mercredi 19 mars 2025

Ames

 

Aimez et souffrez, espérez et contemplez. 

Malheur, hélas ! à qui n'aura aimé que des corps, des formes, des apparences ! 

La mort lui ôtera tout. Tâchez d'aimer des âmes, vous les retrouverez.

Les Misérables - Victor Hugo - Chapitre IV


Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. 

La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps.

Post scriptum de ma vie, une œuvre posthume publiée en 1901, composée de recueils de textes philosophiques rédigés en 1860.

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mardi 18 mars 2025

Projections pour nous connaître


 « Tout ce qui nous irrite chez les autres peut nous mener à une meilleure compréhension de nous-mêmes » - Jung

Une fois de plus, les projections améliorent notre auto-connaissance. En même temps que nous nous projetons, nous générons l’opportunité de voir très clairement chez l’autre ce que nous ne sommes pas capables de voir en nous-mêmes. Ou ce que nous ne voulons pas voir… Le paradoxe réside dans le fait que, même sans miroir, nous sommes capable de reconnaître des choses qui nous concernent.

Les projections peuvent se faire par rapport à ce que nous détestons chez l’autre ou par rapport à ce que nous admirons chez d’autres personnes ; ce sont dans tous les cas des choses que nous ne voyons pas en nous. Quand vous vous sentez profondément irrité-e par quelque chose qui, a priori, ne devrait pas vous toucher, demandez-vous si cela peut avoir un lien avec une chose que vous détestez aussi chez vous mais que vous n’acceptez pas.

Il ne s’agit pas d’en arriver à se détester, ce n’est pas du tout ce que voudrait Jung. Il s’agit de comprendre ses propres points obscurs et de les accepter pour pouvoir les changer. Si nous ne passons pas par cela, nous projetterons toujours chez l’autre ce que nous n’acceptons pas de nous-mêmes. Et, une fois de plus, nous serons condamnés à une vie de tromperie et de non-authenticité.

(source : site "Nos Pensées")

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lundi 17 mars 2025

Dialogue avec un sage

 "Souvenez-vous que la paix des profondeurs est déjà la nature véritable de notre esprit ou de notre conscience. Et nous pouvons tenter, par une acceptation totale, de nous désengager des limitations du moment et de revenir à cette réalité qui est déjà là en nous ou plutôt que nous sommes déjà." 

(Arnaud Desjardins, extrait d'une lettre à Yvon Ginchereau)


Les éditions Accarias L’Originel nous ont habitués à des textes et des témoignages de sagesse d’une richesse remarquable. Ce livre-ci, d'Yvon Ginchereau- "Dialogue avec un sage – Arnaud Desjardins m’a dit…", paru cette année aux éditions de Jean-Louis Accarias et préfacé par Eric Edelmann, qui dirige l’ashram québécois de Mangalam - ne fait pas exception à la règle. C’est d’autant plus le cas qu’il est lié à l’un des rares maîtres occidentaux reconnus, qui plus est un être qui prodiguait l’enseignement reçu de son maître indien, Swâmi Prajnanpad, avec une immense générosité, pour de nombreux apprentis disciples, en France comme au Québec.
 

Tous ceux qui ont connu Arnaud Desjardins de son vivant – jusqu’au 10 août 2011 – reconnaîtront sans peine, dans cet ouvrage, les grands principes de son enseignement. Mieux encore, à la lecture des extraits de l’abondante correspondance qui s’est nouée entre l’auteur, Yvon Ginchereau, et le maître, ils réentendront sa voix, qui véhiculait avec tant de pédagogie, de force et d’amour ce qui lui avait été transmis et dont il avait fait la substance même de son existence. 

Ecrit avec une grande clarté et une précision d’orfèvre, ce livre s’adresse à tous, ceux qui ont connu le maître, ceux qui sont arrivés à l’ashram d’Hauteville ou de Mangalam après sa mort comme ceux qui seraient simplement curieux, aujourd’hui, de découvrir une voie particulièrement adaptée à notre contexte occidental. Il est émaillé de nombreuses lettres d’Arnaud Desjardins contenant des conseils à la fois précis et développés, mais aussi de citations d’autres auteurs, propres à éclairer l’ensemble.

