vendredi 17 octobre 2025

Ecoute de l'aube

 On
me dit que tout finit par s’adoucir, 
qu’il existe au printemps une pâte nouvelle
pour faire son pain de la douleur...

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On
me dit que tout revient à la source de tout,
que les gestes aujourd’hui serviront à cela :
une servante d’amour redonnée à l’amour...

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Le
paysage, ce matin, a-t-il changé ?

On
dirait qu’il s’accoutume
à cette manière nouvelle de la présence,

facilement,
comme s’il attendait
depuis longtemps que tu l’habites,

et
présides sans peser à ses métamorphoses :

voici
qu’aujourd’hui il te répond, 

et
t’offre ce tremblement léger
dans la couleur de l’aube.

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Patricia Castex Meunier - Infiniment Demeure (Ed. Cheyne)

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jeudi 16 octobre 2025

Projection entre mondes

 


"Personne ne peut vous connaître et donc personne ne peut parler de vous.

Chacun a des pensées à votre sujet et exprime ses opinions sur l'image qu'il s'est faite de vous et non sur vous.
Alors, pourquoi vous troubler?
Vous devez rester calme et silencieux comme s'ils parlaient de quelqu'un d'autre."
Swami Prajnanpad



Accord toltèque n°2 : Ne prenez rien personnellement On a tendance à croire que tout tourne autour de nous. Un regard de travers, un message non répondu, une critique au boulot… Et tout de suite, on se sent attaqué. Pourtant, ce que l’autre dit ou fait reflète son propre monde intérieur, pas votre valeur.

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mercredi 15 octobre 2025

Chemin de Vie

Ces jours-ci, je me trouve complètement désintéressé par les « enseignements spirituels. ”

Pas parce que je suis devenu cynique ou arrogant ou perdu la foi, mais parce que je n'en ai tout simplement plus besoin. C'est la vérité honnête. Les enseignements spirituels parlaient autrefois à une douleur profonde en moi - la recherche de la paix, de la vérité absolue, de quelque chose de sacré et transcendant au-delà du bruit de la vie quotidienne.

Mais maintenant, ce désir a complètement changé de forme. S'est transformé en quelque chose de radicalement différent.

Plus je deviens présent, moins j'ai envie d'idées de présence.

Plus je vis, moins j'ai besoin d'apprendre à vivre.

La vie elle-même m'enseigne, chaque jour.

Pendant des années, j'ai utilisé la spiritualité pour échapper à l'être humain - le désordre, les relations, les routines domestiques, la beauté ordinaire de la vie quotidienne. Je pensais que l'illumination était quelque part au-delà de tout ça.

Mais maintenant, les vrais enseignements spirituels sont ici - non pas dans aucun livre sacré, mais dans le son du rire de ma fille, dans l'odeur du dîner, dans la sortie des poubelles, ou dans la promenade dans le parc au coucher du soleil.

Les anciens enseignements parlaient de « lâcher prise » des attachements à ce royaume terrestre.

Non. La vie m'apprend à devenir plus intime avec cette terre - à la rencontrer pleinement, à l'aimer farouchement, à trouver le sacré et le transcendant juste ici, où que je sois, quoi que je fasse, avec qui je suis.

Je n'ai plus besoin de chemin.

La vie EST le chemin.

