vendredi 13 septembre 2024

Fanaison ?


Tu n'as pas pris soin
ce matin
de la beauté du monde,
tu as laissé
la page
des oiseaux s'écrire
sans toi,
la page bleue
toujours
recommencée,
tu n'as pas battu
avec le cœur de
l'aube et des
jardins,
tu n'as pas encore
cueilli
sur tes paupières
toute la fraîcheur
connue.
Qui aurait pu
faire cela
pour toi ?
Tu portais toute la
lumière possible,
un regard
aujourd'hui
a manqué à la terre
si près de se
faner.
Jean-Christophe Ribeyre
Habiter ce qui tremble - Europe n°1009
Photo Jean Patrick Cali
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jeudi 12 septembre 2024

Descente corporelle

 Exercice : Quitter la tête, s'installer dans le corps


Installez-vous dans un bon fauteuil. Installez-vous comme si on vous avait posé là : vous attendez quelque chose mais vous ne savez pas ce que vous attendez.

Fermez les yeux si vous le souhaitez puisque vous êtes contraint d'attendre.

À présent, laissez glisser vos pensées dans votre corps. Comme une carafe que vous videriez dans un grand bassin. Alors les pensées se diluent, se perdent dans le flot des sensations.

La sensation du souffle qui se balance et des poumons qui respirent. La sensation du ventre qui gargouille ou se tait.

La sensation de humer l'air autour de vous pour sentir les odeurs ou les parfums.
La sensation de votre poids dans le fauteuil.

Attardez-vous sur les sensations qui vous arrivent, comme si vous les découvriez pour la première fois.
Sans penser, comme si le cerveau se taisait tandis que le corps prend la parole, pour l’écouter et s’en inspirer, comme on écoute un bon orateur.

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extrait du livre : L'autohypnose - Comment faire de son inconscient un allié pour santé et son bien-être : Comment faire de son inconscient un allié des Drs Bordenave et Chaboche
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mercredi 11 septembre 2024

Espace de quiétude

 


  • La quiétude est votre nature essentielle. Quelle est-elle, en fait ? C’est l’espace intérieur, ou la conscience dans laquelle les mots de cette page sont perçus et deviennent des pensées. Sans cette conscience, il n’y aurait ni perception, ni pensées, ni monde. Vous êtes cette conscience dissimulée sous l’apparence d’une personne.
  • L’équivalent du bruit extérieur, c’est le bruit intérieur de la pensée. L’équivalent du silence extérieur, c’est le calme intérieur. Chaque fois qu’un silence vous entoure, écoutez-le. Remarquez-le, tout simplement. Accordez-y votre attention. L’écoute du silence éveille en vous la dimension du calme, car ce n’est qu’en toute tranquillité que l’on prend conscience du silence.
  • Voyez: dès que vous remarquez le silence alentour, vous ne pensez pas. Vous êtes conscient, sans penser.
  • Lorsque vous prenez conscience du silence, cette vigilance intérieure est immédiate. Vous voilà présent. Vous voilà sorti de millénaires de conditionnement humain collectif.
(Quiétude)
Eckhart Tolle : La quiétude.
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mardi 10 septembre 2024

Du bon usage de la conscience

  


« L’importance donnée au hara représente la relation originelle de l’homme avec les puissances de la grande vie. Cette conscience est le lien non encore rompu avec la nature. Hara est un don originel fait à l’homme. Sur ce chemin qu’est le zen, nous avons le devoir de nous relier, consciemment cette fois, aux forces de la grande vie ; nous avons le devoir de reconquérir notre vrai centre. »  K.G.Dürckheim

Ces quelques mots - consciemment cette fois - ont toute leur importance ; l’être humain connaît déjà cette manière d’être. C’est ainsi que nous avons commencé notre existence, baignant dans l’inconscience de notre sort, sans volonté ni mental, portés par une conscience vitale, primaire, corporelle et sensorielle. Alors, conscience ou inconscience ?