J’ai été particulièrement touchée par la lecture de ce témoignage, qui commence très naturellement par poser le cadre familial où l’auteur a grandi, au travers de difficultés suffisamment fortes pour qu’Yves Ginchereau qualifie son propre « départ » dans l’existence de « peu prometteur », dans la première partie. Par cette plongée dans une enfance et une adolescence douloureuses, nombre de nos souffrances pourront ici se reconnaître, même si chacune d’entre elles prend nécessairement une forme différente. Voilà qui permet de se redire que la qualité d’un cheminement n’est nullement entravée par des conditions initiales malheureuses, a priori peu favorables à l’ouverture spirituelle.

Dès la deuxième section du livre, intitulée « Le début d’un chemin », l’auteur nous fait entrer dans l’accompagnement exceptionnel dont il a bénéficié, après une toute première rencontre assez improbable, en ce qu’elle ne respectait pas le protocole habituel d’entrée dans un centre tenu par Arnaud Desjardins. Yvon Ginchereau ne cache rien de ses conditionnements, préjugés ou résistances, et c’est ce qui nous le rend si proche. En même temps, nous saisissons mieux à quel point il est nécessaire, si l’on veut progresser sur la voie, de s’engager pleinement, avec sérieux et détermination, avec une pleine confiance également, auprès du maître choisi. 

La troisième partie nous ouvre les « nouveaux horizons » que le disciple a découverts dans cette proximité avec le maître, laquelle ne s’est jamais démentie (y compris après sa mort, de cœur à cœur). Son expérience spirituelle nous est alors livrée dans son intensité, son éblouissement même, sans pour autant occulter les difficultés persistantes ressenties à ces occasions – celles qu’Yvon Ginchereau décrit comme une « négativité » issue de son histoire, ou encore la confrontation à certaines formes de malveillance, y compris parmi les apprentis disciples. 


La quatrième section évoque la phase d’assimilation profonde de cet enseignement, au travers notamment de ce que l’auteur appelle le fait de « Servir la grande réalité », dans ce monde : en l’occurrence, il s’agit d’un engagement social particulier dans le domaine de la santé. 

La toute dernière partie, « Une voie pour les temps modernes », plus brève, me paraît précieuse entre toutes : elle propose d’abord un condensé des phrases essentielles du maître, extraites des lettres dont nous avons pu découvrir le contenu au fil de notre lecture ; puis elle expose une méthode en trois points : 1. L’audition, 2. La réflexion, 3. La contemplation, qui s’achève par un magnifique texte de Lao Tseu, à lire et à relire pour une imprégnation profonde. J’avoue qu’à ce stade, j’aurais aimé un développement plus long, tant cette méthode me paraît utile. 

L’ensemble est précédé d’un avant-propos et d’une introduction de l’auteur, puis suivi d’une postface, d’une bibliographie très complète et d’un glossaire des mots sanskrits utilisés dans l’ouvrage, avant de s’achever par des remerciements.

Une fois n’est pas coutume : je ne terminerai pas cette recension par un florilège de citations, tant il me paraît important d’entrer entièrement, de tout son être, dans cet ouvrage si vivant et si complet. Vous l’aurez compris : je vous recommande chaudement la lecture de ce livre !

"Ne doutez pas de vous, ne doutez pas de vous ! Pour se sentir stable et solide, le secret est simple : il faut s'appuyer sur ce qui est et sur ce que nous sommes à chaque instant. Ne soyez nullement découragé." (Extrait d'une lettre d'Arnaud Desjardins à Yvon Ginchereau)

Sabine Dewulf

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dimanche 16 mars 2025

Digne et souple comme le bambou

La poésie orientale fait de la nature une source de philosophie quotidienne. Notre chroniqueuse puise dans la symbolique du bambou et des pratiques d’énergie de quoi inspirer le commencement du carême.