- Jeff Foster

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mardi 14 octobre 2025

Le club des jeunes hommes riches

« Affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste car il avait de grands biens »
Evangile selon Marc
Dieu merci
il n’a pas été dans mon destin
de faire la guerre
celle
sans cesse recommencée
de siècle en siècle
de contrée en contrée
de chef en chef
de peuple en peuple
matière des livres dits d’histoire
mécanique de mort
en mode éternel retour
Dieu merci
il a été dans mon destin
d’en faire une autre
bien moins connue
pas moins récurrente
mais touchant moins d’appelés
la guerre invisible
celle
dont les livres d’histoire ne disent mot
de siècle en siècle
de contrée en contrée
d’ami spirituel en ami spirituel
d’élève en élève
matière de récits obscurs
inintelligibles à la plupart
dynamique de la grâce
de cette guerre
entamée comme toutes les guerres
fleur au fusil
illusions en berne
rêves de gloire
et de hauts faits
de cette guerre
qui comme toutes les guerres
s’est avérée âpre
romantisme fracassé
sur la cruauté de la bataille
de cette autre guerre
pour mon plus grand bien
je suis sorti
sinon anéanti,
du moins proprement défait
bel uniforme en lambeaux
démarche hésitante
quelques séquelles
et souvenirs incommunicables
cependant neuf
reconnaissant
d’avoir été acculé à la reddition
au terme d’une résistance pied à pied
défense d’un ordre ancien
de toutes façons condamné
vieux soldat désormais
je savoure une paix balbutiante
ici et là traversée de résurgences
de combats
périmés
mais si tenaces
en leur volonté
de se perpétuer dans le vide
depuis ma retraite
mes médailles remisées
de mon œil amène
mais à qui on ne la fait pas
j’observe les recrues d’aujourd’hui
beaucoup se contentent
d’observer de loin la bataille
parfois fournissent ravitaillement
acclamations et harangues
d’aucuns se rapprochent
rôdent aux confins des combats
au risque de prendre une balle perdue
ou d’être assourdi par le grondement du canon
quelques uns
dont c’était le destin
n’ont pu faire autrement
que d’avancer en première ligne
je les vois charger
ici et là reculer
pour repartir à l’assaut
je reconnais sur leurs visages la foi
la peine
la rage
parfois l’effroi
à ceux là je dis
il n’est plus temps de reculer
même si dans cette guerre là
les apparences donnent à croire
qu’il serait facile
à tout moment de se retirer
ramasser son paquetage
regagner sans trop de dommages
son petit carré tranquille
d’aucuns le font
tels le jeune homme riche de l’Evangile
ils tournent les talons
à jamais tristes en profondeur
en surface soulagés
s’ils s’en vont
c’est qu’ils ont de trop grands biens
dont le plus précieux à leurs yeux
leur image
ce récit
qu’ils dévident à l’envi
rarissimes
ceux qui confessent
leur simple trouille
déserteurs, eux ?
tout au contraire se récrient ils
peaufinant leur narratif
eux combattants plus lucides
que les vieux officiers
dont il est entendu qu’ils se sont égarés
et de vivre désormais
peinards
autant que hantés
eux qui, oui, ont donné
observé tous les commandements
Si je déplore
qu’ils terminent ainsi mi cuits
je ne m’octroie pas licence de juger
chacun n’a t-il pas droit
à son camp retranché ?

Gilles Farcet

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lundi 13 octobre 2025

C'est moi qui m'éloigne...

Le très beau Fanal bleu de Colette, l'une de ses toutes dernières œuvres, moins connue que d'autres mais non moins intéressante (tout comme l'Etoile Vesper).


 « Que nos précieux sens s'émoussent par l'effet de l'âge, il ne faut pas nous en effrayer plus que de raison. J'écris "nous" mais c'est moi que je prêche. Ô découvertes, et toujours découvertes ! Il n'y a qu'à attendre pour que tout s'éclaire. 

Au lieu d'aborder des îles, je vogue donc vers ce large où ne parvient que le bruit solitaire du cœur, pareil à celui du ressac ? Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne, rassurons-nous. Le large, mais non le désert. Découvrir qu'il n'y a pas de désert : c'est assez pour que je triomphe de ce qui m'assiège. »

Colette - Le Fanal bleu, 1949


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dimanche 12 octobre 2025

« L’estime… ne va pas de soi »

 « L’estime… ne va pas de soi »

