LA CONSCIENCE AVANT LA MATIÈRE : QUAND LA SCIENCE REJOINT LE TAO
Depuis toujours, les grandes traditions spirituelles — hindouisme, bouddhisme, taoïsme, mystique chrétienne ou soufie — partent d’un même constat : la conscience est première, la matière n’en est qu’une condensation.
Aujourd’hui, la physique commence à effleurer cette intuition.
Elle y propose un modèle où la conscience universelle serait un champ fondamental, d’où émergeraient l’espace, le temps et la matière. Autrement dit, l’univers serait une manifestation localisée d’un champ de conscience cosmique.
L’article est publié dans une revue réelle et reconnue de l’American Institute of Physics, mais de nature ouverte et spéculative : AIP Advances accueille des travaux théoriques innovants, sans exiger de validation expérimentale.
Il s’agit donc d’un texte sérieux dans sa forme, mais spéculatif dans son contenu. Strømme ne prouve pas que la conscience précède la matière : elle propose une formulation moderne et mathématique d’une intuition ancienne.
Là où la science théorise, les traditions spirituelles expérimentent. Le taoïsme, notamment, a élaboré une véritable méthodologie pour explorer ce champ de conscience par la méditation, le souffle et l’alchimie interne.
Le Dao De Jing l’exprime au chapitre 42 :
> 「道生一,一生二,二生三,三生萬物。」
Le Dao engendre l’Un, l’Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois, et le Trois engendre les dix mille êtres.
Ce passage n’est pas qu’une métaphore : il décrit un processus de condensation du principe indifférencié — le Dao — vers la polarité, puis vers la matière. C’est exactement le mouvement que Strømme tente d’exprimer en langage physique.
Cette convergence rappelle Le Tao de la Physique de Fritjof Capra, qui montrait déjà que plus la science s’enfonce dans la matière, plus elle rejoint les visions spirituelles de l’unité. Strømme va un pas plus loin : elle cherche à traduire cette unité dans les équations mêmes de la physique.
Ce dialogue entre la science et la sagesse laisse entrevoir ce que pourrait être une approche intégrale, où l’observation extérieure et l’expérience intérieure cessent de s’opposer mais se fertilisent mutuellement.
Car, comme le dit la tradition taoïste, celui qui regarde vers l’extérieur rêve ; celui qui regarde vers l’intérieur s’éveille.
C'est en partie vrai, mais sans regard à la troisième personne, le regard vers l'intérieur ne peut produire un éveil complet à lui tout seul, comme l'ont expliqué de manière très convaincante Jack Kornfield ou Ken Wilber.
Fabrice Jordan
« Lux Prima – La Lumière au-dessus des Eaux »
Gravure de Heinrich Khunrath (Amphitheatrum Sapientiae Aeternae, 1609), illustrant la première émanation de la Lumière divine au-dessus des eaux primordiales.
----------

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire