Extrait de "Pour une mort sans peur" de Arnaud Desjardins - Le chapitre Vaincre la peur.
Après que Swamiji m'eut donné cet enseignement, j’ai regardé mes peurs d'une tout autre manière : mais comment est-il possible que je souhaite ce dont j'ai si peur et dont je voudrais tellement que cela ne se produise pas ? Et pourtant, si j'ai confiance en Swamiji, je dois penser que s'il est aussi affirmatif c'est qu'il sait ce qu'il dit. Qu'est-ce que je souhaite ? J'ai vu notamment monter en moi la peur de la mort de certains êtres. Ah! Alors je la souhaite cette mort ? Bien sûr qu'à la surface une voix crie: « Non, non, ce n'est pas vrai. » C’est la façon dont la surface essaie de nier, de réprimer encore plus la profondeur. Cela m'est arrivé, cela arrivera. J'ai eu peur de la mort de certaines personnes et il me semblait qu'elle serait terrible pour moi mais je me suis souvenu de l’enseignement de Swamiji. Alors, Courage !
Ouvrons-nous à notre propre vérité; et chaque fois, c’est monté comme une révélation extraordinaire - oui, une découverte pareille n'est pas une petite chose : C'est vrai ; j’ai peur de cette mort comme d'une chose terrible et au plus profond de moi, une part de moi la souhaite, est attirée. Cela me fascine, d'une manière ou d'une autre, quelle que soit la cause pour laquelle je veux que ce phénomène se produise. Je ne suis pas unifié, une part de moi refuse, je refuse mon refus et il se transforme en peur.
Pouvez-vous essayer d'avoir cette honnêteté, ce goût de la vérité et, disons-le, ce courage vis-à-vis de vos différentes peurs ? En quoi cette éventualité me concerne-t-elle, pourquoi est-ce que cela m'intéresse tellement ? Nous pouvons employer aussi le mot « intéressé ». Nous disons de quelqu'un qu'il est très désintéressé dans le bon sens du mot, c'est-à-dire qu'il n'introduit pas de motivation égoïste ou égocentrique dans une situation donnée. Il agit sans chercher aucun profit. Mais nous disons aussi qu'une chose nous intéresse quand elle nous passionne, quand elle nous attire particulièrement. En quoi suis-je intéressé? « Non, non, ça ne m'intéresse pas, au contraire, ça me fait horreur. » Mensonge !
Si l'un d'entre vous me dit: «Arnaud, j'ai peur de la maladie et de la mort. »-«Ah! en quoi et pourquoi cela vous intéresse-t-il donc tellement ? Cela vous passionne-t-il à ce point-là que vous en ayez peur ?» Oui.
Personne avant Swâmiji n'était allé pour moi aussi loin dans les détails. Les réponses que j'avais obtenues ailleurs étaient toujours les réponses spirituelles classiques: * N'ayez pas peur, Dieu veut votre bien ; abandonnez votre destin entre les mains de Dieu ; vous ne savez pas ce qui est bien et ce qui est mal, d'un mal peut sortir un bien ; faites confiance absolument ; celui qui veut sauver sa vie la perdra, qu'importe de mourir physiquement si vous sauvez votre âme. » Certes les explications religieuses chrétiennes ou hindoues sont vraies et peuvent transformer radicalement une existence mais elles sont moins claires, moins percutantes, moins profondes que l'enseignement que j'ai reçu de Swâmiji.
Entendez-le : ce dont vous avez peur, c'est ce qui vous fait horreur ? NON, C'est ce qui vous passionne, c'est ce qui vous intéresse particulièrement, c'est ce par quoi vous vous sentez particulièrement concerné.
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3 commentaires:
Pas facile ...
Je vais devoir relire plusieurs fois pour que cet aphorisme soit clair
Je me risque à un commentaire, timidement.
C'est dans l'écoute et la recherche de sa finitude complète que repose toute production vivante d'une oeuvre musicale. Alors le temps disparaît,on est au-delà de la durée.
Comme "l'Art de la fugue", dernière oeuvre de J-S BACH, aucune vie ne se présente avec sa fin pré-écrite. Envisager malgré tout de la jouer juste, dans le tempo adapté à chaque instant, et en désir de sa fin juste et inévitable résonne chez moi avec cet "aphorisme".
"Tout est bien car tout finit" (Saint-Augustin)
Merci.
Merci de ce beau commentaire sonore Jean ! Ce qui me vient aussi est Jouer sans surjouer...
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