Louise Groux - Lion

« Maman, regarde mon beau dessin ! » Parfois, je cherche encore l’approbation des autres, comme la petite fille attend derrière la porte de recevoir son bisou. Vivre de mon travail exige une certaine reconnaissance – expositions, ventes, etc. Comment trouver l’équilibre entre estime de soi et orgueil, doute et humilité ? Face à mes premiers tableaux, maman me challenge : « Ce n’est pas abouti, ma chérie ! » Quant à mon père, je me tue à attirer son attention. Comme seule victoire sur son indifférence, j’obtiens : « Tu es ma fille, donc tu te dois d’être géniale. » À peine écrasant. J’ai arrêté de brûler mes œuvres quand j’ai identifié les blessures dans mon enfance et expérimenté la tendresse infinie de Dieu, destinée à chacun. Je suis désirée et digne d’amour. Je n’ai plus besoin d’une reconnaissance à tous crins. Quand je doute, désormais, je prie. Une de mes plus grandes joies réside dans les moments où je vis l’humilité en vérité. 

L. Groux - N.D. de Paris

Un jour, je devais peindre un retable pour une commande privée, une scène de crucifixion. J’y allais la fleur au fusil, confiante, déterminée, persuadée de mener les choses rondement. J’ai été submergée par ce sujet insondable. La technique ? Les proportions ? Le souffle ? Quelque chose m’agressait. J’ai compris que deux sujets coexistaient : le temporel et le spirituel. Pour la technique, je m’étais préparée comme un soldat va au front. Un plan de bataille bien carré. Pour l’essence, j’ai dû finir à genoux et lâcher prise. Mon travail ne m’appartient pas. Je peins afin de donner à contempler beaucoup plus grand que moi-même. Pour combattre l’orgueil, rien de tel que d’avoir des enfants. Des phrases comme : « Maman, c’est quoi ton travail, en fait ? Tu dessines toute la journée ? » ou encore « Mamaaaaan, y a plus de papier toilette ! » font vite redescendre sur terre !


Louise Groux

Voir son site

Source : La Vie

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samedi 11 octobre 2025

Dépression...

 La dépression est un bon signe.

C'est la vie qui frappe à la porte en geignant. Elle nous dit que cette existence ne lui va pas et que nous courons à notre perte. La dépression est le sursaut paradoxal de la santé.
C'est comme une lettre que nous nous écrivons à nous même, mais dont ne réussissons pas encore à ouvrir l'enveloppe craignant qu'elle contienne de mauvaises nouvelles. On croit que ça ne va pas alors qu'en réalité on est entré dans une sorte de rébellion douce par rapport à ce qui nous entoure et qui nous fait souffrir.
La dépression c'est la résistance dans les catacombes.

C. Bobin.
Entretien avec P Van Eersel - A la recherche de la vie intérieure


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vendredi 10 octobre 2025

Eux

 C'est Eux ? nous dit Abd Al Malik...


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jeudi 9 octobre 2025

Poème de Lao tseu


Il existe un tunnel obscur dans la Lumière Infinie.
On l’appelle «Temps».
Lorsqu’un humain entre dans ce tunnel,
On appelle cela «naître».
Lorsqu’un humain marche au long de ce tunnel,
On appelle cela «vivre».
Lorsqu’un humain sort de ce tunnel,
On appelle cela «mourir».
Considérer que vivre se réduit à évoluer au long de ce tunnel obscur,
Cela s’appelle «illusion».
Percer des trous dans ce tunnel obscur
Cela s’appelle «science».
Savoir que la Lumière est autour du tunnel,
Cela s’appelle «Foi».
Voir la Lumière dans le tunnel obscur,
Cela s’appelle «Amour».
Voir la Lumière à travers le Tunnel obscur,
Cela s’appelle «Sagesse».
Eclairer le tunnel obscur de sa propre Lumière,
Cela s’appelle «Sainteté».
Confondre la Lumière et le Tunnel obscur,
Cela est au-delà des mots.
Source : Peinture de Kim En Joong

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mercredi 8 octobre 2025

Eclaircie poétique

 Haïkus de la clarté, Pierre Dhainaut dans Progrès d'une éclaircie, Faï fioc, 2015.


