mardi 25 novembre 2025

Conseils pour petits et grands problèmes

 


Voici quelques extraits d'un texte très dense et précis de Jiddu Krishnamurti :
C'est cela qu'il faut faire : accepter intelligemment "ce qui est". (...)
L'intensité de l'attention donne la force de voir clairement : vous verrez, cela viendra. Il faut agir. (...)
Bien peu se rendent compte de leurs changements intérieurs, de leurs échecs, de leurs conflits. (...)
Ne refoulez pas vos pensées, vos sentiments ; laissez-les se manifester, qu'ils soient doux ou violents, en en ayant conscience.
Vers quoi vont vos désirs, si vous en avez ? Il fait bon vivre dans le monde, et pourtant nous faisons notre possible pour le fuir par la dévotion ou la prière, par nos amours ou par nos peurs. Nous ne savons pas ce que nous sommes, faute d'aller profondément en nous-mêmes et d'y découvrir "ce qui est". Nous vivons à la surface, occupés par de petites choses. Un rien suffit à nous réjouir ou à nous attrister. Nous passons ainsi nos journées : petits esprits occupés de petits problèmes. Nous n'aimons pas, ou si nous aimons c'est toujours dans la peur, la frustration, la peine ou la nostalgie.
Je me disais combien il est important d'être innocent et simple. On ne peut éviter les expériences de la vie, car c'est de cela qu'elle est faite. Mais l'esprit ne doit pas en accumuler le poids. Il doit effacer les expériences au fur et à mesure, éponger les jours et rester intact, léger. Sans cela, l'esprit ne pourra jamais être frais, dispos, souple. Le problème n'est toutefois pas de savoir comment garder cette souplesse, car chercher le "comment", c'est chercher une méthode, or une méthode ne peut jamais donner l'innocence : elle rend méthodique et non pas pur, créateur.

Pupul Jayakar, Krishnamurti, une vie
p. 266 à 269
----------------

lundi 24 novembre 2025

Le manque, l'absence et la mémoire


Quand on vit dans l'impression qu'il nous manque quelque chose, c'est qu'on est prisonnier de la croyance en l'absence. On est familier de certaines choses, de certains êtres, ou de certains scénarios de vie, et maintenant, s'ils ne sont pas là, il y a un sentiment de vide, un sentiment de solitude et d'inconfort. Cela veut dire que l'absence n'est pas complètement vécue. Elle est polluée par des mémoires.

Vous arrivez dans une pièce, quelqu'un a enlevé le tableau qu'il y avait sur le mur. Vous ne regardez pas le mur, vous regardez l'absence du tableau, qui est une mémoire. Vous allez rester un moment avec ce sentiment qu'il y a un manque, avant de pouvoir vous rendre compte que, finalement, il ne manque rien. Si vous retirez la mémoire de ce qui manque, du tableau, rien ne manque à cet instant.

Donc, le manque n'est qu'une idée, une idée construite par un jeu de projections mentales. La projection est la fonction du mental. Et on lui attribue une seconde fonction : la surimposition, la surimposition d'une mémoire, qui se surimpose à la perception immédiate. Projection et surimposition, c'est ainsi que le mental est décrit dans les enseignements anciens de l'Inde. 

La surimposition, on peut s'en libérer en revenant constamment à la vision directe, à l'instantanéité du regard, à l'instantanéité de la vision, sans donner prise aux mémoires qui peuvent revenir. Même si elles reviennent, elles vont détourner l'attention, mais vous pouvez vous rendre compte que ce n'est qu'une mémoire. Laissez cela de côté, et réintégrez la vision directe qui, elle, n'est pas problématique. C'est comme cela qu'on se libère de la surimposition.

Et la projection, dès lors que vous avez reconnu qu'une projection n'est qu'une projection, qu'une image mentale n'est qu'une image mentale, et non la réalité, le mental tout entier perd son pouvoir, quand vous vous rendez compte qu'une pensée n'est jamais la réalité.

La pensée de moi-même n'est pas moi-même.

La pensée de l'autre n'est pas l'autre.

La pensée du monde n'est pas le monde.

La pensée de Dieu n'est pas Dieu non plus.

Vous prenez alors conscience des limites de la pensée.

Ce sont des constructions mentales, qui ont leur utilité sur un certain plan, mais il s'agit de ne pas prendre la statue du Bouddha pour le Bouddha.

~ Jean-Marc Mantel

Dialogues du 18 octobre 2025 (extrait d'une vidéo)

-------------

dimanche 23 novembre 2025

À un jeune poète


N’est-il pas futile, voire indécent, de vouloir parer un monde désenchanté de poésie ? Notre chroniqueuse invite au contraire à s’y entêter, afin que jaillissent la beauté et l’amour.

 J’ai reçu il y a quelques jours une lettre d’un de mes filleuls. Il confiait à ma lecture, avec la pudeur un peu rugueuse d’un jeune homme de 17 ans, un ensemble de poèmes dont il était l’auteur.

Et avec son texte, tous les doutes qui le saisissaient à l’égard du geste même d’écrire, dans ce qu’il a d’urgent et d’incommode. Pour qui ?, m’interrogeait-il. Pourquoi ? Prétention ? Indécence ? Futilité ? Que pouvait-il penser de ce qu’il avait commis là ? Mon grand, avec une confiance qui me fait fondre le cœur, tu poses là des questions essentielles.

Prendre soin d’aujourd’hui

Alors c’est vrai, certains jours – presque tous – il peut paraître futile de s’obstiner à écrire de la poésie tandis que les enfants meurent et que les forêts brûlent, que les discours de haine fleurissent et que chaque horreur, chaque atteinte au vivant est de la responsabilité de l’humain – ni la guerre ni la catastrophe climatique ne devant rien à la « nature » si ce n’est à notre nature humaine parfois désespérante. Mais justement : ne désespérons pas.

Entêtons-nous à faire pousser des fleurs, à chanter des chansons aux enfants, à écrire des poèmes d’amour. Si nous pouvons espérer que « demain prendra soin de lui-même » (Matthieu 6, 34), n’oublions pas de prendre soin d’aujourd’hui, de chaque minute, de chaque souffle. C’est cela avant tout que nous faisons avec nos pauvres mots ; sinon la laideur, la violence et la mort ont déjà gagné. C’est à la fois dérisoire et indispensable, comme une maigre flamme dans le noir. Car ce n’est pas l’écriture, ce n’est pas la poésie qui est indécente : c’est tout ce qui la cerne, la menace ou se rit d’elle.

On nous fait croire qu’il existe désormais des machines qui font ça très bien, à moindre effort, à moindre coût – si ce n’est celui, prohibitif, de leur impact environnemental. La belle affaire ! La belle escroquerie ! La page la plus réussie conçue par une IA ne vaudra jamais deux vers un peu tremblants, un peu maladroits, sortis de la plume (ou du clavier) d’un jeune homme de 17 ans qui tente d’approcher quelque chose du mystère du monde.

D’ailleurs, tremblants ou maladroits, tes vers ne le seront peut-être pas : ils seront peut-être ivres d’angoisse et de lumière, stupéfiants, étincelants. Ils auront, qui sait ? cette puissance de faire battre des cœurs, de mettre des gens debout, de ressusciter les morts. « D’où la tiendrais-je / cette parole étonnée / si elle ne jaillissait / de l’imprononçable secret / qui chaque matin / défie les luttes nocturnes / par les audaces de ce cri / dansé par-dessus les jardins. / C’est aujourd’hui même résurrection ! / Traversons », engage ainsi Christiane Keller dans Creuse en moi ton silence (Atelier des noyers, 2021).

« Au commencement était le verbe »

Parce que les mots sont notre souffle et notre sang. Le langage, poétique ou autre, n’est pas une production. Il n’est pas le but : il est un moyen qui nous est donné. Il est la main qui saisit le réel, l’ausculte, le caresse, l’apprivoise, le façonne. « Au commencement était le Verbe » (Jean 1, 1). Ne cesse pas d’écrire, mon grand : saisis par la pensée ce qui te meut, ce qui dans le vif de tes jours te convoque ou t’effraie. Écrire, sentir, penser, c’est déjà agir ; déléguer la chose à des machines serait confier à des cœurs en plastique le soin de battre dans notre poitrine.

« À quoi ça sert ? » m’interpelles-tu, tout en reconnaissant que tu ne peux te passer de cette étrange habitude. À rien, j’en conviens. Sourire, chanter, rêver, lire, courir… : tout acte vrai est fondamentalement improductif et gratuit. Jouer avec un enfant, faire un gâteau, faire l’amour, marcher dans la forêt. Regarder la mer. Regarder les étoiles. Regarder les gens. Les aimer en dépit de tout. La poésie est une déclaration d’amour.

Anne Le Maître

Autrice et aquarelliste, géographe de formation, Anne Le Maître vit en Bourgogne. Elle enseigne aux jeunes et aux adultes. Elle a publié Un si grand désir de silence (Cerf), qui a reçu le prix littéraire de la Liberté intérieure 2023, le Jardin nu (Bayard) et Faire refuge en un monde incertain (Cerf).

Source La Vie

------------------

vendredi 21 novembre 2025

Apaisement de la souffrance

 L'apaisement de la souffrance avec le moine-enseignant Zen Jean Nyojo Rat


Dans la vie quotidienne, le zen Sōtō insiste sur le geste juste, fait avec tout son être, sans attente ni calcul: balayer, cuisiner, jardiner, marcher… car chaque action est une occasion de pratiquer la présence. Chaque geste est déjà l’éveil.

Le zen n’est pas une doctrine compliquée, ni une philosophie abstraite. C’est une voie d’expérience directe qui nous invite à voir la réalité telle qu’elle est, sans fard, sans illusion. 

Son fondement repose sur les Quatre Nobles Vérités, enseignement simple et profond qui éclaire le chemin de la liberté intérieure.

1. La vie est souffrance. Souffrance ne veut pas dire seulement douleur, mais aussi insatisfaction, instabilité, impermanence. 

Tout change, tout passe : nos joies, nos relations, notre santé, nos projets. Reconnaître cela, c’est ouvrir les yeux sur la condition humaine.

2. La cause de la souffrance est l’attachement. Nous voulons retenir ce qui disparaît, repousser ce qui dérange, contrôler ce qui échappe. 

De cette tension naissent frustration et mal-être. L’attachement, nourri par le désir et l’ignorance, nous empêche de goûter la vie telle qu’elle est.

3. La fin de la souffrance est possible. Lorsque nous cessons de nous accrocher, lorsque nous accueillons l’impermanence au lieu de la combattre, nous découvrons une paix profonde. 

Ce relâchement, ce lâcher-prise, ouvre l’expérience du nirvana : une liberté intérieure déjà présente au cœur de l’instant.

4. Le chemin vers la libération est la pratique. 

Le Noble Octuple Sentier n’est pas une théorie, mais une manière de vivre : agir avec justesse, parler avec bienveillance, cultiver l’attention et la clarté, développer la sagesse et la compassion. 

Dans le zen, cela se pratique par zazen, la méditation assise, et par une vigilance simple dans chacun de nos gestes quotidiens.

---------------




jeudi 20 novembre 2025

Conflit intérieur

J'ai souvent remarqué dans les groupes de travail que les personnes qui se disputaient pendant toute une semaine finissait par se prendre dans les bras lorsqu'il voyait qu'ils avaient la même blessure de fond...


