Un homme, brave et impétueux comme un lion, fut épris d’une femme durant cinq années. Cette belle portait pourtant une légère taie à l’œil, perceptible à quiconque l’observait attentivement. Mais cet homme, bien qu’il contemplât souvent sa bien-aimée, ne s’en apercevait pas.
Comment, en effet, aurait-il pu distinguer ce défaut, lui dont l’âme était entièrement absorbée par un amour aussi ardent ?
Cependant, son amour finit par s’éteindre — un remède avait guéri cette passion.
Lorsque les flammes de l’amour s’affaiblirent en son cœur, il retrouva la maîtrise de lui-même. C’est alors qu’il remarqua la tache à l’œil de sa compagne, et lui demanda :
— D’où vient cette blancheur ? Était-elle là auparavant ?
Elle répondit avec douceur et lucidité :
— Dès l’instant où ton amour a diminué, mon œil a commencé à révéler son défaut.
Lorsque ton regard est devenu défaillant d’amour, mon œil est devenu imparfait à tes yeux.
Tu as troublé ton cœur par l’aversion qui t’habite désormais. Mais regarde donc, ô aveugle du cœur, tes propres manquements !
Jusqu’à quand continueras-tu à scruter les défauts des autres ? Préoccupe-toi plutôt de ceux que tu caches soigneusement.
Lorsque tes fautes te pèseront véritablement, tu ne prêteras plus attention à celles d’autrui.
— Farîd-ud-dîn ‘Attâr
*************************
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire