samedi 19 juillet 2025

Sur un autre plan...


...L’ego, qui nous limite toujours à notre conscience d’être une présence dans un corps (nama et rupa, un nom et une forme), peut fonctionner de façon normale ou, hélas le plus souvent, d’une façon pathologique, névrotique, tout simplement parce qu’il est hypertrophié. Cette hypertrophie de ce qui est déjà l’individualisme et le sens de la séparation entraîne des troubles d’adaptation aux circonstances que l’existence impose à chacun et des souffrances parfois si intolérables qu’elles sont apaisées seulement par les tranquillisants et les neuroleptiques. On peut essayer de transformer un ego anormal en un ego équilibré, harmonieux, communiquant normalement avec ceux qui l’entourent et trouvant normalement sa place dans un monde relativement réel. Ou bien — et c’est le but de la sadhana — on peut dépasser cette conscience définie par l’individualité, par le corps et le psychisme, la transformer en une autre conscience qui dépasse le langage et ne peut être décrite qu’en termes négatifs d’infini, d’illimité et de non séparation. C’est une conscience affranchie de la multiplicité donc de l’espace mais c’est aussi une conscience affranchie du changement donc du temps. S’il n’y avait pas de changement, Si tout se figeait et s’arrêtait, il n’y aurait plus ce que nous appelons le temps.

Tout change sans cesse, c’est la loi de la manifestation. La seule chose qui ne change pas c’est le changement. Seule l’acceptation du changement peut donner accès à l'écran immuable sur lequel se déroule le film indéfini des apparences. Une libération par rapport au temps c’est la perception de ce qui est au delà du changement. Le double mouvement du limité vers l’illimité et du changement vers l’éternel représente la seule chance véritable pour l’homme, d’arriver un jour à une satisfaction parfaite et à un sentiment de plénitude.

Arnaud Desjardins - Les Chemins de la Sagesse

----------------------

vendredi 18 juillet 2025

Le fleuve de la Vie

Savez-vous ce que signifie la quête de permanence? 

C'est vouloir que perdure indéfiniment ce qui est agréable, et que ce qui est désagréable cesse dès que possible. Nous voulons que le nom que nous portons soit connu, et qu'il se perpétue à travers la famille, la propriété. Nous avons besoin d'un sentiment de permanence dans nos relations, dans nos activités, ce qui signifie que nous sommes à la recherche d'une vie durable, permanente dans la mare stagnante ; nous ne voulons pas que de réels changements s'y produisent, nous avons donc édifié une société qui nous garantit la permanence de la propriété, du nom, de la réputation. 

Mais, voyez-vous, la vie n'est pas du tout comme cela, elle n'est pas permanente. Comme les feuilles qui tombent de l'arbre, toute chose est impermanente, rien ne perdure ; il y a toujours le changement et la mort. Avez-vous déjà remarqué combien peut être beau un arbre dénudé dressé contre le ciel? Le contour de toutes ses branches ressort, et de sa nudité émane un chant, un poème. Plus une seule feuille: il attend le printemps. Quand le printemps revient, il inonde à nouveau l'arbre du chant mélodieux d'une multitude de feuilles qui, la saison venue, tombent et sont emportées par le vent ; ainsi va la vie. 

Mais nous ne voulons rien de la sorte. Nous nous accrochons à nos enfants, à nos traditions, à notre société, à notre nom et à nos petites vertus, parce que nous tenons à la permanence: voilà pourquoi nous avons peur de mourir. Nous avons peur de perdre les choses qui nous sont connues. Mais la vie n'est pas telle que nous la souhaiterions: elle est sans permanence aucune. Les oiseaux meurent, la neige fond, les arbres sont coupés ou détruits par les tempêtes, et ainsi de suite. Nous voulons que tout ce qui nous donne satisfaction soit permanent ; nous voulons que perdurent notre situation, ou l'autorité que nous avons sur les gens. Nous refusons d'accepter la vie telle qu'elle est dans les faits...

... Mais pour l'esprit qui n'a pas de murs, qui n'est pas accablé par le poids de ses acquisitions, de ses accumulations, de ses connaissances, pour l'esprit qui vit dans l'éternel et l'insécurité - pour cet esprit-là, la vie est une chose extraordinaire. Un tel esprit est la vie même, car la vie n'a pas de lieu de repos. Mais nous avons pour la plupart besoin d'un lieu de repos ; nous voulons une petite maison, un nom, une situation, et nous disons que ces choses ont beaucoup d'importance. Nous exigeons la permanence et nous créons une culture fondée sur cette attente, en inventant des dieux qui, loin d'être des dieux, ne sont que la projection de nos propres désirs. 

Un esprit en quête de permanence ne tarde pas à stagner ; comme cette mare le long du fleuve, il est très vite envahi par la corruption, la pourriture. Seul l'esprit qui n'a pas de murs, pas de seuil, pas de barrières, pas de lieu de repos, mais qui bouge continuellement avec la vie, qui va sans cesse de l'avant, qui explore, qui explose - seul cet esprit-là peut être heureux, éternellement neuf, parce qu'il est en lui-même créatif. 

Le sens du bonheur - Jiddu Krishnamurti 

Titre original: " Think on these Things " (1964) Traductrice: Colette Joyeux

---------------

jeudi 17 juillet 2025

Position changeante

« Aide-toi, le Ciel t'aidera. » La fortune sourit aux audacieux. « Be bold », disait Swâmiji.

Si vous ne faites pas le premier pas, vous pouvez « exprimer » mille ans en thérapie, il ne se passera rien. La puissance des habitudes est tellement grande que vous serez très déçus au bout de quelque temps : « Finalement, je ne sens pas que je me transforme vraiment, que mon existence change. » Le travail sur l'inconscient peut vous aider à émerger d'un monde d'illusions, à prendre conscience que vous vous mentez à vous-mêmes, que vous réprimez vos vrais désirs, que vous faites semblant de ne pas vouloir ce dont vous avez en fait tellement envie ou qu'au contraire vous vous battez en surface pour quelque chose que vous refusez de toutes vos forces dans la profondeur. Vous commencez alors à comprendre la stupidité de ces agissements qui ne sont pas appropriés et vont même à l'encontre de vos intérêts. De là peut naître la conviction de la nécessité d'un changement d'attitude et d'un comportement actif pour bousculer vos automatismes, votre routine intérieure. Et ce travail, c'est à chacun de l'accomplir en se prenant en main. Votre existence change si votre être change. Mais si vous changez un petit quelque chose dans votre existence, cela vous aide à changer votre être. Les deux sont vrais et se renforcent mutuellement et ce qui vous était presque impossible vous devient aisé, en fonction de ce qu'une lucidité nouvelle vous fait reconnaître comme juste.

Arnaud Desjardins - La Voie et ses pièges

--------------

----------------------


mercredi 16 juillet 2025

Dérangement intérieur

 


Exercice de la semaine: dans cette société DHL, la vraie rébellion, c’est peut-être de ralentir un peu, de respecter le rythme de l’âme et du corps, d’oser s’octroyer des pauses contemplatives…

Pourquoi ne pas essayer, sans aucune urgence bien sûr, d’arrêter d’être pressé ?
Merci Cioran.

Alexandre Jollien

-------------------




mardi 15 juillet 2025

Guerre sans fin


Si nous découvrons la voie à trente ans, nous traînons peut-être vingt-neuf ans de refus, d'identification, de non-acceptation de ce qui est. Il ne suffit pas de dire oui une fois pour balayer ces vingt-neuf ans. Il y a tout un passif derrière cette résistance. Il faut d’abord apporter un certain poids du côté du oui et, au bout d’un certain temps, on finit par passer complètement du côté du oui. En d’autres termes, on fait d’abord pencher la balance plutôt du côté du oui et elle va finir par s’y établir, changer d’équilibre puisqu’au début elle penchait complètement du côté du non. C’est pourquoi il faut persévérer dans la pratique. Ici et maintenant, c’est simplement un instant et vous devez accepter ce qui est à chaque ici et maintenant et pas seulement une fois de temps en temps.

