J'ai fait la connaissance de Céline il y a quelques mois sur internet dans une rencontre consacrée à l'enseignement de la Vision Sans Tête de Douglas Harding.
Voici son témoignage que je trouve très beau et très encourageant.
Merci Céline !
José Le Roy
Céline : José, lors de la dernière rencontre sur internet, tu nous as invité à t'adresser par mail des témoignages d'éveil. J'ai trouvé cette idée vraiment super, d'autant plus que j'aime beaucoup écrire. Ce témoignage relate ma toute première et significative expérience d'éveil. Elle a véritablement marqué ma vie.
La nature de ce que je suis véritablement m’apparut pour la première fois un jour de Février 2012. Un moment que certainement je n’oublierai jamais tant il marqua un tournant dans ma vie.
A cette époque, je travaillais depuis six ans à Paris dans une multinationale du secteur de l’énergie. Ingénieure de formation, je ne parvenais pas à m’épanouir pleinement dans ce contexte très particulier des grandes entreprises. Trop sensible, trop créative, trop perfectionniste, trop rebelle…je ressentais beaucoup de frustrations. Pourtant, mon travail m’intéressait et mon implication mentale et émotionnelle était très importante. Trop importante, sans aucun doute ! L’envie de bien faire, d’être appréciée et de rendre service m’animait intensément. Le surinvestissement nourrit un temps ce désir, jusqu’à ce jour d’Octobre 2011 où tout bascula. Après avoir fait plusieurs malaises, je me retrouvai le soir aux urgences. Les médecins écartèrent le dysfonctionnement cardiaque. Selon eux, je faisais un burnout.
S’ensuivirent alors quatre longs mois d’arrêt de travail et un épuisement physique et psychique indescriptible. Je n’avais rien vu venir. C’était pourtant la conséquence logique d’un manque d’équilibre et de présence. Je passais la plupart des journées à dormir afin de recouvrer des forces. Jour après jour, je m’enfonçais plus profondément dans la souffrance. En effet, une grande douleur psychique envahissait mon esprit. Des angoisses inexpliquées me paralysaient dès lors que je sortais dans la rue ou que je prenais les transports en commun. Bien plus que la peur de la mort, c’était la sensation d’être aspirée dans le néant qui déclenchaient des sueurs nocturnes. Je ne parvenais plus à contrôler quoi que ce soit de mon état physique et psychique. Pourquoi une telle détresse ? J’avais pourtant toujours été très joyeuse et optimiste et j’étais globalement comblée dans ma vie. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Je présentais des troubles cognitifs importants, ne nécessitant certes pas une hospitalisation, mais provoquant de grandes difficultés de concentration et de raisonnement. J’aurais tellement aimé pleurer, crier, mais cela aussi m’était impossible. La fatigue me comprimait tellement le cerveau que même la mémoire du passé me faisait défaut. Je vivais comme un robot. Dormir, manger, faire ma toilette, sortir mon chien….Qu’était-il advenu de ce cerveau bouillonnant d’idées, de réflexions, de pensées créatives ? Tous les repères intérieurs que j’avais construit depuis mon enfance s’effondraient un à un. Y compris la sensation d’être vivante. C’était le noir absolu. Je ne connaissais pas la méditation, je n’avais jamais fait de thérapie et donc je ne pouvais m’aider de pratiques pour apaiser cette souffrance. Et puis de toute façon, j’étais bien trop fatiguée.
Un matin de Février 2012, en prenant la douche, j’eu la sensation effroyable d’être morte. Mon corps était bien là mais mon esprit était anéanti. Il m’était impossible d’utiliser le raisonnement pour me rassurer sur le fait que j’étais bien vivante car je n’arrivais plus à penser ! Un puissant instinct de survie se manifesta alors. Je ne pouvais ainsi me perdre dans les ténèbres. Où était-donc passée la lumière ?
Quelque chose se produisit.
