vendredi 21 novembre 2025

Apaisement de la souffrance

 L'apaisement de la souffrance avec le moine-enseignant Zen Jean Nyojo Rat


Dans la vie quotidienne, le zen Sōtō insiste sur le geste juste, fait avec tout son être, sans attente ni calcul: balayer, cuisiner, jardiner, marcher… car chaque action est une occasion de pratiquer la présence. Chaque geste est déjà l’éveil.

Le zen n’est pas une doctrine compliquée, ni une philosophie abstraite. C’est une voie d’expérience directe qui nous invite à voir la réalité telle qu’elle est, sans fard, sans illusion. 

Son fondement repose sur les Quatre Nobles Vérités, enseignement simple et profond qui éclaire le chemin de la liberté intérieure.

1. La vie est souffrance. Souffrance ne veut pas dire seulement douleur, mais aussi insatisfaction, instabilité, impermanence. 

Tout change, tout passe : nos joies, nos relations, notre santé, nos projets. Reconnaître cela, c’est ouvrir les yeux sur la condition humaine.

2. La cause de la souffrance est l’attachement. Nous voulons retenir ce qui disparaît, repousser ce qui dérange, contrôler ce qui échappe. 

De cette tension naissent frustration et mal-être. L’attachement, nourri par le désir et l’ignorance, nous empêche de goûter la vie telle qu’elle est.

3. La fin de la souffrance est possible. Lorsque nous cessons de nous accrocher, lorsque nous accueillons l’impermanence au lieu de la combattre, nous découvrons une paix profonde. 

Ce relâchement, ce lâcher-prise, ouvre l’expérience du nirvana : une liberté intérieure déjà présente au cœur de l’instant.

4. Le chemin vers la libération est la pratique. 

Le Noble Octuple Sentier n’est pas une théorie, mais une manière de vivre : agir avec justesse, parler avec bienveillance, cultiver l’attention et la clarté, développer la sagesse et la compassion. 

Dans le zen, cela se pratique par zazen, la méditation assise, et par une vigilance simple dans chacun de nos gestes quotidiens.

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jeudi 20 novembre 2025

Conflit intérieur

J'ai souvent remarqué dans les groupes de travail que les personnes qui se disputaient pendant toute une semaine finissait par se prendre dans les bras lorsqu'il voyait qu'ils avaient la même blessure de fond...


Quand je vis en couple, j'ai habituellement toujours les mêmes conflits que mon ou ma partenaire. Cela ne vous paraît pas évident ? La femme ne boit pas et son mari boit : ils ont le même conflit. Pourtant, vu de l'extérieur, je n'ai pas cette impression. Je prends souvent cet exemple parce qu'il apparaît en effet plus évident que c'est la personne qui consomme qui a quelque chose à régler. Mais en fait, ils ont tous les deux le même conflit. La femme qui se fait battre et l'homme qui bat sa femme, ils ont tous les deux le même conflit. Et ainsi de suite.
Il faut regarder plus profondément dans ce que l'un et l'autre n'ont pas accepté entre 0 et 12 ans. Et attention à ne pas pointer l'autre du doigt. Souvent, je ne veux pas voir que j'ai le même conflit : "C'est la faute de l'autre, c'est l'autre le coupable"...
"Comment cela j'ai le même conflit ? C'est mon mari qui est infidèle ! Moi je suis fidèle, je ne couche avec personne !"
Lui couche peut-être avec quelqu'un d'autre, mais toi, est-ce que tu es fidèle à ta voix intérieure, aux messages que tu reçois intuitivement ? Si tu entends que tu as à faire ceci et cela, es-tu fidèle à ton écoute ?
Il n'est pas possible d'avoir un mari infidèle et d'être une femme fidèle... à elle-même. Ou inversement. Simplement, il se trouve que l'infidélité ne s'applique pas à la même forme, mais c'est toujours une question d'infidélité. Et avant d'accuser l'autre, je dois aller voir en moi ce qui se passe. Pourquoi je m'attire une telle personne dans ma vie ? Supposons que je quitte mon conjoint parce qu'il est infidèle, je vais me retrouver avec un autre conjoint qui fait quoi ? La même chose ! Parce que je n'aurai pas résolu mon propre conflit.
~ Jacques Martel
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mercredi 19 novembre 2025

Moment sans jugement

 Le moment présent est si fugace !

