Un beau jour, là-bas, vers l’Est, un vieux jeune homme, médecin et poète, Angelus Silesius, se promenait dans la campagne. Le printemps de cette belle matinée du XVIIe siècle éclaboussait toute la terre, après la longue et noire pause de l’hiver. Il regarda autour de lui, plissant un peu les yeux à cause de l’éclat de ce soleil tout neuf, prit une grande inspiration, et s’exclama : « Dieu est le vert des prés ! » Et tout content de lui, il repartit vers son bureau au triple galop, pour noter cette phrase mémorable…
Non ! J’imagine… en tout cas les circonstances, car pour autant que l’on sache, Silesius a bien eu cet élan d’enthousiasme, ce cri du cœur qui fait chanter grâces et louanges aux quatre vents. J’imagine, donc, et je rêve, perdue entre prés et forêts, dans un océan de vert surmonté d’une longue vague bleue. J’ai envie de répéter sa découverte, de l’étendre à tout ce qui m’entoure : les pissenlits tout ébouriffés qui s’apprêtent à envoyer vers le monde des milliers de baisers, les bleuets pointus qui cherchent leur reflet dans l’azur.
Et ces petites fleurs blanches, clochettes à peine écloses, et là-bas, les taches rouges des coquelicots encore un peu fripés de la nuit. La prairie est composée de 1 000 couleurs, constellée de promesses, parsemée de fleurs éclatantes, toutes dévorées par ce grand vert du printemps, toutes et chacune Dieu aussi, sans nul doute.
Longeant le sentier rocailleux, des branches de genêts explosent en touffes serrées, et même leurs délicates fleurs jaunes, petits morceaux de soleil accrochés à leur tige souple, semblent absorber tout le vert qui les entoure. Dieu est genêt au printemps, s’Il le désire.
Et que dire des grands sapins solennels, magiciens de nos forêts, qui murmurent leurs poèmes dans le petit vent tiède. Ils s’ébrouent au rythme de leurs alexandrins, secouant tout souvenir de l’hiver et de la neige, s’inclinant de ravissement devant de minuscules pommes de pin toutes neuves, toutes vertes. Dieu est sapin toujours vert, selon Sa volonté.
À côté de la fontaine, les pierres moussues elles-mêmes ont fleuri ! Il faut bien se pencher, et l’on aperçoit alors d’imperceptibles points jaunes et blancs qui picorent la mousse, tournés vers le ciel, pour quelques heures ou pour quelques jours. Dieu est le vert des prés, le bleu du ciel, l’éclat du soleil… Le verrons-nous ?
Absorbés par les péripéties de nos vies, nous oublions de tourner nos regards vers le tout proche. Nos yeux balayent rapidement ce qui nous entoure, et nous nous exclamons : « Comme c’est beau ! » avant de repartir vers nos problèmes et nos attentes. Quand avez-vous pris le temps de regarder vraiment un bourgeon, une corolle, un beau caillou ? Quand vous êtes-vous arrêté pour contempler vraiment une coccinelle – bête à Bon Dieu ! – une toile d’araignée dans le soleil, une goutte de rosée perchée en haut d’un brin d’herbe ? Quand avez-vous pris le temps de rêver devant un nuage qui passe ?
Nos maisons, nos têtes, nos vies sont si remplies que nous n’avons plus la place pour voir, tout simplement. « Limpide comme le cristal, tel doit être ton cœur », écrivait Silesius. Dieu, le cœur limpide des hommes ?
Non ! J’imagine… en tout cas les circonstances, car pour autant que l’on sache, Silesius a bien eu cet élan d’enthousiasme, ce cri du cœur qui fait chanter grâces et louanges aux quatre vents. J’imagine, donc, et je rêve, perdue entre prés et forêts, dans un océan de vert surmonté d’une longue vague bleue. J’ai envie de répéter sa découverte, de l’étendre à tout ce qui m’entoure : les pissenlits tout ébouriffés qui s’apprêtent à envoyer vers le monde des milliers de baisers, les bleuets pointus qui cherchent leur reflet dans l’azur.
Et ces petites fleurs blanches, clochettes à peine écloses, et là-bas, les taches rouges des coquelicots encore un peu fripés de la nuit. La prairie est composée de 1 000 couleurs, constellée de promesses, parsemée de fleurs éclatantes, toutes dévorées par ce grand vert du printemps, toutes et chacune Dieu aussi, sans nul doute.
Longeant le sentier rocailleux, des branches de genêts explosent en touffes serrées, et même leurs délicates fleurs jaunes, petits morceaux de soleil accrochés à leur tige souple, semblent absorber tout le vert qui les entoure. Dieu est genêt au printemps, s’Il le désire.
Et que dire des grands sapins solennels, magiciens de nos forêts, qui murmurent leurs poèmes dans le petit vent tiède. Ils s’ébrouent au rythme de leurs alexandrins, secouant tout souvenir de l’hiver et de la neige, s’inclinant de ravissement devant de minuscules pommes de pin toutes neuves, toutes vertes. Dieu est sapin toujours vert, selon Sa volonté.
À côté de la fontaine, les pierres moussues elles-mêmes ont fleuri ! Il faut bien se pencher, et l’on aperçoit alors d’imperceptibles points jaunes et blancs qui picorent la mousse, tournés vers le ciel, pour quelques heures ou pour quelques jours. Dieu est le vert des prés, le bleu du ciel, l’éclat du soleil… Le verrons-nous ?
Absorbés par les péripéties de nos vies, nous oublions de tourner nos regards vers le tout proche. Nos yeux balayent rapidement ce qui nous entoure, et nous nous exclamons : « Comme c’est beau ! » avant de repartir vers nos problèmes et nos attentes. Quand avez-vous pris le temps de regarder vraiment un bourgeon, une corolle, un beau caillou ? Quand vous êtes-vous arrêté pour contempler vraiment une coccinelle – bête à Bon Dieu ! – une toile d’araignée dans le soleil, une goutte de rosée perchée en haut d’un brin d’herbe ? Quand avez-vous pris le temps de rêver devant un nuage qui passe ?
Nos maisons, nos têtes, nos vies sont si remplies que nous n’avons plus la place pour voir, tout simplement. « Limpide comme le cristal, tel doit être ton cœur », écrivait Silesius. Dieu, le cœur limpide des hommes ?
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