mardi 25 novembre 2025
Conseils pour petits et grands problèmes
lundi 24 novembre 2025
Le manque, l'absence et la mémoire
Quand on vit dans l'impression qu'il nous manque quelque chose, c'est qu'on est prisonnier de la croyance en l'absence. On est familier de certaines choses, de certains êtres, ou de certains scénarios de vie, et maintenant, s'ils ne sont pas là, il y a un sentiment de vide, un sentiment de solitude et d'inconfort. Cela veut dire que l'absence n'est pas complètement vécue. Elle est polluée par des mémoires.
Vous arrivez dans une pièce, quelqu'un a enlevé le tableau qu'il y avait sur le mur. Vous ne regardez pas le mur, vous regardez l'absence du tableau, qui est une mémoire. Vous allez rester un moment avec ce sentiment qu'il y a un manque, avant de pouvoir vous rendre compte que, finalement, il ne manque rien. Si vous retirez la mémoire de ce qui manque, du tableau, rien ne manque à cet instant.
Donc, le manque n'est qu'une idée, une idée construite par un jeu de projections mentales. La projection est la fonction du mental. Et on lui attribue une seconde fonction : la surimposition, la surimposition d'une mémoire, qui se surimpose à la perception immédiate. Projection et surimposition, c'est ainsi que le mental est décrit dans les enseignements anciens de l'Inde.
La surimposition, on peut s'en libérer en revenant constamment à la vision directe, à l'instantanéité du regard, à l'instantanéité de la vision, sans donner prise aux mémoires qui peuvent revenir. Même si elles reviennent, elles vont détourner l'attention, mais vous pouvez vous rendre compte que ce n'est qu'une mémoire. Laissez cela de côté, et réintégrez la vision directe qui, elle, n'est pas problématique. C'est comme cela qu'on se libère de la surimposition.
Et la projection, dès lors que vous avez reconnu qu'une projection n'est qu'une projection, qu'une image mentale n'est qu'une image mentale, et non la réalité, le mental tout entier perd son pouvoir, quand vous vous rendez compte qu'une pensée n'est jamais la réalité.
La pensée de moi-même n'est pas moi-même.
La pensée de l'autre n'est pas l'autre.
La pensée du monde n'est pas le monde.
La pensée de Dieu n'est pas Dieu non plus.
Vous prenez alors conscience des limites de la pensée.
Ce sont des constructions mentales, qui ont leur utilité sur un certain plan, mais il s'agit de ne pas prendre la statue du Bouddha pour le Bouddha.
~ Jean-Marc Mantel
Dialogues du 18 octobre 2025 (extrait d'une vidéo)
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dimanche 23 novembre 2025
À un jeune poète
N’est-il pas futile, voire indécent, de vouloir parer un monde désenchanté de poésie ? Notre chroniqueuse invite au contraire à s’y entêter, afin que jaillissent la beauté et l’amour.
J’ai reçu il y a quelques jours une lettre d’un de mes filleuls. Il confiait à ma lecture, avec la pudeur un peu rugueuse d’un jeune homme de 17 ans, un ensemble de poèmes dont il était l’auteur.
Et avec son texte, tous les doutes qui le saisissaient à l’égard du geste même d’écrire, dans ce qu’il a d’urgent et d’incommode. Pour qui ?, m’interrogeait-il. Pourquoi ? Prétention ? Indécence ? Futilité ? Que pouvait-il penser de ce qu’il avait commis là ? Mon grand, avec une confiance qui me fait fondre le cœur, tu poses là des questions essentielles.
Prendre soin d’aujourd’hui
Alors c’est vrai, certains jours – presque tous – il peut paraître futile de s’obstiner à écrire de la poésie tandis que les enfants meurent et que les forêts brûlent, que les discours de haine fleurissent et que chaque horreur, chaque atteinte au vivant est de la responsabilité de l’humain – ni la guerre ni la catastrophe climatique ne devant rien à la « nature » si ce n’est à notre nature humaine parfois désespérante. Mais justement : ne désespérons pas.
Entêtons-nous à faire pousser des fleurs, à chanter des chansons aux enfants, à écrire des poèmes d’amour. Si nous pouvons espérer que « demain prendra soin de lui-même » (Matthieu 6, 34), n’oublions pas de prendre soin d’aujourd’hui, de chaque minute, de chaque souffle. C’est cela avant tout que nous faisons avec nos pauvres mots ; sinon la laideur, la violence et la mort ont déjà gagné. C’est à la fois dérisoire et indispensable, comme une maigre flamme dans le noir. Car ce n’est pas l’écriture, ce n’est pas la poésie qui est indécente : c’est tout ce qui la cerne, la menace ou se rit d’elle.
