A l’occasion de la sortie de son nouveau livre,"Vers la sobriété heureuse", Pierre Rabhi a accepté de nous (magazine féminin bio) rencontrer pour nous parler de ce concept enthousiasmant, qu’il applique au quotidien depuis longtemps.
AG - Comment en êtes-vous venu à développer le concept de sobriété heureuse ?
C’est pour moi une conviction ancienne. Quand en 1961, j’ai choisi de partir vivre en Ardèche, c’était déjà une démarche de sobriété. Mais je ne m’en étais pas encore rendu compte. J’agissais naturellement, et la sobriété était en fait incluse dans ma démarche de retour à la terre. C’est pour moi une conviction extrêmement profonde que de vivre simplement pour jouir de la vie et de la nature. J’ai découvert ensuite la décroissance, et ça a été un déclic. La décroissance démontre que l’on court à notre perte puisque nous voulons l’illimité alors que nous vivons dans un système limité. La Terre n’est pas extensible. Il y a donc incompatibilité entre le système et les idées que l’on veut lui appliquer. Les gens ont mal compris la décroissance et pensaient qu’il s’agissait d’un retour en arrière. Pas du tout ! Mais pour présenter l’idée sous un angle plus optimiste, j’ai pensé à la notion de « sobriété heureuse ».
AG - En quoi consiste-t-elle ?
Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd'hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.
AG - Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?
Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd'hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.
AG - Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?
La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.
AG - C’est donc par là qu’il faut commencer ?
Disons qu’il faut au moins prendre en compte le fait que l’on comprend la nature en comprenant son corps. Le corps humain est une merveille ! Pensez aux cinq sens, à tout ce qu’il est capable de faire sans que l’on ait besoin d’y penser ! Le corps est une intelligence et c’est déjà la nature. Je ne comprends pas que l’homme se soit développé en disant « d’un côté la nature, de l’autre, l’homme ». C’est une aberration, car tout est relié. Il y a un cycle de la vie. Cela se voit : si l’on pollue la terre, la pollution se retrouve aussi dans notre corps.
AG - Cette vision de la nature n’est pas très répandue…
On doit beaucoup aux écologistes, et j’estime leur travail. Mais je pense que l’écologie politique a trop matérialisé l’écologie, en ne prenant en compte que l’aspect pondérable. Il y a une dimension d’admiration qui a été oublié.
AG - Votre message rejoint celui des religions, non ?
Dans le sens où je pense que la création est merveilleuse, oui. Mais il y a une contradiction entre dire que la nature est une création divine et ne rien faire pour la protéger. Les religions devraient être les premiers écologistes, ce n’est pas du tout le cas. Le catéchisme devrait apprendre aux enfants à s’émerveiller de la nature et à respecter la vie, or on en a fait une chose totalement abstraite.
AG - Etes-vous croyant ?
J’ai été musulman et chrétien, mais aujourd'hui, je ne me sens pas relié à une religion particulière. La dimension spirituelle de ma réflexion s’est profondément élargie avec l’écologie car elle m’amène à admirer la nature et la vie, et donc, l’œuvre divine. Je me suis aperçu que la sobriété heureuse pour moi, relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d’existence.
C’est pour moi une conviction ancienne. Quand en 1961, j’ai choisi de partir vivre en Ardèche, c’était déjà une démarche de sobriété. Mais je ne m’en étais pas encore rendu compte. J’agissais naturellement, et la sobriété était en fait incluse dans ma démarche de retour à la terre. C’est pour moi une conviction extrêmement profonde que de vivre simplement pour jouir de la vie et de la nature. J’ai découvert ensuite la décroissance, et ça a été un déclic. La décroissance démontre que l’on court à notre perte puisque nous voulons l’illimité alors que nous vivons dans un système limité. La Terre n’est pas extensible. Il y a donc incompatibilité entre le système et les idées que l’on veut lui appliquer. Les gens ont mal compris la décroissance et pensaient qu’il s’agissait d’un retour en arrière. Pas du tout ! Mais pour présenter l’idée sous un angle plus optimiste, j’ai pensé à la notion de « sobriété heureuse ».
AG - En quoi consiste-t-elle ?
Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd'hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.
AG - Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?
Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd'hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.
AG - Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?
La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.
AG - C’est donc par là qu’il faut commencer ?
Disons qu’il faut au moins prendre en compte le fait que l’on comprend la nature en comprenant son corps. Le corps humain est une merveille ! Pensez aux cinq sens, à tout ce qu’il est capable de faire sans que l’on ait besoin d’y penser ! Le corps est une intelligence et c’est déjà la nature. Je ne comprends pas que l’homme se soit développé en disant « d’un côté la nature, de l’autre, l’homme ». C’est une aberration, car tout est relié. Il y a un cycle de la vie. Cela se voit : si l’on pollue la terre, la pollution se retrouve aussi dans notre corps.
AG - Cette vision de la nature n’est pas très répandue…
On doit beaucoup aux écologistes, et j’estime leur travail. Mais je pense que l’écologie politique a trop matérialisé l’écologie, en ne prenant en compte que l’aspect pondérable. Il y a une dimension d’admiration qui a été oublié.
AG - Votre message rejoint celui des religions, non ?
Dans le sens où je pense que la création est merveilleuse, oui. Mais il y a une contradiction entre dire que la nature est une création divine et ne rien faire pour la protéger. Les religions devraient être les premiers écologistes, ce n’est pas du tout le cas. Le catéchisme devrait apprendre aux enfants à s’émerveiller de la nature et à respecter la vie, or on en a fait une chose totalement abstraite.
AG - Etes-vous croyant ?
J’ai été musulman et chrétien, mais aujourd'hui, je ne me sens pas relié à une religion particulière. La dimension spirituelle de ma réflexion s’est profondément élargie avec l’écologie car elle m’amène à admirer la nature et la vie, et donc, l’œuvre divine. Je me suis aperçu que la sobriété heureuse pour moi, relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d’existence.
Retrouvez Vers la sobriété heureuse le livre de Pierre Rabhi et le mouvement Colibris co-producteur du film de Coline Serreau "Solutions Locales pour un désordre global".
5 commentaires:
Oui, un homme puissant, Pierre Rabhi, il ne crée pas le lien, il est le lien.
C'est curieux, il y a comme ça, des personnes que l'on a jamais rencontrées, et pour lesquelles on a une infinie tendresse.
Oui Miche, exactement ça !
je pars en août "visiter" le lieu de vie le hameau des buis, qu'il a fondé avec d'autres, lieu de vie en "eco-village"....
ce qui est interessant avec Pierre Rabhi, c'est que son message peut-être "compris" par le plus grand nombre d'entre nous... sa crédibilité ne fait plus de doute!
merci encore de diffuser ces lumineuses reflexions!
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