D’un certain point de vue, nous pourrions dire que depuis la fécondation, nous sommes sur la Voie. Le corps est un incessant processus vivant, comme nous le montrent les imageries médicales de la vie intra-utérine. Nous sommes soumis aux lois de la nature : pas de mental pour la multiplication des cellules, du ‘haricot’ à l’embryon, de l’embryon au fœtus …

Passage d’une forme à une autre : tout est action, geste vivant transformateur.

Déjà, fœtus, je sens, je ressens, j’entends, je goûte ... Puis, le passage de la matrice à l’extérieur engendre d’autres transformations, d’autres actions : une autre respiration, puis tous les gestes innés du bébé se mettent en place mois après mois : sur le dos, sur le ventre, sur le côté …

Ramper, s’asseoir, se mettre debout, puis quelques pas … Je suis corps vivant, mis en forme, en geste par la Vie.

Cette gestuelle parlera à tous les participants aux retraites du Centre Dürckheim !

Que ce soit dans la vie intra-utérine, dès les premiers instants, « Cela » se transforme sans arrêt, puis ensuite, bébé, « Cela » agit, prend forme ; forme voulue par la vie, forme portée par des actions vitales. Dans la tradition zen, le maitre de tir à l’arc dira : « Ne tirez pas, laissez cela tirer ! »

« Hara – centrés » (bassin et ventre), c’est comme cela que nous avons débuté notre existence, emportés par l’énergie vitale, le Tao - l’ordre des choses - tel le petit animal (étymologiquement, un être doué de vie) que nous sommes, sensoriellement ouverts à tout.

Cette inconscience vitale, faite de force et de vulnérabilité, de dépendance en même temps que d’innocence, de simplicité et d’abandon, est « ce don originel fait à l’homme », source de notre existence terrestre.

« Inconscience vitale » qui fascine et fait trembler les adultes que nous sommes devenus. Mais peut-on parler d’inconscience chez l’enfant ?

« L’enfant ne sait pas qu’il vit, il vit ! ».

Adultes, nous redoutons cette inconscience car nous sommes tombés dans une autre forme de conscience, propre à l’être humain : la conscience objectivante, rationnelle et explicative, avec ce besoin effréné de comprendre et de maitriser notre existence à tout prix.

Nous devenons des êtres pensants, « égo-centrés », c'est-à-dire centrés dans notre tête, et non plus dans le centre vital du bassin, du ventre.

Peu à peu, « je pense donc je suis » remplace et occulte « je respire donc je suis ».

Cette forme de conscience ne peut plus accepter, ou alors très difficilement, cet état d’abandon face à l’incompréhensible, l’inattendu ou le renouveau de la vie.

Mais, adultes, (et c’est notre chance !) nous restons aussi fascinés par cet état d’innocence et d’abandon propre à l’enfance, nostalgiques de cet état que nous avons déjà vécu.

Etant adultes, devenus des êtres de raison, nous avons à redécouvrir, « consciemment cette fois » ce que finalement nous connaissons depuis toujours : l’appartenance à cette conscience vitale, pré-mentale, source de toute vie. Il ne s’agit pas de renier l’intelligence propre à l’humain et ses capacités extraordinaires, mais de retourner vers une forme de conscience plus ouverte, plus large, plus inclusive : une conscience corporelle, sensitive qui nous relie à l’intelligence vitale.

« Remplaçant les forces naturelles inconscientes constituant sa base par les forces de son esprit rationnalisant et sa volonté, l’être humain devient un moi conscient de lui-même et autonome ; mais, ce faisant, il oublie d’où il vient ». K.G. Dürckheim.


Toutes ces actions qui nous portent et nous transforment depuis nos premiers instants sont encore là aujourd’hui, pour chacun d’entre nous, quel que soit notre âge, notre activité et notre intelligence rationnelle. Le soulagement évoqué après une retraite dans le témoignage ci-dessous nous rappelle que cette première conscience océanique n’est jamais perdue mais seulement oubliée, mise de côté.

« Après ce séjour, le soulagement est certainement ce qui m’a le plus saisie.

En sortie d’études, avec des années passées à fonctionner avec la tête et le raisonnement, assujettie aux injonctions personnelles de toujours faire plus et mieux, l’anxiété a commencé à faire son nid, mettant en sourdine les moments de sensibilité et de connexion avec moi-même et le monde qui m’entoure. “Pas le temps de prendre le temps”, “Pas le temps de s’arrêter un instant”, “Pas le temps d’observer, de ne rien faire”… Toujours faire plus, aller plus loin, plus vite et refaire mieux.

Alors je suis émue et soulagée par ce rappel que l’essentiel n’est pas là, tout au contraire. Émue et soulagée d’avoir perçu que cette connexion à l’essentiel est belle et bien réelle, qu’elle est toujours là. Émue et soulagée car il y a en effet une manière d’être, ou de se laisser être, révélatrice de sens et qui donne à vivre des moments vrais, sensibles et apaisants. »

Une manière d’être, hors de cette habitude de tout aborder par la pensée, que l’exercice, sur la voie du Zen, nous révèle. Nous sommes déjà, encore, toujours, ce que nous cherchons.

Joël Paul

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lundi 9 septembre 2024

Gravissement...


Aujourd’hui, j’ai gravi la montagne

Derrière mon parfait ermitage ;
Et du sommet, j’ai contemplé
Ces scènes si douces.
J’ai levé la tête et vu le ciel sans nuages :
Il m’a évoqué l’espace absolu, sans limite,
J’ai ressenti une liberté
Sans milieu ni fin.
J’ai baissé la tête et regardé en face :
Alors j’ai vu le soleil de ce monde.
Il m’a évoqué la méditation
Lumineuse et sans voile.

Shakbar
L'esprit du Tibet de Matthieu Ricard.

📷 Matthieu Ricard. Un monastère tibétain émerge de la brume en haut d’une colline près du lieu saint connu sous le nom de Namo Bouddha, dans les contreforts himalayens au Népal.

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dimanche 8 septembre 2024

Ici et maintenant

 

Un autre élément de la pratique de l'acceptation consiste à accepter ce qui est ici et maintenant. Pas demain, le mois prochain, dans deux ans. Le concept même de chemin implique que l'on se rende d'un point à un autre, mais en fait on ne bouge jamais. On ne fait que réaliser où l'on se trouve déjà.

Pourquoi la notion de « ici et maintenant » s'avère-t-elle si importante dans le processus de l'acception de ce qui est ? Nous avons tendance à formuler de grandes généralités, puis à prétendre les appliquer en toutes circonstances.


Souvent, nous allons inconsciemment accepter que nos habitudes sont ce qu'elles sont, comme si, puisqu'il en a toujours été ainsi, cela ne devait jamais changer, au lieu de faire face au moment présent. Par exemple, il se peut que nous soyons régulièrement virés parce que nous arrivons toujours au boulot avec une demi-heure de retard. Puis nous découvrons une voie spirituelle où l'on nous propose d'accepter « ce qui est ». Nous nous tenons donc le raisonnement suivant : « Je vais accepter ce qui est : je suis toujours en retard. » Le problème, en l'occurrence, c'est que notre acceptation n'a rien à voir avec ce qui se produit ici et maintenant et que nous utilisons cette idée de « l'acceptation » pour nous complaire dans une mauvaise habitude du passé. Alors que, consciemment, nous prétendons vouloir changer, inconsciemment nous sommes en train de nous dire : « Je suis comme je suis et je n'ai pas besoin de m'interroger sur mon manque d'intégrité. »

L'« ici et maintenant » dans la formule « accepter ce qui est » élimine le passé comme le futur et nous ramène au moment présent. C'est un point tout à fait crucial, le pivot de cet enseignement sur l'acceptation de ce qui est. « Ici et maintenant » définit la réalité de ce moment comme absolument distincte des schémas chroniques de mécanicité qui trouvent leur source dans le passé et déterminent le futur. « Ce qui est ici et maintenant » est seulement dans le moment présent. Le passé n'a aucun pouvoir sur le moment présent et le futur n'existe pas, à moins que notre inconscient ou nous-mêmes ne fabriquions des influences passées ou futures.

Par conséquent, tout peut arriver dans le moment suivant dès lors qu'il est dégagé de ces influences. Donc, au lieu de nous dire : « Ce qui est, c'est que je suis toujours en retard », nous pouvons reconnaître que, oui, nous sommes en retard maintenant, tout en étant ouverts au moment suivant. Dans le moment présent, il n'y a pas de moment suivant ; c'est seulement lorsque le moment suivant devient le moment présent que ce moment existe.

Lorsque nous disons « Ce qui est est ici et maintenant », cela signifie uniquement ici et maintenant. Ce n'est pas : « Ce qui est ici et maintenant était... », ou : « Ce qui est ici et maintenant va être ». L'acceptation de ce qui est est précise, spécifique, elle relève d'une connaissance spécifique du moment présent. Lorsque nous acceptons ce qui est ici et maintenant, nous disons à la vie : « Je n'ai pas besoin de te manipuler, de te contrôler. Tout est bien tel quel. » Et dans cette liberté, c'est la vie qui définit le moment suivant plutôt que notre psychologie.

Lee Lozowick

 Eloge de la Folle Sagesse 

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samedi 7 septembre 2024

Portail du silence


Le portail menait
aux rires du
jardin.
Tes propres portes
un jour se sont
fermées
sans que personne
autour de toi
n'en mesure
le silence.
Jean-Christophe Ribeyre
Frères
Éditions Henry/La rumeur libre

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vendredi 6 septembre 2024

Energie de Vie

"Voilà ce qu’il avait compris, pour peu qu’il ait compris quoi que ce fût : cette effrayante énergie appelée vie se damnait et se rachetait à chaque instant.

Elle se damnait par l’oubli, par l’indifférence, par l’inhumanité ordinaire, par la sécheresse instituée en condition courante, par l’absence de perspective de l’esprit et du cœur lovés sur leur plus petit dénominateur commun, le moi rabougri, la personne atrophiée parce que réduite à la personnalité, l’identité embryonnaire...


Et elle se rachetait par l’attention, par le moi non plus étanche mais transparent au point de voir au travers de ses propres parois.

Elle se rachetait par le plus insignifiant des actes de bonté, le plus anodin des gestes généreux, le plus inaperçu des sourires.

Il y avait ce sens-là et il n’y en avait pas d’autre : cette existence était un raz-de-marée de souffrances qui toutes se brisaient contre le mur invisible et à chaque instant remonté de la compassion active.

Voilà ce qu’il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale.

Le monde s’abîmait à chaque instant dans l’abomination et, à chaque instant, il appartenait à tout être conscient de le sauver, et de le sauver d’un rien, sans se prendre pour un sauveur et surtout pas se revendiquer comme tel.

L’être conscient avait vocation de fonctionnaire du salut : en poste pour opérer de moment en moment des sauvetages de rien du tout.

Car tous les sauvetages n’étaient de rien du tout, y compris ceux que d’aucuns voyaient, louaient, célébraient, autant que tous ceux qui n’étaient vus de personne. Tous les sauvetages étaient goutte d’eau dans l’océan de la souffrance ininterrompue, et pourtant ... Chacun de ces sauvetages rachetait l’ensemble, dans l’instant comme pour toujours.

C’était à n’y rien comprendre et il n’y comprenait rien. Mais il le vivait, il respirait de cela."

Gilles Farcet, 𝐿𝑎 𝑟𝑒́𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑝𝑡 𝑎̀ 𝑔𝑒́𝑜𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒. Ed. L'Originel 2022.

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jeudi 5 septembre 2024

Présence de la respiration

 Nous avons repris les bases de la méditation.

D'abord poser l'intention.


J'ai repris les moyens qu'emploie Jean Yves Leloup auprès de qui j'ai été faire une retraite dans son manoir de la Tuderrière près de Challans en Vendée.



Au premier son du bol on prend conscience de la lumière que nous sommes et que les autres ont cette même essence lumineuse et nous symbolisons cela en joignant les deux paumes de nos mains. C'est très proche du Namasté hindou qui signifie "Je reconnais la lumière qui est en toi"


Au second son du bol on baisse la tête en se penchant en avant et on se rappelle l'origine terrienne de notre humanité, le "glaiseux". Nous prenons conscience que c'est grâce à cette apparence, à ce corps fait de glaise que nous pouvons prendre conscience de notre essence lumineuse et uniquement grâce à lui. Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu.


Au troisième son du bol nous posons le dos de la main droite sur la paume de la main gauche et nous joignons les deux pouces pour nous rappeler que nous sommes relation, relation entre le ciel et la terre, entre l'humain et le divin et relation avec tout ce que nous percevons. Cette relation est évident quand nous prenons conscience de l'ouverture que nous sommes, cette vaste ouverture au sein de laquelle le monde et nous-mêmes nous nous produisons.


Une fois que cette intention est posée, nous nous ancrons aux sensations de la respiration pour apprendre à notre esprit à se poser en un point.


Nous avons terminé la méditation en posant notre attention sur les différentes sensations que nous ressentons dans notre corps...
Philippe Fabri
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mercredi 4 septembre 2024

Besoin d'être aimé

 Q : Je ressens un grand besoin d'être aimé. N'ayant pas de conjointe, je me sens en manque d'amour. Je questionne ce besoin. Est-ce que je le crée et je l'entretiens par ma pensée ? Est-ce parce que je ne m'aime pas moi-même que j'ai besoin de me sentir aimé par d'autres ? Est-ce un besoin naturel, comme la faim et la soif, dont je ne peux me libérer, ou bien pourrai-je m'en libérer et comment ? J'explore aussi le principe de donner l'amour inconditionnel au lieu d'être en attente de le recevoir.


Jiddu Krishnamurti : Si vous êtes réellement disposé à questionner ce besoin, vous allez découvrir que ce que vous appelez "amour" est en réalité une quête de confort et de sécurité. Personne ne trouve l'amour dans une relation (il faudrait bien-sûr définir ce que nous entendons par ce mot), mais on peut y chercher la sécurité et d'autres avantages, comme un partenaire sexuel ou une cuisinière, quelqu'un qui nous aide à passer les moments difficiles... 

Toutes ces choses sont volontiers appelées "amour" par tout le monde. Pourtant, si nous observons réellement ce qui se passe entre un homme et une femme, nous voyons beaucoup d'arrangements, d'intérêts personnels, d'égocentrisme. Le compagnon ou la compagne ne sont finalement là que comme des objets pour satisfaire nos besoins. 

Où est l'amour dans une telle relation ? Mais il ne faut pas se voiler les yeux, c'est en regardant "ce qui est", tel que c'est, que nous pouvons vivre avec ce qui est. Ce besoin que vous énoncez est en même temps irrépressible, vous l'avez constaté : "j'ai grand besoin", dites-vous, et en même temps, vous demandez : "comment m'en libérer" ? 

Comment allez-vous vous libérer de quelque chose dont vous êtes certain d'en avoir grand besoin ? Comment allez-vous parvenir à vous en débarrasser ?

La question qui se pose à vous en fait, si vous acceptez qu'il est certainement immature de vouloir se débarrasser de quoi que ce soit, est de savoir si vous allez continuer à vivre les relations telles que je les ai décrites, ou si vous êtes disposé à vous libérer de vos images. Vous êtes en effet habité par des images : image de la femme idéale, image de votre partenaire idéale, image d'une partenaire du passé, et toutes ces images vous séparent de l'autre à tout moment. 

Ce que vous avez appelé "amour" jusqu'à présent n'est qu'une relation que vous avez entretenue avec vos images intérieures. 

Pour être réellement en relation avec la personne qui vous accompagne, il est nécessaire de faire silence en soi ; et je ne parle pas d'un effort méditatif comme on en trouve sur le marché, mais d'un véritable silence que les mots ne peuvent décrire et dans lequel les images disparaissent et laissent la place à une vigilance qui permet d'être absolument présent à ce qui est – un événement, un paysage, une personne – sans obstacle, et dans une relation qui pourrait alors être appelée "amoureuse".

~ Jiddu Krishnamurti 

(extrait d'une vidéo en anglais)

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