On nous fait croire qu’il existe désormais des machines qui font ça très bien, à moindre effort, à moindre coût – si ce n’est celui, prohibitif, de leur impact environnemental. La belle affaire ! La belle escroquerie ! La page la plus réussie conçue par une IA ne vaudra jamais deux vers un peu tremblants, un peu maladroits, sortis de la plume (ou du clavier) d’un jeune homme de 17 ans qui tente d’approcher quelque chose du mystère du monde.
D’ailleurs, tremblants ou maladroits, tes vers ne le seront peut-être pas : ils seront peut-être ivres d’angoisse et de lumière, stupéfiants, étincelants. Ils auront, qui sait ? cette puissance de faire battre des cœurs, de mettre des gens debout, de ressusciter les morts. « D’où la tiendrais-je / cette parole étonnée / si elle ne jaillissait / de l’imprononçable secret / qui chaque matin / défie les luttes nocturnes / par les audaces de ce cri / dansé par-dessus les jardins. / C’est aujourd’hui même résurrection ! / Traversons », engage ainsi Christiane Keller dans Creuse en moi ton silence (Atelier des noyers, 2021).
« Au commencement était le verbe »
Parce que les mots sont notre souffle et notre sang. Le langage, poétique ou autre, n’est pas une production. Il n’est pas le but : il est un moyen qui nous est donné. Il est la main qui saisit le réel, l’ausculte, le caresse, l’apprivoise, le façonne. « Au commencement était le Verbe » (Jean 1, 1). Ne cesse pas d’écrire, mon grand : saisis par la pensée ce qui te meut, ce qui dans le vif de tes jours te convoque ou t’effraie. Écrire, sentir, penser, c’est déjà agir ; déléguer la chose à des machines serait confier à des cœurs en plastique le soin de battre dans notre poitrine.
« À quoi ça sert ? » m’interpelles-tu, tout en reconnaissant que tu ne peux te passer de cette étrange habitude. À rien, j’en conviens. Sourire, chanter, rêver, lire, courir… : tout acte vrai est fondamentalement improductif et gratuit. Jouer avec un enfant, faire un gâteau, faire l’amour, marcher dans la forêt. Regarder la mer. Regarder les étoiles. Regarder les gens. Les aimer en dépit de tout. La poésie est une déclaration d’amour.
Anne Le Maître
Autrice et aquarelliste, géographe de formation, Anne Le Maître vit en Bourgogne. Elle enseigne aux jeunes et aux adultes. Elle a publié Un si grand désir de silence (Cerf), qui a reçu le prix littéraire de la Liberté intérieure 2023, le Jardin nu (Bayard) et Faire refuge en un monde incertain (Cerf).
Source La Vie
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samedi 22 novembre 2025
Acte vital
vendredi 21 novembre 2025
Apaisement de la souffrance
L'apaisement de la souffrance avec le moine-enseignant Zen Jean Nyojo Rat
Dans la vie quotidienne, le zen Sōtō insiste sur le geste juste, fait avec tout son être, sans attente ni calcul: balayer, cuisiner, jardiner, marcher… car chaque action est une occasion de pratiquer la présence. Chaque geste est déjà l’éveil.
Le zen n’est pas une doctrine compliquée, ni une philosophie abstraite. C’est une voie d’expérience directe qui nous invite à voir la réalité telle qu’elle est, sans fard, sans illusion.
Son fondement repose sur les Quatre Nobles Vérités, enseignement simple et profond qui éclaire le chemin de la liberté intérieure.
1. La vie est souffrance. Souffrance ne veut pas dire seulement douleur, mais aussi insatisfaction, instabilité, impermanence.
Tout change, tout passe : nos joies, nos relations, notre santé, nos projets. Reconnaître cela, c’est ouvrir les yeux sur la condition humaine.
2. La cause de la souffrance est l’attachement. Nous voulons retenir ce qui disparaît, repousser ce qui dérange, contrôler ce qui échappe.
De cette tension naissent frustration et mal-être. L’attachement, nourri par le désir et l’ignorance, nous empêche de goûter la vie telle qu’elle est.
3. La fin de la souffrance est possible. Lorsque nous cessons de nous accrocher, lorsque nous accueillons l’impermanence au lieu de la combattre, nous découvrons une paix profonde.
