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lundi 8 juillet 2024

Et s'accepter aussi

 

" Aussi difficile que cela puisse paraître, le secret pour vivre en harmonie est d'accepter les autres comme ils sont. "

 - Ellen Jaffe Jones


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mardi 16 avril 2024

L'autre peut me nourrir...

 


Il est extrêmement rare de rencontrer quelqu’un, qu’on voie beaucoup de monde ou qu’on soit ce qu’on appelle un solitaire. La plupart des gens rendent très difficile de les rencontrer parce qu’ils ne sont pas vraiment dans leur parole ou parce qu’ils sont sans âme. Je fais toujours à l’autre le crédit de la nouveauté incroyable de son existence, mais ce crédit va s’user si l’autre a gâché cette merveille-là pour devenir comme tout le monde. Comment parler avec personne ? C’est impossible.

Parfois le désir de partager est si fort que je vais quand même tenter ma chance mais souvent en vain. Les opinions ne m’intéressent pas. Ce qui me touche, c’est quand l’autre met tout le poids de sa vie dans la balance des mots et que sa pensée s’appuie sur ça. Pour ma part, j’ai parfois l’impression d’être totalement incapable d’aimer, et en même temps d’aimer plus que personne. Je vois très peu de monde, mais je peux être indéfiniment avec l’autre quand il est là. Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde, et il n’y avait rien de comestible. Mais quand l’autre est vraiment avec moi, je peux manger : je bois une gorgée d’air, je mange une cuillerée de lumière.

~ Christian Bobin

La lumière du monde 

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dimanche 14 août 2022

Accueil de l'autre

 


Faire sans cesse l’effort de penser à qui est devant toi, lui porter une attention réelle, soutenue, ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d’ailleurs, que ses goûts, ses pensées et ses gestes ont été façonnés par une longue histoire, peuplée de beaucoup de choses et d’autres gens que tu ne connaitras jamais. Te rappeler sans arrêt que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien, n’est pas une partie de ton monde, il n’y a personne dans ton monde, pas même toi. Cet exercice mental – qui mobilise la pensée et aussi l’imagination – est un peu austère, mais il te conduit à la plus grande jouissance qui soit : aime celui ou celle qui est devant toi, l’aimer d’être ce qu’il est – une énigme – et non pas d’être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux.


Autoportrait au radiateur de Christian Bobin.

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mardi 16 novembre 2021

Attentif et vigilant...

 


Je sais si peu de l'autre,

je ne puis être que réceptif,

tout jugement est trompeur.

Je le découvre à chaque instant.

 

Quand j'accepte que je ne sais rien,

que rien n'est saisissable,

opère le charme.

 

Dès que je prétends savoir,

le charme se rompt.

La réalité profonde s'évanouit soudain.

 

Attentif et vigilant,

je sens l'humus au fond,

cette terre à cultiver,

jour après jour.

 

L'Eternel, Lui,

sème et moissonne. 


extrait de: ''Le petit carnet bleu de Maître Wong''

(Editions: Parole et Silence)

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vendredi 14 mai 2021

Au rivage de l'écoute

 

Peter Severin Kroyer


"La vérité des autres se trouve rarement dans ce qu’ils vous montrent, mais dans ce qu’ils ne savent pas vous montrer.
Si vous voulez réellement comprendre les autres, n’écoutez pas ce qu’ils disent mais ce qu’ils taisent».
Khalil Gibran ❤

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lundi 4 janvier 2021

Le bonheur ne se barre jamais

BELLE HEUREUSE ANNEE !



Bien sûr on ne se connaît peut-être pas dans « la vraie vie »... On ne s’est pas croisés, touchés, reniflés… Mais on a pourtant le droit de se vouloir du bien… Alors belle année prochaine à vous ! Pour les années passées c’est trop tard. Soyons heureux chacun à notre façon et qui n’a sûrement rien à voir avec la santé, la réussite, la prospérité… 
Ça tombe bien, rien dans l’avenir ne nous annonce tout ça ! Soyons juste heureux pour donner l’exemple, parce que c’est plus amusant, plus rare. Parce que c’est difficile. Parce qu’on a aucune raison objective de l’être. Et parce que c’est dangereusement communicatif : ça rend les autres plus heureux aussi .

