Les argumentations ont toujours quelque chose de décevant : elles laissent une impression de pesanteur, d'artifice, de suffisance ou de richesse trop vite gagnée. Je préfère les vérités qui ne s'en donnent pas la peine, ne s'en cachent pas et s'imposent avec l'aplomb de l'innocence ; les vérités nues, qui ne s'appuient que sur leur propre équilibre, dans une clarté mêlée d'étrangeté et de familiarité, d'étonnement et de certitude ; les vérités inattendues, fugaces, gracieuses, qui s'illuminent par leur seule résonnance intérieure, comme si je m'éveillais avec elles.
Approfondir la vie, jusqu'à ce foyer brûlant au fond de nous, d'une extrême densité, d'une force inimaginable, enserrée, ramassée, comme la lentille concentre les rayons. - Transparence, comme la clarté d'octobre entre les derniers feuillages. Esprit, comme le soleil vif sur la feuille à peine tremblante. Tout est parole. Tout, le sens au bout des doigts frémissants, l'évidence muette, immense.
Nous dépassons difficilement l'image, la pensée grossière, maladroite, nous sommes si rarement dans la substance même de l'intériorité, au vif, au cœur vivant de la vérité qui nous habite.
Donner à la profondeur des mots clairs - parce qu'elle-même n'est que clarté, appel à la lumière, scintillation d'une pure intériorité.
SENS ET BEAUTÉ, éditions Ad Solem Spiritualité
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire