L’Esprit te guide ou te rappelle à l’ordre par petites frappes, délicates le plus souvent, discrètes mais insistantes, comme de légères pressions, d’amicales bourrades ou de brèves poussées du bout du doigt. Un cœur attentif t’apprendra à les distinguer de tes humeurs, à reconnaître ce mélange inimitable de douceur et de fermeté.
L’Esprit d’amour ignore le général. Certes, il vise le tout, mais en passant par le singulier, sans négliger la moindre parcelle, qui a sa place dans l’universel qu’il façonne. Aussi est-il le membre en même temps que le corps. Si tu veux marcher à son pas, il te faudra suivre cette ligne de crête à la jointure du paradoxe, garder constamment ce difficile équilibre que tu réapprendras dans le recul clairvoyant de la prière.
Mais je t’en supplie, de grâce, fuis toute manifestation bruyante, l’exaltation, l’exubérance, la démonstration, trop grossières, trop affectées pour celui qui mesure tout à l’aune de la présence. L’Esprit t’attend dans les méandres de la maturation, la lente transformation du cœur qui renouvellera ta chair. Il travaille en sous-main. Il progresse de l’intérieur, parce qu’il entraîne avec lui toute la pâte, tout ce qu’il traverse, tout ce qu’il touche de son souffle continu. La prière est son milieu, sa matrice. Il insuffle, il aimante, il oriente, d’une main experte et pacifiante. Son œuvre peut paraître d’une faiblesse presque dérisoire à l’échelle de notre impatience, d’une puissance inouïe en regard de son déploiement dans la durée.
En t’abandonnant à son action, tu entres dans une autre perception du temps, non plus seulement du temps pour Dieu, mais le temps de Dieu, un temps qui lui appartienne en vérité, qui ne soit plus le nôtre, notre petite affaire, un temps habité et non plus employé... Comment dire ? Par quel paradoxe encore te permettre d'entrevoir ce qui ne parait pas ? C’est comme une emprise dans le dessaisissement, un rassemblement dans le délaissement. Tout devient plus ferme en même temps que plus vaste, l'universel à hauteur de chaque instant... L’impression de participer à l'acte créateur, toujours à l’œuvre.
Tu lui appartiendras au point de ne plus pouvoir te dissocier. Tout ce que tu réaliseras s’accomplira à partir de ce lien toujours plus sensible et plus intime. Bien sûr, il te faudra entretenir l’ouverture, élargir sans cesse le passage, défendre en toi la libre circulation de l’Esprit. Tu travailleras aussi en profondeur. En acceptant de te retirer au secret de ton cœur, en laissant s’éteindre un moment les pensées, les représentations, les sentiments superficiels qui occupent d’ordinaire toute notre attention, tu éveilles pour ainsi dire l’intérieur du monde, tu pénètres dans la vie qui sous-tend la profusion des formes, la vie qui bouillonne à l’intérieur de la vie, l’être à sa source la plus pure, tel qu’il jaillit des mains de Dieu...
La prière intérieure nous établit sur l’abîme étourdissant de l’insaisissable, de l’invisible qui font toute notre substance - et notre plus solide appui. Les silences que tu lui accorderas te dévoileront l’étendue de l’âme qui brûle en toi, sa « gloire », son pesant, sa place unique à l’horizon du monde. Adorer nous replace dans de justes dimensions. Seul l’amour peut voir loin, parce qu il vient de plus loin que nous.
source : La Vie
L’Esprit d’amour ignore le général. Certes, il vise le tout, mais en passant par le singulier, sans négliger la moindre parcelle, qui a sa place dans l’universel qu’il façonne. Aussi est-il le membre en même temps que le corps. Si tu veux marcher à son pas, il te faudra suivre cette ligne de crête à la jointure du paradoxe, garder constamment ce difficile équilibre que tu réapprendras dans le recul clairvoyant de la prière.
Mais je t’en supplie, de grâce, fuis toute manifestation bruyante, l’exaltation, l’exubérance, la démonstration, trop grossières, trop affectées pour celui qui mesure tout à l’aune de la présence. L’Esprit t’attend dans les méandres de la maturation, la lente transformation du cœur qui renouvellera ta chair. Il travaille en sous-main. Il progresse de l’intérieur, parce qu’il entraîne avec lui toute la pâte, tout ce qu’il traverse, tout ce qu’il touche de son souffle continu. La prière est son milieu, sa matrice. Il insuffle, il aimante, il oriente, d’une main experte et pacifiante. Son œuvre peut paraître d’une faiblesse presque dérisoire à l’échelle de notre impatience, d’une puissance inouïe en regard de son déploiement dans la durée.
En t’abandonnant à son action, tu entres dans une autre perception du temps, non plus seulement du temps pour Dieu, mais le temps de Dieu, un temps qui lui appartienne en vérité, qui ne soit plus le nôtre, notre petite affaire, un temps habité et non plus employé... Comment dire ? Par quel paradoxe encore te permettre d'entrevoir ce qui ne parait pas ? C’est comme une emprise dans le dessaisissement, un rassemblement dans le délaissement. Tout devient plus ferme en même temps que plus vaste, l'universel à hauteur de chaque instant... L’impression de participer à l'acte créateur, toujours à l’œuvre.
Tu lui appartiendras au point de ne plus pouvoir te dissocier. Tout ce que tu réaliseras s’accomplira à partir de ce lien toujours plus sensible et plus intime. Bien sûr, il te faudra entretenir l’ouverture, élargir sans cesse le passage, défendre en toi la libre circulation de l’Esprit. Tu travailleras aussi en profondeur. En acceptant de te retirer au secret de ton cœur, en laissant s’éteindre un moment les pensées, les représentations, les sentiments superficiels qui occupent d’ordinaire toute notre attention, tu éveilles pour ainsi dire l’intérieur du monde, tu pénètres dans la vie qui sous-tend la profusion des formes, la vie qui bouillonne à l’intérieur de la vie, l’être à sa source la plus pure, tel qu’il jaillit des mains de Dieu...
La prière intérieure nous établit sur l’abîme étourdissant de l’insaisissable, de l’invisible qui font toute notre substance - et notre plus solide appui. Les silences que tu lui accorderas te dévoileront l’étendue de l’âme qui brûle en toi, sa « gloire », son pesant, sa place unique à l’horizon du monde. Adorer nous replace dans de justes dimensions. Seul l’amour peut voir loin, parce qu il vient de plus loin que nous.
source : La Vie
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