samedi 30 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Il n’est pas meilleur instant que celui qui m’est donné »



« Dans un superbe livre dédié à Platon, le philosophe Alain décape une fausse conception de la liberté. Si je ne peux plus choisir aujourd’hui de m’être par le passé marié avec ma femme, je peux choisir de l’aimer de tout mon cœur d’instant en instant. L’horizon qui se dégage me réjouit. Le défi, c’est d’exercer cette liberté jusque dans les obstacles : je n’ai pas décidé d’être handicapé, mais je peux décider d’en faire un terrain d’exercice, une chance pour progresser. 

Après tout, il n’est pas meilleur instant que celui qui m’est donné, là, tout de suite, pour devenir un mari plus aimant, un père de famille plus attentif, une personne handicapée plus joyeuse... Le regret nous fige dans le passé, vivons plutôt à fond dans le présent. Dans la culpabilité, je décèle aussi une sorte d’intériorisation du regard de l’autre, comme si les reproches que j’avais mille fois entendus avaient fini par générer une auto-accusation, permanente et malsaine. Regretter le passé, croupir dans les remords bouffent une énergie considérable. Pourquoi ne pas simplement prendre acte de nos erreurs et essayer d’en tirer un enseignement ? (…) 

Entre de cruels tiraillements et un laxisme qui passe tout, se dessine un chemin. Pas à pas, nous pouvons avancer dans la non-fixation et dans l’amour. »


extrait de "Trois amis en quête de sagesse".


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2 commentaires:

Lise a dit…

"je n’ai pas décidé d’être handicapé, mais je peux décider d’en faire un terrain d’exercice, une chance pour progresser."

Ce qui un jour bondit en moi sous cette forme :
" j'ai choisi de ne pas te lire, tout en te tenant par la main".

Cela commence au berceau mais nous en prenons conscience pas à pas puisque nous n'avons que nos conditions de vie pour célébrer la Vie.
( tout ce qui nous passe par la tête pour lever la tête )



L'autre jour

Toujours la même tristesse en leur regard,
et si demain ne se levait pas ?

C'est peut être déjà la question que se posait l'être en partence
prenant forme dans le ventre qui le porte.

Seul le soleil en sa course étoilée, immuable, célèbre la réponse.

Une vie n'est pas assez longue pour qu'en le regardant
nous puissions enfin percer le secret de sa tranquilité,

Mais la beauté de l'ouvrage en notre crucifiante indécision
vaut bien l'incertain.

Lise

Acouphene a dit…

Merci de ta présence Lise !
Célébrons la fête dans nos têtes...