Quand je vis en couple, j'ai habituellement toujours les mêmes conflits que mon ou ma partenaire. Cela ne vous paraît pas évident ? La femme ne boit pas et son mari boit : ils ont le même conflit. Pourtant, vu de l'extérieur, je n'ai pas cette impression. Je prends souvent cet exemple parce qu'il apparaît en effet plus évident que c'est la personne qui consomme qui a quelque chose à régler. Mais en fait, ils ont tous les deux le même conflit. La femme qui se fait battre et l'homme qui bat sa femme, ils ont tous les deux le même conflit. Et ainsi de suite.
Il faut regarder plus profondément dans ce que l'un et l'autre n'ont pas accepté entre 0 et 12 ans. Et attention à ne pas pointer l'autre du doigt. Souvent, je ne veux pas voir que j'ai le même conflit : "C'est la faute de l'autre, c'est l'autre le coupable"...
"Comment cela j'ai le même conflit ? C'est mon mari qui est infidèle ! Moi je suis fidèle, je ne couche avec personne !"
Lui couche peut-être avec quelqu'un d'autre, mais toi, est-ce que tu es fidèle à ta voix intérieure, aux messages que tu reçois intuitivement ? Si tu entends que tu as à faire ceci et cela, es-tu fidèle à ton écoute ?
Il n'est pas possible d'avoir un mari infidèle et d'être une femme fidèle... à elle-même. Ou inversement. Simplement, il se trouve que l'infidélité ne s'applique pas à la même forme, mais c'est toujours une question d'infidélité. Et avant d'accuser l'autre, je dois aller voir en moi ce qui se passe. Pourquoi je m'attire une telle personne dans ma vie ? Supposons que je quitte mon conjoint parce qu'il est infidèle, je vais me retrouver avec un autre conjoint qui fait quoi ? La même chose ! Parce que je n'aurai pas résolu mon propre conflit.
~ Jacques Martel
----------

mercredi 19 novembre 2025

Moment sans jugement

 Le moment présent est si fugace !

Aucune mathématique ne peut le mesurer.

Et pourtant, c'est en lui que réside l'univers tout entier.


Tous les phénomènes ne sont que le reflet des mêmes agrégats dans l’esprit.
Il n’existe ni bon ni mauvais phénomène.
La mauvaise herbe ne l’est que pour nous ; pour le scarabée, elle est un paradis.
Juger les phénomènes est l’une des sources des trois poisons.

-------------

Mazen Fu Sho, moine bouddhiste Zen
------


mardi 18 novembre 2025

La pensée de la semaine par Matthieu Ricard


Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d'osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l'existence sans qu'ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t'occupes de ton esprit avec discernement.

JIGME KHYENTSE RINPOCHE (b. 1964)

Transcrit par l'auteur d'après un conseil donné oralement.

Langtang Lirung (7227m) seen from Namo Buddha, Nepal, 22 feb. 2024.

*********



lundi 17 novembre 2025

Cultiver un jardin d’amis

Choisissez trois personnes proches que vous chérissez et que vous ne voyez pas régulièrement. Dédiez-leur trois plantes ou fleurs en pot différentes, une pour chacune.


Il peut s’agir de plantes que vous avez déjà chez vous ou dans votre jardin. Mais vous pourriez aussi choisir d’aller en acheter spécialement pour cette pratique ou, pourquoi pas, de faire trois graines.

Renseignez-vous sur les besoins de chaque plante pour qu’elle grandisse et s’épanouisse au mieux. Prenez-en soin chaque jour comme vous le feriez avec votre ami s’il habitait chez vous ; prenez soin de cette relation.

Si vous le souhaitez, vous pouvez même prendre des photos des plantes à certains moments clés et les envoyer à vos amis. Vous pouvez également tenir un petit journal dans lequel vous écrivez les différentes étapes et notez la gratitude que vous éprouvez envers vos amis.

Extrait de Prendre soin de la vie de Matthieu Ricard, Christophe André , Alexandre Jollien ...

************

dimanche 16 novembre 2025

Prêts ?

Je vous donne un avant-goût de ce dont je sais que cela va se produire.
Que va-t-il se produire ?
Le mental personnel va se rebeller.
Il ne veut pas que vous suiviez la moindre de ces indications.
Par conséquent, le mental va produire de nombreuses distorsions au sujet de choses disparues depuis bien longtemps et vous les présenter à nouveau

comme si elles étaient d'une importance vitale
et que vous deviez vous pencher à nouveau sur elles.
Et je vais vous dire : "Oubliez ça.
Ne prêtez attention qu'à la quiétude et au silence de l’Être.
Soyez maintenant."
Il n'y a pas beaucoup de choses que vous deviez savoir
pour découvrir et demeurer dans la complétude de votre liberté intrinsèque.
Vous n'avez pas besoin de vous accrocher à vos cahiers.
Soyez seulement très présents.
La liberté n'est pas quelque chose qui exige une technique.
Les techniques interviennent parce que nous adoptons 
des comportements et des concepts tellement complexes.
La Vérité est très simple, mais celui qui recherche la Vérité est complexe.
Il y aura des moments où vous aurez l'impression de vouloir vous enfuir,
mais ce ne sera pas parce que vous voulez réellement vous échapper - c'est votre mental qui veut échapper à la mise en évidence de son irréalité.
Tout cela est très simple en fait.
Si vous êtes confiants et que vous persistez à suivre les indications, vous vous libérerez des pièges et des distractions.

Je suis venu parce que je sens que vous êtes prêts à ça."
Mooji
*****************

samedi 15 novembre 2025

Le rêveur fervent

 LE RÊVEUR FERVENT

si cette vie est un rêve
alors je rêverai
de toutes mes forces
de toute mon âme
et si mon âme elle même
est illusion
alors je choisirai
de croire en elle
de toute ma ferveur
j’embrasserai le rêve
étreindrai l’illusion
et nous danserons
danserons
une danse éperdue
à contre temps
de toutes les indifférences
à rebours
de tous les évitements
à contre courant
de tous les détachements
la danse
de la souffrance
et de l’émerveillement
la danse
de l’affection ordinaire
de la douleur ordinaire
de la joie ordinaire
de l’épreuve ordinaire
de l’espoir ordinaire
de la peur ordinaire
et si je suis moi même
rêve et illusion
qu’importe
qu’importe
je rêverai passionnément
je rêverai
être ce je
cet humain
tout autant banal qu’unique
et déchirant d’humanité
et si la conscience
à l’issue du rêve
se résorbe en elle même
peu importe
je reviendrai
moi le rêveur
rêver de concert
avec tous les rêveurs
frères et sœurs
produits ou pas du rêve
solidaires dans le rêve
je laisserai la conscience
se contempler elle même
et je reviendrai
ordinaire
parmi les ordinaires
et mon rêve
sera si fervent
qu’il renverra
la conscience
à elle même
en son néant

Gilles Farcet

-----------------

vendredi 14 novembre 2025

Êtres de nature

Et si on considérait les arbres, ou la nature, comme des êtres ? 🌳 Dans son dernier livre sur l’entraide, Pablo Servigne rappelle que nous sommes dotés de grandes capacités sociales. 🫂
Si l’on voyait la nature comme on voit les humains, on ne pourrait plus la massacrer. Il fait appel aux pensées d’Edgar Morin et de Joanna Macy pour expliquer comment l’élargissement de notre empathie nous rendrait plus humains. ☘️🌼

Mathieu Vidard


----------------
Expérience sur les haricots.

Le professeur Stefano Mancuso, de l’université de Florence, a filmé des pousses de haricots qui grandissaient. Ces derniers ont pour particularité de rechercher « instinctivement » les tiges verticales, que ce soient des troncs, des poteaux ou des bâtons, pour s’élever. En observant la vidéo en accéléré, on voit le haricot pousser en spirale jusqu'à ce qu’il trouve un tuteur, s’y accroche et grimpe enfin. Le comportement du haricot change suivant la présence ou l’absence d’un tuteur dans les environs, comme si le haricot sentait sa présence, même à très grande distance. Dans une autre expérience, le professeur Stefano Mancuso a disposé deux plants de haricot à égale distance d’un unique poteau et les a filmés. En passant la vidéo en accéléré, on voit là encore les deux haricots tournoyer pour essayer de rejoindre le poteau. Mais dès que l'un des deux l’a touché, l’autre renonce et cherche dans une autre direction. Cela signifie que le second haricot a non seulement détecté le poteau, mais qu’il a compris qu'il arrivait trop tard et le laisse donc poliment à son concurrent, plus rapide.

Sylvain Wells. Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. - Extrait de la Voix de l'arbre de Bernard Werber

******************

jeudi 13 novembre 2025

La voix des autres


"J’ai besoin de la voix des autres
pour me sentir au plus près
des arrachements,
pour entrer en ce lieu détruit
où parler m’est impossible
ou pour être plus juste, en ce lieu
que je tiens détruit au fond de moi
et dont l’accès demeure inconnu,
j’ai besoin que d’autres voix
se mêlent à la mienne,
je leur donne rendez-vous
inlassablement
devant la porte silencieuse et grise
où nul gardien ne veille."

Jean-Christophe Ribeyre

----------------