Il va y avoir de la résistance parce que le mental aime bien ce qui est prévisible et il va lutter contre toute nouveauté. Le non est tout à fait prévisible et familier alors que le oui est quelque chose de nouveau. Être dans la dualité, c’est le connu, alors qu’être un avec, c’est inconnu et imprévisible. Il s’agit donc de travailler d’instant en instant, un instant, un instant et encore l'instant suivant, avec une extrême ténacité car c’est ainsi qu’on construit une consistance, une cohérence. Le mental est puissant et subtil, il sait parfaitement comment nous faire croire que nous pratiquons alors que nous ne pratiquons pas du tout. Étant très rapide, il apprend vite à jouer à ce jeu-là en nous faisant croire que nous acceptons. Il s’agit vraiment d’accepter effectivement ceci, puis cela, et cela encore, y compris quand c’est inconfortable et que le mental entre en opposition. Si le mental commence à résister et que nous, nous commençons à résister a la résistance du mental, nous revenons au point de départ dans une guerre sans fin.

Lee Lozowick - Oui et alors? p. 100

---------------

lundi 14 juillet 2025

Conscience lumineuse


De l'état de complète relaxation de l'origine, vous vous retrouvez plongé dans cet état malsain. Même si vous décidez de vous reposer et vous détendre, cela ne sera pas possible.

C'est l'illusion initiale, elle possède tous ces noms éminents, tous ces titres Yogmaya, Mahashweri ... Il ne s'agit pourtant que du pouvoir de Maya. Cet état initial produit sa propre lumière, son propre rayonnement. Dès l'éveil, "l'auto-luminosité" se manifeste et vous percevez un espace. C'est votre lumière qui éclaire l'espace intérieur où apparaît l'espace extérieur. C'est donc bien votre rayonnement, votre lumière qui se répand partout, c'est dans votre lumière qu'apparaît l'espace qui vous entoure, c'est grâce à elle qu'il est perçu. Comme le rayon du soleil est l'expression du soleil lui-même, votre monde ne peut pas exister en-dehors de votre conscience. Il est l'expression de ce "je suis". Ce monde est votre manifestation.

Vous seul êtes. Le système solaire, le cosmos, tout cela peut être connu grâce au soleil. Pour vous, c'est la même chose. Tout cet espace, y compris le soleil, se manifeste grâce à ce "je suis", cette conscience. Cette conscience et la lumière solaire sont similaires, elles jouent le même rôle, elles sont Une. Nous vivons dans l'espace, cet espace n'est qu'une seule entité et par quoi est-il révélé ? Par la lumière du soleil ! Votre lumière intérieure est-elle différente ? Votre espace intérieur est-il différent ?

Même cet état actuel qui est le vôtre, ce "je suis", ce monde manifesté, même cela ne connaît pas de mort. Vous êtes assailli par la peur de la mort à la suite de cette identification avec le corps, uniquement.

Extrait de "Sois" 1ère partie, chapitre 5 de Nisargadatta Maharaj

---------------------

dimanche 13 juillet 2025

Observation et compréhension


 Il est essentiel de comprendre le chercheur avant d’essayer de découvrir ce qu’il cherche. La compréhension passe par la prise de conscience de "ce qui est". Savoir exactement "ce qui est", le réel, l’actuel, sans l’interpréter, sans le condamner ou le justifier, est certainement le début de la sagesse. 

Si vous apprenez de vous-même en vous observant, c'est le début d'une activité de vie totalement différente, dans une dimension complètement différente.

~ Jiddu Krishnamurti

The First and Last Freedom, Chapter 1; & Talk 2, Sydney, 22 November 1970

(Traduits de l'anglais)

---------------

samedi 12 juillet 2025

Naturelle méditation


Bien que remarquablement naturelle dès le début, cette méditation le devient de plus en plus, jusqu’à l’être finalement totalement. Au début, vous avez sans doute besoin de petits trucs pour vous permettre de revenir à ce que vous percevez – par exemple compter vos yeux (quels yeux ?), et observer que vous êtes espace d’accueil pour le visage d’un ami. Mais avec le temps (et cela ne prend pas forcément des années) ces trucs ne sont plus nécessaires : l’état de Première Personne devient une seconde nature (ou la première Nature retrouvée) et vous cessez d’être préoccupé sans cesse avec votre absence de visage.

C’est beaucoup plus simple que cela – comme se reposer Chez Soi, dans l’air superbement clair de notre Demeure, sans même y penser. Tout comme personne ne s’arrête dans l’entrée pour étudier la porte qu’il vient de franchir, mais s’avance dans la maison pour en savourer le confort, vous savourez l’Immensité intérieure et ces petites portes d’entrée vous apparaissent comme les inventions dérisoires et provisoires – en fait les astuces – qu’elles sont.