Édouard Baer
(source : Instagram)
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vendredi 14 juin 2019

Reflet d'autrui...

Cela se voit bien en constellations familiales...

Et c'est pourquoi il est utile d'apprendre à guider et à connaître sa barque...
Que ce jour vous porte à apprécier vos rencontres...

 

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jeudi 11 avril 2019

Ne pas manquer d'air...




" Tout, sur cette terre, est décidé par les gens, mais la bonté n'est là que quand la personne accepte de s'effacer. Voilà pourquoi je ne m'intéresse pas aux chefs-d'œuvre de la peinture ou de la littérature. Moi, j'aime bien prendre ce que les autres laissent. Comme cette phrase de William Blake : " Il n'y a rien de plus grand que de laisser quelqu'un passer devant soi." 

Il s'agit de ramener dans ce monde l'air qui lui manque en s'oubliant pour l'autre."
La lumière du monde
 Christian Bobin

vendredi 8 juin 2018

L'Autre avec Arnaud Desjardins

René Magritte, "La reproduction interdite"


Il y a quelques critères simples pour déterminer si oui ou non, il y a encore une identification à un "moi-je" : s'il y a un "moi-je", alors, il y a un "autre" (une personne, un objet, une situation, etc...)

Or qu'est-ce que "l'autre" ? D'abord une pensée, suivie d'une émotion.

"L'autre" est ce qui a le pouvoir de me faire réagir, de me faire peur, de me mettre en colère, de me faire envie, de me rendre jaloux, "l'autre", c'est ce que je n'aime pas, ce que je refuse, ce que je rejette, ce qui me met mal à l'aise, ou au contraire ce que je désire plus que tout au monde, " l'autre", c'est aussi ce qui me fait rechercher un sentiment d'être spécial, d'être important," l'autre", c'est ce qui provoque en moi une demande insatiable d'être accepté, considéré, apprécié, reconnu, aimé. Toutes ces émotions sont plus ou moins faciles à repérer, mais dans tous les cas, elles m'indiquent s'il a un "autre" ou non, et donc un "moi-je" ou non; car lorsqu'il n'y a plus de séparation, lorsque le couple «moi et l'autre» s'est dissous, toutes ces émotions se dissolvent également.


A présent, observez : est-ce que vous ressentez une séparation ? Y a-t-il vraiment un "autre", nettement séparé de vous? Y a-t-il une réaction émotionnelle ?

Texte : Vivre en Présence


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dimanche 27 mai 2018

Une pratique réaliste avec Arnaud Desjardins.


Je vous invite à lire ce qu’Arnaud a écrit dans son dernier ouvrage "La Paix toujours présente" – Voici quelques extraits du dernier chapitre: Pour une pratique réaliste.

« On l'a toujours dit, il existe différentes voies. Vous êtes engagés sur une voie qui ne vous demande pas, dès le départ, de vous consacrer uniquement à la recherche de l’Absolu. Vous aurez donc à développer une habileté par rapport à vous-même, tel que vous êtes situés aujourd’hui […].

Ne soyez pas tantôt orientés vers Dieu seulement, l’amour infini, l’Au-Delà, l’Eternel, puis complètement engloutis dans vos activités. Il faut mener les deux ensemble : votre ambition – un accomplissement professionnel ou amoureux – et votre pratique spirituelle. 
C’est toute votre existence très concrète qui devient le point de votre progression sur la Voie, de votre traversée vers « l’autre rive ». Ne soyez pas divisés entre un idéal irréaliste, donc mensonger pour vous aujourd’hui, et votre vérité actuelle. Autrement dit, lorsque vous voulez quelque chose, agissez mais en évitant de faire du mal à d’autres. Et si vous faites du mal à d’autres, ayez le courage de le voir. La vérité, rien que la vérité […] 

Il vous incombe de tout voir honnêtement, lucidement. Votre vérité d’aujourd’hui est votre plus grande motivation pour progresser (Aucun déni sous quelque forme que ce soit). Vous menez les deux fronts : l’existence dite ordinaire et la recherche du Royaume intérieur. C’est ce monde de l’éphémère qui devient le point d’appui de votre progression vers l’Eternel. Si vous n’arrivez pas à cette réconciliation, votre démarche est sans issue […] 

