vendredi 27 mai 2011

Le silence guérit par Yolande Duran-Serrano

Cette certitude, c’est une perception, une vision ?...
C'est plus qu'une vision : c'est une évidence, un sentiment profond, quelque chose de tellement fort que, même si dans l'instant je ne vois que ce qui est là, comme tout le monde – un canapé, une table, une personne en face de moi –, cette vision profonde est là « avant ». Et c'est tellement puissant que cela prend le pas sur ce que "disent" les yeux et tous les autres sens. La vision des yeux, l'audition des oreilles, le toucher de la peau... tout ça ne sert plus à définir le réel. Parce que, profondément, avant tout et à chaque instant, cette « chose » est là, tout le temps. Elle est avant les phénomènes, avant les expériences qui autrefois constituaient l'existence. Ou, si j'essaie de le dire autrement : les phénomènes sont vus « depuis » cette chose qui est au premier plan ; et tout ce que je vois, entends, sens, apparaît au second. Même ce que je vois les yeux fermés, qui est tellement plus réel que le réel habituel...

Ce que tu vois les yeux fermés ? !
Oui. Quand je m'allonge, que je ferme les yeux et relaxe, je tombe dans un état différent. Ça ne ressemble ni à l'état de veille ni au rêve ni au sommeil profond. Je suis parfaitement consciente ; en même temps, j'ai perdu la conscience de mon corps : j'ai l'impression de n'être plus que vision, vision avec les yeux fermés. Là, des phénomènes apparaissent. Des visages, des paysages, des présences fugaces et intenses, des choses chargées d'une telle réalité que, de retour dans l'état de veille, les mots « voir » ou « réel » prennent un tout autre sens.
Mais, sans même parler de ces phénomènes : rien que dans la vie de tous les jours, « voir » a pris un autre sens, une autre saveur. Parce que ce silence t'empêche de te recréer à chaque instant, t'empêchent d'interférer, de penser, de projeter, de sécréter ce filtre du mental, la réalité t'apparaît bien plus vive, bien plus réelle.

Par Yolande Duran Serrano

1 commentaire:

Anonyme a dit…

En laissant résonner ces phrases ,
une métaphore émerge :
Le silence comme un lac d'Absolu ,
sur lequel des vagelettes Relatives
prennent l'apparence du réel ,
n'étant que :
la part manifestée et impermanente ,
sur le lit permanent du non manifesté.
Catherine-Gandha