« Regardez ! Regardez ! » Aussi bref qu'une respiration, aussi plein qu'un tableau, il y en a un pour chaque instant de notre vie : le « haïku », ce court poème japonais, nous montre de petites choses, si légères qu'on ne les voit pas, si habituelles qu'on ne les regarde pas. Il parle du fugace, de l'absolu, de l'instant :
Comme on voudrait le saisir, l'attraper, juste ce moment ! J'ai les yeux plus grands que la tête et les mains qui me démangent ! C'est que cette matinée est si belle ! Juste fraîche, avec un petit parfum de feu de bois et de rivière. Il est tôt, et les oiseaux, eh bien, s'égosillent, il faut le dire, rien de très mélodieux, mais si joyeux, si pleins de vie qu'ils donnent envie de courir et de sauter... Et puis il y a la neige, et les pins aux fleurs de givre, et peut-être, là-bas, queue rousse, vite disparu dans un fourré, un renard - et on veut croire qu'il est venu voir le soleil se lever, et pas vérifier si la porte du poulailler du voisin est bien fermée !
Oui, il est si parfait ce matin, dans sa beauté et son impermanence, son effervescence et son foisonnement : je ne sais par quel bout le prendre ; je voudrais le ranger dans ma tête, pour le ressortir à l'envi, ou, mieux encore, pouvoir le faire vivre sur le papier... Mais je sens bien qu'il m'échappe, déjà, la lumière change, déjà, le moment est passé, déjà, il est trop tard...D'autres, avant moi, s'y sont essayés :
Attrapant au vol l'infiniment grand et l'infiniment petit, il nous fait rêver, ou rire, ou frissonner :
Mais, toujours, il nous interpelle : ne dormez pas ! Tout est autour de vous, toujours... Regardez ! Regardez :
Ces courts poèmes illustrent bien cette phrase du peintre Shitao : « Trouver la profusion, au bord du pas-grand-chose, au bord du rien... »
Au bord du rien : un souffle, une esquisse de geste, un rêve :
Le haïku : une évocation, un trait à peine tracé, une émotion attrapée au vol, le cœur qui se serre :
Oh, il n'est pas toujours romantique ; tout est bon, les gestes les plus quotidiens et les choses les plus ordinaires, il suffit de regarder autrement et nous voyons le comique des petits événements de notre vie :
Il nous transforme en géant, ou en Lilliputien ; il nous fait ouvrir les yeux à un autre monde, il voit de la poésie là où, souvent, nous ne voyons rien...Ah ! Celui-ci, mon préféré, peut-être, au bord du minuscule, au bord du rien, et tout est là :
Regardez ! Regardez !
Joshin Luce Bachoux est nonne bouddhiste. Elle anime la demeure sans limites, temple zen à Saint-Agrève, en Ardèche.
« Au firmament d'automne,
un petit oiseau
aux dimensions du ciel... »
Issa
Oui, il est si parfait ce matin, dans sa beauté et son impermanence, son effervescence et son foisonnement : je ne sais par quel bout le prendre ; je voudrais le ranger dans ma tête, pour le ressortir à l'envi, ou, mieux encore, pouvoir le faire vivre sur le papier... Mais je sens bien qu'il m'échappe, déjà, la lumière change, déjà, le moment est passé, déjà, il est trop tard...D'autres, avant moi, s'y sont essayés :
« Soir : la cloche du temple
arrêtée dans le ciel
par les cerisiers en fleurs. »
Chiyo
Attrapant au vol l'infiniment grand et l'infiniment petit, il nous fait rêver, ou rire, ou frissonner :
« Une par une
les étoiles apparaissent
- quel froid ! »
Taigi
« Crépuscule,
dans l'eau de la flaque
la lumière vit encore... »
Issa
Au bord du rien : un souffle, une esquisse de geste, un rêve :
« Sur ma paume
une libellule bleue
et son parfum d'eau. »
Kuroda
Le haïku : une évocation, un trait à peine tracé, une émotion attrapée au vol, le cœur qui se serre :
« Sur ce chemin,
nul ne vient,
- soir d'automne. »
Bassho
Oh, il n'est pas toujours romantique ; tout est bon, les gestes les plus quotidiens et les choses les plus ordinaires, il suffit de regarder autrement et nous voyons le comique des petits événements de notre vie :
« Pour vous aussi, les puces,
la nuit est peut-être longue
- mais elle n'est pas solitaire ! »
Issa
Il nous transforme en géant, ou en Lilliputien ; il nous fait ouvrir les yeux à un autre monde, il voit de la poésie là où, souvent, nous ne voyons rien...Ah ! Celui-ci, mon préféré, peut-être, au bord du minuscule, au bord du rien, et tout est là :
« Sur la pointe d'une herbe
dans l'infini du ciel,
une fourmi... »
Hosaï
Joshin Luce Bachoux est nonne bouddhiste. Elle anime la demeure sans limites, temple zen à Saint-Agrève, en Ardèche.
1 commentaire:
La photographie aide à regarder.
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