lundi 8 décembre 2025

Attente intemporelle

 


J'attends. J'ai attendu toute ma vie. J'attendrai toute ma vie. Je suis incapable de dire ce que j'attends ainsi. J'ignore ce qui peut mettre fin à une aussi longue attente. Je n'ai pas l'impatience de cette fin. Le présent est vécu, pleinement vécu, mais il est poreux, aérien. Ce que j'attends n'est rien qui puisse venir du côté du temps. Je ne peux m'expliquer là-dessus. Pourquoi devrait-on toujours s'expliquer ?

~ Christian Bobin -  Autoportrait au radiateur


-------------

dimanche 7 décembre 2025

Conscience et science

 LA CONSCIENCE AVANT LA MATIÈRE : QUAND LA SCIENCE REJOINT LE TAO

Depuis toujours, les grandes traditions spirituelles — hindouisme, bouddhisme, taoïsme, mystique chrétienne ou soufie — partent d’un même constat : la conscience est première, la matière n’en est qu’une condensation.
Aujourd’hui, la physique commence à effleurer cette intuition.
La physicienne suédoise Maria Strømme a publié en 2025 dans AIP Advances un article intitulé Universal consciousness as foundational field: A theoretical bridge between quantum physics and non-dual philosophy.
Elle y propose un modèle où la conscience universelle serait un champ fondamental, d’où émergeraient l’espace, le temps et la matière. Autrement dit, l’univers serait une manifestation localisée d’un champ de conscience cosmique.
L’article est publié dans une revue réelle et reconnue de l’American Institute of Physics, mais de nature ouverte et spéculative : AIP Advances accueille des travaux théoriques innovants, sans exiger de validation expérimentale.
Il s’agit donc d’un texte sérieux dans sa forme, mais spéculatif dans son contenu. Strømme ne prouve pas que la conscience précède la matière : elle propose une formulation moderne et mathématique d’une intuition ancienne.
Là où la science théorise, les traditions spirituelles expérimentent. Le taoïsme, notamment, a élaboré une véritable méthodologie pour explorer ce champ de conscience par la méditation, le souffle et l’alchimie interne.

Quand des générations de pratiquants, après les mêmes exercices, décrivent les mêmes états et les mêmes transformations, on peut parler d’une science intérieure, fondée sur l’expérience répétée.
Le Dao De Jing l’exprime au chapitre 42 :
> 「道生一,一生二,二生三,三生萬物。」
Le Dao engendre l’Un, l’Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois, et le Trois engendre les dix mille êtres.
Ce passage n’est pas qu’une métaphore : il décrit un processus de condensation du principe indifférencié — le Dao — vers la polarité, puis vers la matière. C’est exactement le mouvement que Strømme tente d’exprimer en langage physique.
Cette convergence rappelle Le Tao de la Physique de Fritjof Capra, qui montrait déjà que plus la science s’enfonce dans la matière, plus elle rejoint les visions spirituelles de l’unité. Strømme va un pas plus loin : elle cherche à traduire cette unité dans les équations mêmes de la physique.
Ce dialogue entre la science et la sagesse laisse entrevoir ce que pourrait être une approche intégrale, où l’observation extérieure et l’expérience intérieure cessent de s’opposer mais se fertilisent mutuellement.
Car, comme le dit la tradition taoïste, celui qui regarde vers l’extérieur rêve ; celui qui regarde vers l’intérieur s’éveille.
C'est en partie vrai, mais sans regard à la troisième personne, le regard vers l'intérieur ne peut produire un éveil complet à lui tout seul, comme l'ont expliqué de manière très convaincante Jack Kornfield ou Ken Wilber.

Fabrice Jordan

« Lux Prima – La Lumière au-dessus des Eaux »
Gravure de Heinrich Khunrath (Amphitheatrum Sapientiae Aeternae, 1609), illustrant la première émanation de la Lumière divine au-dessus des eaux primordiales.

----------

samedi 6 décembre 2025

A mon âge …

 

Des personnes qui ont dépassé la soixantaine me disent que la Voie tracée par Graf Dürckheim les attire. Nombreuses sont celles qui regrettent de n'avoir pas entendu parler de ce chemin qui a pour but l'éveil au vrai soi-même plus tôt et pensent qu'à leur âge c'est sans doute trop tard. Je ne pense pas qu'il soit trop tard.


Lorsqu'on fête son 60ième , son 70ième anniversaire ou comme c'est mon cas son 90ième anniversaire, c'est qu'on respire encore. Et je vous pose une question qui va vous paraître 
curieuse : - Quel âge a votre respiration ?

Au cours d'une journée, que vous soyez allongé, assis, debout ou en train de marcher vous respirez ! Jour et nuit vous respirez. Et cette action vitale n'a pas d'âge. Elle s'organise et se réalise d'instant en instant selon un ordre des choses qui dépasse tout ce que nous sommes à même de faire. Respirer est inné. Respirer est naturel. Respirer relève de l'ontologie. Respirer est infaisable. Je suis obligé de respirer ... même la nuit. Respirer est non seulement existentiel mais essentiel. Respirer relève de l'ontologie, du verbe être, de l'acte d'être.

Ce qui importe lorsqu'on chemine sur la Voie qu'est le zen est la découverte de cette part essentielle de nous-mêmes qui est faite ... d'infaisable. Il n'est pas d'âge pour se mettre en chemin vers une telle découverte.

Quelle que soit la couleur de ma peau, quel que soit mon âge, quel que soit mon vêtement de métier, que je sois croyant, agnostique, athée en ce moment je inspire et moi je n'y suis pour rien ; je expire et moi je n'y suis pour rien.

C'est ce qu'il y a d'infaisable qui est la source de ces qualités d'être qui ont pour nom : le calme intérieur, la confiance en soi et la simple joie d'être. Il n'est pas d'âge qui empêcherait ou favoriserait l'expérience de notre état de santé fondamental.

Pas d'âge mais un devoir incontournable : cesser de fuir l'essentiel.

Ce devoir implique de prendre un chemin inhabituel : la pratique d'un exercice. Le chemin est la technique ; la technique est le chemin.

Quel exercice ? Le premier consiste à porter attention à la respiration. L'homme occidental pense que la respiration est quelque chose : une fonction physiologique.


Dans ce cas il y a moi et il y a quelque chose qui n'est pas moi, la respiration. Point de vue dualiste sur le réel.

Le jour où j'ai entendu Graf Dürckheim dire "La respiration est la signature de la Vie" je ne pouvais plus penser la respiration comme étant quelque chose. Au moment même, sans l'avoir prémédité, je me sentais emporté par ce geste de la Vie toujours en train de créer des formes vivantes. Je me sentais habité par cette loi qui veut que être c'est devenir et que devenir c'est être. Et qui plus est, être c'est maintenant, en ce moment au cours duquel j'inspire ... en ce moment au cours duquel j'expire ! Il n'y avait plus le passé, le présent, le futur. Il n'y avait plus que le présent.

Lorsque l'attachement au passé (qui existentiellement a été, et plus jamais ne sera) et lorsque l'attachement au futur (qui existentiellement est à venir peut-être) laisse place au moment présent vous êtes libéré des désirs et des craintes qui polluent votre vie intérieure.

" Si vous pratiquez vraiment zazen le corps prend la forme du calme". Je ne cherchais plus à comprendre cette indication que renouvelait le maître Zen qui est venu au Centre pendant une dizaine d'années. Je me sentais immergé dans ce grand calme qui n'est pas le contraire de l'agitation mais l'absence de toute agitation.