Aucune mathématique ne peut le mesurer.

Et pourtant, c'est en lui que réside l'univers tout entier.


Tous les phénomènes ne sont que le reflet des mêmes agrégats dans l’esprit.
Il n’existe ni bon ni mauvais phénomène.
La mauvaise herbe ne l’est que pour nous ; pour le scarabée, elle est un paradis.
Juger les phénomènes est l’une des sources des trois poisons.

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Mazen Fu Sho, moine bouddhiste Zen
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mardi 18 novembre 2025

La pensée de la semaine par Matthieu Ricard


Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d'osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l'existence sans qu'ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t'occupes de ton esprit avec discernement.

JIGME KHYENTSE RINPOCHE (b. 1964)

Transcrit par l'auteur d'après un conseil donné oralement.

Langtang Lirung (7227m) seen from Namo Buddha, Nepal, 22 feb. 2024.

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lundi 17 novembre 2025

Cultiver un jardin d’amis

Choisissez trois personnes proches que vous chérissez et que vous ne voyez pas régulièrement. Dédiez-leur trois plantes ou fleurs en pot différentes, une pour chacune.


Il peut s’agir de plantes que vous avez déjà chez vous ou dans votre jardin. Mais vous pourriez aussi choisir d’aller en acheter spécialement pour cette pratique ou, pourquoi pas, de faire trois graines.

Renseignez-vous sur les besoins de chaque plante pour qu’elle grandisse et s’épanouisse au mieux. Prenez-en soin chaque jour comme vous le feriez avec votre ami s’il habitait chez vous ; prenez soin de cette relation.

Si vous le souhaitez, vous pouvez même prendre des photos des plantes à certains moments clés et les envoyer à vos amis. Vous pouvez également tenir un petit journal dans lequel vous écrivez les différentes étapes et notez la gratitude que vous éprouvez envers vos amis.

Extrait de Prendre soin de la vie de Matthieu Ricard, Christophe André , Alexandre Jollien ...

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dimanche 16 novembre 2025

Prêts ?

Je vous donne un avant-goût de ce dont je sais que cela va se produire.
Que va-t-il se produire ?
Le mental personnel va se rebeller.
Il ne veut pas que vous suiviez la moindre de ces indications.
Par conséquent, le mental va produire de nombreuses distorsions au sujet de choses disparues depuis bien longtemps et vous les présenter à nouveau

comme si elles étaient d'une importance vitale
et que vous deviez vous pencher à nouveau sur elles.
Et je vais vous dire : "Oubliez ça.
Ne prêtez attention qu'à la quiétude et au silence de l’Être.
Soyez maintenant."
Il n'y a pas beaucoup de choses que vous deviez savoir
pour découvrir et demeurer dans la complétude de votre liberté intrinsèque.
Vous n'avez pas besoin de vous accrocher à vos cahiers.
Soyez seulement très présents.
La liberté n'est pas quelque chose qui exige une technique.
Les techniques interviennent parce que nous adoptons 
des comportements et des concepts tellement complexes.
La Vérité est très simple, mais celui qui recherche la Vérité est complexe.
Il y aura des moments où vous aurez l'impression de vouloir vous enfuir,
mais ce ne sera pas parce que vous voulez réellement vous échapper - c'est votre mental qui veut échapper à la mise en évidence de son irréalité.
Tout cela est très simple en fait.
Si vous êtes confiants et que vous persistez à suivre les indications, vous vous libérerez des pièges et des distractions.

