelques secondes avant de quitter son corps, lui aurait dit : « Maintenant regarde moi bien, je m’en vais » … Le même Gurdjieff dont le médecin qui l’a assisté jusqu’au bout a écrit qu’il avait vu beaucoup d’hommes mourir mais que celui ci était mort « comme un roi ». Oui, il y a des témoignages crédibles de ce genre. Et il y en a aussi beaucoup, moins diffusés, souvent répandus « sous le manteau », selon lesquels, pour tel ou tel, ce ne fut pas juste une formalité, un passage totalement fluide…
En ce qui me concerne, comme je le dis souvent j’aimerais beaucoup atteindre la grande vieillesse, certes pour disposer de temps -après avoir passé toute une vie à devenir un être responsable, autant durer un peu, une fois qu’on l’est à peu près … Pour que les autres en bénéficient, et pour soi même aussi, parce que c’est juste fabuleux de vivre en ayant sinon « compris » du moins un peu entrevu ce qu’il en est - même si la compréhension en question n’a pas grand chose à voir avec des « réponses » .
Pour tout simplement faire l’expérience de ce point de l’existence où on n’a raisonnablement plus d’avenir (hormis le moment présent comme me l’a si joliment écrit il y a quelques jours Jacques Castermane, 88 ans) ; pour expérimenter si possible les yeux grands ouverts le déclin du corps physique, la force vitale qui s’en va … Et la conscience à laquelle il n'arrive rien.
Beau programme, et qui vivra verra (et mourra, c’est à dire aura, peut être, l’opportunité d’entrer vivant dans cette phase de la vie communément appelée « mort ».
Beau programme, oui. En attendant, ne faisons pas trop le malin, hein ...
Gilles Farcet
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1 commentaire:
Bien sûr...
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