Malgré ces quelques indications des personnes pensent qu’à cause des désastres propres au grand âge elles ne pourront pas bénéficier de certains exercices. À la personne qui m'a écrit qu'il lui était impossible de s'asseoir dans la position du lotus j'ai répondu que je lui interdirais de s'asseoir dans un positionnement inconfortable et quelle pourrait pratiquer zazen sur une chaise. Le zen qui est envisagé comme étant une ascèse mortifiante n'est pas le zen. Le zen est une ascèse vivifiante accessible à tout âge.

Aux membres du troisième et du quatrième âge je me permet une confidence. C'est la toute première fois de ma vie que je fais l'expérience de vivre à quelques semaines d'un 91ième anniversaire. Oui, la toute première fois. Ce que je vis et comment je le vis est absolument ... neuf. Et c'est loin d'être inintéressant.

Pour le décrire je suis obligé de sortir du carcan qu'est la grammaire. Je ne peux plus écrire Je-suis ou Je-inspire. Pour exprimer ce que je sens et ressens me voilà obligé d'écrire JeSuis et d'écrire JeInspire.

Parce que, en vérité, il n'y a ni distance ni écart de temps entre le sujet et le verbe. Pas de séparation. Pas d'opposition. L'expérience d'être UN en soi-même et avec tout. La pensée divise et oppose. La sensation unit, joint.

Et, comme le rappelle l'histoire de la vague qui lorsqu’elle se sent unie à l'océan vit son parcours dans le monde dans un sentiment de sécurité, il est vrai que lorsqu'on pratique vraiment zazen, le corps vivant, le corps que nous sommes prend la forme du calme.

D'autant plus si le grand âge vous emporte on ne sait ni où ni quand, ne demandez pas qu'on vous explique ce qu'est le zen et pourquoi pratiquer zazen afin d'avoir de bonnes raisons pour pratiquer.

Lorsque j'ai demandé à Graf Dürckheim s'il pouvait me donner une bonne raison pour pratiquer zazen quotidiennement il m'a répondu " Oui. Je peux vous donner une bonne raison ... pratiquez parce que c'est l'heure de pratiquer".

(C'était le jour de mon 30ième anniversaire !)

 Jacques Castermane

---------------------

vendredi 5 décembre 2025

Le Rein, c'est pas rien

 Je vous propose de vous faire un tour de Rein.





-----------
source : Tsubook App

---



jeudi 4 décembre 2025

Quelques fruits

 

être triste
et être content
être déchiré
et s’éprouver entier
se sentir atteint
et se sentir bien
être préoccupé
et ne pas s’inquiéter
être humain pleinement
et l’être relativement
vivre avec son âme
comme avec son esprit
il y eut un travail
en voici quelques fruits

Gilles Farcet

------------

mardi 2 décembre 2025

Pas moi

 


« Je ne suis pas moi.
Je suis celui
qui va à mes côtés sans le voir
que parfois je vais voir
et que parfois j’oublie.
Celui qui se tait serein quand je parle
celui qui doucement pardonne quand je hais
celui qui se promène où je ne suis pas
celui qui restera debout après ma mort. »
Juan Ramón Jiménez 1881-1956
peinture : Richard Morin

----------------

lundi 1 décembre 2025

Petits exercices d'écoute d’autrui


Pour s’entraîner à écouter l’autre quand il nous parle :

1- Tout d’abord, effectuer une bonne respiration, en prêtant une grande attention, pendant quelques secondes, au souffle qui entre et qui sort des poumons. On élimine ainsi les pensées parasites et toutes réponses préconçues. On se met dans une disposition d’ouverture pour recevoir la parole de l’autre sans aucun préjugé, et pour entendre ce qu’il dit et non pas ce que l’on se dit à son sujet. Il se produit alors une véritable RENCONTRE.

2- Se mettre à sa place pour comprendre son point de vue sans lui imposer le nôtre. Pour cela, il est bon de reformuler ses propos avec nos mots et lui demander si l’on est bien fidèle à ses dires.