(Beaucoup d’astuces religieuses traditionnelles sont si compliquées ou mystérieuses ou belles ou impressionnantes qu’elles détournent l’attention de leur but initial et les moyens en arrivent à remplacer la fin. J’espère que la trivialité évidente de nos astuces les empêchera de se transformer au cours des siècles en objets sacrés auxquels on attache une valeur pour eux-mêmes.)

Douglas Harding

-----


vendredi 11 juillet 2025

Ce qui est... clair.


Le fardeau n'est jamais la vie, mais ce que vous pensez et croyez de la vie. Tout est Dieu qui vous donne ce dont vous avez besoin pour que vous puissiez être honnête. L'avez-vous remarqué ? Tout ce qu'il vous faut pour trouver votre liberté, c'est ce que vous avez vécu. 

Le seul moment où nous souffrons, c'est lorsque nous croyons une pensée qui contredit "ce qui est". Lorsque l'esprit est parfaitement clair, "ce qui est" est ce que nous voulons.

~ Byron Katie

---------------

jeudi 10 juillet 2025

Raison de vivre


"Chaque matin, je regarde revenir la lumière, l'éblouissement du vivant au cœur des mots
malgré les grondements des armes et le tintement des monnaies.
Je mets mes pieds dans les souliers de la vie et je sors prendre l'air.
On a toujours une raison de vivre, peu importe la raison.
Il y a trop de montres dans une heure, pas assez de secondes …
Trop d'hommes qui calculent, pas assez qui dessinent.
Trop de gens meurent de faim, pas assez vivent d'amour.
Il n'y a pas de chaînon manquant, seulement de mauvais recoupements.
La vie prend en charge la sève
tout autant que la cendre."
Jean-Marc La Fenière - Vivre ou mourir
peinture: Tetsuhiro Wakabayashi

------------

mercredi 9 juillet 2025

Accueil nocturne


J'accueille la nuit
même si l'épaisseur
de sa fourrure aujourd'hui
me cache le scintillement
d'une profondeur sans fond -
au large du sommeil perdu
j'écoute les purs propos de la mer
et la brûlure des battements
d'ailes décousues du cœur
- chuintement étrange
de la chouette effraie -
Lorand Gaspar - Patmos et autres poèmes
Poésie/Gallimard

----------------

mardi 8 juillet 2025

Porte du changement


"Le changement est une porte qui ne s’ouvre que de l’intérieur"
  Tom Peters 

"La résistance au changement est l’expression raisonnable et légitime des risques que comporte le changement pour les acteurs"  Michel Crozier

"Les seules connaissances qui puissent influencer le comportement d’un individu sont celles qu’il découvre par lui-même et qu’il s’approprie"  Carl Rogers

"L’immuable, c’est le changement"  Lao Tseu 

"Ce n’est pas le changement qui fait peur aux gens, mais l’idée qu’ils s’en font"  Sénèque


--------------------

lundi 7 juillet 2025

Zen en 1969


" Notre monde actuel ne nous laisse aucun répit : accumulation d’activités, tyrannie des mails, infos déprimantes ou connectivité permanente. Pourquoi ne pas mettre de la zénitude dans votre vie ?

Dans le reportage de 1969 à Nice, après une explication sur ce qu'est le zen, on assiste à une séance de Zazen dirigée par Taisen Deshimaru, avec l’usage du bâton plat. Ici, pas de mortification. Le coup de bâton agit sur les nerfs du cou. Il empêche l’esprit de s’égarer dans le flot des pensées parasites. Impressionnant mais inoffensif.

L’art du zen
Le zen est une philosophie de l’authenticité et une voie vers l’éveil née de l’expérience du Bouddha Shâkyamuni qui vivait dans l’Inde du Nord quelques siècles avant Jésus-Christ. Refusant de devenir soldat, il quitte tout pour devenir un ascète itinérant. Au bout de six ans, le sage atteint l’éveil après une nuit de méditation.

Le Bouddha passe ensuite les 45 années suivantes à enseigner l’art du zen aux hommes."

Source : INA
-*----*----*-