Je suis venu parce que je sens que vous êtes prêts à ça."
Mooji
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samedi 15 novembre 2025

Le rêveur fervent

 LE RÊVEUR FERVENT

si cette vie est un rêve
alors je rêverai
de toutes mes forces
de toute mon âme
et si mon âme elle même
est illusion
alors je choisirai
de croire en elle
de toute ma ferveur
j’embrasserai le rêve
étreindrai l’illusion
et nous danserons
danserons
une danse éperdue
à contre temps
de toutes les indifférences
à rebours
de tous les évitements
à contre courant
de tous les détachements
la danse
de la souffrance
et de l’émerveillement
la danse
de l’affection ordinaire
de la douleur ordinaire
de la joie ordinaire
de l’épreuve ordinaire
de l’espoir ordinaire
de la peur ordinaire
et si je suis moi même
rêve et illusion
qu’importe
qu’importe
je rêverai passionnément
je rêverai
être ce je
cet humain
tout autant banal qu’unique
et déchirant d’humanité
et si la conscience
à l’issue du rêve
se résorbe en elle même
peu importe
je reviendrai
moi le rêveur
rêver de concert
avec tous les rêveurs
frères et sœurs
produits ou pas du rêve
solidaires dans le rêve
je laisserai la conscience
se contempler elle même
et je reviendrai
ordinaire
parmi les ordinaires
et mon rêve
sera si fervent
qu’il renverra
la conscience
à elle même
en son néant

Gilles Farcet

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vendredi 14 novembre 2025

Êtres de nature

Et si on considérait les arbres, ou la nature, comme des êtres ? 🌳 Dans son dernier livre sur l’entraide, Pablo Servigne rappelle que nous sommes dotés de grandes capacités sociales. 🫂
Si l’on voyait la nature comme on voit les humains, on ne pourrait plus la massacrer. Il fait appel aux pensées d’Edgar Morin et de Joanna Macy pour expliquer comment l’élargissement de notre empathie nous rendrait plus humains. ☘️🌼

Mathieu Vidard


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Expérience sur les haricots.

Le professeur Stefano Mancuso, de l’université de Florence, a filmé des pousses de haricots qui grandissaient. Ces derniers ont pour particularité de rechercher « instinctivement » les tiges verticales, que ce soient des troncs, des poteaux ou des bâtons, pour s’élever. En observant la vidéo en accéléré, on voit le haricot pousser en spirale jusqu'à ce qu’il trouve un tuteur, s’y accroche et grimpe enfin. Le comportement du haricot change suivant la présence ou l’absence d’un tuteur dans les environs, comme si le haricot sentait sa présence, même à très grande distance. Dans une autre expérience, le professeur Stefano Mancuso a disposé deux plants de haricot à égale distance d’un unique poteau et les a filmés. En passant la vidéo en accéléré, on voit là encore les deux haricots tournoyer pour essayer de rejoindre le poteau. Mais dès que l'un des deux l’a touché, l’autre renonce et cherche dans une autre direction. Cela signifie que le second haricot a non seulement détecté le poteau, mais qu’il a compris qu'il arrivait trop tard et le laisse donc poliment à son concurrent, plus rapide.

Sylvain Wells. Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. - Extrait de la Voix de l'arbre de Bernard Werber

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jeudi 13 novembre 2025

La voix des autres


"J’ai besoin de la voix des autres
pour me sentir au plus près
des arrachements,
pour entrer en ce lieu détruit
où parler m’est impossible
ou pour être plus juste, en ce lieu
que je tiens détruit au fond de moi
et dont l’accès demeure inconnu,
j’ai besoin que d’autres voix
se mêlent à la mienne,
je leur donne rendez-vous
inlassablement
devant la porte silencieuse et grise
où nul gardien ne veille."

