L’ARBRE, LE PIEU ET LE PILON
C’est bien simple, il est incontournable.
On traduit souvent ce terme par “posture de l’arbre” qui n’est pas tout à fait erroné mais pas tout à fait exact non plus.
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Regardons de plus près ce que nous disent les idéogrammes !
站 zhàn
= se tenir debout
Il est composé de 立 lì (debout) et 占 zhàn (occuper, exercer, constituer, tenir)
樁 zhuāng
= une souche, un pieu
Il est composé de 木 mù (le bois) et 舂 chōng (battre au pilon)
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Même si on voit effectivement l’idée de l’arbre dans le signe du bois (la langue chinoise permettant ces extensions sémantiques), le sens général est plutôt celui d’un pieu planté avec effort dans la terre afin qu’il ne bouge plus et se maintienne debout.
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Et c’est exactement ce que l’on fait lorsqu’on travaille cette posture : on se plante fermement dans le sol pour ne plus bouger, et ça demande un sacré effort ! A la fois de volonté et aussi de résistance musculaire…
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Dans cet exercice, nous sommes à la fois le pilon et ce qui est pilonné. La posture nous fait mal, nous façonne, modifie notre forme, bref, nous transforme. Et tels des grains de céréales battus longuement en cadence au gré de nos battements de cœur, nous en ressortons moulus, attendris… et utiles ! Utiles dans le sens : prêts, disponibles à nous-mêmes.
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Pour autant, l'idée de l’arbre est absolument parlante aussi car tandis qu’on ne bouge plus de l’extérieur, il se passe mille et mille choses à l’intérieur.
Pendant que nous luttons laborieusement pour maintenir la posture (et garder la face ), nous sentons les mouvements du 氣 qì en-dedans, comme une sève qui nous parcourt des pieds à la tête, nous aidant à nous enraciner et nous élever vers le Ciel en même temps.
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站樁 zhànzhuāng est profondément revigorant. C’est tout le paradoxe des exercices posturaux des arts internes : ils nous fatiguent et nous nourrissent à la fois, mais le ratio peine/bénéfice joue largement en notre faveur !
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A la fin de la pratique, le 氣 qì s’élève en nous avec la même douceur que le parfum des herbes aromatiques fraîchement écrasées, nous irriguant de sa fragrance vitale.
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Alors, vous vous lancez ?
Par Alice Korovitch
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