3- Notre intuition a sa logique que la raison ne connaît pas. Il est donc très utile de la laisser parler et surtout de l’écouter. Si on lui laisse libre cours, elle ne manquera pas de se manifester.

Françoise Réveillet - Petites pensées pour voyager léger

----------------

dimanche 30 novembre 2025

Vivre l'Avent

 


Un ami confie avoir trouvé chez lui des punaises de lit et nous voilà taraudé par l’impression qu’elles se cachent partout : dans les trains, notre matelas, les salles de cinéma. La moindre micro tache brune nous fait bondir, suspicieux… au point même d’être pris par des démangeaisons ! Pourtant, ces insectes n’envahissent pas le monde : c’est seulement notre attention qui s’affole.

De la même manière, si quelqu’un s’adresse à nous en employant un mot inattendu, jusqu’alors inconnu, il se grave dans notre esprit, on se surprend à l’entendre partout et, pour finir, à l’utiliser soi-même… Les algorithmes des réseaux sociaux amplifient ce phénomène : il suffit de s’arrêter quelques secondes sur une image de canapé, pour que la toile tout entière nous inonde de publicités pour des fauteuils semblant plus confortables les uns que les autres. Il semble alors que le monde s’est transformé en gigantesque entreprise de sofas !

Le syndrome Baader-Meinhof

Ce phénomène, les psychologues l’appellent le syndrome Baader-Meinhof, ou l’illusion de fréquence. Il désigne cette impression que tout à coup, un mot, une idée ou une chose deviennent omniprésents, simplement parce que notre cerveau a décidé d’y prêter attention. Avant, nous ne voyions rien ; maintenant, nous ne voyons plus que cela. Qu’est ce qui a changé ? En réalité, rien. Seulement notre attention sélective qui s’est activée. Le regard s’est ouvert.

Ce phénomène m’évoque quelque chose de la vie intérieure. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, mais tel que notre attention le filtre. Ce qui devient signifiant pour nous se met à éclairer tout le reste. Lorsqu’une expérience, une émotion ou une rencontre nous marque, elle ouvre en nous une sensibilité nouvelle.

Et soudainement, nous repérons mille signes que nous n’aurions jamais vus auparavant. Le monde semble se mettre à parler autrement. Les événements trouvent un nouveau sens. Nous nous ouvrons à une nouvelle lecture de la vie. La peur nous a marqués ? Tout devient menaçant. Nous cultivons la gratitude ? Tout devient occasion de bénédictions. Nous découvrons que nous sommes aimés ? Tous les êtres deviennent des candidats à notre amour.

Quand une Parole de Dieu ou un appel intérieur deviennent notre « trésor », notre regard se met à en percevoir les signes partout. Dieu ne « parle » pourtant pas plus qu’avant, mais nous devenons capables d’écouter, jusqu’à nous dire : « il y a là, dans ce qui advient, quelque chose de lui pour moi ». Mystère de la foi : notre cœur s’accorde à sa fréquence.

Se réjouir des étoiles qui s’allument

L’Avent qui débute ces jours-ci nous place dans cette dynamique du syndrome Baader-Meinhof ! Le Christ vient, certes – mais, il ne vient pas plus qu’avant puisqu’il est déjà là.

Vivre l’Avent, ne consiste pas à chercher frénétiquement à en faire plus, mais plutôt à vivre dans le désir de tout voir autrement. Il s’agit tout simplement de laisser l’Esprit de Dieu éveiller nos regards, comme on ajuste la focale d’un appareil photo pour que l’image devienne nette. Alors le monde devient tout autre, transparent à la divine présence : les événements se découvrent tels des passages de Dieu dans notre histoire. C’est ce qu’a vécu Marie, la mère de Jésus : elle a un jour entendu dans l’histoire du peuple d’Israël un passage de Dieu. Et tout est devenu pour elle passage de Dieu dans sa propre existence.