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Un colloque avec et sur Pierre Dhainaut est organisé prochainement 
par Sabine Dewulf et Sabine Zuberek

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mardi 7 octobre 2025

Potentiel d'harmonie

 « Je pense que l’empathie est vraiment importante, et je pense que ce n’est que lorsque notre cerveau intelligent et notre cœur humain travaillent ensemble en harmonie que nous pouvons réaliser notre plein potentiel. »

Jane Goodall



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lundi 6 octobre 2025

Une part vivante !


"L'ère du détachement hautain, de toute forme de distanciation et de cynisme est close. Nous savons désormais (ou alors il serait temps que le message de la physique quantique après plus d'un siècle nous parvienne !) que nous sommes chacun part vivante de cet univers, cellule d'un seul corps, et que chacune de ces cellules porte l'entière information de la vie. Une responsabilité immense et émouvante à la fois nous incombe, à chacun. Chacun de nous est l'univers en miniature !

Certains croient encore pouvoir se protéger, se mettre à l'abri, se sauver seuls ! Pure aberration. Lorsque je m'autodétruis, c'est la création que je détruis et que j'insulte. Lorsque j'honore ce monde et en prends soin, je le sauve ! Ce que savent depuis le début des temps les poètes et les mystiques, ce sont les scientifiques aujourd'hui qui nous le confirment.

Aussi la vocation de l'homme d'aujourd'hui est-elle cette conscience agrandie. Attention, néanmoins, de ne pas entrer dans le découragement devant l'immensité de la tâche : je n'ai charge que de la petite part du monde qui m'est confiée - et pas de tout à la fois bien sûr ! Et si je fais vivre et rayonner cette enclave, il y a contagion ! De plus, ce n'est pas la réussite qui importe le plus, mais la générosité de la tentative, la persévérance, l'ouverture du cœur. "

Christiane Singer - "Montre-toi vivant: en dialogue avec Christiane Singer"

Christiane Singer et Léonard Appel / Peinture: Pablo Picasso 1881-1973

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dimanche 5 octobre 2025

Révélation


 « Émerveillée par la beauté qui m'entourait, j'ai dû entrer dans un état de conscience accrue. Il est difficile, voire impossible, de décrire avec des mots le moment de vérité qui m'a soudainement envahie. Même les mystiques sont incapables de décrire leurs brefs éclairs d'extase spirituelle. En essayant ensuite de me remémorer cette expérience, il m'a semblé que le moi était totalement absent : moi, les chimpanzés, la terre, les arbres et l'air semblaient fusionner, ne faire qu'un avec la puissance spirituelle de la vie elle-même. L'air était rempli d'une symphonie ailée, le chant du soir des oiseaux. J'ai entendu de nouvelles fréquences dans leur musique et aussi dans le chant des insectes – des notes si aiguës et si douces que j'en ai été émerveillée. Je n'avais jamais été aussi intensément consciente de la forme, de la couleur de chaque feuille, des motifs variés des nervures qui rendaient chacune d'elles unique. Les odeurs étaient également claires, facilement identifiables : fruits fermentés et trop mûrs, terre détrempée, écorce froide et humide, odeur humide des poils des chimpanzés, et oui, des miens aussi. Et le parfum aromatique des jeunes feuilles écrasées était presque irrésistible.

Cet après-midi-là, c'était comme si une main invisible avait tiré un rideau et, pendant un bref instant, j'avais vu à travers une telle fenêtre. En un éclair de « vision extérieure », j'avais connu l'intemporalité et une extase tranquille, j'avais perçu une vérité dont la science traditionnelle n'est qu'une infime partie. Et j'ai su que cette révélation m'accompagnerait pour le reste de ma vie, imparfaitement mémorisée, mais toujours présente en moi. Une source de force sur laquelle je pourrais puiser lorsque la vie me semblerait dure, cruelle ou désespérée. »

Jane Goodall vient de nous quitter à 91 ans, sa lumière continue de briller. 💚

(Image : avec l'aimable autorisation du Jane Goodall Institute)

source FB et donc incertaine

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