Jean-Christophe Ribeyre

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mercredi 12 novembre 2025

L'action pour changer

... Autre exemple encore. Dans les débuts du Bost (1975), un jeune homme de vingt-cinq ans n'ayant pas poursuivi d'études poussées mais légitimement ambitieux et très compétent en matière d'asanas et pranayama décide d'ouvrir un cours de yoga. Malgré son jeune âge et sa timidité, il téléphone à soixante-dix médecins de sa ville pour leur faire part de son projet, s'appuyant intérieurement sur la formule : « Un refus n'a jamais tué personne. » Pour les convictions du mental un refus sera insupportable mais la voix de la vérité affirme le contraire. Quarante médecins l'éconduisent avec plus ou moins de condescendance ou même d'ironie, trente acceptent de le recevoir, s'intéressent notamment à la relaxation et n'écartent pas l'éventualité de lui adresser des patients. L'un d'eux lui conseille vivement de donner une grande conférence d'information sur le yoga. Pour cela il doit être capable de prendre la parole en public, ce à quoi il se sent particulièrement inapte. Il décide néanmoins d'organiser cette conférence. Il écrit et réécrit celle-ci, l'enregistre sur cassette, étudie ses défauts, l'enregistre encore, s'exerce devant la glace... et place dans les magasins complaisants des affiches annonçant les lieux et date de la conférence en question à laquelle assisteront deux cents personnes. Pourquoi lui, pourquoi pas vous ? « Aide-toi, le Ciel t'aidera. » La fortune sourit aux audacieux. « Be bold », disait Swâmiji.


Si vous ne faites pas le premier pas, vous pouvez « exprimer » mille ans en thérapie, il ne se passera rien. La puissance des habitudes est tellement grande que vous serez très déçus au bout de quelque temps : « Finalement, je ne sens pas que je me transforme vraiment, que mon existence change. » Le travail sur l'inconscient peut vous aider à émerger d'un monde d'illusions, à prendre conscience que vous vous mentez à vous-mêmes, que vous réprimez vos vrais désirs, que vous faites semblant de ne pas vouloir ce dont vous avez en fait tellement envie ou qu'au contraire vous vous battez en surface pour quelque chose que vous refusez de toutes vos forces dans la profondeur. Vous commencez alors à comprendre la stupidité de ces agissements qui ne sont pas appropriés et vont même à l'encontre de vos intérêts. De là peut naître la conviction de la nécessité d'un changement d'attitude et d'un comportement actif pour bousculer vos automatismes, votre routine intérieure. Et ce travail, c'est à chacun de l'accomplir en se prenant en main. Votre existence change si votre être change. Mais si vous changez un petit quelque chose dans votre existence, cela vous aide à changer votre être. Les deux sont vrais et se renforcent mutuellement et ce qui vous était presque impossible vous devient aisé, en fonction de ce qu'une lucidité nouvelle vous fait reconnaître comme juste.

Arnaud Desjardins - La voie et ses pièges

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mardi 11 novembre 2025

Rappel intérieur


 « Dans ce monde qui se dessèche,

si nous ne voulons pas mourir de soif,

il nous faudra devenir source. »

Christiane Singer

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lundi 10 novembre 2025

A la source de notre humanité

 

« Lorsque ce qui nous distingue de l’animal s’impose absolument, cela devient aussi ce qui nous sépare de Dieu. » (K.G. Durckheim - Le maitre intérieur)

Autre livre, autre propos : « Si l’homme est bien destiné à devenir un être pensant, cela se faisant, il oublie d’où il vient ». Ces propos ne peuvent qu’interroger sur le sens que nous donnons à notre existence, notre intelligence, notre humanité ?

L’être humain a deux approches du réel à sa disposition : une approche par la pensée et une approche par la sensation. Deux approches qui, chez l’homme adulte, au lieu de se compléter, s’opposent ou ne font plus qu’une, la pensée rationnelle étouffant de plus en plus la conscience sensitive.


Nous commençons notre existence dans une relation sensorielle au monde.

Depuis les premières impressions dans le ventre de la maman jusqu’aux années de la petite enfance, nous baignons dans une conscience en contact direct avec le réel : pas de noms pour nommer ce que nous sentons, voyons, entendons, faisons … pas de comparaisons, pas d’oppositions entre ceci ou cela.

J’ai été récemment surpris par la qualité des oui et des non de ma petite-fille âgée de 18 mois ; pas des « oui mais … » pour faire plaisir, pour suivre des convenances, ni des « non » de rejet définitif ou de réaction. Rien que des réponses sans aucune rigidité ni à-priori, claires et unifiées de tout son être ; réponses qui, dans l’instant, n’opposent rien à rien et peuvent évoluer au gré des circonstances.