Par Élisabeth Marshall


Un océan végétal à perte de vue. Une forêt de vert tendre, parcourue d’ondulations douces au gré du vent. Il y a bientôt un an, à l’aube du printemps, je contemplais la Mer de bambous, un lieu mythique du sud de la Chine. J’apprenais que cette plante qui a pris racine dans l’empire céleste avant de parer nos jardineries d’exotisme est en Orient un bien précieux et un emblème.

La rectitude exemplaire

Le bambou sert à tout : nourrir, bâtir, soigner. Droit et souple, il symbolise cet humain digne et tolérant qui a grandi à la lumière de Confucius et de Lao-tseu. La tige aux nœuds réguliers, érigée comme une colonne, figure la rectitude exemplaire ; le feuillage souple et aérien rappelle la nécessaire bienveillance à maintenir dans l’existence.

En pratiquant le qi gong, cet art de l’énergie en mouvement, j’ai mieux compris combien l’imaginaire poétique de la philosophie taoïste, profondément inspiré par la nature, peut nous aider à cultiver les vertus. La verticalité semble pour nous une évidence, mais, si nous traversons un épisode de fragilité ou que nous observons la marche balbutiante d’un tout-petit, nous mesurons mieux toute l’énergie et l’équilibre qu’il faut déployer pour rester debout.

L'appui d’un regard de confiance

Je pense à la détermination joyeuse de Joanne, la benjamine de mes petits-enfants. Lâchant ses appuis, voici qu’elle tente seule ses premiers pas. Chancelante sur ses jambes et surprise elle-même par son audace, elle est comme tendue vers le monde.

À mon tour, je m’interroge : qu’est-ce qui me tient debout et me fait avancer dans l’existence ? L’espoir chaque matin renouvelé, la soif d’apprendre et de découvrir, l’aspiration à être heureuse et à rendre heureux ceux qui m’entourent… ou peut-être encore l’appui d’un regard de confiance, d’une parole juste, donnée ou reçue, qui d’un coup me relève et me tient.

Tout aussi vital que le maintien solide de mes valeurs est le travail intérieur qui me gardera agile de corps et bienveillante d’esprit. Là encore, le corps m’enseigne. Courbures, flexions, rotations… Ma gymnastique du matin, qui détend les articulations, me guide vers la nécessaire souplesse à entretenir dans les épaules, les hanches, les genoux. C’est aussi pour moi l’image de la fluidité du geste et du cœur à cultiver en soi pour éviter toute raideur ou aigreur de pensée.

Rester flexible


Accueillir sans rechigner le goût neuf de chaque jour, ne pas bouder les occasions de s’ouvrir à d’autres joies, d’autres croyances ou d’autres façons de voir. Comme la tige gracile de la plante, rester flexible dans les changements de vent. Vivre, en somme, sans figer nos corps ni nos sentiments.

Alors, en ce début de carême, pour conjuguer droiture et souplesse, laissons-nous inspirer par la sagesse du bambou. Appuyés sur la Parole et la prière, mais ouverts à l’inédit qu’elles pourront nous souffler. Fidèles à nos résolutions, mais souples dans leurs applications. On pourra s’aider en méditant ce proverbe portugais, cité par Paul Claudel en épigraphe de son drame poétique le Soulier de satin : « Dieu écrit droit avec des lignes courbes. »

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source : La Vie

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samedi 15 mars 2025

Conscience et Présence

 Question posée ce matin: « Y-a t’il une différence entre Conscience et Présence? »


Ce que l’on nomme généralement ‘conscience’ est tout d’abord une qualité fonctionnelle, duelle et temporelle, car toujours relative à ce qui est perçu.                                                 

On est conscient de quelque chose, ou on est distrait.          

On est conscient des sensations ou de l’actualité du moment, plutôt que perdu dans ses pensées ou ses fantasmes.            

La conscience crée le monde de la séparation apparente, le sentiment du ‘je’ et du ‘non-je’, du sujet et de l’objet perçu, nous permettant de fonctionner dans le monde.                             

Elle est à l’origine de l’illusion de frontières entre ‘moi’ et les objets perçus et entre les objets entre eux.                             

Elle est également à l’origine de l’espace/temps, permettant une expérimentation cohérente dans le monde. 

Elle est également ce que l’on nomme ‘le témoin neutre’, observateur des sensations et des pensées. Elle observe le jeu du mental sans se laisser prendre par lui. Elle reconnaît l’illusion comme illusion, et est consciente d’être consciente.                                                                        

Ce que l’on nomme ‘Présence’ n’est pas ‘être présent à’ ou ‘conscient de'.

La Présence c’est un sentiment impersonnel illimité, le sentiment d’Être. C’est la seule constante unique, qui est intemporel non localisable et dans lequel toute expérience se produit. 

La Présence est indissociable de l’instant et est la seule véritable éternité.                 

Quelle que soit la distance que nous parcourons, nous sommes toujours ici, Présence immuable.

Pour l’Advaita Vedanta, il s’agit de la Pure Conscience universelle, Sat-Chi-Ananda, Être, Conscience et Béatitude, sans cause, sans commencement ni fin.

La conscience de la conscience nous amène à réaliser la Présence éternellement présente, que nous sommes.  

« Le même miroir qui vous montre le monde tel qu’il est, vous montrera aussi votre propre visage. La pensée “Je suis” est le chiffon à polir. Utilisez-la. » Sri Nisagardatta Maharaj

Love & Blessings to All ✨🫶✨

Swami Dharmapriyananda Saraswati

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vendredi 14 mars 2025

Danse féminine

Après... cette journée internationale de la femme, réveillons notre potentiel féminin.


Les qualités féminines, indispensables sur la voie spirituelle, nous entraînent dans les profondeurs de notre être et font respirer notre cœur.

Aujourd’hui, oublions le besoin d’affirmer notre personnalité tel un sommet qui porterait fièrement notre nom. Devenons une vallée généreuse. Goûtons la réceptivité, l’ouverture et l’écoute attentive. Ces attributs sont le ferment nécessaire pour que notre potentiel de beauté et d’amour se déploie et rayonne avec ampleur.

Sans ces qualités féminines, notre quête spirituelle risque de se transformer en affirmation d’un nouveau sommet. Un sommet qui perpétue le besoin de s’affirmer en une forme qui surplombe, avec un subtil sentiment de supériorité. Un sommet peut facilement se perdre dans ses hauteurs, dans des principes métaphysiques brillants qui assèchent l’être. Rien ne pousse sur les hauteurs, la vie les a désertées. Sachons descendre, descendre en profondeur, nous régénérer dans les mystères de l’être, nous désaltérer à la Source originelle.

En cette descente, nous appréhendons dans notre chair la folle créativité de la vie qui bouscule tous nos cadres et nos besoins de contrôle. Redécouvrons les qualités féminines malmenées par notre culture patriarcale hyper compétitive où le pouvoir et le profit sont devenus des valeurs dominantes et écrasantes. Prenons soin de la vie, sous toutes ses formes. Cessons d’abuser de la vie et de l’exploiter par notre manque de vision, d’écoute et de sensibilité.

 « Celui qui pratique la Voie diminue de jour en jour. » Lao Tseu

Laissons nos sommets s’éroder pour devenir des vallées fertiles qui regorgent de rires, de beauté et de félicité.

Laissons la ligne droite et sa raideur. Osons la spirale et sa danse imprévisible.

 - Nathalie Delay

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jeudi 13 mars 2025

La grâce de l'aube

 L'un des plus beaux textes de notre littérature... Il fait bien évidemment partie des 33 textes que j'avais sélectionnés dans mon livre-jeu "Les jardins de Colette - Parcours symbolique et ludique vers notre Éden intérieur", paru aux Editions Le Souffle d'Or en 2004.

Sabine Dewulf


" Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demie, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.
À trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau..."
Extrait de Sido de Colette.

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mardi 11 mars 2025

Temps et énergie dépensés

 


Si l’on a une certaine inclination pour la vie spirituelle, je pense qu’il ne faut pas passer trop de temps à essayer de trouver la meilleure maison, le meilleur travail, le meilleur n'importe quoi, car ce que l'on considère être "meilleur", ce n’est que notre manière de voir les choses. Bien sûr, si la maison n'a pas de fuites, c'est bien, si le quartier n'est pas trop violent, c'est bien, si vous avez un travail décent, c'est bien, mais pour moi ce n'est pas central.

Il ne faut donc pas dépenser trop d’énergie à essayer de se construire une vie fonctionnelle. C'est peut-être une erreur en Europe et en Amérique, que les gens pensent qu'ils doivent d'abord établir une sorte de structure matérielle et qu'ensuite ils pourront approfondir leur vie spirituelle. Jean Klein a toujours méprisé cette manière de voir les choses, affirmant que vous échappez à l'appel de la Vérité. 

Quand l'appel de la Vérité est là, ce n'est pas le moment de préparer quoi que ce soit : il faut se conformer à cet appel et ainsi rendre sa vie fonctionnelle de manière minimale, pour ne pas dépenser trop d'énergie avec votre maison, ou avec votre femme, ou votre mari, ou vos enfants, ou votre entreprise, ou votre jardin. Ces choses peuvent être là, mais elles ne sont pas le centre de la vie et alors l'investigation peut commencer. Donc, encore une fois, ce n'est pas mal d'avoir une vie fonctionnelle, mais ça ne devrait pas être si important ; c'est préférable que ça soit fonctionnel de manière simple. 

~ Éric Baret 

(extrait d'une vidéo en anglais)

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lundi 10 mars 2025

Méditation du jour

 10 mars : N'envie personne : ton axe de vie est unique. 

L'envie procède du manque. Tu envies lorsque tu penses que tu n'as pas assez. Si tu penses que tu n'as pas assez c'est que tu n'as pas conscience de ta beauté intérieure et de ta plénitude. Ton chemin de vie est unique. Tu es la seule personne capable d'accomplir ta destinée. 

Trouve le sens de ta vie et mets-toi en marche...

Pour accompagner cette méditation, pratique l'exercice suivant :  


Tenir un journal quotidien :

Afin de développer ton ancrage dans l’instant présent, commence un journal quotidien dans lequel tu écriras chaque jour quelques phrases, de préférence en fin de journée. C’est un bon moyen pour développer la conscience de soi, la juste distance par rapport à soi-même et le questionnement intérieur. C’est aussi une manière de donner corps et réalité à ton quotidien et de prendre conscience que chaque jour te permet de construire ta vie. Écrire quotidiennement dans ton journal te permettra de développer ta conscience et de prendre du recul par rapport à ta propre vie. Cela te permettra aussi de relire les événements et de mesurer le chemin parcouru. Cela te donnera confiance en toi et dans le moment présent. Commence dès aujourd’hui !

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Source : 365 méditations et exercices de pleine conscience

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dimanche 9 mars 2025

Au cœur de l’hiver, une promesse

 


Notre abricotier est mort. Ou tout du moins il en a l’air. L’hiver dernier, déjà, nous avions cru que c’en était fini – à tort. Nous l’avions planté en arrivant dans cette maison, au milieu de notre petit carré de pelouse. Le choix de l’essence avait déchaîné les discussions. L’un désirait un chêne, l’autre un palmier, le plus jeune ne voulait rien pour ne pas envahir son terrain de jeu.

Les nuances et les saisons

Moi je préférais un arbre à fruits : la perspective de tartes et de confitures colorées l’a emporté. Nous avons choisi un abricotier. C’est beau, un abricotier, ça dit les nuances et les saisons. Le dépouillement sombre l’hiver, l’espoir du vert au printemps, la vitalité du jaune orangé l’été, le rougeoiement d’un soleil couchant à l’automne.

Il est arrivé tout petit, adossé à son tuteur. Il a subi les assauts du chat, essuyé les tirs de ballon, fait face à la gourmandise des oiseaux. Mais il a grandi, il s’est déployé, un peu penché pour chercher la lumière. Et nous a comblés de ses bienfaits en abondance.

De beaux fruits, avec leur rose aux joues et leurs taches de rousseur, que nous partageons souvent avec les voisins. Et même avec un passant, une fois, dont la voix a porté au-delà de la grille. « Ils ont l’air bons, ces abricots ! »

Mais il a fait froid. Par deux fois l’abricotier s’est trouvé prisonnier d’une gangue gelée plusieurs jours d’affilée. Rien ne dit qu’au-dedans il n’a pas grelotté. Et je crains qu’il n’ait pas survécu. J’ai attendu le retour des oiseaux, pour venir l’ausculter. J’écoute, l’oreille collée contre le tronc. Réflexe de celui qui cherche la palpitation de la vie. Une circulation même alanguie, la sève qui coule engourdie. Mais l’écorce reste muette.

Le baiser du printemps

Ses branches décharnées, noires et sèches, grattent le ciel. Figées, dans une supplication muette. Seul le vent le fait osciller de temps en temps. Je laisse courir mes mains sur son branchage, une caresse, les yeux fermés pour mieux sentir les aspérités. Mes doigts rencontrent une tendresse, boursouflure souple au bout d’un rameau rugueux. Je palpe délicatement. Ça semble être, oui, ça semble être… un bourgeon ! C’est un bourgeon corseté, qui se fond encore dans les teintes du bois.

Un bourgeon, c’est la promesse d’une fleur, d’un fruit. C’est la vie. Cette vie qui avait déserté en apparence, mais qui a continué son chemin in petto, au ralenti. Comme elle le fait parfois quand elle se met à l’abri. Des coups du sort, des accidents, de la main de la mort. Belle au bois dormant, qui attend le baiser du printemps. Tout au long de cette dormance, la vie n’a jamais cessé. Pas un instant. Sinon, il n’y aurait pas ce tout petit bourgeon.

Je lui parle tout bas, pour que même les abeilles n’entendent pas. Je lui dis tout ce qu’il représente. L’espérance. Savoir qu’au cœur de nos hivers les plus rudes, la vie est là, qui bat. Toujours, même si on n’y croit pas. Et que dans ce froid qui glace le cœur, le bonheur n’est pas mort. Il est en sommeil. Et guette le printemps. La vie porte en elle, dans un même mouvement, tout le froid de l’hiver et toute la joie du printemps.

Anne-Dauphine Julliand

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Source : La vie

samedi 8 mars 2025

Tentons !


douché, étiré
nez dehors à l’aube
levant rouge
sur la crête des arbres
rien de ce que tu feras ce jour
n’est après tout si important
porter les bûches au poêle
lancer le feu,
l’entretenir
balayer les cendres autour de l’âtre
préparer ton petit déjeuner
prendre place pour le manger
parcourir ce journal
qui te relaie le bruit du monde
nettoyer un peu
ranger
puis vaquer
à ce qui t’occupe
puisque le jour se lève
et qu’il faut tenter de vivre
rien de ce que tu feras ce jour
n’est après tout si important
écrire ?
je t’en prie …
la musique ?
un petit passe temps
structurant
écouter accompagner
ici et là soulager ?
de grand cœur
oui
et sans te la raconter
tu n’es ni thaumaturge
ni sauveur
tout au plus parfois
quelque peu guérisseur
dès lors que l’autre le veut bien
un peu
Œuvre de Chantal Desmoulins

prier
te rassembler
t’asseoir
sous le regard de l’immensité
un peu
puisque vivre
n’est pas seulement contempler
un peu donc
juste assez
pour t’aligner
sur l’unique priorité
le jour se lève
il faut tenter d’aimer

Gilles Farcet

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vendredi 7 mars 2025

Qualité du quotidien...

 Merci à Christophe Massin pour ce petit bijou à écouter et à réécouter :

- apprendre la perte, la laisser nous traverser

- développer la qualité de présence...


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