Mais quel est donc cet organe, ce petit petit muscle motorisé, qui se met à fonctionner quelques semaines à peine, après la conception et ne cessera de battre qu’au dernier jour de notre vie?
Tel un métronome infatigable, il marquera de son tempo, chacune des secondes de notre existence, et sur une évaluation de quatre-vingts ans, il battra environ, tenez-vous bien :
Quatre milliards, neuf cent soixante-seize millions et six cent quarante mille fois !
Bien sûr, il aura peut-être des ratés, des accidents, des fêlures, dont il ne se remettra pas; mais dans la plupart des cas, vaille que vaille, il continuera sa mission, aspirant le sang fatigué et l’éjectant vers les poumons qui dans une synergie parfaite vont l’oxygéner, le nettoyer, le purifier.
Mais ce cœur si précieux à travers lequel s’écoule tel un fleuve perpétuel, le sang de notre vie, de nos peines et de nos joies, de nos déchirures, de nos frustrations, de nos amours et de toutes nos détestations, ce cœur, le mien, le vôtre, garde sur ses bords, les alluvions de toutes nos passions et de toutes nos lassitudes.
Si léger et rêveur dans l’enfance, si bouillonnant à l’adolescence, si passionné en jeunesse et si raisonnable avec le temps, il devient gros, il devient lourd, il porte le poids de nos ans et continue cependant d’assurer vaillamment, avec son tic-tac d’horloge compteuse, la longévité de notre parcours...
Elisabeth Kuhn
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