Cette approche directe et sensorielle du réel ne passe pas encore par le filtre de la pensée analytique ou discursive. Elle est propre à l’homme comme à l’animal, car nous sommes tous à l’origine des « êtres doués de vie », étymologie du mot animal.

L’être humain, lorsqu’il quitte ces premières années d’existence, est ensuite amené à développer une autre approche du réel : c’est le développement de la pensée et de l’intelligence conceptuelle. Une évolution tout à fait naturelle et justifiée pour s’insérer dans la société des humains et maitriser au mieux son existence.

Mais, cette approche du réel finissant par « s’imposer absolument », c'est-à-dire partout et tout le temps, nous nous coupons de nos racines, du lien qui fait de nous des êtres vivants, universellement vivants.

Retrouver ce lien est la raison d’être du zen.

Ce que nous accumulons, fixons, vivons avec notre conscience conceptuelle nous coupe du geste d’être, du sentiment d’appartenance « à la Grande Vie ».

C’est alors « que nous nous séparons de Dieu », ou, pour le dire autrement, de l’Essence insaisissable de notre humanité.

La Voie nous éveille au fait que l’aspiration légitime à une existence assurée et maitrisée, si nous n’y prenons garde, finit par s’opposer à la vérité que « Tout ce qui est vivant ne vit que par le devenir » et qu’ainsi, « protégé par la carapace d’un moi qui le tient prisonnier, l’Homme se ferme à l’élan vital transformateur de son être essentiel.» K.G.Durckheim


Notre véritable essence ne peut se dévoiler que si nous renonçons à tout vivre par le prisme de la pensée, et que nous nous ré-ouvrons à une relation directe et sensorielle avec le réel. C’est un réapprentissage de l’expérience d’être, la simple joie d’être, pouvant nous illuminer à la faveur d’un moment particulier, nous faire sentir passagèrement cette réalité : « Qu’il est bon de se sentir vivre ! »

Le zen est un retour aux sources de l’intelligence naturelle dont l’homme est issu et fait encore partie, quel que soit son degré d’évolution intellectuelle, son compte en banque ou sa fonction dans le monde.

Quel paradoxe ! Pour nous rapprocher à nouveau de notre complétude humaine, nous devons nous défaire de ce que nous avons appris à mettre en avant pour nous distinguer de l’animal : la raison conceptuelle.

Un exemple : nous partageons avec le monde animal une même faculté d’attention : voir, goûter, entendre, sentir … sans analyse de ce qui est vu, goûté, entendu, senti. Nous avons perdu cette qualité originelle de présence, et des expressions telles que « pleine attention ! », « vigilance ! » sont souvent mal comprises sur la Voie, synonymes d’un travail sur soi volontaire et autoritaire : « - Je dois sans arrêt faire attention ! » Mais attention à quoi ?

A ce que la conscience rationnelle ne prenne pas tout l’espace et libère la pleine sensorialité, la pleine attention naturelle propre au corps vivant.

Cet état de présence à soi et au monde, ouvert et perméable, est notre état naturel d’attention, qui réapparait lorsqu’il n’est pas mis en veilleuse par la prédominance de la pensée : nous pouvons alors être surpris de re-sentir, re-voir, ré-entendre vraiment ce que nous pensions connaitre parce que nous le nommions ou le classifions.

Cela demande de reprendre au sérieux le monde sensoriel pré-mental, de prendre au sérieux le rappel de « tout faire un tout petit peu plus lentement ».

Ainsi, dans la pleine attention au geste vital, source de toute action, laissons-nous surprendre et transformer par ces moments plus habités qui nous touchent et nous arrêtent dans notre frénésie quotidienne d’efficacité et d’accumulation.

Les expressions de notre vraie nature, les « touchers de l’être », interrogent sans cesse et très concrètement notre humanité par notre manière d’être au monde.

 

Joël PAUL

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