Je regardai en moi à la recherche d’un signe, d’une preuve de vie. Tout était mort dans mon esprit, mais comment savais-je que tout était mort ? Qui percevait cela ? Ce n’était pas le mental puisque tout concept avait momentanément disparu. De toutes mes forces, je me concentrai pour observer à l’intérieur de moi.
C’est ainsi que je perçu, comme une évidence, une présence brillante, au-delà même de la conscience qui était en cet instant terriblement voilée par cette souffrance psychique. Je me reconnaissais en elle. J’étais cette présence ! C’était comme un point lumineux au fond du trou noir. Sans le vouloir, j’étais descendue dans les profondeurs de l’Être, là où tout est à la fois lumière et obscurité, calme et tempête, vacarme et silence, mort et vie….
J’étais en réalité vivante, intensément vivante. Il ne s’agissait pas de la vie du corps ou de l’esprit mais de la grande Vie. Celle qui transcende tout, celle qui contient tout.
Grâce à l’aide d’un psychiatre et grâce au soutien aimant de mes proches, je remontais peu à peu la pente. Mais je n’étais désormais plus la même. Je me souviens avoir dit à ma maman quelques jours après cette stupéfiante découverte : « Maman, j’ai l’impression d’être revenue de l’au-delà. Je vois quelque chose, je vois une autre dimension, je vois Dieu ! ». Les angoisses étaient encore là, en surface, mais la connaissance de cette présence permanente et imperturbable m’apportait force et paix profondes.
À la suite de cette expérience émergea une intense et vibrante quête spirituelle. Cette quête de l’Absolu m’a conduite jusqu’à ce jour vers de magnifiques découvertes et rencontres. La peur du néant a laissé place à une joie et à une curiosité enfantines recherchant sans cesse de nouveaux trésors dans les profondeurs de l’Être !
Camille Pissarro - Vue de la fenêtre de l'artiste |
José : Et comment s'articule la Vision sans tête dans ta découverte?
Céline : Voici ce que la Vision Sans Tête et plus largement la non-dualité m'a apporté...
L’année dernière, j’ai pratiqué durant plusieurs semaines une méditation consistant à retourner l’attention vers Ce qui perçoit et à répondre à la question : Qui suis-je ?
Un jour, tandis que je déjeunais, je regardais par la fenêtre de mon salon et il y eu un déclic. Pour la première fois, il n’y avait plus de distance ni de séparation entre l’observateur et l’observé. Les fleurs, les arbres, la montagne, la table, la fenêtre, l’assiette, la main….tout apparaissait au sein d’un espace illimité, neutre et pur. J’étais cet espace qui accueillait et j’étais tout ce qu'il contenait. Tout était incroyablement vivant, vibrant, y compris le vide entourant chaque chose. Je me voyais dans ce vide. J’étais ce vide. La conscience n’était plus enfermée dans la tête. Elle se déployait bien au-delà. Une joie intense m’envahit…..je fusionnais avec l’absolu.
Lorsque j’ai découvert début Mars la Vision Sans Tête grâce à tes vidéos José, il y a eu un basculement immédiat. C’est comme si cette découverte s’ancrait définitivement. J’ai pratiqué les divers exercices que tu présentais dans tes vidéos. Et je me suis aperçue que je n’avais plus de tête ! Ma tête avait disparu l’année dernière lorsqu’il y avait eu ce retournement de l’attention. A la place, il y avait cet espace à la fois vide et plein.
Je n’ai jamais été aussi présente à la vie, aussi amoureuse de la vie. Tout ce qui apparaît au sein de la conscience est vu comme étant Soi. La présence n’est que complétude, accueil. Il n’y a plus de dualité. C’est pourquoi, même les ombres les plus inconscientes, les souffrances les plus profondes, les émotions les plus refoulées apparaissent au grand jour. La délivrance se fait ainsi.
Au-delà de l’éveil, ce qui m’enchante véritablement est d’incarner le plus possible l’amour, l’harmonie, la sagesse au quotidien. Car selon moi, c’est ce qu’il y a de plus important !"
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source : blog de José Le Roy
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