Ainsi, il est temps en cet Avent de ne plus se laisser tromper par des punaises fantasmatiques, mais plutôt de se réjouir des étoiles qui s’allument. De découvrir cette épidémie de présence de ce Dieu que l’on croyait rare et qui pourtant se niche déjà dans le secret du quotidien.

Raphaël Buyse


Source : La Vie magazine
-----------------

samedi 29 novembre 2025

La ferveur des rivières

 Je vous partage un extrait que j'adore :

"J'apprends à brûler à aimer
parmi toutes ces faces
dérobées en glissant
de la nuit au matin
parmi toutes ces formes
semer éclabousser
rendre grâce
jouer avec le feu"



Nous avons le plaisir de vous annoncer la sortie du livre :
"La ferveur des rivières" de Sabine Dewulf
( d'après le encres de Florence Saint-Roch.)
… Ce livre est le reflet d’une entente, au sens premier du terme. Oui, j’ai aimé me pencher sur Le sceau du secret en écoutant les Nouvelles du pays de Florence afin de m’immerger dans la marée du souffle qui me manquait. J’ai creusé les sillons de ma peau pour mieux entendre sa ritournelle, qui me semblait répondre à mes obsessions, mes leitmotivs. J’ai laissé murmurer sur ma page ses visages de l’ombre et la ronde universelle qui tournoie dans ses encres. J’ai tenté d’entrer en résonance avec la vibration de sa leçon de choses, De natura rerum, nature insaisissable, circulation vivante.
Sabine Dewulf

----------------



vendredi 28 novembre 2025

Remontants naturels



Bon, vous n'êtes pas obligé-e d’avoir une petite baisse de moral en hiver, il y a des tas de personnes qui aiment bien, au contraire, les soirées bien au chaud dans ses chaussons et les dimanches au coin du feu. Ce sont des cheimophiles (cheimos hiver en grec).
Et les autres ? Voici 3 petits conseils pour se remonter le moral…
1. La Gratitude : faites une liste de toutes les personnes qui vous ont fait du bien dans votre vie, récemment ou il y a longtemps (amis, enseignants, proches, inconnus…). Faites revivre ces souvenirs. Ressentez-les dans votre corps.
2. La Nature : couvrez-vous bien, et partez faire une balade dans la forêt d’hiver. Reniflez les odeurs, écoutez le bruit de vos pas. Et rappelez-vous : elle n’est pas morte, elle n’est pas triste, elle dort, et le printemps va la ressusciter. Pareil pour vous !
3. L’Altruisme. Pensez aux personnes que vous connaissez qui traversent des problèmes ou qui sont seules et tristes. Et faites leur un petit signe : une carte postale souriante, un SMS chaleureux, voire un coup de téléphone ou une visite.

Christophe André

--------------

jeudi 27 novembre 2025

Source des mots


 "La fonction réelle des mots est d'agir comme indicateurs du silence d'où ils surgissent. Les mots sont des fenêtres du vide vers le vide. Ils sont le cadre, le seuil. Un mot est comme un oiseau qui, traversant le seuil, devient visible un instant, et nous pouvons apercevoir ses superbes plumes. Si nous le suivons alors qu'il disparaît, il nous conduit au vide, au silence."

- Jean Klein, "Qui suis je? La quête sacrée"

---------------

mercredi 26 novembre 2025

Douceur fragile


Il arrive qu'une neige tombe
qui ne soit pas du silence,
pas encore,
ce n'est pas non plus une parole,
simplement une inquiétude
infime de l'air,
elle recouvre ce qui dormait,
se tenait dans la pauvreté,
et c'est une douceur fragile,
presque inconnue,
venue guérir
une autre précarité
déjà ancienne, qui se tait.
Jean-Christophe Ribeyre
- Poèmes de l'entre-émerveillement, Peintures : Anne Slacik, Éditions L'Ail des ours

------------