Ce relâchement, ce lâcher-prise, ouvre l’expérience du nirvana : une liberté intérieure déjà présente au cœur de l’instant.
4. Le chemin vers la libération est la pratique.
Le Noble Octuple Sentier n’est pas une théorie, mais une manière de vivre : agir avec justesse, parler avec bienveillance, cultiver l’attention et la clarté, développer la sagesse et la compassion.
Dans le zen, cela se pratique par zazen, la méditation assise, et par une vigilance simple dans chacun de nos gestes quotidiens.
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jeudi 20 novembre 2025
Conflit intérieur
J'ai souvent remarqué dans les groupes de travail que les personnes qui se disputaient pendant toute une semaine finissait par se prendre dans les bras lorsqu'il voyait qu'ils avaient la même blessure de fond...
Quand je vis en couple, j'ai habituellement toujours les mêmes conflits que mon ou ma partenaire. Cela ne vous paraît pas évident ? La femme ne boit pas et son mari boit : ils ont le même conflit. Pourtant, vu de l'extérieur, je n'ai pas cette impression. Je prends souvent cet exemple parce qu'il apparaît en effet plus évident que c'est la personne qui consomme qui a quelque chose à régler. Mais en fait, ils ont tous les deux le même conflit. La femme qui se fait battre et l'homme qui bat sa femme, ils ont tous les deux le même conflit. Et ainsi de suite.
mercredi 19 novembre 2025
Moment sans jugement
Le moment présent est si fugace !
Aucune mathématique ne peut le mesurer.
Et pourtant, c'est en lui que réside l'univers tout entier.
mardi 18 novembre 2025
La pensée de la semaine par Matthieu Ricard
Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d'osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l'existence sans qu'ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t'occupes de ton esprit avec discernement.
JIGME KHYENTSE RINPOCHE (b. 1964)
Transcrit par l'auteur d'après un conseil donné oralement.
lundi 17 novembre 2025
Cultiver un jardin d’amis
Choisissez trois personnes proches que vous chérissez et que vous ne voyez pas régulièrement. Dédiez-leur trois plantes ou fleurs en pot différentes, une pour chacune.
Il peut s’agir de plantes que vous avez déjà chez vous ou dans votre jardin. Mais vous pourriez aussi choisir d’aller en acheter spécialement pour cette pratique ou, pourquoi pas, de faire trois graines.
Renseignez-vous sur les besoins de chaque plante pour qu’elle grandisse et s’épanouisse au mieux. Prenez-en soin chaque jour comme vous le feriez avec votre ami s’il habitait chez vous ; prenez soin de cette relation.
Si vous le souhaitez, vous pouvez même prendre des photos des plantes à certains moments clés et les envoyer à vos amis. Vous pouvez également tenir un petit journal dans lequel vous écrivez les différentes étapes et notez la gratitude que vous éprouvez envers vos amis.
dimanche 16 novembre 2025
Prêts ?
Que va-t-il se produire ?
Le mental personnel va se rebeller.
Il ne veut pas que vous suiviez la moindre de ces indications.
Par conséquent, le mental va produire de nombreuses distorsions au sujet de choses disparues depuis bien longtemps et vous les présenter à nouveau
comme si elles étaient d'une importance vitale
et que vous deviez vous pencher à nouveau sur elles.
Et je vais vous dire : "Oubliez ça.
Ne prêtez attention qu'à la quiétude et au silence de l’Être.
Soyez maintenant."
Il n'y a pas beaucoup de choses que vous deviez savoir
pour découvrir et demeurer dans la complétude de votre liberté intrinsèque.
Vous n'avez pas besoin de vous accrocher à vos cahiers.
Soyez seulement très présents.
La liberté n'est pas quelque chose qui exige une technique.
Les techniques interviennent parce que nous adoptons
des comportements et des concepts tellement complexes.
La Vérité est très simple, mais celui qui recherche la Vérité est complexe.
Il y aura des moments où vous aurez l'impression de vouloir vous enfuir,
mais ce ne sera pas parce que vous voulez réellement vous échapper - c'est votre mental qui veut échapper à la mise en évidence de son irréalité.
Tout cela est très simple en fait.
Si vous êtes confiants et que vous persistez à suivre les indications, vous vous libérerez des pièges et des distractions.
Je suis venu parce que je sens que vous êtes prêts à ça."
samedi 15 novembre 2025
Le rêveur fervent
LE RÊVEUR FERVENT
vendredi 14 novembre 2025
Êtres de nature
Sylvain Wells. Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. - Extrait de la Voix de l'arbre de Bernard Werber
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