Vous vous exercez à transformer votre relation avec les autres – et avec vous-mêmes. Mais avez-vous vraiment l’intention d’être à l’écoute des autres ou est-ce qu’en fin de compte vous n’en avez pas réellement envie et vous préférez demeurer enfermés dans vos pensées ?
Être à l’écoute des autres fait partie de l’ouverture du cœur et de l’intellect: inclure, comprendre…la non-séparation […] 

L’ego se dissout en accueillant et en s’élargissant. Si vous voulez vraiment être en « non-dualité » avec l’autre ici et maintenant – ce qui vous permettra de vous libérer de vos propres limitations et de progresser sur la voie – exercez-vous comme s’il n’y avait pas d’empêchement […] 
Suivez le thème « être à l’écoute de l’autre » dans votre vision d’ensemble du chemin. Évidemment, lui ou elle se sentirait heureux ou heureuse de se sentir accueilli(e) avec attention et amour. Mais vous le faites aussi pour vous. Tout ce que vous faites pour l’autre, vous le faites pour vous – pas dans le sens de le faire pour l’ego mais pour transcender l’ego. Vous ne pouvez pas être à l’écoute de l’autre si vous êtes trop préoccupés par vos propres difficultés […] 

Toute la Voie vous conduit vers l’autonomie et la non dépendance. En trouvant au cœur de vous-mêmes la plénitude, la joie et la paix, vous devenez de plus en plus libres de l’asservissement aux désirs et aux peurs. Mais je sais combien ce détachement absolu peut paraître à l’ego plus inhumain que supra-humain. N’en rejetez ni l’idée ni la possibilité – ni surtout, une approche progressive. Il ne s’agit pas de renoncement ou de sacrifice mais de dépassement […] 

Mais je dois quand même vous dire que « quelque chose » - et quelque chose qui n’est pas anodin - continuera à « vous » concerner même si le « moi » s’est dissipé: la souffrance des autres. 
Que contribuer à diminuer le malheur autour de vous devienne une aspiration pour votre victoire personnelle sur votre propre souffrance. Ne soyez pas impatients. Soyez fidèles à vous-mêmes jour après jour, étape après étape. Regardez très loin à l’horizon vers quoi vous allez et regardez de très près où vous posez les pieds pas après pas. » 

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mardi 10 janvier 2017

Anniversaire !




Merci de votre fidélité... et de notre phytospiritualité.

Je compte sur vous et votre présence 
pour poursuivre notre chemin 
de transformation et de guérison
à travers ce blog.

Un petit message me fera plaisir 
(je suis humain !)

Par Acou...


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La citation sur l'image est de Swami Prajnanpad






jeudi 21 juillet 2016

L'autre est un autre... à aimer...


« Aimer, c’est apprendre à écouter la différence de l’autre.

L’amour est une écoute qui retentit en soi. Alors s’ouvre la réception du don de l’autre, de sa manière autre d’aimer.

Nous serons toujours différents mais quand tu sais écouter l’autre différent de toi, tu fais entrer en toi une vision qui n’est pas tienne.

L’autre, tu ne le changes pas, mais ta vision, oui, tu peux la changer.

Qu’est-ce-que l’autre sent, attend, et que je peux lui donner ?

L’amour, c’est ce complément d’être que je donne mais tel que l’autre le désire, et non pas tel que je l’imagine.

L’amour, c’est ce complément d’être que, réciproquement, l’autre me donne, mais à sa façon.

Ceux qui s’aiment sont dans le mystère d’une relation vécue différemment, dans la différence. »

 Soeur Emmanuelle
« Vivre, à quoi ça sert »


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vendredi 15 juillet 2016

5 blessures émotionnelles d’enfance qui persistent à l’âge adulte...


