J'ai commencé à écrire par désir de m'échapper de ce qui pouvait m'enfermer. Ce travail n'a jamais été narcissique. C'était la volonté de faire tomber les murs à l'intérieur desquels j'étais prisonnier. La grande aventure, c'était de détrôner l'ego, puis de vivre cette mutation. Bien sûr, tout le travail de destruction préalable est forcément douloureux. Il y a toutes sortes de remises en cause. Il faut se couper de tout un tas d'attachements – à ce qu'on était, à des personnes, à des lieux – pour naître à soi-même. Il faut arriver à une grande liberté intérieure, n'être plus conditionné par tout le passé.
La grande affaire, c'est que la pensée est incluse dans cette nuit intérieure qu'elle a à élucider. Elle n'est pas libre de voir, puisqu'elle est identique à ce qu'elle a à explorer. Donc il faut qu'elle fasse retour sur elle-même pour s'affranchir de ce qui la conditionne. Tant qu'on n'a pas fait ce travail extrêmement exigeant, on a des perceptions de soi-même viciées. Dès lors, on ne peut pas se connaître.
Beaucoup d'êtres sont à la recherche de cette clarté, de cette simplicité intérieure, mais dans notre société, il n'y a rien pour les aider, dans leur entourage, non plus. Ces personnes restent alors à mi-chemin. Elles n'ont pas l'aide de l'écriture ou d'une activité quelconque. Il y a là une grande détresse, une grande solitude aussi.
Charles Juliet
(extrait d'un entretien avec Télérama)
3 commentaires:
Oh ! Eric ...
Comme ce texte résonne profondément !
Merci .... et Bon Dimanche à Sabine et toi.
Charles Juliet est d'une profondeur et d'une simplicité rare.
Oui,il pointe bien notre solitude dans cette quête.
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