(vasanakshaya) ?
La quatrième ligne de travail qui caractérise l'Adhyâtma Yoga est celle de l'érosion (akshaya) des désirs (vasana). Au lieu d'adopter la position commune à la plupart des voies spirituelles, qui prônent le détachement vis-à-vis des désirs profanes et condamnent peu ou prou le plaisir, l'Adhyatma Yoga considère que seule l'expérience complète de la satisfaction peut conduire à la liberté.
Loin d'inciter à se désengager du monde et des occasions que celui-ci donne de jouir de la vie dans ses différents aspects (richesse, pouvoir, renommée, sensualité et sexualité...) l'Adhyâtma Yoga part donc de la reconnaissance pleine et entière de ces aspirations fondamentales puis offre des moyens pour gérer consciemment leur réalisation. Cet aspect de la voie, le plus délicat peut-être, implique bien évidemment un suivi personnalisé du pratiquant par un guide compétent. Moyennant quoi, il en résulte -avec le temps- une maturation particulière du pratiquant qui peut alors, sans sacrifice ni mensonge, réorienter l'essentiel de ses forces vives vers la quête de la dimension transcendante de lui-même, ce qui justifie ainsi le nom même de cette démarche globale qualifiée de "Yoga en direction du Soi"...
"Le désir a pour but sa propre satisfaction. Au moment où le désir vient d’être satisfait, il y a pendant quelques instants un état sans désir et, dans cet état sans désir, peut se manifester cette béatitude inhérente à la conscience de soi ou au sentiment de soi techniquement appelé ananda. Cet ananda n’est pas une émotion. C’est un sentiment, une paix, une joie, une plénitude qui est l’expression de l’être, qui est lié au fait d’être, au « Je Suis », à la conscience d’être, qui ne dépend pas de l’avoir, qui n’est pas affecté par ce que l’on a ou ce qu’on n’a pas. En vérité, le bonheur que l’on cherche dans l’avoir n’est jamais autre chose que la libération momentanée de la joie intrinsèque à l’être dont les désirs et les peurs vous exilent sans cesse."
"Si l’on nous propose comme but la complète suppression de toutes les tensions, nous adhérons tout de suite. L’ego ne voit rien là qui puisse le menacer. Qui ne souhaiterait être profondément détendu ? Mais quand on nous dit que cette détente complète, cette disparition de toutes les tensions, est synonyme de l’état-sans-désir, l’ego s’affole, puisqu’il n’est fait que de désirs. Pourtant, si nous regardons un peu attentivement, avec une buddhi quelque peu vigilante, nous voyons bien que cette disparition de toutes les tensions, ce merveilleux relâchement, cette détente ne peuvent se produire tant que subsistent, manifestés ou « latents » (c’est-à-dire non conscients) les désirs et les peurs. L’existence ordinaire est tension, conflit et, en même temps, tout le monde rêve de paix et de détente. Autrement dit, l’ego veut la paix mais sans renoncer aux conflits, l’ego veut la détente mais sans renoncer aux tensions, ce qui est manifestement impossible. Tous les enseignements, pas seulement l’adhyatma yoga, ont insisté sur cette disparition des peurs et des désirs. "
Arnaud Desjardins
Extrait de "A la recherche du Soi" (tome 1)
Je vous propose d'écouter Arnaud Desjardins à propos de l'être en cliquant sur l'image suivante :
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