Les problèmes rencontrés dans l’enfance prédisent comment sera notre qualité de vie lorsque nous serons adultes.
En outre, ils peuvent influencer de manière significative la façon dont les enfants d’aujourd’hui agiront demain et par ailleurs ils auront une influence sur notre manière de faire face à l’adversité.
Donc, en quelque sorte, à partir de ces 5 blessures émotionnelles ou expériences douloureuses d’enfance, nous allons former une partie de notre personnalité. Dans les lignes qui suivent, nous allons voir quelles sont nos blessures définies par Lise Bourbeau.

1- La peur de l’abandon
La solitude est le pire ennemi pour celui qui a vécu un abandon durant son enfance. Il y aura une attention constante à ce manque, par conséquent, celui qui a en a souffert, abandonnera ses partenaires et ses projets de façon précoce, de peur d’être abandonné.
Ce serait quelque chose comme «je pars avant que tu me laisses», «personne ne me soutient, je ne suis pas prêt à supporter cela», «si tu t’en vas, ne reviens pas …».
Les personnes qui ont souffert d’abandon dans l’enfance, devront travailler leur peur de la solitude et leur peur d’être rejetées.
La blessure causée par l’abandon n’est pas facile à guérir. Ainsi, vous serez conscients que vous avez commencé à guérir lorsque la crainte d’avoir des moments de solitude disparaîtra et un dialogue intérieur positif et plein d’espoir commencera à circuler en vous.

2 La peur du rejet
C’est une blessure profonde, parce qu’elle implique le rejet de notre être intérieur. Avec le mot intérieur nous nous référons à nos expériences, nos pensées et nos sentiments.
On peut expliquer l’apparition du sentiment de rejet par de nombreux facteurs qui peuvent l’influencer, tels que le rejet des parents, de la famille ou des pairs. Il génère des pensées de rejet, le sentiment de ne pas être désiré et une disqualification de soi-même.
La personne souffrant de cette expérience douloureuse ne se sent pas digne d’affection ou de compréhension et elle s’isole dans son vide intérieur, de peur d’être rejetée.
Il est probable que les personnes qui ont vécu cela dans leur enfance, seront des personnes insaisissables. Donc, nous devons travailler nos peurs intérieures et ces situations qui nous génèrent une panique.
Si tel est votre cas, prenez soin à faire attention à vous, à prendre des risques et à prendre des décisions pour vous-même.
À chaque fois, vous serez un peu moins dérangé que les personnes s’éloignent de vous et lorsqu’elles vous oublieront à un certain moment, vous ne le prendrez plus comme quelque chose de personnel.

3- L’humiliation
Cette blessure est générée au moment où nous pensons que d’autres nous désapprouvent et nous critiquent. Nous pouvons générer ces problèmes à nos enfants en leur disant qu’ils sont stupides, mauvais ou qu’ils sont lourds, ou bien en racontant leurs problèmes aux autres. Cela détruit l’estime de soi de l’enfant.
Ces personnes auront une personnalité dépendante. De plus, nous pouvons avoir appris à être des «tyrans» et des égoïstes comme un mécanisme de défense et même à humilier les autres, pour nous en servir comme un bouclier protecteur.
Avoir souffert de ce type d’expérience nécessite de travailler notre indépendance, notre liberté, la compréhension de nos besoins et de nos peurs ainsi que nos priorités.

4- La trahison ou la crainte de faire confiance
Elle apparaît lorsque l’enfant s’est senti trahi par un de ses parents surtout, si celui-ci n’a pas remplit ses promesses.
Cela peut générer une méfiance qui peut être transformée en envie et en d’autres sentiments négatifs, puisqu’on ne se sent pas digne de ce qui a été promis et de ce que les autres ont.
Avoir souffert de ces problèmes dans l’enfance construit des personnes manipulatrices, qui veulent tout contrôler et bien contrôler. Si vous avez subi ces problèmes durant l’enfance, vous êtes susceptibles de sentir la nécessité d’exercer un certain contrôle sur les autres, ce qui est souvent justifié par un fort caractère.
On voit souvent leurs erreurs de ces personnes dans leurs manières d’agir. Il s’agit donc de travailler la patience, la tolérance et le savoir vivre tout comme apprendre à être seul et à déléguer des responsabilités.

5- L’injustice
Elle résulte d’un environnement dans lequel les principaux protecteurs sont froids et autoritaires. Dans l’enfance, une exigence trop importante qui dépasse les limites génère des sentiments d’impuissance et d’inutilité, à la fois dans l’enfance et à l’âge adulte.
Les conséquences directes sur le comportement de ceux qui en ont souffert seront la rigidité, car ces personnes tentent d’être très importantes et d’acquerir une grande puissance.
De plus, il est probable que cette injustice crée un fanatisme pour l’ordre et le perfectionnisme et une incapacité de prendre des décisions en toute confiance.
Il est nécessaire de travailler la méfiance et la rigidité mentale, pour générer un maximum de flexibilité et permettre d’avoir confiance en les autres.

Maintenant que nous connaissons les cinq blessures de l’âme qui peuvent affecter notre bien-être, notre santé et notre capacité à nous développer en tant que personnes, nous pouvons commencer à mettre en place un processus de guérison.

 Source : Bourbeau, L. (2003) Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même. 

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samedi 16 avril 2016

Changer les regards avec Joshin Luce Bachoux

C'est un homme comme il y en a hélas beaucoup, plutôt proche de la soixantaine, le visage fatigué, les yeux d'un vaincu, assis sur le trottoir au coin de ma rue avec toutes ses possessions, une tasse en carton, un sac en plastique, une couverture.

Il ne demande rien. Il est là, il ne nous regarde pas, il attend, il survit. J'ai commencé par lui donner une pièce ou deux en passant, puis j'ai essayé de lui parler, d'apprendre où il vivait, mais son français se limite à « Merci Madame. » Cet hiver, je l'ai vu transi, recroquevillé ; il me semblait malade, maigrissait à vue d’œil. Quand je m'arrêtais près de lui, il me faisait comprendre combien il souffrait du froid.

J'apportai un grand sac contenant une veste chaude, des écharpes, des pulls, tout ce que j'avais récolté auprès de ma famille. Il a eu l'air vraiment content, m'a beaucoup remercié. Puis rien. Deux jours après, il était là, sans veste, sans écharpe. Les vêtements avaient-ils été donnés, échangés ? Les lui avait-on pris ? Que s'est-il passé, je ne le saurai pas. Je n'osai pas trop l'interroger ; quand je fis le geste d'enfiler une veste, accompagné d'un regard interrogateur, il me répondit par un mouvement de la main, très éloquent, qui me semblait englober toute une approche de la vie : « Eh oui, c'est comme ça... », juste une constatation, sans amertume, sans révolte.

Depuis, ne sachant trop que faire, je m'en suis tenue à donner de l'argent, des boissons chaudes et des sourires. Nous nous souhaitons bonne journée, moi debout, prête à bouger, à m'activer, lui sur son bout de trottoir, assis, disparaissant ensuite je ne sais vraiment pas vers quoi. Je donne, il me remercie, nous nous regardons, il me sourit, vaguement triste, je lui souris, vaguement coupable, et voilà.

Puis peu après Pâques, la situation s'est transformée. Un matin, lui, toujours si discret, me fait de grands signes en me voyant arriver. Il a un grand sourire, plus joyeux que je l'ai jamais vu. Il ouvre le sac posé près de lui et me montre : c'est plein de petits biscuits, de tablettes de chocolat. L'air réjoui, il fouille dans tout ça, et sort d'un air victorieux un lapin en chocolat, bien emballé dans son papier doré, et me le tend. « S'il vous plaît, s'il vous plaît... » Aujourd'hui, c'est lui qui me donne quelque chose, c'est moi qui remercie. Je range dans ma poche la pièce que j'avais préparée. Je lui montre en riant que cela me fait plaisir, j'exprime par gestes combien je suis gourmande - c'est vrai ! - et je range soigneusement le cadeau dans mon sac. Et je remercie encore, et nous nous sourions cette fois sans aucune arrière-pensée : deux êtres humains qui se rencontrent, deux personnes égales, des dons qui circulent dans les deux sens, un équilibre qui s'est rétabli dans le monde.

J'ai mangé le lapin, délicat chocolat au lait, et j'ai recommencé à lui offrir une ou deux pièces lorsqu'il est là. Mais nous savons tous les deux que tout a changé entre nous. Bien sûr, aujourd'hui, c'est moi qui donne, c'est lui qui reçoit, mais cette situation n'est pas figée, demain, après-demain peut-être, tout peut changer. C'est un moment de la vie, pas une fatalité.

Nous avons remis le monde à l'endroit, dans sa circulation fluide, changeante. Et je me demande si je ne me suis pas trompée souvent dans mon approche du don, si le plus grand don que l'on peut faire à quelqu'un ne serait pas de lui donner à son tour l'occasion de faire un don.

Un lapin en chocolat qui fait réfléchir !

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dimanche 13 mars 2016

Christian Bobin ou la poésie miroir



Il n'y a rien de plus rare, ni de plus vivant, ni de plus important au monde que d'essayer de rencontrer quelqu'un. 
L'autre est un miroir. 

Si le miroir est de bonne qualité, il nous permet de nous deviner en lui. 
Il y a très peu d'événements fondateurs dans une existence. Quatre ou cinq. Tout ce qui mérite le nom d'événement est sans doute de l'ordre de la rencontre. Le coup porté par une émotion, le bouleversement induit par une beauté ou une épreuve, font que l'on se rencontre soi-même tout en découvrant autre chose de soi. 

La rencontre est le but et le sens d'une vie humaine. 
Elle permet qu'on ne la traverse pas en somnambule. 
Quand mes yeux se fermeront, ils le feront sur une immense bibliothèque constituée par des visages qui m'auront ému, troublé, éclairé. Un visage est éclairant quand un être est bienveillant et qu'il est tourné vers autre chose que lui-même. 

Le soin qu'il prend de l'autre, l'illumine, le rend vivant. 
Il capte une lumière et la renvoie. 
C'est quelque chose de rare. 
La richesse de cette vie est faite surtout de visages et de quelques paroles. Les mots ne sont pas les plus importants. Ils enferment parfois. Alors que quand ils sont simplement allusifs, à peine écrits, ils amènent le lecteur à faire un travail psychique et délivrant sur lui-même. 

Les livres sont agencés pour permettre à un silence bienfaisant, fraternel, de venir. Dans cet espace, quelque chose de l'auteur rencontre le lecteur et celui-ci y rencontre quelque chose de lui. 
Dans ce monde, on parle trop pour ne rien dire. 
Écrire permet d'aérer le langage, de faire venir de la lumière, quelque chose de neuf et de silencieux entre les mots, sous les phrases. 
Ce silence est bienfaisant.


- Christian Bobin
(Interview Le Point.fr)





mercredi 18 mars 2015

Regard et l'autre...


"N'oublie pas une seconde que celui ou celle qui te regarde, ses goûts, ses gestes, ses pensées ont été façonnés par une longue histoire qui t'est étrangère. Rappelle-toi bien que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien, n’est pas une partie de ton monde ; il n’y a personne dans ton monde, pas même toi. Goûte la plus grande jouissance qui soit : aime celui ou celle qui est devant toi, aime-le d’être ce qu’il est, une énigme – et ne lui demande pas d’être ce que tu crois, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu veux. 

Christian Bobin

samedi 14 février 2015

Peur et profondeur avec Jean Vanier

Se cacher derrière les murs

La peur nous pousse à nous cacher derrière les murs de notre cœur, de notre groupe, de notre communauté. C'est si profond en chacun de nous. Nous recherchons la sécurité, mais souvent en oubliant qui nous sommes au plus profond. Nous avons peur de ne pas être : ne pas être aimé, ne pas réussir, ne pas être apprécié ou reconnu, ne pas avoir de place si nous quittons la sécurité de notre groupe. 


Peur de reconnaître ce qu'il y a de plus profond en nous

Nous jugeons et condamnons l'"autre", celui qui est différent et qui a quelque chose que nous n'avons pas. Nous sommes profondément jaloux parce que nous n'avons pas la plénitude de la vie en nous. Nous avons peur de reconnaître nos propres blessures, nos fautes, notre faiblesse, comme nous avons peur de reconnaître ce qu'il y a de plus profond en nous, notre beauté intérieure, notre valeur.


Jean Vanier, Recherche la paix